Confortablement installé face à frère d’arme, Ashura dégustait son saké en échangeant avec son camarade de toujours. Ils attendaient tous les deux l’arrivée de Mukuro, qui était manifestement en retard. Chose qui n’étonnait en réalité pas vraiment le guerrier jaune, qui la voyait bien faire quelques détours avant de les retrouver. Ainsi donc, il se contentait de déguster sa boisson, qui lui avait été généreusement offerte par Oroshi, et accordait pour ainsi dire peu d’importance à la notion du temps. Pourtant, une horloge se trouvait juste au-dessus de la tête du propriétaire des lieux, pile dans son champ de vision, et dont les aiguilles ne cessaient d’attirer de temps à autre son attention...

Quelques temps plus tard, l'hydre jeta un coup d’œil à sa montre, et ne put s’empêcher d’ironiser sur le retard de la folle-dingue. Cela fit naturellement sourire le guerrier jaune, qui ne manqua naturellement pas d’en rajouter une couche :

« Tu la connais… Il n’est pas impossible qu’elle se soit fait capturer, ou qu’il soit en train de se faire pourchasser par les rats du coin. » Fit-il, d’un petit sourire en coin.

Bien qu’il l’eût dit sur un ton ironique, il ne restait pas moins qu’une telle chose avait tout à fait des chances de se produire avec Mukuro. Toujours dans les mauvais coups. Toujours là où il ne fallait pas. Le guerrier jaune n’avait jamais vu une personne s’attirer aussi facilement des ennuis qu’elle, à l’exception de lui bien entendu. Mais disons que c’était cela aussi qui faisait son charme.

Alors qu’Ashura remplissait une fois de plus son verre, en vidant sa bouteille, une source de chakra familière attira son attention. Il ne se retourna pas pour autant, se contentant de jeter un bref coup d’œil à Oroshi, avant de porter son verre à ses lèvres. C’était à ce moment précis que Mukuro déboula par l’endroit le plus inattendu, les saluant avec son sourire béat, dont le guerrier jaune arrivait à voir sans même se retourner. A peine se présenta -t-elle, qu’elle réclamait de l’alcool à Oroshi, mais était-ce vraiment surprenant venant d’elle ? Non, bien sûr que non.

« Mukuro. » Fit Ashura, en regardant la jeune femme d’un coin de l’œil.

Les remarques d’Oroshi faisaient sourire le vagabond, tandis celles de l’élémentaliste à son égard le faisait se retourner vers elle.

« Je t’en prie. C’est normal. » Fit-il, d’un ton sarcastique, bien que son visage demeurait stoïque. « Oh, tu parles du plat dont je n’ai pas pu lui procurer ? Je me rattraperai auprès de lui, promis. » Reprit-il, d’un ton toujours aussi sarcastique.

Après quoi, il se retourna pour faire face à Oroshi, laissant ainsi Mukuro s’installer à la place qui lui était réservée. Il prit alors une gorgée de son saké avant de passer aux choses sérieuses.

« Bon, alors Mukuro, qu’as-tu à nous apprendre ?

J’ai lu les rumeurs relatés dans le kunai émoussé, cela a -t-il un rapport avec ton fameux groupe ? Les rumeurs disent-ils vrais ? Si oui, je dois avouer que vous avez fait fort, tout comme tu dois te douter que cela va attirer un bon nombre de vautours dans votre grand désert… » Fit-il, avant de regarder Oroshi, qui saura sans doute, le moment venu, mieux exprimer que lui l’idée d’une collaboration mutuelle.

« Toujours aussi sauvage, hein. » Commenta -t-il lorsque Mukuro lui rendit sa coupelle.

C’en était presque ironique venant de sa part, mais cela ne rendait pas moins son interlocutrice aussi sauvage que lui ou son associé. Ils avaient seulement des manières différentes de l’exprimer, de l’afficher. Pas vrai ?

Quoi qu’il en fût, Ashura but dans sa coupe comme si de rien était, laissant ainsi ses deux camarades se clasher, comme ils avaient souvent pour coutume de le faire. Puis, une fois que Mukuro s’installa confortablement à la place qui lui fut réservée, bouteille de whisky en main, le guerrier jaune décida d’entrer dans le vif du sujet. Ainsi, il interrogea d’abord la jeune femme sur ce qu’elle avait à leur apprendre. Puis, il s’enquit naturellement sur les rumeurs relatés par le kunai émoussé, cherchant à savoir si cela était bien vrai ou non, et si c’était cette fameuse organisation qui était derrière cette agitation.

