Un vrombissement dans les buissons d’une ville en perdition. Il y a un reflet qui suit les ombres, comme un vent qui court dans la contrée. Il fluctue, instable, il flotte, inaltérable. Il est certain et incertain, mais sa trajectoire est réelle, comme son intention.
Et surtout, il est vert, brun et gris, porte un casque, et vient de sortir de l’ombre pour bondir tel un ange sur une Kunoichi. « AIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!»
Tandis que le dindon se prélassait dans les bras de sa conquête, ou au contraire prenait la râclée de sa vie, Taishi lui surgissait à la suite, de retour d’une conversation assez éprouvante, mentalement du moins. Le genre dont il fallait se ramener à l’esprit plusieurs fois pour accepter qu’elle avait vraiment eu lieu. Si son dénouement restait encore plus troublant, il ne pouvait se permettre de trop y réfléchir pour le moment. Et c’était peut-être pourquoi il l’avait cherché des yeux dans l’assistance dès qu’il ait pu. Il portait son masque, non pas que ses traits fut inconnus de la Kunoichi, mais bien car ils étaient à proximité d’autres shinobis.
Peut-être parce qu’Aimi avait été un baume pour son esprit tortueux, le lien inaltéré l’ayant ramené vers son point de départ, depuis le début. Parfois, il fallait mieux regarder en arrière pour avancer. Et pas seulement les travers du chemin. « Glouba, où sont tes manières, bordel. » « Mais taggle toi! »
Nani !? L’Hayai attrapa l’oiseau obèse et l’envoya valser d’un bon coup de pied, la gravité se chargeant d’envoyer la volaille bien au loin. Oh, ça n’allait pas le ralentir longtemps, mais peut-être assez pour avoir une brève conversation. « Eh bah, ce n’est pas toi qui me disait aspirer à une simple vie de médecin ? Et te voilà à plein pied dans un conflit qui pourrait plonger le continent dans la ruine. »
Même s’ils gagnaient. Taishi l’avait bien fait remarquer durant la réunion, extérieurement mais aussi intérieurement. Même si l’Homme au Chapeau était mis hors d’état de nuire, la présence des dieux elle, resterait. Et comme des vautours, ils risquaient bien de se battre pour ce qui resterait du Yuukan, une fois cette affaire terminée. « Et moi qui pensait qu’à ce moment, tu serais mariée, le ventre rond, à couler des jours tranquilles. J’ai définitivement perdu de mes instincts. »
Peut-être un autre effet pervers de sa perte du Jikkukan, qui sait. Après tout, c’était un pouvoir impossiblement trop outrageux pour exister en ce monde, non ? » « Dis-moi Aimi, que penses-tu de ce que tu as vu, et de ses participants ? »
Il était curieux d’entendre les pensées de la femme, qui avait cette approche rationnelle et terre-à-terre si rare de nos jours. Un bruit croissant venait de l’autre côté, encore loin mais s’approchant inexorablement… « Aimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii… »
La réunion était terminée. Il y avait beaucoup à assimiler, à comprendre et la jeune femme avait tellement appris en si peu de temps, que s’en était difficile. Son intendance avait des choses à régler avant de quitter ces lieux historiquement marqués à vie. Aimi en profita aussi de son côté pour laisser le silence et les ruines lui parler. C’était un pays qu’elle ne connaissait pas, mais qui lui inspirait beaucoup. La rubiconde n’hésitera pas à aider ses habitants et les soutenir dans cette désolation. Mais les faits étaient là, et la Chiwa ne savait pas comment gérer la situation. Une chose était certaine, elle fera son possible pour protéger les siens ainsi que son pays.
Perdue dans ses pensées, la kunoichi n’entendit pas les chuchotements des buissons sur le flanc gauche. Pourtant, le projectile qui en sortit, hurlant son nom et faisant bondir la jeune femme qui se mit sur la défense. Dans ses mains, la créature casquée et plumée se lovait déjà contre sa poitrine.
« Glouba ? »
Comment ne pas le reconnaître ? Et comment ne pas être surpris, de voir que son partenaire surgit par la suite. Masqué, l’Eisei nin le reconnut bien évidemment. Un fin sourire se dessina sur les lèvres, penchant sa tête sur le côté, quelque peu surprise de voir le dindon débouler aussi “passionnément”. Elle fut la spectatrice d’une altercation qui ne l’étonnait qu’à moitié. Très rapidement, le guerrier plumé s’envola, ce qui fit grimacer la combattante avant de croiser les bras.
« Vous n’avez pas changé, tous les deux. Je suis contente de te voir. »
Son timbre était extrêmement calme et doux, contrairement à la situation explosive qui planait au-dessus de leur tête. Aimi ne put s’empêcher d'émettre un rictus, en l’entendant parler de sa vie paisible de médecin. S’il savait tout ce qu’il s’était déroulé après son départ… Entre l’événement à Tetsu qui l’a marquée à vie, sa blessure et ce qu’il vient de se passer durant cette réunion. Comment ? Puis… Il y avait aussi… À cause de qui avait-elle perdu son unique lien de sang, sa seule famille ? Celle qu’elle aimait inconditionnellement ?
