Murashigure. Oh, ville triste et sale, pleine d’ignobles personnages qui n’avaient certainement pas les meilleurs intérêts de la population en tête quand ils cambriolaient et se noyaient dans l’alcool chaque soir. La majorité des gens qui mettaient les pieds dans ce lieu de vice et de crime n’avaient pas particulièrement envie d’y retourner une fois qu’ils avaient quitté les lieux, la capitale de la pluie n’étant pas un lieu attrayant pour les touristes et visiteurs. Ce qui en faisait, en tant que telle, un très bon lieu pour se cacher et échapper aux regards inquisiteurs des grandes nations.

Cela faisait maintenant trois jours que Minoru séjournait dans un vieux bâtiment abandonné, portant un lourd manteau sur ses épaules musclés à chaque fois qu’il sortait de la, cachant son identité du mieux qu’il pouvait pour éviter toute attention non-voulu. De son côté, Tsuki restait dans le bâtiment, se nourrissant et dormant toute la journée, espérant profondément que son coéquipier ne se retrouve pas dans une situation dangereuse pendant qu’ils étaient séparés. L’évidence était que l’Hokazuka n’avait pas d’autre choix que de laisser son panda à l’écart pour l’instant. Sans son visage, la seule façon de le reconnaître était l’existence de son compagnon animal.

Il avait décidé de se rendre dans une des villes les plus atroces du Yuukan pour une seule raison : trouver l’organisation révolutionnaire qu’était Seichi. Ce groupuscule cherchant à faire tomber le Daimyo actuel et à le remplacer par un meilleur dirigeant semblait très organisé et assez fort pour supporter le dresseur de panda s’il pouvait les trouver. Avant d’explorer le reste du monde, il se devait de trouver une façon de faire disparaître ses traces et d’avoir du support au cas où le Teikoku lui enverrait des chasseurs de primes à ses trousses. Avoir le support d’un tel groupe serait donc vital pour sa survie.

Mais malgré une recherche intensive durant les trois jours précédents, il n’avait trouvé aucune piste. Les commerçants ne coopéraient pas, les taverniers semblaient nier toute trace de l’existence de l’organisation et les brigands que l’Hokazuka frappait dans le visage ne savaient pas plus ou les trouver que quand ils n’avaient pas eu le visage couvert de leur propre sang. Mais Minoru ne pouvait point abandonner. Il avait pris un chemin sans retour possible et il devait briser les murs qui se dressaient devant lui s’il voulait pouvoir obtenir la vérité sur lui-même. Trouver Seichi n’était que le premier point à accomplir.

Après tout, il avait déjà rencontré une des lieutenantes du groupe lorsqu’il avait effectué l’importante mission diplomatique auprès du Daimyo de la nation, cette dernière l’ayant alors marqué de par sa motivation et son courage d’approcher le trio Teikokujin pour leur demander de l’aide. Dommage que l’Hokazuka n’était pas resté dans l’Empire assez longtemps pour voir les conséquences, négatives ou positives, des actions de la femme sur le porte-parole. Mais bon, s’il trouvait les Amejin révolutionnaires, il le saurait très vite.
Une lueur rose vint briser le brouillard qui remplissait constamment les rues de la capitale, attirant le regard curieux et en quête d’information du dresseur, qui se décida de suivre cette lueur semblant appartenir à une longue chevelure. Naviguant à travers la foule de marchands, pouilleux et citoyens pressés, Minoru se lança a la poursuite de sa propre curiosité, voulant la satisfaire tel un homme assoiffé sortant du désert.

Le repérer avait été d'une facilité déconcertante. À peine arrivé, voilà qu'il faisait des remous, semblant vouloir chercher Seichi à tout prix. Qui était ce bougre qui frappait et intimidait à tour de bras, comme s'il était chez lui ? Ou alors, peut-être était-il désespéré ?.. La description très succinte que lui avaient fait quelques témoins n'était pas suffisamment précise pour qu'elle parvienne à se souvenir de qui que ce soit qu'elle aurait pu connaître, mais qu'importe. Elle n'était pas au courant de toutes les apparences de tout le monde, fort heureusement. Au bout de trois jours, remarquant qu'il n'en démordait pas, la jeune femme décida d'aller à sa rencontre.

Le surveillant un peu discrètement dans les rues de la ville, la sauvage vampire décida d'aller à sa rencontre lorsqu'elle le reconnu. Puisque surprenamment, elle le connaissait. Il faisait parti du trio de teikokujins qu'elle avait rencontré il y a peu, ceux qui étaient venus à Ame à la demande du Daimyo. Mais plutôt que d'y aller directement, elle choisit de jouer un peu avec lui. Apparaissant plusieurs fois devant lui, à quelques dizaines de mètres dans la foule, elle se retournait à moitié pour qu'il puisse entrevoir ses cheveux sous sa capuche, attendant qu'il la remarque.

Lorsque le poisson fut ferré, elle se balada tranquillement, lui roffrant le visuel de ses cheveux par instants, comme un guide pour ne pas qu'il se perde. Ainsi, elle le guida jusqu'à une taverne tranquille où s'elle s'engouffra. Un lieu simple où elle savait que personne n'était suffisamment concentré pour écouter les conversations des autres, où le bruit était fort et constant. Facile d'y glisser une discussion plus secrete si l'on faisait attention au volume de sa voix. Impossible d'être entendu dans la cacophonie. Une planque à sa manière.

Lorsqu'il y rentra, elle s'était mise sur le côté de la porte et lui tapota l'épaule en lui faisant un sourire amusé.

« Salut, tu t'es perdu ? Viens, on va discuter et tu vas m'expliquer ce que tu veux à Seichi. »

Commandant rapidement du saké et deux verres, elle le guida jusqu'à une table où elle demanda plutôt gentiment -en faisant bien ressortir sa poitrine en se penchant vers celui qui semblait être le chef du trio- qu'on lui laisse la place, à elle et à son ami, ce que les gars, le rouge aux joues, acceptèrent volontiers. Installée, elle remplit les deux verres puis se retourna vers Minoru, le fixant yeux dans les yeux.

« Alors, t'es tout seul et tu traines dans un bâtiment abandonné, tu te planques de quoi au juste ? Ou de qui ? T'as fait une connerie et tu veux pas qu'on t'attrape ? Explique ce que tu veux et ce que tu fais là, je verrais si je peux quelque chose pour toi. »

Eh bien, on dirait que toutes les recherches de Minoru avaient abouti à une reconnaissance de l’exacte personne qu’il recherchait, ce qui lui faisait très plaisir, bien que la façon dont il avait été abordé ne lui plaisait pas le moins du monde, la dame l’ayant pris par surprise d’une manière qui laissait supposer que des individus qui le voudraient pourraient facilement le poignarder avant qu’il puisse réagir, ce qui n’aidait pas son niveau de stress. Mais bon, il avait désiré rencontrer la dame pour cette exacte raison, alors il pourrait se débarrasser de ses doutes assez tôt.

