Sa propre maison de jeu! Il avait racheté le bâtiment a un homme ayant décidé qu’il en avait assez du pays de la pluie, ayant foutu le camp à un endroit dont seuls les dieux connaissaient le nom. Bon, les tables étaient pas les mieux entretenus, il avait du rembourrer les chaises avec des coussins et des couvertures volées aux quatre coins de la ville, mais il avait finalement un commerce à part entière ou investir son fric en paix.

Cette soirée était peu spéciale. Un petit nombre clients venaient tenter leur chance aux multiples jeux de dés et de cartes tournant autour du hasard, dépensant une masse Ryo qui allait directement dans les poches du casino et, par la même occasion, de Shido. Ses mains si froides se frottaient l’une contre l’autre à la perspective de l’accélération de sa route vers la richesse. Dommage que l’établissement était dans une ruelle, ce qui était loin d’être le lieu idéal pour devenir célèbre. Néanmoins, Shuunsuke pouvait s’asseoir derrière une des tables, agissant comme un des joueurs, passant des soirées amusantes et animés qui entrecoupaient bien ses autres nuits de beuveries.

Après avoir gagné une demi-douzaine de fois contre des citoyens lambda, une dame vint frapper sa main sur la table, déposant par la même occasion une somme d’argent bien supérieur à celle que les autres clients clochards osaient parier dans un établissement aussi récent. La dame, d’ailleurs, laissait transpirer une aura de confiance en elle et de puissance pur que Shido ne pouvait que respecter. Il l’aimait bien, avant même de lui avoir parlé. Et ce n’était pas qu’à cause du fait qu’elle était jolie.

« J’accepte votre défi, mademoiselle. Jouons, alors! Une petite partie de Blackjack pour vous échauffer? »

Il offrit son plus beau sourire à celle qui en avait assez dans le ventre pour tenter sa chance, avant d’allumer sa pipe bien rempli de tabac et de laisser sortir de sa bouche satisfaire un nuage de fumée.

« Mais dites-moi, j’vous ais jamais vu et j’suis dans le quartier depuis des mois. Vous êtes nouvelle ici? »

La jolie damoiselle était donc d’accord pour une partie du fatidique jeu ou dépasser 21 était signe d’une perte d’argent et d’espoir. Un jeu de calcul et de profondes réflexions alors que les joueurs n’avaient que deux options dans ce jeu de hasard d’esprit ; Passer ou Piger. Un jeu ou être calculateur était nécessaire et ou les tricheurs avaient très clairement l’avantage. Ce n’était pas par honneur, mais Shido refusait de tricher, préférant utiliser entièrement ses facultés intellectuelles pour mieux les développer en préparation a quelconque problématique futures.

« On va procéder comme les précédents matchs ; en deux de trois. Le Blackjack inclut une part de chance, alors ça serait malhonnête de simplement se baser sur le résultat d’une main pour déterminer la personne triomphante. »

Chacun des deux pigea une carte de leur paquet respectif qui avaient été brassés par le banquier, qui observait les deux compétiteurs pour s’assurer d’un respect des règles. Apparement qu’il n’était pas très attentif car la jeune femme élimina rapidement une carte du sommet de son paquet, ayant sûrement utilisé un tour de passe-passe pour voir la nature de la carte avant d’avoir à la piger. Shuunsuke, un habitué des jeux de hasard, n’y prêta pas attention. Il était dans la capitale, dans une allée. Les tricheurs qui étaient capable de ne pas se faire attraper par le banquier étaient tout aussi compétents que ceux ne trichant pas.

Les premières mains furent assez démonstratives. Shido pigea un Roi, suivit d’un deux, suivit d’un sept, et s’arrêta la, avec un magnifique 19 qui était assez sécuritaire comme position ou se placer. Mais devant ses yeux, ce fut un As en première carte chez Nobume, suivit de deux cinq de suite, lui donnant 21, un Blackjack. Shuunsuke haussa les sourcils et les épaules, étant surpris du résultat aussi puissant dans la première manche de leur deux de trois. Puis, il daigna répondre aux questions.