« Si nous sommes là, c’est pour la même raison, pour la même personne. Et ça, je lui dois à lui, je ferai tout pour honorer sa mémoire et lui rendre justice, Taishi. Et moi vivante, je ferai mon possible pour que ce continent ne tombe pas à sa ruine, et toi ? »
Il comprendra, son père représentait tout pour la kunoichi et elle ne serait jamais devenue ce médecin dont Taishi parlait, sans cet homme qui avait tout perdu et qui sacrifiait tout pour elle. Parce qu’une ombre planait sur le Yuukan, Aimi l’aimait et voulait y vivre pleinement. Là encore, sur sa prochaine intervention, il se trompait lourdement. À croire que les choses changeaient, ou que ce n’était pas le moment pour.
« Tu devrais peut-être du temps pour te reposer alors, Taishi. Mais non, ce n’est pas le moment pour ça, le Yuukan a besoin de nous en forme et non le ventre rond ou donner naissance dans un monde voué à sa perte, de ce qu’on pourrait en croire. Il s’est passé des choses, j’ai changé aussi, le monde m’a changé. Je garde mes valeurs, mais j’ai compris. La guerre, le sang, la désolation, j'en ai horreur et pourtant, je dois l'affronter. »
Puis la question tant attendue. Ce qu’elle pensait de cet échange et des personnes présentes. La rousse soupira alors et avant de pouvoir répondre, un projectile familier se lança sur elle. Cette fois-ci, préparée, Aimi l’attrapa entre ses mains et lui lança un petit regard insistant.
« Moi aussi je suis contente de te voir, Glouba, mais ne crie pas trop, cela pourrait déranger les habitants de la cité. »
Un fin sourire termina ses paroles avisées, avant de le garder contre elle, tout naturellement et innocemment -et aussi pour le surveiller-. Alors, la kunoichi pouvait prendre la parole, car cela risquait d’être un peu long.
« C’était fort intéressant et productif. J’en ai plus appris que tout ce que j’ai pu apprendre dans ma vie. J’en apprends sur les autres pays, agréablement parfois. Mais je suis perdue aussi. Cela fait beaucoup d’informations à encaisser, des faits du passés que je ne connais que d’une vision. Comme ce massacre dont j’ai entendu parler à Iwa, mais sans en connaître toute l’histoire, peut-être que tu pourras m’en dire plus ? Les personnes présentes ont dit des choses intéressantes et terrifiantes. Ses dieux, ça nous dépasse et je ne sais pas comment tout cela va se finir, comment même, ce Saint père peut autant leur vouer le ciel. La seule chose que je sais, c’est que j’ai confiance en Toph et que je la soutiendrai toujours, quitte à la remettre dans le droit chemin si cela est nécessaire.
Tout le monde avait sur le cœur, je suis personne pour juger du passé de chacun, de ta souffrance, de leur souffrance, des ombres qui planent sur leur village, sur leur vie. Moi-même, j’ai perdu mon père, mon village a été attaqué sous mes yeux, des vies ont été prises, injustement. J’aurais peut-être aimé qu’on reste au sujet principal de ce sommet par moment, au lieu d’entendre les conflits entre certaines personnes, car je ne sais pas si ça aide. Mais je les comprends et je suis prête à travailler avec chacun pour qu’ensemble, nous arrivions à combattre ce qui nous menace. Cette coalition me semble donc être une bonne idée, même si je n’ai pas de décision à y prendre. Est-ce que la solution est censée ? Je ne sais pas. Mais est-ce que la menace même l’est ? Je ne pense pas. Je suis même prête à écouter cet homme, comprendre pourquoi il fait tout ça, parce que ça me dépasse, parce que j’ai peur d’aller combattre des dieux.
Et toi Taishi ? Que ressens-tu de tout cela ? Je t’ai vu, je t’ai entendu et je te respecterai toujours. Peut-être qu’avec ton expérience, tu saurais mieux me faire comprendre les choses ? »
Aimi en avait à dire et redire, parler de sa rencontre avec ce kirijin, de cette vision de l’empire qui n’était pas si mauvaise, de l’organisation qui aspirait à sauver leur village, de ces voix extérieures, qui portaient pourtant un message tout aussi significatif. Elle, avait-elle une légitimité à dire ce qu’elle ressentait ? Devant l’Hayai en tout cas, elle pensait que oui.