Mukuro répondit à certaines de ses interrogations, lui confirmant notamment ce qu’il pensait déjà depuis sa lecture de la nouvelle édition du journal shinobi. Ashura demeurait neutre, et ne fut pas plus étonné que cela de constater son interlocutrice aussi détendue lorsqu’elle évoquait les vautours qui pourraient leur compliquer la tâche. Oroshi s’exprima quant à lui pour proposer des solutions, si jamais ces « vautours » s’avéreraient être problématique. Puis, il conclut avec une interrogation concernant cette fameuse organisation : quel était son objectif final ?

Silencieux, le guerrier jaune porta sa coupe à ses lèvres, laissant la jeune femme poursuivre son monologue. Elle tentait de se monter convaincante, notamment en leur miroitant des contrats intéressants, pouvant leur rapporter beaucoup d’argents. Seulement, ce n’était pas ce qui intéressait le plus le guerrier jaune, même s’il n’allait clairement pas cracher dessus.

Prenant une nouvelle gorgée de son saké, Ashura écoutait son associé poser un certain nombre de question, notamment celle de l’alliance pour faire face aux grandes puissances. Une interrogation que le guerrier trouvait très pertinente, mais n’estimait pas moins, quand bien même l’idée serait envisageable pour Mukuro, que cette organisation doive encore faire ses preuves. Tout comme eux feront leur preuve, une fois qu’ils se seront engagés pour leur premier contrat.

Outre cette parenthèse, Oroshi jugea bon de parler de la cité de la roche, qu’il estimait être le danger le plus imminent autant pour Ame que Kaze. Il se montra particulièrement cinglant, faisant intérieurement sourire le guerrier.

Toujours silencieux, Ashura laissait ses deux partenaires échanger, attendant notamment de voir ce que Mukuro pensait des remarques d’Oroshi. Puis, lorsque la mercenaire les interrogea sur les dieux, le guerrier jaune finit par se redresser, tandis que son visage se crispait.

« Ce ne sont pas des dieux, Oroshi. A moins que tu estimes qu’un dieu puisse être combattu par un homme ? » Réagit-il, avant que Mukuro ne réponde aux interrogations de son associé. « Pourquoi est-ce que tu nous parles de ces créatures, Mukuro ? Je connais un certain rayon sur eux, j’ignore si ce sont des informations fiables, puisqu’elles me proviennent d’un certain moine qui avait une imagination plutôt débordante. Où est-ce que tu veux en venir, Mukuro ? » S’enquit-il, d’un regard inquisiteur.

L’évocation de ses « dieux » faisaient surgir de nombreux souvenirs, entre autres tous les enseignements de son maître, notamment en ce qui concernait la « voie des arpenteurs », ou encore les fameux « Bushin ».

« Pour en revenir à ce que disait Oroshi, je suis incapable de dire si le village de la roche constitue une vraie menace pour nos deux pays, mais ce qui est sur ce qu’il faut rester sur nos gardes, surtout vous du côté du grand désert, avec les rumeurs qui courent. Pour Ame, je me méfie bien plus de l’Empire que d’Iwa en réalité. Mais peu importe, s’ils veulent venir qu’ils viennent, je vous rappelle qu’ils ont beaucoup plus à perdre que nous ! » Conclut-il, d’un regard sombre.

« Oui. Mon maître en était un… » Répliqua le guerrier, avant de porter sa coupe à ses lèvres, laissant ainsi la parole à ses deux camarades.

Mukuro semblait surprise par ce détail, mais cela n’avait rien d’étonnant, tant le guerrier demeurait mystérieux et secret vis-à-vis de son passé du côté du pays de bois. Huit longues et riches années de ce côté du Yuukan, où il avait principalement vécu au mont Shinryoku, la terre sainte des vautours. N’étant pas du genre à regarder en arrière, Ashura ne voyait donc aucune raison d’évoquer cette partie de son histoire avec qui que ce soit.

Alors qu’ils avaient visiblement du mal à s’accorder sur l’appellation des « dieux », Oroshi mit définitivement fin au débat autour du nom qu’on pouvait leur donner, et insista plus sur le danger qu’ils représentaient. Personne autour de cette table ne serait assez folle pour le contredire, seulement peu importait le danger qu’ils pouvaient représenter, Ashura donnerait tout ce qu’il faut pour pouvoir se mesurer à ces créateurs, dont son maître n’avait cessé de lui parler durant son enfance. Après tout, si ces créatures étaient véritablement des « dieux », il lui suffisait d’en vaincre un pour que lui aussi soit à son tour un « dieu », n’est-ce pas ?