Il hocha la tête et suivit la lieutenante de l’organisation qui le guida jusqu’à une table pleine qu’elle vida d’un rapide mouvement de séduction qui laisse l’Hokazuka de marbre, ce dernier n’ayant pas du tout la tête à s’intéresser aux charmes matérielles que le monde avait à lui offrir. Il se contenta de s’asseoir dans un des sièges qui avait été vaqué par les trois hommes dont les faveurs romantiques semblaient les avoir convaincus très facilement, se commandant un verre d’eau et un plat de viande à bas prix pour remplir son estomac. Pourquoi discuter dans un tel établissement sans victuailles, après tout?

La demoiselle de Seichi enchaîna les questions une après l’autre, bombardant le dresseur de panda d’interrogations sur ses mouvements, son train de vie et ses actions entreprises dans la capitale depuis qu’il y était, ce qui laissait croire qu’elle l’observait grâce à ses ressources et connaissances depuis un moment déjà. Très bien, cela voulait dire que son organisation avait une main de fer sur Murashigure, ce qui était utile, spécialement pour un criminel comme lui nécessitant un asile sécuritaire.

« Une chose à la fois, voulez-vous? Je me cache du Teikoku après les avoir désertés suivant un conflit interne manipulateur qui m’a fait réaliser que ma place n’était pas dans cette entité sournoise. Un des soldats de l’Unité Impériale a décidé de brûler une demi-douzaine de soldats et de les envoyer à l’hôpital et j’ai réussi à m’enfuie pendant qu’il était distrait par une explosion. Ça ne m’étonnerait pas qu’ils soient en train de préparer des plans pour me poursuivre sous peu. C’est de ça que je me cache. »

Il prit une grande gorgée d’eau, réhydratant sa gorge fatigué de la parole et pris plusieurs bouchées de l’assiette de viande qui lui avait été apporté, satisfaisant son estomac triste d’adolescent ayant passé plusieurs heures sans nourriture par pur soucis de sécurité et d’efficacité. Il continua ensuite son monologue en réponse à la dame aux cheveux roses.

« Je suis venu pour vous offrir un échange. Vous planifiez une révolution et je désire voyagez. Le fait que le Teikoku va sûrement tout faire pour m’emprisonner et faire de moi leur esclave dans leurs geôles ne me plait pas du tout. Je désire la liberté. Ils ne m’offrent que le contraire. Je vous offre mes services pour renverser le pouvoir en place. »

Il tendit sa main, étant venu au point se son objectif assez rapidement.

Directe dans sa démarche pour gagner du temps, la jeune femme aux yeux rougeoyant eut un petit sourire en l'entendant parler du Teikoku. C'était peu surprenant, de ce qu'elle savait sur l'Empire. Ils n'étaient pas des gens très fiables. Imbus de leur puissance, de leur réussite à conquérir Kumo sur ce qui avait semblé être un coup de chance avec l'absence des gradés kumojins ou du simple profit encore plus bas découvert par un espionnage mené en préventive. Mais la jeune femme le savait pour être maître dans la matière. S'en prendre à quelqu'un de plus fort dans un moment de faiblesse et le laisser se redresser après était la pire des choses à faire. Et d'après ses informations autour du Sommet qui avait eu lieu à Hikari, ces imbéciles avaient laissé se former une puissance nommée le Fukkatsu. Un groupe qui aurait tôt fait de leur mettre de vrais batons dans les roues.

Que ce soit sur la chance ou l'espionnage, le résultat était le même. La méthode n'était pas fiable. Qu'ils soient ainsi des barbares comme ce qu'ils prétendaient combattre n'avait alors plus rien de surprenant. Elle hocha un peu la tête, pensive. S'il était pourchassé et qu'il pouvait lui être utile, alors il valait la peine d'être aidé.

« D'accord. Donc tu vas ou tu es déjà poursuivi. Est-ce que tu connais des techniques pour masquer tes traces ? Je suppose que non, sinon tu n'aurais pas besoin de mon aide. On va commencer par le plus simple, je sais déjà où tu étais pendant les deux derniers jours, j'ai besoin de savoir si tu t'es réfugié dans un autre lieu avant. Je veux aussi savoir tous les noms des personnes à qui tu as parlé. Enfin les noms, les lieux, quelque chose pour les retrouver. Certains m'ont fait remonter l'information de ta présence, mais tous ne sont peut-être pas de mon camp. D'ailleurs, évite ce genre de méthode ici. Si un de nos ennemis t'avait trouvé avant moi, tu serais mort. Ou pire. Je te dirais qui aller voir quand tu as besoin de me contacter si je ne suis pas avec toi. »

Tapant ses doigts sur la table d'une main tout en faisant tourner le contenu de son verre de l'autre, Katsuko réfléchissait à la suite, à comment le rendre utile et comment avancer sans prendre de risques. Ne pas faire les mêmes erreurs qu'elle avait pu faire avec Deku.

« Tu ne pourras pas rester ici dans les prochains jours. Jusqu'à ce que tes poursuivants soient venus et partis. Si dans deux semaines il n'y a toujours personne, on pourra considérer que tu n'étais pas assez important pour être traqué en tant que déserteur. »

Elle lui fit un sourire moqueur, cette version lui plaisant bien. Après tout, tous les habitants des villages ne valaient pas forcément l'énergie déployée à les pourchasser jusqu'hors des frontières de leur pays. Enfin, ce n'était que l'avis de l'informatrice qui pouvait très bien récolter les informations des villages eux-mêmes par les marchands qui y séjournaient temporairement. Elle connaissait à peu près les routes commerciales qui passaient sur le pays de la Terre, celui du Vent, celui du Feu et connaissait parfaitement les rares routes qui osaient passer sur le territoire de la Pluie.

« L'idée, c'est que tu disparaisses pour qu'ils pensent que tu es parti. Et un déserteur ne reviendrait jamais sur ses pas. Il faudrait être fou pour le faire. Donc quand on traque quelqu'un, on ne regarde pas derrière soi. On regarde devant. Seuls les devins y pensent. Et les paranoïaques. Mais même les paranoïaques ne regardent qu'un peu derrière eux. Parce qu'ils doivent regarder partout pour ne pas se faire avoir, donc chaque lieu à un temps consacré. Et il est facile à estimer. »

Se balançant un peu sur sa chaise, la vampire pencha légèrement sa tête sur le côté.

« Je doute que tu puisses me dire tous les lieux maintenant, va te reposer dans ta maison abandonnée, retourne les voir pour pouvoir avoir des noms et me faire une liste. Quand tu l'auras, va à la taverne du Loup de Mer et demande à parler à Maliki au comptoir. C'est une petite rousse aux yeux marrons, les cheveux bouclés. Plutôt mignone. Elle me préviendra, et de là tu pourras revenir m'attendre ici. Et à ce moment, je te dirais quoi faire pour que tu disparaisses. Ah, et traîne pas. On doit être prêts avant que tes copains n'arrivent en ville. Sinon ils te trouveront. Dernier détail, comment tu t'appelles ? Bonne chance. »

Un petit sourire aux lèvres, la jeune femme se releva, amusée. Son premier test pour voir s'il méritait son aide était lancé. Quittant directement la taverne, la jeune femme rabattit sa capuche sur son visage et disparut en quelques instants dans la foule, se jouant des tenues toutes similaires des passants. La jutte marronnée était un camouflage d'exception dans ce paysage terne et monotone.