Dernière édition par Chiwa Aimi le Sam 11 Avr 2020 - 14:27, édité 1 fois
Taishi fut un peu désarçonné par la dureté du regard de son amie. Ou bien en avait-il oublié l’éclat depuis le temps. Il douta de lui-même quelques instants, mais les mots qu’elle partagea confirmèrent qu’elle avait bel et bien un peu changée. L’Hayai hocha sobrement de la tête, mais éprouva tout de même un certain regret. L’Aimi qu’il avait connu avec eu un sourire plus facile, et des plus contagieux. « Aimi… »
Il avait dit ça quand elle lui avait demandé pourquoi il était là. L’Hayai pouvait-il prétendre à comprendre sa peine, sa colère ou les autres choses qu’elle pouvait ressentir actuellement. Peut-être pas, mais il pouvait comprendre l’importance d’honorer un disparu. Cette leçon lui avait pris beaucoup plus de temps à apprendre qu’elle, d’ailleurs. Alors il se contenta d’un simple sourire. « Moi, me reposer ? Qui a le temps pour ça… »
Ni elle ni lui, au final. Mais il ne dilua pas son message pour autant, ayant envie pour le compte de la prendre à nouveau dans ses bras. Mais ce n’était peut-être pas le moment pour ça, pas dans cette atmosphère, du moins. Il hocha finalement de la tête. « Tout ce qu’on fait honore nos disparus. Tant que nous avançons, il n’y a pas de regrets à avoir. Je suis certain qu’il est fier de toi, dans ce monde ou le suivant. Mais parlant de rester dans celui-ci, qu’est-il arrivé à ta jambe ? »
Le monde avait changé, c’est vrai. Il semblait un peu plus sombre, un peu plus gris à tous les jours, plongé dans l’ombre de ces créatures, ces « dieux » qui étaient devenus en une courte rencontre le point focal de leurs efforts désormais. C’était un brave nouveau monde, mais une querelle ancienne qui prenait place… Le dindon ne répondit pas au commentaire d’Aimi, laissant en mystère s’il obtempérait à sa demande, ou s’il s’en fichait. C’était typique de Glouba. « J’ai bien peur qu’en choisissant cette vie, nous n’ayons fait le choix de vivre autour de ces thèmes… N’en oublions pas les occasionnels bons côtés, par contre. »
Ça n’avait rien de défaitiste, c’était juste une autre réalité à prendre en compte… Elle lui posa plusieurs questions et l’Hayai se plaça la main derrière la tête, un peu embarrassé. Les réflexions de la femme étaient intéressantes toutefois, et Taishi écouta avec attention. Quand ce fut son tour, il souffla lentement en considérant plusieurs choses à la fois. « Je voudrais bien t’aider, mais la réalité est que j’ai eu du mal à tout comprendre moi-même. Le mieux que j’ai pu faire, c’était de ne pas trop paraître dépassé par la situation, je dirais. »
L’Éclair Vert sembla réfléchir. « Concentrons-nous sur une chose à la fois. Avant de combattre des dieux, les sceller ou tout le reste, on doit encore les trouver, ce qui ne sera pas nécessairement une chose facile. Je ne peux imaginer que ces derniers gardiens vont tous collaborer, surtout avec l’historique derrière. Mais tout ça, je suis certain que nous en discuterons en détail à un moment ou un autre. Le temps où j’avais quelque chose à t’apprendre, à toi ou Musashi, est révolu depuis longtemps, Aimi. Certes tout ceci est affreux, effrayant. Mais nous y ferons face ensemble. »
C’était le vrai message de ce sommet,que pas tous n’avaient entendus. Ou compris, plutôt. « Tu m’accordes trop de crédit. À bien des égards, je ne méritais pas davantage une place à cette table que toi, ou bien des gens présents, pour être honnête. Je pense qu’au final, Mokko voulait peut-être une présence réellement indépendante, mais même cela, ce n’est plus tout à fait vrai. »
Il releva les yeux, simplement. « Je rentre à Iwa pour de bon, Aimi. »
L’Hayai devait être confus de voir que la kunoichi pouvait se montrer dure. Ce n’était pas vraiment contre lui, bien au contraire, mais les faits étaient là. La souffrance était de rigueur ces derniers et la dureté de ce monde se reflétait dans le reflet de ses pupilles vermeilles. Elle entendit son prénom, doucement. Il voulait dire beaucoup, il savait, il comprenait. La Chiwa ferma les yeux quelques instants, pour ne pas tenter de percevoir les traits désolés bien qu’il soit masqué.
