Enchaîné.

C'est par les fines vitres de son bureau que l'Ashina observa les rues vivantes de Taiyô. Le soleil brillait de tout son être dans ce ciel bleu et dégagé. Aucun nuage daignait perturber la tranquillité de ce plafond d'azur. Ce temps à la fois chaleureux et doux faisait sortir toutes sortes de personnes de leurs terriers respectifs. Des enfants s'amusèrent à jouer dans la ruelle en dessous de lui, alors qu'on pouvait entendre non loin de là les marchands vantant les mérites de leurs produits sur la grande avenue. Après quelques minutes à admirer le spectacle qui s'exécutait devant lui, Mitsuhide retourna s'asseoir à son bureau avec une grande amertume. La charge de travail était malheureusement trop grande pour être négligée de la sorte.

Le fidèle second du manipulateur de la lumière se plaça derrière lui pour l'épauler dans la montagne de papier qui les attendait. Une pléthore de bons de commande devait être vérifiée scrupuleusement afin d'organiser les stocks en fonction, acheter le nombre nécessaire de mercenaires pour protéger les convois, organiser les itinéraires en fonction de la provenance de chaque caravane. Vous m'avez compris, les deux bougres n'étaient pas prêts de profiter de la chaleur qu'offre le pays du vent.

Après plusieurs heures de travail acharné, Shinji proposa à son chef de faire une pause pour regagner en concentration. Le marchand accepta volontiers et il était d'ailleurs temps pour ce dernier de se rendre à la grande avenue de Taiyô pour ne pas briser sa routine. Chaque jour, le blondinet se rendait sur la place marchande afin d'observer ce que la concurrence avait à proposer, trouver de nouvelles façons d'attirer des clients ou tout simplement faire quelques emplettes pour lui-même. Bref, c'est son moment privilégier qui lui permet de décompresser des journées parfois oppressantes tout en gardant un œil sur ce qu'il se fait dans le milieu. Si vous voulez mon avis, il y a une façon bien plus efficace de s'assurer d'être le meilleur marchand sans avoir à constamment reluquer la compétition, mais disons que la tête blonde n'est pas trop de cet avis. L'êtes-vous ? Oh, mes excuses, j'oublie à chaque fois que vous n'êtes là que pour observer. Votre inaction m'exaspère un peu plus chaque jour, mais que voulez-vous, nous avons tous un rôle à jouer ici, j'imagine.

Arpentant les ruelles avec une joie dissimulée, l'ancien esclave observa chaque échoppe se trouvant sur son chemin. Il adorait profiter de la cacophonie et du chaos générée par cette avenue marchande pour se faufiler entre les gens et observer, au plus près, les marchandises. Malheureusement pour le bougre, cette journée n'était pas riche en bonne trouvaille. Les étoffes étaient composées de tissu bas de gamme, les poteries étaient fades et les peintures semblaient dénuées de vie. Rien d'intéressant à retirer de tout ça. Jusqu'au moment où il entendit un jeune homme faire la propagande de ses merveilleux bijoux et plusieurs touristes semblaient intéresser. L'Ashina regarda rapidement l'étal pour comprendre que ce n'était que du vent. Les montures étaient de bonnes factures, mais les pierres beaucoup moins. Habituellement, le marchand aurait rabaissé son "homologue" afin de gagner de nouveaux clients, mais le temps n'était pas une denrée que possédait le Kazejin.

Désirant prendre quelque chose à manger avant de retourner diriger son commerce, Mitsuhide s'arrêta à un stand pour y acheter quelques fruits. Attendant son tour, une conversation le sortit de ses pensées tournaient vers le travail. La cliente devant lui chercher un marchand blond aux yeux rouges... L'originaire du pays du vent se permit d'interrompre la conversation pendant la longue et intense réflexion de la marchande.

« Je sais, de sources sûres, que ce marchand est déjà venu dans le marché. Je dirais même qu'il est actuellement derrière vous. »

La tête blonde marqua une pause attendant que la cliente dévoile son identité en se retournant.

« Ashina Mitsuhide. En quoi puis-je vous être utile ? »

Surprenant.

Drôle de coïncidence pour notre cher Mitsuhide. Il n'aurait jamais songé à faire ce genre de trouvaille en faisant la queue pour acheter des fruits. Le destin offre parfois des choses bien étranges que chacun est libre de saisir. Je vous pris de me croire que notre tête blonde va se saisir de cette opportunité avec joie. Lui qui avait connu une matinée morose dictée par le dur labeur et une visite au marché sans saveur, cette personne venait d'illuminer sa journée. Un comble pour celui qui maîtrise l'Hikariton.