Traversant ainsi la ville, prenant quelques détours en lançant une petite détection de sous sa cape pour vérifier qu'elle n'était pas suivie, l'informatrice aux yeux carmins arriva finalement à la taverne du Loup de Mer, saluant le barman avant de monter directement voir Maliki dans sa chambre. Toquant deux fois, elle se retrouva nez-à-nez avec sa collègue, la saluant.

« Konnichiwa Neiko-san, entre, qu'est-ce que je peux faire pour toi aujourd'hui ?
- Un garçon va venir te voir. Entre quinze et dix-huit ans je dirais. Il s'appelle Minoru. Il faudra que tu me préviennes quand il vient te voir. Et rappelle lui de m'attendre à la taverne Okimiyaki. C'est là-bas que je dois le retrouver, mais il aura peut-être oublié. Ça va avec Mace, ils ne vous ont pas ennuyé depuis ?
- On a pas réentendu parler d'eux non... Enfin pas contre nous. Ils continuent leurs affaires et ça marche plutôt bien pour eux apparemment. Ça fait plus d'un mois déjà. Mace est remit, il a reprit le travail d'ailleurs. Merci en tous cas. »

Un sourire amical sur les lèvres, Neiko hocha la tête.

« C'est normal. »

La rouquine lui rendit son sourire puis laissa la traqueuse repartir, refermant la porte derrière elle. La Chinoike releva alors la tête, observant le ciel sombre. La nuit approchait déjà, Minoru avait dû bien avancer dans sa recherche de localisations. S'il était efficace, elle pourrait retourner le voir dès le lendemain et mettre en place le plan pour le faire disparaître. C'était facile à vrai dire, quand on savait s'y prendre. Elle n'aurait pas besoin de grand chose, juste de quelques pièces et des bonnes informations de base.

La lieutenant s’activa assez rapidement, bombardant l’ex officier du Teikoku de questions et de considération pour l’aider. Même avant qu’elle s’informe de son identité, elle semblait déjà décidée à aider le dresseur, ce qui le rassura d’avance. Quelqu’un qui aurait voulu sa tête ne serais pas passé par quatre chemins comme elle et n’aurait pas fait semblant, elle l’aurait simplement exécuter sommairement pour récolter la prime. Mais puisqu’elle n’en faisait rien et qu’elle se contentait de montrer du soutien pour l’Hokazuka, ce dernier lui offrit les réponses lui permettant de rester en vie.

« J’ai dormi dans les bois jusqu’à mon arrivé a Ame, à partir de quoi j’ai couru jusqu’à Murashigure. Je suis dans le bâtiment abandonné depuis ce temps-là et j’ai pas changé de lieu de résidence. Ça m’étonnerait, aussi, qu’un Lieutenant de l’Empire soit considéré non-important par les autorités impériales. Je m’attends à ce qu’ils placent une prime alléchante sur ma tête. »

Il écouta ensuite le reste de ce que la dame aux cheveux roses avait à lui dire, qui lui indiqua la procédure qu’il aurait a suivre pour qu’elle accepte de l’aider durant les jours qui suivraient. Il devrait donc se procurer les noms et lieux qu’il avait exploré et dans lesquelles il avait questionné divers citoyens et commerçants au sujet de Seichi. L’officière de l’organisation espérait sûrement, à l’aide de cette liste, pouvoir couvrir les traces de Minoru en indiquant aux habitants de Murashigure de garder le silence. Si telle était la puissance de Seichi, l’Hokazuka ne pouvait que les admirer.

« Très bien, mademoiselle. Je vous rejoindrais demains à la taverne indiqué. Je vous garantis que j’aurais la liste et que mes préparatifs nécessaires seront accompli pour que nous puissions ensuite me faire disparaître de la vision de l’Empire du feu. »

Les deux individus se séparèrent ensuite de la table, le dresseur ayant de toute façon déjà terminé son repas et son verre d’eau. Il prit directement la direction de son repaire, ou il fit part rapidement, sans dire un mot, a son compagnon des nouvelles informations qu’il avait acquise et de la tâche qu’il avait à accomplir durant les heures qui suivraient. Il fit une brève sieste, permettant à son corps d’être en pleine forme pour les dizaines d’heures à venir, son endurance surhumaine l’aidant beaucoup mais le repos lui permettant de tenir encore plus longtemps éveillé que sa limite ordinaire.

Le soir venu, il se réveilla et se lança, parcourant les rues, ruelles et boutiques, écoutant discrètement les conversations des gens qu’il avait questionné pour apprendre leur nom sans faire de remous quand il ne les connaissaient pas déjà et notant rapidement le nom des divers commerces qu’il avait fréquenté. Quant aux brigands, il ne put réellement les retrouver, puisque de tels truands pullulaient à Murashigure et en retrouver quelques-uns en particulier serait un challenge non négligeable. Il se contenta donc de ce qui était faisable en moins de vingt-quatre heures et, une fois l’aube arrivé, il constata que sa tâche était terminée après une besogne d’une nuit entière.

Il prit donc la direction du Loup de Mer, ayant été cherché Tsuki préalablement au cas où il ne pourrait pas retourner dans leur repaire après sa prochaine rencontre avec la lieutenante. Pénétrant dans l’établissement, il s’approcha de la demoiselle qui convenait a la description que la femme aux cheveux rosés lui avait donné et lui sourit.

« Salut. J’suis Minoru, il me semble qu’on m’attend? »

Maliki observa quelques instants Minoru puis hocha la tête. Elle savait quoi faire.

« Tu peux aller à la taverne Okimiyaki comme prévu, je vais la prévenir. »

Sans plus de palabres, l'informatrice rabattit sa capuche sur sa tête et partit en courant dans les rues de Murashigure, s'orientant avec facilité. Après quelques vérifications habituelles de ne pas être suivie, elle rentra dans une bâtisse à l'apparence simple et grimpa aux étages jusqu'à toquer à une porte en bois de frêne. Après quelques instants, elle s'ouvrit sur la vampire aux yeux carmin qui lui sourit en la reconnaissant.

« C'est bon, il t'attend.
- Merci Maliki. Tiens. »

Offrant une petite bourse à l'informatrice qui hocha la tête avant de repartir, la Chinoike se mit en mouvements. En quelques instants, elle était prête, sa saccoche de matériel passée autour de son épaule, sous sa cape de jutte. Il ne lui fallut qu'une poignée de minutes pour rejoindre l'auberge où l'attendait le fuyard. Pénétrant dans la taverne en question, elle le salua en s'approchant de lui, sereine.