Le temps pour se reposer ? La combattante sourit doucement. Bien évidemment qu’ils n’en avaient pas, mais cette petite blague faisait du bien et changeait de tout le sérieux qui planait depuis cette réunion. Avancer. Oui, c’était ce qu’elle s’était promis. Peu importe les obstacles, peu importe la paralysie qui l’avait empêchée de marcher vers un futur incertain, ses doutes, ses peurs, Aimi continuait d’avancer. Pour eux, qui la regardaient de là-haut, pour les vivants qui comptaient sur elle, pour que le monde soit plus beau. Et en cela, Taishi et elle se comprenaient complètement. Fier d’elle… Une lueur bien triste prit place sur son doux minois. Sa tête se pencha alors en arrière, contemplant le ciel à la recherche de la réponse à ses dires. Était-il fier ? Elle l'espérait plus que tout monde. Sa jambe ? Ca aussi, ce fut une épreuve difficile à affronter et elle s’en était remise, doucement. La jeune femme se rappelait encore de la souffrance qu'elle avait ressenti et de cette brûlure présente sur sa peau de lait.
« J’espère qu’il est fier de moi, qu’ils sont fiers de moi et qu’ils me regardent de là-haut. »Un timide sourit passa la barrière de ses lèvres. « Ma jambe… c’est… ma punition. La preuve de ma faiblesse et de mon impuissance, des erreurs que j’ai pu commettre à Tetsu… Pour me rappeler et pour devenir encore plus forte. »
C’était là, la leçon qu’elle en avait tiré. Le monde l’avait changé, en bien, en mal ? Les deux peut-être. Si en plus, ce Yuukan se voyait être la place d’apparition de ces “dieux”, qu’allait-il devenir à la fin ? Couraient-ils tous à leur perte ? L’homme masqué avait raison, la rousse avait choisi cette vie et connaissait les autours, mais l’acceptait-elle pour autant ? Non. Les bons côtés, heureusement oui, il y’en avait et c’était ce qui lui permettait de rester debout. L’Eisei nin lui fit part de son impression de la réunion, en essayant de rien omettre. Elle lui demandait d’ailleurs humblement des précisions sur certains faits, car beaucoup de choses la dépassaient. Mais même lui, avait du mal à comprendre. Ne pas paraître dépassé… Le brun voyait bien la peur de la jeune femme, ses doutes, parce que oui, tout cela semblait invraisemblable et pourtant si réel. Il avait raison, il ne fallait pas se montrer hâtif, chaque chose en son temps. Mais comment faire quand la menace vivait sous leur village ?
« Tu l’as toi-même entendu, le dieu singe réside sous Iwa. Comment arriver à rester serein quand on connaît un tel secret ? Mais je comprends, nous avons grandi, nous marchons ensemble maintenant. Je crois que je ne suis pas la mieux placée pour parler de légitimité dans tout cela, nous sommes là, car le destin l’a choisi. »
Rentrer à Iwa ? Pour de bon ? Aimi ne put cacher sa surprise face à cette nouvelle, le regardant avec de gros yeux ronds. Parlait-on bien de ce Taishi si mystérieux qui aspirait à une vie de nukenin, loin de la cité rocheuse ? Au fond, elle se sentait contente que son ami puisse revenir, mais elle souhaitait savoir pourquoi.
« Le pion de ton échiquier a décidé de se placer aux côtés de la roche ? Pourquoi ? »
Qu’il était étrange de la voir parler ainsi. Elle parlait de Tetsu, mais Taishi n’était pas au courant de ce qui avait pu y avoir lieu pour un tel résultat. Une mission ayant mal tournée, peut-être ? Mais le regard grave de la femme lui faisait supposer que bien pire était arrivé. Ils auraient à en discuter, plus tard en privé. Taishi n’était pas inconnu aux conflits séparant Iwa et Tetsu, mais ça semblait être d’un tout autre degré… « Ils le sont, Aimi. Fiers, je veux dire. »
C’était certain. Et ce même si Taishi n’avait pas eu la chance de bien les connaître. Des parents qui faisaient grandir une Kunoichi tel qu’Aimi ne pouvait que voir et apprécier les sommets qu’elle avait franchis pour être là où elle était désormais. Il y a quelques années, ce n’était qu’une jeune genin pleine d’espoirs et d’idées qu’il avait autrefois rencontrées. Et désormais…
Désormais, il avait une guerrière en face de lui.