Néanmoins, ce concours de circonstances amenait son lot de méfiance. L'Ashina resta sur ses gardes face à cette femme qui se renseignait comme elle le pouvait sur sa propre personne. Ce n'était pas la première fois que le blondinet était confronté à ce genre de situation. Après tout, un ancien esclave qui tue son maître et profite du chaos pour reprendre son commerce, cela ne passe pas inaperçu au sein de la capitale du vent. Les origines de son ascension en tant que marchand n'ont pas forcément été bien vu de la part de tous, ce qui lui a valu de se défendre de nombreuses attaques et se défaire de rumeurs peu glorieuses à son égard. Le succès attire fatalement la jalousie.

La jeune demoiselle aux cheveux noirs et aux vêtements adaptés au climat se prénommait Ketsueki Tsubaki. Un nom que notre protagoniste allait retenir.

« Enchanté Tsubaki ! Ahah, c'est bien moi et j'espère que ces rumeurs dont vous parlaient ne sont pas trop mauvaises à mon égard ! »

Le Kazejin sourit à la demoiselle qui semblait sympathique de prime abord. Trop sympathique... Il devrait être plus méfiant que ça. Heureusement que je suis là pour combler ses erreurs. Vous me direz que c'est pour ça que j'existe après tout et je ne peux pas le nier. Regardez-le ! Tout sourire alors qu'on cherchait spécifiquement sa personne. On ne sait rien d'elle. Cela pourrait être un assassin engagé par de riches concurrents. Tout est possible dans cette ville. Devrais-je me concentrer pour quadriller les alentours à la recherche de chakra ? D'autres personnes pourraient être là pour observer la scène et intervenir en cas de problème... Non trop risqué de me mettre sur mes gardes ainsi. Je vais patienter dans l'ombre et le laisser jouer la carte de l'innocence. J'espère que je n'aurai pas à intervenir de nouveau, mais j'ai beaucoup de doutes à ce sujet.

La demoiselle était intriguée de voir le manipulateur de la lumière faire ses courses ainsi et elle était très curieuse à propos de son commerce et de ces origines, mais elle ne voulait pas déranger le bougre. Celui-ci prit un air sympathique avant de lui répondre.

« Je suis du genre à toujours garder un œil sur la concurrence ce qui explique ma présence ici. Tant qu'à faire, autant prendre quelque chose à manger non ? » L'ancien esclave fit une légère pause en souriant avant de reprendre. « Un homme occupé, en effet, mais je ne dirais pas non à une petite pause. Faisons un marché. Je réponds à vos questions et vous me révélez pourquoi vous vous intéressez à moi. Je vous offre même le repas ! Qu'en dites-vous ? »

Questionnement.

La jeune demoiselle fut surprise par le blondinet. Elle se questionna et questionna le bougre sur sa méconnaissance des rumeurs qui le concernaient. À cela, l'Ashina afficha un sourire un peu forcé. Ce dernier était à la page sur la plupart des rumeurs qui circulaient sur sa personne. Certains le voyaient comme un jeune garçon ambitieux près à tout pour faire fleurir son entreprise. D'autres le voyaient comme un simple meurtrier qui n'avait pas sa place dans les activités civiles de Taiyô. Je vous laisse deviner la réaction des rares élus qui savent que la tête blonde est en plus un shinobi... Pas besoin de vous peindre le tableau.

Sortant de ses pensées pour rejoindre la réalité, Mitsu regarda Tsubaki dans les yeux avec de lui répondre avec une voix douce et un ton léger.

« Ahah ! Je ne peux pas prétendre toutes les connaître, malheureusement. Néanmoins, je suis averti des plus conséquentes dirons-nous. Mes employés tentent tant bien que mal de me rapporter ce qui se dit, mais une rumeur se manifeste si soudainement qu'il est parfois difficile de suivre le rythme. »

Le marchand afficha un sourire sincère pour ponctuer ses quelques mots. La traque de l'information était bien souvent une quête tumultueuse. L'ancien esclave faisait son possible pour rester informé sur ce que le peuple de Taiyô pensait de lui, mais tout va si vite dans cette capitale. La jeune demoiselle tenta de rassurer l'Ashina en lui racontant ce qu'elle avait entendu, mais l'effet escompté n'était présent. Des rumeurs dans ce sens étaient parvenues aux oreilles du manipulateur de la lumière, mais elles étaient en sous-nombre face aux calomnies. Tournant nerveusement les bagues ornant les mains du marchand, celui-ci répondit très rapidement en se courbant légèrement.