« Bien, je suppose que tu as ce que je t'avais demandé. Tu as tous les noms ? »

Regardant un peu la liste qu'il lui donna, elle hocha pensivement la tête. Il avait eu le temps de voir pas mal de monde le bougre.

« Tu as de l'argent ? Parce qu'il va falloir sans doute mettre la main à la poche pour les "convaincre". »

Le fixant, yeux dans les yeux pendant de longues secondes, la traqueuse s'étira finalement, parfaitement sereine.

« L'idée est simple. Tu vas aller voir ces personnes là avec ce symbole et tu vas leur donner un peu d'argent, puis tu vas leur dire que tu leur as demandé une planque en échange d'argent. Je vais te faire rapidement une liste de lieux, ce sera ces lieux là les planques que chacun d'entre eux devra déclarer t'avoir donné. Si tes traqueurs questionnent les gens en ville, ils seront envoyés dans tous les sens et ils ne sauront plus où chercher. Pour les autres noms, ils ne sont pas de mon réseau. J'irais les voir moi-même pour trouver un arrangement. »

Tout en parlant, la jeune femme avait sortit un foulard rouge avec un symbole noir dessus. Un symbole travaillé. Le symbole de Seichi. Les envoyés de l'Informatrice les montraient toujours, formant un système bien en place avec cette méthode de reconnaissance simple et pourtant discrète. Il suffisait d'être un tout petit peu inventif et faire voir un foulard en tissus sans que les gens autour ne s'en rendent compte était diablement simple.

« Pas besoin de crier sur tous les toits que t'as un des foulards de l'organisation, montre le leur simplement sans rien dire et ils sauront. Ah, et essaie de le faire discrètement. Tout le monde n'aime pas forcément la perspective d'un nouveau roi plus impliqué pour son pays. »

Prenant une petite pause, la jeune femme sortit une feuille et commença à recopier rapidement les noms des partisants de Seichi qu'elle savait fidèles, ajoutant à côté de chaque nom un lieu à donner pour la planque. Qu'ils envoient bien les traqueurs derrière des fantômes.

L'autre partie de l'obstruction, elle s'en chargerait elle-même. Mais il restait un dernier point à voir. Il ne pouvait pas rester au cas où ses traqueurs sauraient comment fouiller une large zone avec des détections chakratiques. S'ils utilisaient du pistage traditionnel à l'odeur ou aux traces de passage, ils seraient également bien embêtés dans la cité de la Pluie. Entre l'eau qui ruisselait en permanence et les nombreux déplacements de la capitale du pays, suivre la piste de quelqu'un sans utiliser d'indics revenait du miracle. Et il se trouvait que l'informatrice installée là depuis longtemps désormais avait un réseau d'informateurs solide qui lui permettait de savoir la plupart des évènements qui se passaient dans ce pays à partir du moment où elle cherchait à en avoir connaissance, ou qu'ils étaient suffisamment importants pour que ses espions la contactent d'eux-même.

Elle avait aussi eu le temps de faire passer un message dans son réseau, ayant profité de la soirée précédente pour leur demander de l'avertir si jamais ils repéraient la moindre arrivée nouvelle suspecte, ou alors arrivée avérée d'Hijins dans le pays et plus particulièrement sa capitale. Ainsi, elle voulait les trouver la première pour pouvoir agir autour de leur présence et préparer le terrain comme elle l'entendait.

« Quand tu auras donné toutes les informations à mes collaborateurs concernés, tu pourras revenir m'attendre ici pour la suite. Des questions ? Sinon, à plus tard. »

Lui laissant quelques instants pour se décider, elle se leva ensuite et partit de son côté. Elle avait beaucoup à faire.

AMinoru ne pouvait qu’apprécier l’organisation complexe et longue dont faisait preuve le groupe révolutionnaire Amejin pour leur rendez-vous et communications entres eux. Le fait qu’il devait faire le tour de la ville, noter des informations, communiquer avec quelqu’un dans un endroit X pour ensuite se faire envoyer dans un endroit Y pendant qu’un individu en prévenait un autre… C’était rigoureusement et très subtilement fait pour permettre aux membres de cette organisation de ne pas se faire attraper. Et il allait sans dire qu’ils devaient avoir des traitement très intéressants réservés aux traîtres qui pourraient être à la solde de l’établissement royal actuel, mais l’Hokazuka n’avait aucune envie de connaître ces méthodes.

Une fois a la nouvelle taverne a laquelle il s’était fait convoquer, il en profita pour faire un plein bien mérité de victuailles dans son estomac grognant de faim après une nuit entière de besogne moins qu’amusante, commandant un énorme bol de nouilles udon, bien larges et grasses, accompagnés de grosses et juteuses tranches de porcs et de divers légumes ayant baignés dans le bouillon, s’étant imprégnés de la douce et riche saveur qui ne peut être qu’atteinte après une cuissons de gras et d’os de plusieurs longues heures sur le feu.

Quand la lieutenante arriva, le dresseur savourait avec délice les nouilles, faisant un bruit fou dans l’établissement pendant qu’il aspirait de sa puissante gueule les longs filaments de pâtes. Il ne leva les yeux vers elle que quand elle s’asseya en face de lui, lui tendant d’une main la liste tandis que son autre continuait de travailler du mieux qu’elle pouvait pour nourrir son propriétaire. A la mention d’argent, il grogna et lui montra la lourde bourse qu’il transportait toujours sur lui par pur précaution, n’ayant jamais vraiment eu de maison à part entière et préférant garder ses maigres possessions matérielles sur lui.

Puis, Katsuko lui expliqua la nature de sa prochaine tâche, qu’il comprit comme étant capitale au fur et a mesure qu’elle lui en parlait. A l’aide d’argent, de deux listes et du foulard représentant l’organisation, Minoru irait soudoyer les gens qu’il avait questionné pour qu’ils donnent de fausses informations aux autorités Teikokujins qui pourraient venir sur ses traces a Murashigure. Sachant que le clan Inuzuka et Aburame étaient vassaux direct de l’Empire, si ces derniers étaient utilisés durant la mission de traque, il aurait besoin du plus de fausses pistes possibles face aux maîtres de la détection.

La dame aux cheveux roses lui tendit ensuite la liste de collaborateur, après que l’Hokazuka ait terminé son délicieux repas. Il le prit avec le foulard et sortit de la taverne un peu après que l’officier de Seichi soit parti elle-même et il se mit à la tâche. Après plusieurs jours à parcourir la capitale de la pluie, il commençait a être familier avec les lieux ou il devait se rendre et les boutiques qu’il devrait soudoyer. Il développa, très vite, après les deux ou trois premiers collaborateurs, une méthode rapide et efficace d’expliquer discrètement la situation, utilisant le foulard silencieusement et l’argent généreusement. En quelques heures, il avait soudoyé une bonne part de la ville.