La mention du Dieu Singe le fit baisser les yeux quelques instants. Taishi avait momentanément loupé ce détail, signe qu’il était un peu distrait actuellement – évènements oblige – mais il releva ses pupilles peu de temps après, restant confiant. Ils ne pouvaient céder au désespoir, pas maintenant. « Il a été sous Iwa tout ce temps, et il y est encore. Rien ne dit que cela changera, maintenant ou plus tard. Connaissant Toph, elle fera tout pour éviter d’avoir à le réveiller, du moins tant qu’il sera à un endroit si risqué. »
Les exKumojins avaient mentionnés une stèle ; était-il possible que ce soit semblable pour la divinité sous Iwa. Était-il possible de la déplacer ? Beaucoup d’options allaient devoir être explorées. Y compris celle de sceller ce singe dans quelqu’un, d’ailleurs. L’idée lui donna un frisson dans l’échine, pour lui en rappeler l’absurdité. Du moins, jusqu’à présent…
Le commentaire d’Iwa sur son retour n’était pas celui auquel il s’attendait, c’était certain. Mais en même temps, peut-être aurait-il dû y être préparé. Elle ne serait pas la première ni la dernière à en exposer les rouages. L’Hayai eut un léger sourire, haussant un peu les épaules en soupirant. « Je suppose que j’ai changé, moi aussi. Je ne suis plus exactement l’Éclair Vert que j’étais. Et l’actuel se voit davantage comme un fou sur l’échiquier, qu’un pion. »
Il eut un petit rire. « J’en ai fini de m’apitoyer sur mon sort, peut-être. Cette cause est plus grande que moi. Plus grande que nous. Et je ne peux y arriver seul. »
Un instant de silence, puis Taishi se détourna légèrement pour regarder le ciel pensivement. « Je ne suis certes pas digne de confiance, et je ne le serai peut-être jamais. Mais je n’abandonnerais pas ma liberté si aisément autrement. Je pense pouvoir en faire davantage pour ce monde sous les couleurs d’Iwa, si elle voudra bien de moi. »
Il eut un petit rire. « Ne crois pas que ce sera la fin de mes excentricités pour autant. Mais peut-être que ma vie de nukenin fera de moi un meilleur shinobi de village. Il n’y a qu’une manière de le savoir. »
L’Éclair Vert retourna son attention vers la femme. « Aimi, parfois une manière de savoir qui l’on est, est de savoir qui nous étions. Tes yeux me disent que tu es désormais prête à servir la cause de ton village, au plus haut des degrés. Mais n’oublie jamais ton passé et les gens qui comptent sur toi. Qui sont fiers de toi. Ils te rendront plus forte. »
Il n’avait rien à lui enseigner, de toutes manières. Il eut un petit rire. « Mais si tu ne veux pas de moi… » « Personne veut de toi. » « Imbécile ! » « *Gobble-Gobble* »
Et quelle punition… Le regard de la rousse s’assombrit, la lueur de tristesse voyagea dans l’écarlate qui résidait dans ses pupilles. Si la kunoichi avait réussi à sortir de l’hôpital pour faire face de nouveau à la réalité de la vie, elle ne pouvait oublier.
« De mon échec, de la perte de mon amie, de ma camarade, de mon incapacité à venir au secours de mes camarades alors que je suis l’Eiseinin, incapable de sauver sa vie alors qu’elle s’est battue si vaillamment... »
Termina-t-elle en marmonnant. Son visage contempla le ciel mouvementé. Ils sont fiers hein... et Hisa, que penses-tu des choix de Toph-san ? Est-ce que tu es fière de ce qu’elle est devenue ? Est-ce que tu me pardonnes d’avoir failli à ma tâche ? Ses orbes vermeil se posèrent de nouveau sur l’Hayai, un sourire bien moins radieux que d’ordinaire, sur ses lèvres. Elle vivait avec ses échecs et essayaient de se relever, pour ses parents, ses proches, les défunts qui étaient parti trop vite, ou qui étaient voué à finir ainsi ? Pourquoi la Chiwa trouvait-elle cela si injuste alors ? Pourtant, la rubiconde continuait de se battre, qu’importe les épreuves et les obstacles, qu’importent les larmes, le doute et la souffrance, elle se relevait. Parce que se plaindre et se lamentait servait à rien, si elle voulait ne plus ressentir cette injustice, il fallait agir non ?
Accentuer la difficulté de la situation par l'existence de ce dieu Singe permettait à l’Irou nin de montrer à Taishi à quel point tout ce qui se passait était instable et qu’ils n’avaient aucun contrôle. Comment rester serein en sachant tout cela ? Et bien qu’il n’ait jamais réagi ou témoigné de sa présence, qu’est-ce qu’il faut à cette créature pour se montrer et ravager son précieux village ? Même si Toph ferait en sorte d’éloigner le plus de personne, si le réveil était inévitable, qu’en serait-il ensuite ? C’était si… inimaginable, dangereux, invraisemblable. Dans quel monde, devait-on se servir de puissance indomptable, qui pourrait sauver le monde, autant qu’il risquerait de le mener à sa déchéance ? Et pourtant, en acceptant la Coalition, ils s’engouffraient dans le même bain.
Si elle devait faire partie de ceux qui devront apprendre ce Kinjutsu mystérieux pour arrêter les dieux, alors elle en serait. Si c’était vraiment le seul moyen d’arrêter un homme capable de contrôler le temps et qui cherche à plonger le Yuukan dans sa fin, que pouvait-elle faire de plus ?
Pour couronner le tout, l’éclair vert lui annonça son retour sur les terres rocheuses où elle résidait. Si elle ne put cacher sa surprise, la kunoichi se contenta de soupirer et de glisser sa main dans ses cheveux, fatiguée. Un fou sur l’échiquier hein.
