Le séjour avait été court, mais bien des choses s'étaient passées ici. Des choses... qui allaient radicalement changer la vie de Sharrkan. Il avait gagné de nouveaux plans, de nouvelles obligations dans son pays de naissance. Mais avant de se plonger dans le futur, il devait d'abord refermer les portes du passé. Il devait retourner à Kumo. Boucler la boucle, une fois pour toute.

Il savait qu'il devait attendre un message, il savait qu'il devait arriver un jour ; il n'avait juste aucune idée de quand. Alors, quand un corbeau traversa le ciel et plongea dans sa direction, il sut que le jour était arrivé. Il déroula le parchemin enroulé autour de la patte de l'oiseau et s'esclaffa en voyant sa longueur. Pas de doute sur l'expéditeur, cet indice fonctionnait mieux qu'une signature. Quoi que, quand on voyait le pavé qu'avait envoyé Sazuka en tant que tract à Kumo, on pouvait quand même se poser des questions.

Sharrkan proposa à boire à l'animal avant de lui redonner sa liberté, puis posa enfin ses yeux sur le papier. Il parcourut les mots avec un mélange d'excitation et de stress, mais plus sa lecture avançait et plus l'inquiétude se lisait sur son visage. Les sourcils froncés, il prit connaissance de la lettre avant de lâcher un soupir sonore.

Qu'est-ce qu'ils foutaient au Teikoku ? Ils s'en allaient simplement, vraiment ? Sharrkan refusait d'y croire. Il avait été là le jour de l'attaque, il avait vu la fureur qui animait les soldats de l'Empire. Ils n'avaient aucune raison de simplement partir. Ils avaient vu les tracts, ils avaient vu Sazuka au Sommet ; la coïncidence était trop forte. C'était un piège pour eux, il en était sûr... Mais il suivrait quand même les ordres.

L'engagement qu'il avait eu avec Kuuli était totalement différent de celui qu'il avait avec le Fukkatsu. Ici, à Kaze, il était employé. Avec les anciens Kumojins, il était un membre de la famille. C'était quelque chose qui dépassait les promesses ou les devoirs. Et s'il devait aller mourir avec eux... so be it.

Il envoya un message à Kuuli pour la prévenir de son départ. Il lui avait dit que ce jour arriverait au moment même où ils s'étaient rencontrés, donc elle ne serait certainement pas surprise. Il embrassa sa famille et les siens, leur promettant de revenir le plus vite possible puis s'élança à l'assaut du désert. Avant d'aller à Kumo, il avait d'abord une première étape : s'arrêter à Hayashi pour y retrouver Kyohei. A l'endroit où il lui avait raconté ce qui s'était vraiment passé à Kumo. Encore une boucle.

« Madame Ka'roza... Nous partons. Acceptez-vous de marcher un moment avec moi ? »

« Bien sûr. »

Il se sentait un peu moins seul... au milieu des sentiments néfastes qui l'accompagnaient.

@Kawashima Kyōhei

On le savait. Tous, membre du Fukkatsu. Le grand jour allait arriver, il était même arrivé. Un corbeau me survolait depuis quelques secondes lorsqu’il se décidait enfin à plonger vers moi. Je comprenais rapidement de qui venait la lettre, Meikyû Raizen.

Le groupe s’était un peu séparé ces dernières semaines, j’étais moi resté à Tsuchi – flemme de bouger – pendant que d’autres étaient partis dans des contrés différentes. Certains se trouvaient déjà à Kaminari, d’autres avaient choisi Mizu no Kuni et Sharrkan lui, était retourné chez lui. Je l’enviais un peu, il avait un objectif pour « l’après »… si on ne crève pas tous au pays dans les jours qui viennent.

Je prenais le parchemin accroché au volatile avant de le libérer. Je l’ouvrais ensuite avant de me mettre à lire la longue lettre du Meikyû. Alerte. Suzuri Akina. Quitter le pays. Des idées et des objectifs. La seule chose qui retenait réellement mon attention c’était le fait que les Teikokujins quittaient le pays. Ces fils de pute étaient-ils vraiment en train quitter Kumo et Kaminari comme ça ? Après avoir foutu la merde partout et fait des dizaines de morts ? Ils se permettaient de faire ça ? Le Nidaime et la Sandaime n’en avaient certainement pas tué assez.

Bref. Je faisais mes affaires et prenait la direction d’Hayashi. Un endroit que Sharrkan et moi connaissions afin de faire la suite du trajet ensemble.

Le lendemain
Je me trouvais maintenant à Hayashi no Kuni, à l’endroit auquel je devais retrouver Sharrkan. Celui-ci arrivait très peu de temps après moi.

« Salut Sharrkan. » Lui disais-je. « Tu vas bien ? »

Je ne savais pas trop quoi dire d’autre, après tout j’étais tout de même préoccupé. Les agissements des Teikokujins étaient étrange et j’avais malgré moi, un peu peur. J’étais énervé et en colère, mais j’avais aussi peur de ce que nous allions trouver sur place.

« C’est bizarre ce qu’ils font quand même… les Teikokujins. » Je gardais ma vulgarité pour moi. « J’espère que tout ira bien pour nous. » Je regardais Sharrkan afin de lui proposer une – peut être dernière fois – notre high five à Ayanokoji et nous deux. « On y va ? »

Quelques jours plus tard
La frontière Kaminarijine était à quelques mètres devant nous. Comme demandé dans la lettre je sortais mon oreillette, l’allumais et l’installais dans mon oreille. Je regardais Sharrkan, baissait la tête dans un geste qui voulait dire : on y va ?

« Go ? »

J’étais stressé actuellement, cela faisait longtemps que je n’avais plus mis les pieds au pays et cela me faisait bizarre. Et comme les souvenirs revenaient, une phrase faisait elle aussi son retour dans mon esprit.

« Maintenant regarde, et vit avec ça. »

Le combat final était enfin là et bientôt tout cela ne sera soit qu’une histoire ancienne soit plus mon problème.