« Ah! Je suis arrivé en ville y’a quelques mois a peine, j’viens d’la campagne, ça doit être pour ça que j’vous ai jamais vu. Je suis Shido Shuunsuke, par la même occasion. Désolé de ne pas m’être présenté. J’suis le propriétaire de l’établissement, alors j’y suis assez souvent, effectivement. Félicitations pour la première manche! »


Puis, il pigea la carte qui commencerait la première manche, un sept de coeur.

« Je vous assure, mademoiselle, que les jeux qui sortent mes paquets et de mes mains sont des plus authentique et honnêtes. Je n’oserais pas tricher devant mes clients, cela me faire mauvaise publicité. »

La dame était habile, cela allait sans dire. Elle influençait les yeux et oreilles des passants pour paraître comme une individu innocente n’ayant point triché, étant inquiète des potentiels manigances de celui qui gérait les lieux. Shido devait le lui concéder, elle jouait très bien le jeu et s’il n’avait pas aperçu son petit tour de passe-passe auparavant, il ne se serait douté de rien. Il s’assura d’observer la demoiselle avant que le nouveau tour commence et fut rassurer de voir qu’elle ne trichait pas cette fois. Très bien. Il n’avait aucune intérêt à affronter quelqu’un qui faisait valser les cartes sans arrêt sans aucune retenu.

Mukuro, un nom ayant une symbolique glauque, signifiant cadavre dans de nombreux dialectes du Yuukan. Soit les parents de la femme avaient des goûts en termes de noms assez douteux, soit elle avait changé de nom au cours de ses déplacements à travers son existence pour en choisir un correspondant mieux à sa personne. Shuunsuke ne pouvait la blâmer ; la seule raison qu’il portait encore son nom actuelle était qu’il trouvait la sonorité amusante. Il prit une nouvelle bouffé de tabac, puis sortit une pipe d’un tiroir sous la table et la tendit à la femme avec un sac de tabac.

« Je ne sais point si vous fumez, mais voici une pipe neuve que nous fournissons aux clients que je vois comme étant intéressant. C’est de la maison. »

Bien sûr, ceci était une manigance, une façon de mettre l’adversaire aux cartes du Gangster en confiance. Un patron lui offrant des objets en disant qu’elle était intéressante devait forcément laisser penser qu’il la considérait supérieur ou égale à lui, ce qui devrait, idéalement, travailler les méninges de la cliente et lui faire prendre des décisions un peu hâtive plus tard dans la partie. Le Blackjack était complexe, il n’y avait pas que le poker qui manipulait les esprits de ses participants.

Suivant le sept qu’il avait pigé, un six de trèfle fit son apparition. Un total de 13 pour le moment, soit un quart de chance de passer plus loin que le 21 s’il pigeait une carte, ce qui était un risque totalement respectable à prendre. Il observa le cinq de Mukuro, se grattant le menton, puis observa la carte qui vint ensuite ; un trois de cœur. Elle était dans une situation beaucoup plus confortable que Shido, présentement. Mais il se devait de piger, ou bien il admettrait défaite.

Un sept de pique. Un total de 20, soit une position confortable ou s’arrêter et observer la situation. Les chances que la dame ait un Blackjack étant beaucoup plus faible, il se risque à lui faire un petit sourire suite à son résultat, attendant avec impatience la suite des choses.

L’ultime manche, opportunité de prouver lequel des deux parieurs aurait la force morale et psychologique de piger la carte qui apporterait la chance et la victoire a un d’eux, l’apportant au sommet de leur duel tranquille dans cet établissement plus ou moins confortable de Murashigure. 1-1. Un développement parfait pour une finale flamboyante d’un jeu qui était loin de l’être. Tout reposait sur du calcul pour la prochaine manche. Une simple erreur de réflexion entraînerait leur perte. C’était pour ces moment-là que les joueurs de ce monde se levait chaque soir, espérant trouver la flamme de la passion autour d’une table.

La dame avait accepté la pipe et le tabac, respirant le tabac comme une réelle habitante de la capitale de la pluie. Shido n’aurait pas accepté moins de la dame au nom macabre. Il prit une gorgée d’un verre d’alcool fort d’Hayashi qu’il avait acheté dans une boutique plus tôt durant la soirée, le déposa, inspira une bouffé de tabac et, finalement, plongea ses yeux dans ceux de la dama qui venait de lui faire une proposition faisant bouillir son sang de passion et de cupidité. Une magnifique offre. Un pari sur la manche final. Il hocha la tête avant de répondre.

