« C’est censé me ressembler ? »

Taishi haussa les épaules, l’air de dire « je fais ce que je peux ». À ses yeux à lui, c’était plutôt ressemblant, mais nous avions tous une connaissance idée de notre apparence, que des yeux étrangers ne pouvaient percevoir. Du moins, c’était la théorie en ce sens.

Le dindon d’argile faisait face à Glouba, chacune de ses plumes finement sculptées. Le vent soufflait légèrement et l’Hayai s’employait à répliquer l’effet sur celles du faux oiseau, se basant sur le portrait en chair et en os, à côté.

« J’aurais peut-être dû choisir un animal plus simple, mais avec la même intelligence. Comme un ver de terre. »

Le dindon secoua sa tête couverte par son habituel heaume, peu impressionné par la répartie de l’Éclair Vert.

« Garde ton métier actuel, je crois pas que tu aurais beaucoup de potentiel comme humoriste… Ou artiste, à bien y penser. »

Le ninja roula des yeux. Côté constructif, on repassera. Cela ne faisait pas des années qu’il s’exerçait dans cette pratique. Même pas une année, en fait. Alors pour si peu de temps, ce n’était pas si mal.

« Si tu veux un peu d’humour, je relâche mon chakra sur ma sculpture et on voit ce qui arrive ? »

Boom, voilà la réponse. Travailler les détails c’était bien, ne pas oublier le but final d’une création d’argile, c’était mieux. Même si Taishi ne partageait pas la motivation qui semblait animer les membres du clan de sa mère ; la vie est une explosion et ce genre de truc. Voir des trucs exploser n’était pas son truc fétiche. Mais on ne pouvait nier que c’était efficace. Une bombe plus une cible égale plus de cible. Si seulement c’était si simple en pratique.

Il attrapa un ciseau acheté dans une boutique d’Amegakure – pour une fois que cette damnée ville avait un avantage- pour mieux redessiner les plumes sur le flanc. L’activité était étrangement relaxante, ce qui semblait un risque de plus en plus rare en ce moment. Au moins il se gardait occupé, songeait-il.

« Et le plan ? »

Taishi releva ses yeux verts de son ouvrage.

« Tu dis ? »

Le dindon gobble-gobbla, sa manière de soupirer, peut-être.

« Tu me rappelles pourquoi on risque nos plumes pour ce pays ? À part réchauffer le lit de ton amante. »
« C’est une bonne raison en soit. Et personne ne t’a obligé à participer. »

Glouba roula ses yeux globuleux dans son minuscule crâne (en comparaison).

« Django m’a averti que t’allais finir par te faire buter si je te laisse tout seul trop longtemps. »
« Comment ai-je bien pu survivre jusqu’à te rencontrer, je me demande. »
« TOUT le monde se demande. »

Taishi secoua la tête, amusé, lissant une plume d’argile. Le faux dindon était totalement immobile, et en soit, bien plus agréable à fréquenter que le chasseur de prime.

« Depuis le temps qu’on se connait, tu devrais avoir compris ma manière d’opérer en ce monde. »

Glouba fit le signe du blabla avec sa main-aile plumeuse, agitant son majestueux postérieur.

« Destin ceci, Destin cela… C’est plutôt utile pour justifier n’importe quoi. »

Ça aidait à bien dormir la nuit, du moins, songea l’Hayai. Son regard flotta sur la forêt environnante, mais il reporta son attention sur son art.