« C’est bien trop d’honneur que me donnent ces rumeurs. Je ne suis qu’un humble marchand tentant de se faire une place de la capitale, même si j’espère avoir un bel avenir comme le dit ces rumeurs ! »

Le Kazejin était honnête dans sa réponse, même si derrière son humilité se cachait une ambition qu'il pourrait peut-être communiquer avec la jeune demoiselle, un jour, dans un contexte différent, qui sait après tout. La Ketsueki accepta la proposition du blondinet qui afficha un sourire sincère. Il allait, pour une fois, bien manger, en apprendre plus sur pourquoi on le recherche et faire la connaissance d'une demoiselle au demeurant charmante qui n'avait pas la langue dans sa poche. Une bonne journée quoi.

« Ahah ! Vous ne retenez pas vos mots ! Cela change de tous ces gens de la capitale que je côtoie d'habitude. » Le bougre marqua une pause avant de reprendre. « Vous m'en voyez ravi. La plupart du temps, je mange à mon bureau quelque chose de rapide donc je ne connais pas trop les restaurants du coin, mais c'est avec plaisir que je vais vous suivre. »

Laissant Tsubaki ouvrir la marche, Mitsu suivit la demoiselle vers le centre-ville de la capitale. Son tic habituel ne l'avait pas lâché. Il tourna frénétiquement ses bagues en se demandant tout de même dans quoi, il s'embarquait. L'humain en lui était très heureux d'étendre son réseau, mais le shinobi lui disait d'être méfiant envers cette personne. Tout peut arriver dans cette ville.

Les paroles de la jeune femme à la chevelure noirâtre ramenèrent l'Ashina sur la terre ferme. Perdu dans ses pensées, le bougre avait suivi son interlocutrice tel un robot. Il s'assit auprès d'elle, écoutant ainsi ses quelques mots.

« Je ne connaissais pas, mais l'endroit à l'air chaleureux ! »

Étirant ses bras sous la table, Mitsuhide se prépara lentement à la joute verbale qui n'allait pas tarder. Il ne savait pas encore sur quel ton appréhender cet échange, mais il allait être franc sur sa situation, car il n'avait rien à cacher après tout... Enfin, un marchand comme lui n'aurait rien à cacher, en théorie.

« La même chose et une bouteille de votre meilleur saké ! »

Utilisons ce liquide à meilleure réalité pour délier les langues et les esprits.

« Alors, cher Tsubaki, que désirez-vous savoir ? »

La question ne se posait même pas. Un bon repas de la sorte devait s’accompagner d’une bouteille. Ce doux nectar allait apaiser l’esprit tourmenté du jeune Ashina et offrir l’occasion de délier les langues. Rien n’était laissé au hasard. Même si ce n’était pas un pilier de bar réputé dans la capitale du vent, le blondinet aimait se faire plaisir, occasionnellement, avec de bonnes bouteilles. Son corps frêle ne lui permettait pas de tenir longuement dans un échange de verre, mais l’effet procuré par ces liquides lui plaisait énormément. Son esprit devenait apaisé, effaçant temporairement ses souvenirs qui le hantent et ces futurs projets qui le rendent anxieux. Une aubaine, donc, pour le marchand de pouvoir prendre une pause dans ce monde, aussi courte et fragile soit-elle.

La jeune demoiselle fut surprise par la commande de l'ancien esclave. Demander la meilleure bouteille sans avoir consulté la carte indique clairement une confiance aveugle de son pécule. Le Kazejin afficha un léger sourire pour répondre aux quelques mots de la Ketsueki, alors que le serveur daignait montrer le bout de son nez pour servir la commande au complet. Tsubaki ne perdit pas de temps pour attraper vigoureusement la bouteille et servir les deux verres, en commençant par celui de la tête blonde. Ce dernier remercia la demoiselle avec un léger signe de tête et prit une bonne lampée pour se désaltérer. Cet alcool de riz ne manquait pas de goût et de robustesse. Le patron de l'établissement n'avait pas à rougir concernant son choix d'alcool. Sur les conseils de l'instigatrice du choix de cet endroit, Mitsu s'empressa de picorer dans son assiette après avoir adressé quelques mots.