Son sang se mit soudainement à bouillir, non pas à cause d'un sentiment de peur ou de colère, mais plutôt du fait de l'excitation. Une excitation qui le fit naturellement décocher un sourire complice, et notamment lorsque Mukuro leur demanda ouvertement s’ils souhaitaient partir à la chasse aux « dieux ». Rien que ça. Cette kunoichi était définitivement folle, à croire qu’elle ne réfléchissait jamais, toujours prête à se jeter dans une bataille perdue d’avance, mais c’était ce qui faisait son charme. C’était sans doute ce que le criminel appréciait le plus chez elle.

Oroshi se montrait quant à lui réaliste, et posait des interrogations pertinentes, dont les réponses importaient peu au guerrier jaune. Comment aurait-il pu en être autrement, lui qui avait toujours rêvé se mesurer à des entités plus fortes que lui ? Lui qui espérait connaître un jour les secrets de son maître et la vérité sur cette fameuse « cité des dieux ». Lui qui aspirait littéralement à devenir le Bushin, mais avec un code bien différent de celui que son maître avait voulu lui transmettre.

Silencieux, Ashura écouta et considéra le monologue de Mukuro, qui lui parut intéressant et riche en détail. Cela soulevait cependant pas mal d’interrogations.

« Un Jutsu permettant de sceller un « dieu » dans une stèle ? Intéressant. J’imagine que cela signifie qu’on peut aussi le sceller ailleurs… Dans un humain par exemple ? Je ne sais pas d’où tu tiens toutes ces informations, mais je serai curieux de connaître ce qui te pousse à vouloir défier ces entités. Tu en as déjà rencontrer un ? T’est-il arrivée de t’en mesurer à l’un d’entre eux ? » S’enquit-il, en la regardant droit dans les yeux. « Les combattre pour en quoi faire ? Je suis tout à fait disposé à t’aider à les combattre, mais je refuse que ces entités soient par la suite scellées dans une personne. J’aime ta proposition, je la trouve particulièrement excitante, mais je pense qu’on devrait prendre le temps de s’accorder sur ce qu’on ferait de ses entités, si on venait à les affronter et les vaincre. » Ajouta -t-il, en desserrant légèrement le nœud de cravate.

Il fallait les trouver. Les combattre. Les convaincre. Autant vous dire que c'était loin d'être gagné...

« Tu as déjà un début piste. C’est une bonne chose. Si vous ne voyez pas d’inconvénient, nous partirons dans quatre jours. » Lâcha -t-il, avant de porter sa coupe à ses lèvres.

Il allait avoir besoin d’un petit peu de temps pour trouver et recruter des hommes forts, capable de les aider dans leur quête. Il devait absolument monter une équipe digne. Une équipe d’élite.

Pour l’heure, il dégustait sa délicieuse boisson, en prêtant une oreille attentive au monologue de Mukuro. Elle revint naturellement sur les interrogations d’Oroshi, concernant Kaze, lui expliquant à peu près ce qu’il était de cette fameuse organisation pour laquelle elle travaillait, ainsi que leur leader. Ils n’avaient manifestement peur de rien, et semblaient visiblement autant ambitieux que nos Amejins, si ce n’était plus. Ashura appréciait ce genre de personne. Ce genre de projet. Il restait cependant silencieux, laissant son camarade réagir, tandis qu’il s’interrogeait sur ce que Mukuro voulut réellement dire par le fait que son destin soit relié à celle d’Iwa. Un détail qu’il n’oubliera pas.

Oroshi répliqua quant à lui avec des remarques et d’autres interrogations pertinentes, comme souvent. Ashura l’écouta jusqu’au bout, laissant par moment Mukuro réagir sur certains points, avant de réagir à son tour.

« Pas forcément, Oroshi. Je ne crois pas qu’ils contrôlent encore tout le pays du vent. Ils semblent certes bien plus avancés que nous, mais ils ont besoin de nous pour prendre le contrôle du pays. Qu’on soit une organisation ou non. Tout comme on aura besoin d’eux pour défaire le Collectif, et peut-être le Seichi, le moment venu. Je pense qu’il faudrait que tu rencontres cette femme et que tu vois les détails avec elle. Mais n’oublie pas une chose : ils ont plus besoin de nous que nous d’eux ! » Déclara -t-il, se fichant complètement de ce que Mukuro pourrait penser.