« Ne nous sommes tous pas des fous sur le vaste échiquier qu’est le Yuukan ? Pour nous plonger dans une quête qui semble si absurde et au-delà de tout ce en quoi nous croyons ? »
La kunoichi laissa une esquisse se dessiner sur ses lèvres rosées. C’était dans ces moments qu’elle dirait bien avoir besoin d’un bon verre, tellement la situation la dépassait. Cette cause ne dépassait pas seulement le nukenin, mais toute vie présence dans ce vaste plateau au dessein bien mystérieux. Et il avait raison sur une chose, penser qu’on pourrait y arriver seul était de l’inconscience. Plus que jamais, il était important de se réunir et de se rassembler. N’était-ce pas après tout, la raison de cette Coalition ? Glouba toujours dans ses bras, celui-ci écoutait la conversation tout en gesticulant contre elle, tant qu’il ne tentait rien d’étrange, Aimi s’en fichait un peu. Au contraire, il pouvait même sentir plusieurs fois son emprise se resserrer autour de lui, nerveusement sûrement.
« Peut-être qu’après tout ce que tu as vécu, tout ce que tu as expérimenté, tu comprends que ta place est peut-être là où tu as été durant si longtemps. Il ne faut pas changer qui nous sommes, simplement agir justement et respecter nos valeurs. Si revenir à Iwa fait partie de ce que tu penses juste, alors Iwa voudra de toi. Et ne t’inquiète pas pour moi, c’est bien parce que je n’oublie pas qui je suis et qui me rend forte, que j’en suis là. Je ne compte pas laisser tomber ce monde. »
Petit clin d’oeil à son intention, elle rit doucement avec lui avant d’être témoin de leur échange plutôt amusant. Elle attrapa doucement le dindon et le posa sur sa tête avant d’adresser une oeillade à l’Hayai.
« Bien sûr que si tu es le bienvenu, si tu souhaites, tu pourras même loger à la boutique et Glouba aussi, s’il le souhaite. Tant que vous ne faites pas de bêtise, ou que vous n'invitez pas des personnes étranges. J’y tiens à ce lieu, et c’est en partie grâce à vous qu’il est d'aplomb, alors je vous le dois. Alors... » Aimi se rapprocha un petit peu, ses deux mains toujours prises par l'invocation qui la surplombait, un petit sourire aux lèvres.« Bon retour à la maison ? »
Dernière édition par Chiwa Aimi le Dim 26 Avr 2020 - 21:39, édité 1 fois
L’Hayai l’écouta avec attention, mais ne put s’empêcher d’incliner son masque de côté, déplorant un peu la culpabilité de la femme envers elle-même. La médecin avait toujours eu cette tendance à se sentir responsable de tout, même ce qui lui échappait, pas seulement elle mais le reste du monde. Taishi ne savait pas de quelle amie elle parlait, mais supposait que c’était arrivé au même endroit qui avait causé cette blessure à la jambe. Une des priorités à son retour à Iwa serait manifestement de se renseigner sur les évènements récents du village. Ija en saurait davantage. Son cœur se réchauffa un peu à l’idée de retrouver la tenancière, s’étant senti assez coupable à son dernier départ. « C’est un sentiment douloureux qu’est l’impression d’impuissance. Et je suspecte que nous le ressentirons tous à un moment ou un autre dans les temps qui viennent. »
Il souffla légèrement. « Je pense que l’important, c’est de faire tout ce qu’on peut. Le destin s’occupe du reste, et ce reste n’est pas en notre contrôle… Ni notre faute, d’ailleurs. »
Et c’était une des raisons de son souhait de retour à Iwa. L’Éclair Vert ne pouvait combattre l’Homme au Chapeau seul, ni trouver ces dieux, ni tout le reste. Mais il pouvait apporter une pierre à l’édifice. Son regret aurait été de laisser son orgueil l’empêcher de passer outre son égo pour considérer non pas ce qu’il ne pouvait faire, mais bien l’inverse.
Elle rebondit sur sa remarque de l’échiquier et Taishi s’esclaffa légèrement. Comme souvent, elle n’avait certainement pas tort. « Et si nous le sommes ? Tous fous, et sur l’échiquier ? L’important, c’est que nous avons toujours une valeur sur le tableau de jeu. Et il ne faut qu’une pièce pour gagner la partie. »
C’était un peu métaphorique, mais l’essentiel y était. « Pour le reste, la quête est déjà moins absurde qu’elle ne l’était avant la réunion. Certes, plus nous en apprenons sur le Chapelier et les Dieux, plus ils inspirent crainte. Mais ils deviennent de plus en plus palpables, atteignables, aussi. Nous progressons. »
Aimi parla de son retour à Iwa et Taishi inclina légèrement la tête, humble devant les propos de la femme, qui étaient pleines de vérité. L’Éclair Vert songea qu’elle semblait avoir tout compris avant Taishi lui-même. Une autre preuve qu’il était loin d’être le plus sage dans la pièce. « Je le pense, et je l’espère. J’apprends un peu plus chaque jour, sur moi-même et sur le monde. Je reste un nomade, dans mon cœur et ma personnalité. Mais avoir une maison, un chez-soi… Ça ne me semble pas si mal désormais. Les années ont pesé sur moi. Pour être honnête, je suis… Fatigué. Et c’est peut-être le signe pour moi qu’il est temps de passer à la prochaine étape, et de voir ce monde, et mon passé, avec un nouvel œil. »
Il était conscient que c’était un peu brouillon mais l’Hayai n’avait jamais été très habile pour parler de ses sentiments.