« Bon appétit ! »

Les bouchées s'enchaînèrent rapidement et avec entrain. La viande était plutôt qualitative, malgré le palais peu raffiné du marchand. Ce dernier avait un œil d'expert pour évaluer une marchandise, mais tout ce qui était consommation n'était pas son fort. Il était plutôt habitué à prendre des repas rapides sans réel goût pour être efficace dans son travail. Dans tous les cas, cet encas savoureux lui faisait du bien... Ou peut-être était-ce le saké qu'il prenait entre plusieurs bouchées, va savoir.

Le dessert arriva plus vite que prévu, puisque la demoiselle dévoila enfin les raisons de sa quête du marchand blond aux yeux écarlates. Comme beaucoup d'autres dans la capitale, elle était intéressée par le chemin parcouru par Mitsu pour en arriver là où il est, principalement pour son intérêt personnel, car la Ketsueki aimerait se lancer aussi dans le rôle d'acquéreur. Elle précisa sa pensée en demandant, au passage, son fond de commerce et si la tête blonde n'avait pas trempé dans des affaires louches pour graver les échelons. Le regard du manipulateur de la lumière changea presque instantanément, alors que celui-ci reprenait une petite gorgée de saké. La demoiselle réamorça le sujet sur le ton de l'humour, indiquant même qu'elle était prête à partager les relations qu'elle possédait.

La posture du lumineux prit une autre tournure face à ces paroles. Il posa son verre sur la table, se redressa et posa les bras sur la table. Nerveusement, il tourna les bagues présentes sur ses doigts. Bien des fois, il n'avait pas osé dire la vérité pour se protéger, mais aujourd'hui. Il ne savait pas vraiment si c'était à cause du saké ou bien de la jeune demoiselle, mais pour aujourd'hui, il allait affronter son passé.

« Vous savez, dans toutes les rumeurs qui circulent, il y a, bien entendu, de belles âneries, mais certaines sont bien vraies. Je vais te dire la vérité, à l'avenir, tu pourras distinguer le vrai du faux lorsque tu entendras mon nom. »

Avalant lourdement sa salive, l'Ashina croisa les mains avant de reprendre.

« Si je suis dans ce métier, ce n'est pas choix. Ce n'est pas par passion ou par conviction, mais bien par obligation. Il y a plus de dix ans maintenant, j'ai été vendu en tant qu'esclave à un marchand de Taiyô nommé Hanbei. Ce gars-là avait une vingtaine d'esclaves et disons simplement qu'il était sacrément dérangé... » Mitsuhide marqua une légère pause, serrant avec haine ses mains. « Inutile de te faire un dessin sur ce que mes compagnons et moi avons vécu. Pendant dix ans, j'ai servi mon maître en l'aidant au quotidien dans son commerce. D'abord, comme un simple esclave en transportant les marchandises, j'ai vite grimpé les échelons si je puis dire. À la fin, j'étais presque son bras droit, pouvant m'occuper de son entreprise plus d'un point de vue administratif. Mais malgré tout ça, j'étais toujours qu'un esclave enchaîné à mon maître. Il y a deux ans de cela, quand la rébellion a frappé la capitale pour détrôner le premier cercle et l'Impératrice en place, j'ai profité du chaos pour me libérer de mes entraves en tuant, tout simplement, ce marchand qui m'emprisonnait. »

Le regard froid, le manipulateur de la lumière termina le fond de son verre en une gorgée avant de reprendre.

« À partir de là, j'ai décidé de reprendre le commerce de mon ancien maître en proposant aux esclaves restants de devenir mes employés avec un salaire et une liberté. Ayant tout appris pendant plusieurs années, j'ai préféré garder la même clientèle et le même fond de commerce à savoir objet de luxe, matière première rare, pierres précieuses et j'en passe. Voilà comment je me suis hissé au sein des marchands de Taiyô, Tsubaki-san. »

Respirant un grand coup, Mitsuhide reprit avec un air plus enjoué.

« Malheureusement, le seul conseil que je peux vous donner, c'est de tuer un marchand et prendre sa place. Cela ne va pas beaucoup vous aider ahah ! »

L'ancien esclave reprit une posture plus détendue avant de continuer son assiette goulûment. Sortant la fourchette de sa bouche, la tête blonde pointa cette dernière en direction de la Ketsueki.