Ayant travaillé avec des citoyens loyaux a la cause de l’organisation révolutionnaire, le temps qu’avait pris Minoru était nettement moins long que celui que prendrait Katsuko, évidemment. Devinant cela, il profita de son retour a l’auberge pour faire une sieste, la tête collée sur la table, les poings fermés et prêt a asséner des coups que peu désiraient connaître a ceux qui s’approcheraient de son corps sans que leur odeur ne lui dise quoi que ce soit qui vaille. Et il resta dans son délicieux sommeil jusqu’au retour de la figure de Seichi.

Laissant Minoru se poser puis s'occuper de sa tâche, Katsuko sortit de la taverne avec son propre plan en tête. Si lui devait juste aller voir les membres déjà de son côté, Katsuko devait quant à elle faire en sorte que personne ne le dénonce. Et il en avait vu du monde cet enfoiré de Teikokujin. Putain, qu'il était stupide. Elle soupira face à l'ampleur de la tâche, se questionnant s'il méritait vraiment tant d'efforts. Est-ce qu'il serait rentable comme placement ? Difficile à dire pour l'instant, mais elle avait commencé et elle n'était pas du genre à reprendre sa parole. Il avait de la chance le gamin avec son panda.

Traversant quelques rues, elle arriva à la première adresse qu'il lui avait donné. Elle connaissait la plupart des gens de la cité, des lieux, des habitudes. Elle savait où aller, à quelle heure et avec quelles précautions. Et là, elle était tranquille. Cette première adresse n'était pas un danger. S'il n'était pas véritablement sympatisant de Seichi, elle savait qu'il était du genre à garder sa langue. Contre un peu d'argent, il n'hésiterait pas à donner une fausse direction. La demande était très simple dans un sens. Donner une direction à quelqu'un qui la demande. Très simple et sans risques puisque l'homme en question pouvait très bien avoir mit en place ce stratagème lui-même.

Pour tous les gens comme lui, qu'elle connaissait et en qui elle savait qu'elle pouvait avoir un minimum confiance par leurs principes, elle agirait de même, alignant suffisamment d'argent pour éviter qu'ils ne la trahissent. Pour les autres, elle choisit une toute autre approche. Allant voir May, l'une de ses informatrices, elle lui donna une bonne somme d'argent et lui demanda de se renseigner sur Minoru en le lui décrivant, et en donnant en même temps des informations fausses à ceux qui lui répondaient. En somme, elle se plaçait en traqueuse perdue, qui avait reçu plein de destinations différentes, et qui devenait aggressive, les menaçant après les avoir payé pour avoir des informations.

Assommant ainsi ces derniers de divers récits, ils se trouvaient sans certitudes, un peu apeurés face à l'informatrice aggressive qu'ils savaient au service de Seichi, et donc protégée par une certaine puissance. Laissant échapper des sous-entendus "par mégarde" comme quoi elle le tuerait ou lui ferait subir divers sévices si elle l'attrapait tout comme ceux qui l'aidaient à se cacher, May avançait ainsi la toile imaginée par Katsuko. Une toile où toutes les informations étaient faussées, illisibles. Une toile indéchiffrable. Plus personne n'avait d'informations si tout le monde en avait dix différentes. C'était là l'avantage. Celui qui empêchait quiconque de pourchasser une cible par les voies normales, celles des informateurs. Le sujet ne serait plus compréhensible pour quiconque.

Restait maintenant deux points. Premièrement, les traces de passage de Minoru. Elles étaient bien réelles, mais les faire totalement disparaître serait suspect. Autant compter sur la pluie et le passage qui le ferait tout aussi bien que ses capacités mais plus naturellement. Les éventuels traqueurs ne trouveraient rien de ce côté. Le dernier risque, c'était les détections chakratiques de large zone. S'ils avaient des experts, ils n'auraient qu'à se balader dans le pays pour finir par le trouver. Pour cela, Neiko devait mettre en place un système d'espions qui s'occuperaient de veiller aux déplacements des traqueurs eux-même. L'avantage avec les traqueurs, c'est qu'ils ne surveillaient pas leurs pas. C'était eux, les prédateurs, pas vrai ?..

Ainsi, en sachant tout de leurs déplacements, et en allant les rencontrer pour leur dire expressément que leur présence sur un territoire qui n'était pas le leur déplaisait tout particulièrement à la vampire, elle les contraindrait à partir rapidement, à abandonner s'ils ne voulaient pas déclancher une catastrophe politique. La jeune femme alla donc discuter avec plusieurs de ses informateurs dont Maliki et Mace, leur demandant s'ils pouvaient ensemble surveiller l'arrivée des étrangers venant de Hi no Kuni. L'idée était simple, connaître leur position. Pas besoin de prendre de risques, ils pouvaient ne les surveiller que partiellement, il fallait juste savoir où ils étaient dans le pays de manière générale. Le groupe serait des traqueurs, ils seraient reconnaissables dans leurs méthodes et leurs techniques pour fouiller les lieux. Normalement, ils se comporteraient comme en terre conquise, ce qui serait loin d'être le cas en réalité. Et la vampire aux yeux carmin comptait bien le leur faire comprendre.

Terminant ses préparations après plusieurs heures de travail et de nombreux pots de vin déposés, reprenant contact avec May pour vérifier que tout s'était aussi bien passé de son côté, Katsuko finit par prendre l'apparence d'un homme ayant la trentaine pour passer inaperçue, cachée sous sa cape à capuche habituelle. À l'abris de la pluie, elle alla voir à nouveau Minoru, s'approchant de lui pour lui parler à voix basse.

« On va dans ta maison pour parler. On ne doit pas te voir plus longtemps avec moi dans les rues. »

Ayant gardé sa voix habituelle, Neiko s'assurait qu'il comprendrait qu'il s'agissait là d'un henge, jouant en plus sur le contrast avec son apparence masculine. Traversant les rues, la jeune femme cachée sous les traits d'un simple roturier alla jusqu'à la demeure actuelle de Minoru et l'attendit pour lui dévoiler la suite du plan.

« Bien. Dernière étape, je vais te donner ta véritable destination. Tu vas aller proche de la frontière avec Kaze et de celle avec Hayashi, dans le village de Tomiya. Là-bas tu pourras séjourner chez les Nakato. Ils sont des partisans de Seichi. Mais tu ne vas pas quitter Murashigure par la route la plus courte. Tu vas passer par le nord, tu vas aller jusqu'à la rivière Yoshida et puis tu vas la remonter pendant trois heures environ. Il faut que tu gardes les pieds dans l'eau tout le temps, comme ça tu seras impistable. Personne n'est capable de retrouver des traces dans de telles conditions, il n'y en a tout simplement pas. Quand tu sortiras, tu feras un bon détour vers l'ouest pour être sûr de ne pas passer trop près de Murashigure, puis tu pourras te diriger vers Tomiya. Compris ? Ne demande pas ton chemin en route, je te rejoindrais à la rivière de toute façon. On se retrouve là-bas demain soir au plus tard. Va dormir, il est tard. Tout sera prêt et tu ne seras plus en danger. »

S'éloignant de lui, elle partit elle aussi dormir, fatiguée de sa journée de travail. Elle se leva le lendemain aux aurores et reprenant son apparence de roturier, elle acheta un cheval à l'une des écuries de la ville et partit en suivant la route vers le nord, allant attendre Minoru proche du pont où elle devant le rejoindre. Elle était ensuite descendu de cheval puis lui avait donné une claque sur la croupe pour qu'il parte, le laissant libre d'aller où bon lui semblait, là où quelqu'un pourrait le récupérer. Quand le teikokujin serait là, ils pourraient passer à la suite.