Aussi grande soit leur organisation, il y avait peu de chance qu’ils prennent le contrôle d’un pays aussi immense que le Kaze, sans aide étrangère, ce qui était d’autant plus vrai si on se fiait aux rumeurs du kunai émoussé qui allait probablement rameuter les shinobis de la roche. Tandis que prendre le contrôle d’Ame n’était à priori pas une chose impossible sans une aide extérieure, cela demanderait seulement beaucoup plus d’efforts et de temps…

Ashura n’avait aucune raison de provoquer ou de se mettre Mukuro à dos, au contraire il lui faisait suffisamment confiance pour dire ce qu’il pensait devant elle. Elle pouvait bien prétendre se ficher de qui aurait le plus à gagner dans cette histoire, mais toujours était-il qu’elle était pour l’heure liée à Kaze, et les intérêts de Kaze devait forcément avoir une certaine importance pour elle, d’une manière ou d’une autre.

Quoi qu’il en fût, le guerrier jaune préférait mettre les choses au clair afin qu’il n’y ait aucune ambigüité par la suite. Et s’il venait à rencontrer cette fameuse cheffe de l’organisation Kazejin, il réaffirmerait ce qui était pour lui une évidence sans l’once d’une hésitation. En définitive, la politique et Ashura ne faisaient jamais bon ménage, c’était pourquoi il était crucial que son frère d’arme se charge lui-même des négociations avec les Kazejins : tant avec la banque Sabaku que la dame qui rêvait de prendre le contrôle du pays du vent.

Silencieux, Ashura écoutait la mercenaire apporter quelques précisions aux interrogations d’Oroshi, avant de réagir lorsque Mukuro émit l’envie d’établir un réseau entre Ame et Kaze. C’était une idée qui lui plaisait bien, et qui ne lui semblait guère compliquer à mettre en place.

« Il me semble que tu disposes déjà d’un solide réseau à Ame. Ce n’est pas la première fois que tu viens dans notre pays, et il me semble que tu as désormais pas mal de connaissances dans le coin. Oroshi et moi avions également nos connaissances, et quelques hommes faisant office de soldats, de courtiers ou d’informateurs. En définitive, je crois que nous avons déjà un solide réseau à Ame. Quant à Kaze, tu es la plus à même de nous dire ce qu’il en est. Mais si tu n’as pas encore eu le temps de t’ancrer dans le pays, c’est quelque chose que nous pouvons changer, une fois sur place. » Fit-il, en croisant les jambes.

En ce qui concernait les Bijuu, Oroshi et Ashura posèrent naturellement quelques interrogations à la mercenaire, rien que pour connaître ses motivations. En réalité, Ashura se moquait pas mal des raisons qui pouvaient pousser Mukuro à vouloir s’attaquer aux « dieux ». Le simple fait qu’elle désire s’en prendre à eux lui suffisait à lui donner son accord, car il avait lui aussi ses raisons pour vouloir se mesure à ces entités.

En revanche, s’il y avait une chose que Ashura ne saisissait pas, et aurait aimer véritablement en savoir plus, c’était l’obsession de l’élémentaliste en ce qui concernait le démon à cinq queues. Pourquoi lui plus qu’un autre ? Et pourquoi émettre le souhait de détruire tous les dieux, mais de proposer curieusement de d’abord les sceller et de s’assurer que leurs stèles soient bien protégées ? Elle avait beau dire ce qu’elle voulait, prétendre que tout ceci n’était que par pur plaisir ou ennui, Ashura n’en croyait pas un mot. Cela l’amenait par ailleurs à s’interroger d’autant plus sur la source de toutes ses informations. Elle avait beau être une mercenaire très talentueuse, ces informations n’étaient pas censées être à la portée de tous, encore moins des mercenaires, aussi talentueux fussent-ils. Ainsi donc, il y avait beaucoup trop de zones d’ombres et d’incohérences pour que le guerrier trouve la mercenaire entièrement sincère avec eux.

Cependant, Ashura n’avait pas l’intention de lui en demander d’avantage, préférant ainsi se murer dans le silence. Il n’avait pour ainsi dire pas l’intention de la supplier pour quémander des informations ou des explications. Néanmoins, il gardait à l’esprit que la mercenaire ne jouait pas franc jeu avec eux, du moins pas entièrement, pour une raison ou une autre.

Tournant le regard vers Oroshi, le vagabond tenta de voir si son camarade pensait la même chose que lui, avant de reporter de nouveau ses iris sur la mercenaire.

« Bien. Tache de ne pas te mettre dans le pétrin d’ici là. Je n’ai aucune envie d’avoir à sauver tes fesses encore une fois. » Fit-il, avant de terminer le fond de sa tasse.

Inquiet ? Certainement pas.

« Sur ce, je vous dis à plus tard ! » Conclut-il, en décollant son postérieur du canapé.

Il se dirigea naturellement vers la porte de sortie, prêt à aller cogner quelques malfrats pour se défouler. Et qui sait, peut-être qu’il tombera sur des personnages intéressants qu’il pourrait enrôler pour leur voyage du côté du grand désert…