L’invitation de la femme le prit un peu au dépourvu. Encore une fois, Aimi semblait avoir un pas d’avance, tout comme le Chapelier. Il était vrai que son ancienne résidence était qu’un tas de cendre actuellement. Il eut un petit rire face à son avertissement. Pas de bêtises, hein ? L’Hayai désigna le dindon du regard. « Oh moi, je peux être sage comme une image. C’est de lui qu’il faut te méfier » « Gennnnreeeeee. »
Quel crétin de volaille. Il constata qu’elle s’était rapprochée un peu. L’Hayai eut un simple sourire, et l’entoura de ses bras à nouveau, un câlin qui avait trop tardé peut-être, différent de celui qui avait ponctué leurs retrouvailles avant la réunion. « J’étouffeeeeeeeeee »
Crève, Glouba ! « Inviter des gens étranges, comme qui ? »
Petit rire. Il avait bien saisi le message. « Retour éventuel. J’ai malheureusement encore quelques obligations à remplir. Mais je serai à Iwa très bientôt. Tout ceci est très… Provisoire. Toph aura sans aucun doute des conditions. Je ne sais pas s’il existe un précédant, pour un Nukenin de retourner à son village d’origine… Je préfèrerais que tu gardes cela pour toi pour le moment, Musashi y compris. »
L’impuissance était en effet un sentiment que tous connaissaient un jour ou l’autre. Dans une situation où l’on ne maîtrisait rien, lorsqu’on échouait sans pouvoir faire quoi que ce soit, la paralysie de l’impuissance était un effet de ce ressenti indéniablement insupportable. Son regard s’abaissa, laissant les traits de la déception s'ériger sur son visage. Pour la Chiwa, ce n’était pas qu’une impression, elle l’avait été et devait y remédier. Faire tout ce qu’on pouvait ne suffisait pas toujours, elle l’avait compris ça aussi, et se disait qu’il fallait se surpasser. Devaient-ils dépendre du destin ? Ou faire pencher la balance dans un certain sens ?
«Je ne veux plus jamais ressentir ça. Je ne pense pas vouloir laisser le destin décider pour moi, je veux tout faire pour y arriver par mes propres forces et parce que j’aurais tout fait pour. Et donc assumer mes erreurs et faire en sorte qu’elles ne se reproduisent plus... »
La preuve avec ce combat avec les dieux. N’étaient-ils pas à eux de se démener pour pouvoir acquérir le pouvoir de contenir une de ces créatures ? Rien qu’à y penser, si le destin avait voulu cela, il était bien dur et sadique. Alors chaque être souhaitait apporter sa pierre à l’édifice de sa manière, et Aimi comptait bien garder le contrôle de sa vie et sur ce qu’elle entreprenait. Sa remarque sur l’échiquier semblait l’avoir interpellé de la bonne manière. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Sa réponse à son interrogation sur les fous semblait la satisfaire. Tous des fous… Oui, c’était bien possible. Mais qui ou que pourrait être cette pièce qui ferait gagner la partie ? La rubiconde avait bien trop à apprendre encore pour connaître cette réponse.
Il était vrai qu’entre aujourd’hui et il y a quelques mois, l’homme au chapeau ne semblait pas aussi inatteignable. Cela changeait pas la peur que ressentait la kunoichi en connaissant l'existence de cette quête et ses possibles conséquences. La rousse sourit en l’écoutant avouer qu’avoir un toit n’était pas une mauvaise idée. Si la kunoichi rêvait de voyage, elle ne s’imaginait pas sans un chez-soi qui l’attendrait.
«Quand je te dis que tu te fais vieux et que tu as besoin de repos… Malheureusement, on n’a pas le temps pour ça. Mais si tu arrives à trouver ce chez-soi qui t’attendra après chaque quête, alors ça sera une belle réussite. »
En attendant qu’il trouve ce foyer, sa maison, la chunin proposa au jeune homme de venir vivre sous son toit à elle. Elle le prit bien évidemment au dépourvu et ce n’était pas surprenant. Même elle s’étonnait de pouvoir lui faire cette proposition, mais elle ne pouvait se résoudre à laisser un camarade de côté. De plus, c’était grâce à ses mains et celles de ses camarades, que la Chiwa pourra un jour remettre les pieds à la boutique. Sous cette touche d’émotion, la jeune femme usa d’une pointe d’amusement dans sa proposition, comme pour ne pas laisser paraître ce qu’elle ressentait en parlant de la maison de son défunt père.