« Votre histoire de relations m'intéresse grandement ! Je possède aussi mon propre réseau et nous pourrions, peut-être, nous entre-aider. Il est difficile de se faire une place dans la capitale, mais avec mon aide, je suis sûr qu'on peut vous trouver quelque chose. Après tout, comme vous l'avez compris, je ne suis pas un marchand ordinaire. »

L'Ashina n'aimait vraiment pas ressasser de la sorte. Il avait épargné à la Ketsueki des détails les plus sordides de son existence, ne voulant pas révéler toute sa vie à une inconnue. Il estimait déjà en avoir trop dit, mais l'alcool ne lui faisait pas regretter son choix. Le poing serré, le blondinet accueillit avec joie les desserts imbibés d'alcool. Voilà de quoi altérer un peu plus la mémoire du Kazejin pour éviter de trop penser à ce qu'il venait de dire. Mitsu relâcha son poing pour poser la fourchette qu'il avait pointée tantôt sur Tsubaki. Il saisit la cuillère avec force avant de prendre un bon morceau de la boule de glace. Un parfum doux et frais relevé par le rhum qui n'était pas du tout déplaisant pour le palais du marchand. Néanmoins, un goût d'amertume se glissa dans la gorge de l'ancien esclave et ce n'était pas la faute du rhum.

Les paroles de la jeune demoiselle possédaient une double saveur... Que je n'apprécie pas. Je m'étais méfié plus tôt de cette jeune femme et avec ce genre de parole, elle me donnait raison. Il était peut-être temps de sonder l'ennemi pour analyser quel type d'individu nous fait face. Discrètement, je fis un signe simple sous la table afin de me déceler le chakra de cette Tsubaki. Je m'attelais à être discret, mais ma compétence en sensorialité était encore limité. Après quelques secondes, l'information arrivait à mon esprit et je ne pus m'empêcher d'avoir un sourire en coin. Elle avait un chakra bien plus grand que moi et sa puissance était menaçante. Je me doutais bien qu'il y eût quelque chose de louche, mais je ne m'attendais pas à ça. Tsss... Voilà pourquoi je n'aime pas laisser l'autre Mitsu garder le contrôle trop longtemps. Il est encore jeune et naïf, je ne peux pas lui en vouloir, m'enfin. Cette dernière phrase pouvait être une simple blague, mais je ne pouvais pas prendre ce risque, d'où mon apparition un peu soudaine. Réagissons, nous aussi, avec humour.

« Si vous vous en sentez capable, je vous en prie, tentez votre chance ahah ! »

Je pris de nouveau un peu de glace avant de reprendre.

« Les rôles se sont bien inversés, mais pour combien de temps ? Nous verrons ce que l'avenir nous réserve. »

L'avenir pouvait être très proche si jamais la nommée Ketsueki décidait de se mettre ses "menaces" à exécution. Ce n'est pas pour rien que je restai en contrôle de l'Ashina pour l'instant. Cependant, la jeune femme semblait heureuse de faire avec le marchand. Cela confortait la théorie de la blague, mais restons sur nos gardes. Cette histoire de marchand trafiquant d'esclaves m'intriguait au plus point.

« Et je compte sur votre réseau, en retour ! Pour ce qui est de ce marchand trafiquant d'esclave, j'ai entendu, comme vous, les rumeurs le concernant, mais je n'ai pas plus d'information que vous. Mes employés mettent un point d'honneur sur la recherche d'esclavagiste pour obtenir le plus d'information sur leur sujet pour pouvoir les traquer. Si j'obtiens des choses intéressantes, je vous les transmettrai. Vous résidez au sein de Taiyô ? A minima, il me faudrait un moyen de vous retrouver pour partager nos informations mutuelles. »

Ouais, partager. Ce n'est pas du tout de la prudence. Non, non, voyons, je ne suis pas en train d'essayer d'obtenir une légère sécurité si jamais quelque chose tourne mal. D'ailleurs, ce fameux réseau, ne serait-il pas temps d'en apprendre plus ?

« D'ailleurs, en quoi consiste exactement votre réseau ? Je ne vais pas vous faire l'affront de demander des noms en particulier, mais comme vous venez demander conseil pour se faire une place en tant que marchand dans la capitale, je me demande comment vous avez pu obtenir ce fameux réseau. »

Je terminai ma phrase avec un air un peu suspicieux. Tout ceci était louche. Heureusement, il y avait encore de la glace et ça, c'était le bon point.

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