Technique:

Ce fut Katsuko sous une forme Henge de simple homme trentenaire qui lui révéla, finalement, sa destination ou il pourrait se cacher de la foudre de l’Empire du feu. Le monologue qu’elle lui servit a ce sujet aurait facilement pu assommer le déserteur dans le passé, mais sa motivation a fortifier son esprit avec autant d’effort qu’il avait apporté à son corps prit le dessus et lui permit de passer a travers l’explication en n’en manquant aucun morceau, sachant très bien que sa survie et son bien-être général dépendait de s’il réussirait à s’échapper de l’emprise du Teikoku. Pour la première fois de son existence, il avait une vision claire de ce qu’il devait accomplir qui n’était pas teinté de la vision immature d’un être sauvage et il se devait de se dédier a cet objectif du mieux qu’il pouvait.

Tomiya, village sûrement clef dans les relations entre les trois nations qui formaient un sommet commun entre le désert, la grande forêt et les plaines marécageuses de la pluie. A ce niveau, a ce que l’Hokazuka avait comprit en ouvrant ses oreilles dans les auberges, la forêt d’Hayashi et la pluie d’Ame laissait place a une sorte de savane, témoin des températures extrêmement chaudes et arides du gigantesque pays du vent toisant les territoires humides du nord d’un œil moqueur. Dans cette bande de terre d’a peine une centaine de kilomètre de large, des animaux inédits vivaient leur existence en paix, ne se doutant pas de la grandeur du monde et de ce qu’il renfermait.

Ayant écouté les indications pour faciliter la disparition de ses traces et de celle de son fidèle compagnon, Minoru se dirigea pour la dernière fois dans son bâtiment abandonné, prêt à y passer une dernière nuit de sommeil inconfortable. Une fois dans la fameuse petite bourgade, il pourrait certainement se trouver ou construire un abri a même la nature dans lequel il serait confortable et se sentirait bien comme chez lui, a l’écart des regards indiscrets d’une capitale de criminelle ne désirant rien de moins que le vendre au plus offrant. Cette nuit-là, il rêva aux luxuriantes forêts d’Hayashi, aux plaines de Hi et aux paysages fantastiques qu’il aurait l’occasion de découvrir dans un futur qui était loin d’être inimaginable.

Le lendemain, il enveloppa Tsuki d’une lourde cape et partit à l’aube, choisissant d’emprunter les petites ruelles moins achalandées qu’il avait repérer durant son séjour, évitant du mieux qu’il pouvait les regards encore endormis et intoxiqués des gens se levant ou allant se coucher après une nuit bien festive. Une fois en dehors de la ville, il prit une grande inspiration, appréciant dûment la qualité de l’air une fois qu’elle n’avait pas été contaminé par des dizaines de milliers d’individus dans un petit espace. Ne perdant pas plus de temps, il se lança dans une confortable course aux côtés de son panda, les deux appréciant de pouvoir utiliser leurs muscles après près d’une semaine inconfortablement calme.

Il arriva finalement à la rivière Yoshida, dans laquelle il plongea ses pieds avec plaisir après avoir retiré ses lourdes sandales. Lavant la sueur avec quelques éclaboussures d’eau pour couvrir son odeur, l’Hokazuka se lança ensuite dans le remontage de la rivière, qu’il apprécia beaucoup, puisque cela permit a Tsuki de se laver après plusieurs longues journées d’isolation en même temps qu’ils se déplaçaient. La disparition de la lourde odeur de panda malpropre disparut et ce fut un réel plaisir pour l’odorat du déserteur de Hi de ne plus avoir à supporter un tel supplice.

Et puis, après avoir remonté quelques temps, il tomba sur la dame aux cheveux roses, encore sous Henge, qui l’attendant sur un pont. Il la salua avec un grand sourire.

« Content de te voir! Ça va me faire quelqu’un avec qui discuter pour le restant du voyage. »

Katsuko avait remonté la rivière elle aussi, profitant du lit pour faire disparaître ses propres traces. Assise au bord de l'eau, les pieds dans les flots, elle se retransforma dès qu'il arriva devant elle.

« Contente que tu t'en sois sorti jusque là. En route vers Tomiya. »

Se relevant d'un bond, elle avait un petit sourire, visiblement satisfaite à l'avance de ce qui allait venir.

« Tu dois te douter que si je t'accompagne, c'est pas pour rien. J'aimerais profiter du voyage pour que tu m'expliques un maximum de choses à propos du Teikoku actuel et de ses projets. Tout ce que tu sais, même si ça te paraît anodin. Les positions militaires, politiques, les rumeurs du pays, les noms de vos dirigeants, ce qui est advenu de tes deux camarades qui étaient venus dans notre pays, tout. »

Commençant à marcher, la jeune femme aux yeux carmin restait légèrement derrière Minoru et son panda, enchaînant les mudras. Elle se mit alors à faire disparaître leurs traces alors qu'ils avançaient, ajoutant sa technique à la pluie et au passage de la pluie qui frappait le sol en permanence. Là, elle doutait très sincèrement que quiconque puisse les traquer, ou alors il s'agissait d'alliés de l'Homme au Chapeau et ce dernier savait déjà où ils étaient partis. Personne d'autre qu'elle ne savait leur destination, et elle était loin d'être la seule qu'elle n'avait pas donné dans ses listes.

Certaine de ses méthodes et de l'impossibilité de retrouver leur trace ainsi, Neiko était calme mais attentive, surveillant es alentours tout en faisant disparaître les pas qu'ils pouvaient laisser derrière eux. Un principe de double précaution qu'elle mettait toujours en place dans ce genre de situation. La vampire restait à l'écoute de son camarade de voyage, prête à lui répondre ou à affiner ses questions s'il avait du mal à lui répondre.

Survivre, la majorité du temps, n’était pas gracieux. Les animaux combattaient régulièrement jusqu’à leur dernier souffle pour l’espoir de sentir l’air frais de l’aube suivante, tandis que les humains enchaînaient des conflits armés ou non d’ampleur inimaginable ou la survie de l’un dépendait souvent de la mort de l’autre. Bien souvent même, celui qui en tuait un autre ne le détestait pas. Au plus, il éprouverait de l’irritation face a un soldat particulièrement coriace. Mais pour survivre, un homme devait apprendre a ne pas considérer ceux qui voulaient sa mort comme ses égaux et simplement comme des obstacles a sa propre survie qu’il devait écraser.