Et cela semblait fonctionner, le rubis s’approcha un peu, laissant les deux camarades échanger aussi fidèlement que d’habitude. L’étreinte arriva très rapidement, différente de la première, plus sincère et pleine de reconnaissance sûrement. Sans oublier Glouba qui était coincé entre les deux. Aimi ria légèrement avant de reculer, amusée et de grattouiller les plumes de l’invocation. Elle ne répondit pas concernant l’invitation, il avait très bien compris. La rousse préféra se concentrer sur ses paroles suivantes. L’Hayai semblait avoir à faire, ce qui lui rappela qu’il avait quitté Iwa aux côtés de Neiko. Elle hocha de la tête sérieusement.
«Je vois oui, je suppose que tu étais très occupé, à Ame. Neiko m’a un peu expliqué la situation avant que vous y partiez, tu lui passeras le bonjour… Et je garderai ça pour moi, de toute façon, je ne vois pas beaucoup Musashi en ce moment… Enfin, je suis certaine que Toph saura te trouver une place au sein de la Roche, avec de bonnes conditions. Je suis contente de voir que tu te portes bien en dépit de tout ce qu’il se passe. »
L’Eiseinin se baissa pour déposer le dindon sur le sol avant d’étirer ses bras. Son regard se posa sur les alentours, elle avait perdu le fil du temps et se demandait où étaient ses compagnons.
«Le devoir m’appelle, je vais devoir te fausser compagnie Taishi. Est-ce que tu as un message pour Ija ? Sauf si je ne dois rien lui dire non plus. Je ne peux que te dire d’être prudent à Ame et de revenir en un seul morceau. Merci pour cet échange. »
La rousse s’inclina pour le saluer, avant de partir, elle attendit de savoir s’il avait quelque chose à lui dire. Après avoir discuté avec Aditya et Toph, il lui fallait maintenant aller faire un tour de Hikari avant que le trio iwajin ne retourne au village avec des nouvelles bien surprenantes.
Taishi se posa la main derrière la tête. De toute évidence, il avait beaucoup de temps à rattraper. Aimi semblait avoir vécu beaucoup de choses dernièrement, et il n’avait pas été là pour l’aider comme il aurait pu. Malgré cela, elle lui offrait quand même une place chez elle jusqu’à ce qu’il puisse trouver un nouveau logis… C’était plus qu’il ne méritait, pour tout dire. Alors l’Hayai se contenta de sa gratitude. Le reste attendrait encore un peu. « Un chez-soi… J’avoue avoir pratiquement oublié ce que ça veut dire. »
Mais il pouvait certainement réapprendre. Aimi semblait déjà connaître certains détails par rapport à ses activités au pays de la Pluie, aussi l’Éclair Vert se contenta d’hocher de la tête simplement. La mention de Musashi le laissa un peu soucieux, y avait-il davantage qu’elle ne pouvait dire actuellement. La réponse plus probable était que ça ne le regardait pas. Soupir intérieur. « Je lui passerai le message. Oui, elle va bien. Mais le tout est… Chaotique, comme tu peux le soupçonner. Nous aurons l’opportunité d’en reparler je pense. »
Selon elle, Toph trouverait le moyen de le réintégrer. Peut-être, peut-être pas. Mais sous-estimer l’Intendante aurait été une erreur, c’était la seule certitude. Aimi déposa le dindon qui replaça ses plumes aussi noblement que possible – c’est-à-dire, pas du tout. Quand elle signifia prendre congé, l’Hayai opina de la tête à nouveau, comprenant parfaitement. Ils avaient tous leurs responsabilités, ici. Qui plus est, Taishi devait également s’entretenir avec plusieurs personnes d’ici la fin de la soirée. « Je parlerai à Ija à mon arrivée au village. Il vaut mieux ne pas lui parler en avance, au cours où le destin nous dirigerait subitement dans une autre direction. »
C’était toujours possible, si peu probable. « Prends soin de toi, Aimi. À bientôt. »
Il s’inclina avec respect avant de la regarder s’éloigner. Le temps avait décidément fait son chemin. La nouvelle Chiwa Aimi n’avait rien à avoir avec celle qu’il avait rencontré jadis. Ou si, peut-être. Elle avait encore cette chaleur dans son regard. Cette bienveillance qui représentait avec pureté les valeurs maîtresses de son village. « T’as vraiment manqué ton coup, sur celle-là ! »
L’Hayai soupira devant les mots du dindon, rajustant le masque sur son visage en se détournant, en quête de sa prochaine conversation. « Non, pas du tout. Au contraire. »
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