« Cela me ferait plaisir de parier. Dans mon cas, je mettrais en jeu cinquante milles Ryos. Je vous laisserais choisir, Mademoiselle Mukuro, la somme que vous souhaitez mettre en jeu ou l’objet que vous désirez jouez. »

Puis, sans plus attendre, il dévoila sa première carte, ses doigts ayant fait un rapide bond dextre sur sa pille. La carte révélée fut le roi, ce qui lui donnait un dix. D’ores et déjà, s’il pigeait un ace par la suite, il gagnerait automatiquement sauf si Mukuro avait la chance d’obtenir un Blackjack encore. Mais de son côté, il pigea comme deuxième carte un deux de pique, tandis que son adversaire eut la chance d’avoir exactement les mêmes deux cartes de couleurs différentes, positionnant le score à 12 contre 12. Ils nécessitaient tout deux des neuf pour atteindre le Blackjack, mais quoi que ce soit d’autre serait dangereux pour leurs chances de ne pas briser le plafond de 21.

Aucun des deux ne pouvait encore rester ou ils en étaient. Les probabilités qu’ils brisent le plafond était minime présentement et ils devaient donc piger une autre carte s’ils voulaient avoir une chance de gagner et de remporter le pari qui venait d’être établi. Une dernière manche pour tout perdre ou gagner. Shuunsuke mit sa main sur le paquet et… pigea.

La carte chanceuse arriva sous les mains de Shuunsuke. Le glorieux neuf de trèfle, se posant sur la table dans un léger claquement de papier harmonieux, signifiant la victoire par Blackjack du propriétaire de l’établissement, qui se contenta d’un sourire de contentement en direction de son opposante, prenant une bouffé de sa pipe qu’il souffla sur l’adversaire qui venait de perdre. Le fait qu’elle se soit reposé sur la triche pour gagner la première manche montrait qu’elle n’avait pas les capacités de calculer et d’estimer les possibilités de victoire, ce qui expliquait assez facilement défaite face au gangster de Murashigure.

Il finit son verre d’alcool et sourit doucement à Mukuro, reprenant l’argent qu’il avait déposé sur la table plus tôt, le pari ayant été gagné par lui. Se grattant la barbe, il tendit la main pour récupérer ce qu’elle lui devait. Après tout, ils savaient tout deux les risques de faire un tel pari dans ce genre d’établissement, spécifiquement dans ce genre de quartier. Il y avait des risques qui étaient encourus et il fallait savoir payer ses dettes dans ce genre de situation. Mais c’est là que la dame le remerçia, attrapant son arme et argent, et foutu le camp à grande vitesse.

Ce n’était pas la première fois que ce genre de chose arrivait à Shido. Après tout, il avait souvent des petites frappes et des alcooliques complètement ivres qui venaient dans les lieux tenter de remporter gros, ces derniers se fâchant quand ils se rendaient compte de leur échec face aux autres joueurs ou aux banquiers de l’établissement. Ils tentaient alors de courir pour tenter de préserver leurs maigres richesses. Et à chaque fois, le gangster leur envoyait un couteau de lancer dans les jambes, ce qu’il n’hésita pas à faire cette fois la non plus.

Mais il ne fit pas plus. Tenter de combattre quelqu’un dont il ne savait rien était idiot et complètement dangereux, surtout dans une ville sans réelle autorité vers qui se diriger. Elle avait beau avoir abandonné le pari qu’elle avait elle-même proposé, si elle était plus puissante que Shuunsuke et l’envoyait à l’hôpital, alors ce dernier perdrait beaucoup plus d’argent en perdant de précieux jours ou il aurait pu remplir des contrats. Le temps étant de l’argent, des blessures trop grandes lui en feraient perdre beaucoup plus que la simple facture d’hôpital qu’il aurait à encourir dans le cas échéant. Il se contenta de mémoriser le visage de Mukuro et de le donner aux différents employés, s’assurant qu’elle ait une réputation terni auprès des établissements du quartier.

« Passez une belle fin de soirée, mademoiselle. Car je ne tolèrerais pas votre présence dans mon établissement a nouveau si vous employez ce genre de tactique. »