L’Hokazuka connaissait des dizaines d’individus fondamentalement bons dans le Teikoku. Certes, leurs motivations et buts étaient différents des siens, mais il n’éprouvait point de haine ou de crainte face a eux, bien qu’il savait très bien que certains de ces derniers devaient se sentir trahis par sa personne et qu’il se retrouverait face a face avec certains si le groupe qui le traquait l’attrapait. Ce n’était pas une possibilité qu’il appréciait. Idéalement, il aurait aimé ne plus jamais voir les visages des membres de l’armée impériale, garantissant sa sécurité et la leur. Ce désir, il allait utiliser tous ces moyeux pour l’accomplir, même si ces moyens consistaient a révéler a la lieutenante d’une organisation révolutionnaire des informations sur la force qu’il avait quitté.

« J’étais dans l’Unité Coloniale, dirigé par une Capitaine Inuzuka. La présence de ce clan est très importante au sein de l’armée impériale, puisqu’ils servent non seulement de force de frappe mais aussi de traque. Mais je ne pense pas que ceux qui tenteraient de m’attraper viendront majoritairement de cette unité. Bien que je ne connaisse pas l’entièreté des forces du Teikoku, il y a deux individus qui sont dangereux et qui vont certainement utiliser toute leur puissance pour m’attraper ; Shinrin Shinpachi, lieutenant du clan des manipulateur de Mokuton, et Gozen, un puissant soldat servant sous ses ordres. Ils sont tout deux de l’Unité Impériale, qui est en charge de s’occuper des traîtres et soldats a problèmes. Je n’ai combattu aucun de ces deux la mais je te garanti qu’ils ont une phénoménale puissance. Leur aura et odeur me donnait l’impression qu’ils étaient aussi fort que toi. »

Il prit une grande inspiration. Le fait était qu’il n’avait jamais eu l’occasion de connaître les majorités des officiers du Teikoku par sa promotion qui n’avait pas duré très longtemps, alors la quantité d’informations sur les forces de combat et d’intelligence de Hi laissaient clairement a désiré. Il prit une gorgé d’eau d’une gourde de cuir accroché a sa ceinture et continua, ses paroles ponctuées des bruits de l’eau qui s’ouvrait devant les pieds musclés de Minoru.

« A ce que j’avais appris avant de quitter, l’Empereur n’est pas aussi présent que ce qui serait désiré, ce qui inquiète beaucoup les officiers. Kosuke, un des hommes avec qui j’ai fait la mission il y a quelques semaines, est son porte-parole. Je n’ai aucune idée de ce qu’il est devenu, mais il est très dangereux de par sa maîtrise de ses propres os avec son chakra. Simizu n’est pas un modèle de présence alors lui non plus, je n’ai aucune idée de ce qu’il a bien pu faire après notre retour. Les faits sont que tels. L’Empire est une gigantesque armée qui a des membres de clans de partout dans le monde. Manipulation explosion, manipulation capillaire, élémentalisme, puissants Fuinjutsu, le clan Aburame et Akimichi, maître d’insectes et de graisses… Je suis chanceux de ne pas avoir été capitaine, sinon je me serais attendu à avoir a faire face a une gigantesque force contre moi, pas juste l’unité d’élite dont je présume les actions. »

Une bouchée de viande séché vint terminer sa phrase, ponctuant d’un point salé ses révélation sur son armée passée. Il regrettait légèrement de ne pas avoir tant d’informations pertinentes a offrir a la dame aux cheveux roses, sachant très bien que sa survie elle-même dépendait des informations fournis.

Katsuko avait finalement le temps de parler avec sn nouveau camarade. À vrai dire, certaines des informations qu'elle lui demandait, elle aurait pu les récupérer en allant à l'Arbre monde, un casino important qui était au service de Seichi. Mais elle préférait que le lien entre l'organisation d'Ame et l'établissement ne soit pas trop connu, surtout maintenant qu'elle s'était dévoilée devant le porte-parole de l'Empereur selon les dires de Minoru. Par déduction, elle avait facilement compris qui était qui dans le trio qui était venu.

« Très intéressant tout ce que tu me dis... Mais ça ne fait qu'attiser ma curiosité. J'espère que tu pourras un peu la satisfaire. »

Faisant un léger sourire amical, la vampire se relança après un instant de pause.

« L'Unité Coloniale, qu'est-ce que c'est ? Son but exact c'est quoi ? Tu as une idée de son nombre de soldats ? Tu parles d'une cpitaine Inuzuka, c'est bien ce clan aidé de chiens ? Est-ce que tu en sais un peu plus sur eux, sur leurs pouvoirs, sur la position de ce clan par rapport à l'Empire et ses envies expansionnistes ? J'ai entendu dire que ce clan avait eu des désaccords avec certains de ses membres qui étaient partis à Hayashi pour devenir des gens comme toi, des Hokazuka accompagnés d'autres animaux. Tu peux me parler de ton clan aussi, et de la relation entre vos deux clans ? Ça se passait bien entre toi et cette capitaine ? »

Sous des questions qui pouvaient paraître annodines ou privées, c'était un peu le climat de confiance et d'unité au sein de cet empire que l'informatrice essayait de dégoter. À vrai dire, chaque information pouvait avoir son importance plus tard, mais pour le moment, elle se contentait d'une récolte large qui l'aiderait plus tard, quand elle irait sur place.

« Shinrin Shinpachi et Gozen... Tu peux rien me dire de plus sur ces deux là ? Lieutenant, c'est un bon grade pour l'Empire ? Parce que moi, je suis lieutenante de Seichi et je suis littéralement l'une des personnes les plus importantes de l'organisation. Pas parce que je suis forte non, parce que je sais jouer mes cartes. Enfin, je suis suffisamment forte pour me sortir en vie de la plupart des situations potentiellement dangereuses. Mais tu me surestimes. Enfin j'espère, sinon ils doivent être drôlement faibles. J'ai connu des gens bien plus forts que moi. Beaucoup. C'est pas si dur que ça à vrai dire. Tu me vaincrais peut-être si on s'affrontait en face à face. »

Neiko sourit légèrement, un petit air amusé sur les lèvres.

« Mais bien évidemment, ça n'arrivera pas. »

Le laissant libre de toute interprétation, la jeune femme au regard carmin s'étira un peu avant de reprendre.

« Oh, c'est un Kaguya ? À Urahi ? Étonnant. Je pensais que tout leur clan était à Kiri. Et ce Simizu, tu connais quelque chose de ses capacités ? »

Attentive à ses réponses, la demoiselle finit par attraper sa gourde pour se désaltérer à son tour, faisant une petite pause. Effacer les traces qu'ils laissaient en permanence était assez complexe et fatiguant après tout.

« Est-ce que tu sais quoi que ce soit des ambitions du Teikoku, de sa position avec Kumo, de ce qu'il compte faire vis-à-vis d'Ame... Est-ce que tu sais si je dois me méfier des Teikokujins qui vont venir nous soutenir ou je dois m'en méfier parce qu'ils peuvent nous trahir ? Et si jamais Rei vient à ne pas refaire surface, qu'adviendrait-il de l'Empire ? »

Tant de questions, toutes ne pourraient sans doute pas trouver de réponses, mais chaque information était bonne à prendre, aussi la vampirette ne rechignait pas sur chaque parcelle qu'elle pouvait obtenir.

Apparemment que les réponses peu détaillées qu’avait offerts Minoru a la Vampire n’était pas très satisfaisantes, ce a quoi il s’était attendu. L’Empire était une structure vaste et complexe et il avait été certain lors de ses premières réponses qu’il aurait a en faire d’autres sous peu. Après tout, personne ne pouvait détailler clairement son entité politique assez rapidement, sinon cet état n’aurait aucun avenir.

« L’Unité Coloniale est majoritairement responsable de toutes les tâches de l’Empire dans les territoires extérieurs a Hi. C’est eux qui se chargent d’explorer, de prendre contact avec les locaux et d’aider aux potentiels conquêtes. C’est pour ça que c’est surtout des gens comme moi qui s’y trouvent, puisque ça nous permet d’explorer et de voyager, bien qu’en laisse. Je ne connais pas le nombre exact de soldats d’aucune unité, puisque cela fluctue assez souvent, au fil des missions et d’autres événements. Les Inuzuka sont le clan originaire des Hokazuka. Ils ont des sens aussi développés qu’un chien ou un loup et combattent aux côtés d’un. Je sais que beaucoup ont fui, non seulement vers Hayashi mais aussi vers d’autres villages et pays, le génocide de l’ancien Daimyo ayant, avec raison, froissé le clan.

Mais le clan a retrouvé une situation favorable a Hi après l’aide d’un Inuzuka puissant lors de la conquête de Kumo. Le clan est aujourd’hui bien estimé et en assez bon nombre au Teikoku pour que sa survie ne soit plus une question a problème. Mon clan est tellement hétérogène que je ne pourrais trop t’en parler. J’ai rencontré des Hokazuka dans et a l’extérieur de l’Empire. Chacun a fait sa vie et a décidé de sa voie après avoir acquis un nouvel animal. Mais le clan est en lien assez correct avec les Inuzuka, puisque nous sommes cousins, en quelque sorte, pour le peu qui retournent à Hi. J’ai rencontré la capitaine trop peu de fois pour te donner un rapport sur si tout allait bien entre moi et elle. »

Il prit quelques instants pour reprendre son souffle. Plus les jours avançaient, et plus il se rendait compte a quel point il pouvait parler beaucoup, ce qui le surprenait encore une fois en ce moment, bien que c’est ce qui lui donnait une bonne chance de survie.

« Je les connais trop peu, mais je te garanti qu’ils sont très puissants. Un Lieutenant est comme un Chunin avec un peu plus de pouvoir. On gère des soldats dans des missions et des opérations impériales, mais on est sous la direction du capitaine de notre unité, lui ou elle-même lié à l’Empereur et son porte-parole. La puissance veut surtout dire à quel point quelqu’un est versatile et tu me semble l’être a un degré beaucoup plus haut que moi. La puissance de frappe n’est pas tout, je l’ai appris à mes dépends. »

Parce qu’après tout, les muscles de la lieutenante ne montraient pas de grande force ou d’expérience hallucinante, sans oublier qu’elle ne lui avait pas montrer grandes techniques dans le peu de temps qu’ils s’étaient connus. Néanmoins, ses instincts lui criaient que la dame de Seichi pourrait aisément se débarrasser de lui s’il lui causait quelques problèmes que ce soit.

« C’est le seul que je connaisse qui soit dans l’Empire. Je n’ai pas eu l’occasion de combattre aux côtés de Simizu alors ses capacités sont dans l’ombre pour mes yeux. L’Empire aimerait bien augmenter les territoires sous son contrôle mais de nombreux de ses membres adoreraient surtout fortifier Hi et en faire une nation meilleure que jamais. Ils adoreraient aussi faire d’Ame un protectorat impérial, bien que je ne pense pas que ca te surprenne. Et pour les Teikokujins qui viendront t’aider, je ne peux que te suggérer de faire attention, puisque certains peuvent être bienveillants et aidants alors que d’autre pourraient être fourbes et dangereux. »

Toujours attentive, la demoiselle aux cheveux rosés sourit un peu en entendant les divers détails. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit si coopératif. À vrai dire, tout ce que le garçon lui racontait tenait plus de la trivia que d'informations sensibles, mais elle appréciait malgré tout ces quelques connaissances qui ne seraient peut-être plus vrai d'ici six mois. Qui sait combien de temps l'Empire allait-il se contenter d'un Empereur absent ? Et qui sait combien de temps faudrait-il au nouveau dirigeant d'Hi no Kuni pour changer toute cette organisation à son goût ?

Elle hocha doucement la tête, ayant terminé ses questions. Elle n'avait pas spécialement envie ni besoin d'en savoir plus. Et ce qu'elle avait fait, c'était dans un sens un peu parce qu'elle s'était reconnue en lui. Elle avait fui elle aussi deux ans plus tôt. Et elle aurait préféré tomber sur quelqu'un comme elle plutôt que sur cet enfoiré qu'elle allait éventrer pour mieux lui arracher le coeur après s'être occupé de sa langue, de ses yeux, de ses oreilles, de ses ongles et de ses parties intimes. Il allait souffrir, mais il ne le savait pas encore. Cet imbécile de Shima. Il ne se rendrait même pas compte qu'elle s'était approché de lui quand il serait déjà trop tard.

« Très bien très bien. Merci pour ta coopération. Ah, et un petit conseil. Si tu veux que mes manoeuvres soient véritablement utiles, fait profil bas pendant ces deux semaines. Enfin, je suppose que tu l'avais compris. De toute façon, même si je quitte le pays, mes camarades sauront où te trouver pour te prévenir que des hijins arrivent et questionnent les gens. Ils seront de toute façon plus rapide car ils sauront où tu es vraiment contrairement à eux qui croûleront sous les mauvaises directions. Bonne chance à toi, je ne sais pas si on se reverra, j'ai beaucoup à faire dans les prochains jours. »

Un petit sourire amusé sur les lèvres, elle lui fit un petit signe de la main et quitta d'un seul coup la route, ne regardant pas derrière elle et ne lui prêtant plus la moindre attention. Elle se dirigeait directement vers son cheval qu'elle retrouverait là où elle l'avait attaché. Enfin, elle pourrait repartir pour Murashigure et finir les préparations en accord avec le Collectif et ses autres alliés qui étaient nombreux.

Ensuite, elle serait libre.

HRP: