«He who makes a beast of himself gets rid of the pain of being a man.»
Averse, mirage. Substantifs qui n’avaient en commun que l’éphémère et une finalité toujours peu claire pour celui qui ne voyait pas beaucoup plus loin que ce que les yeux pouvaient permettre. Réveillé aux aurores par des coups contre les contours des fins panels de toiles qui le séparait du couloir de cet hôtel miteux, il ne tarda pas à venir voir de quoi il en retournait. Un homme dans la trentaine sentant le thé noir et le tabac lui grommela quelques mots et Roki le remercia de trois billets posés dans sa main tendue avant de fermer derrière lui.
Murashigure était de taille conséquente pour un pays aux infrastructures aussi peu développées que la Pluie. Mais comme il l’avait entendu jadis, il n’y avait que les montagnes qui ne se croisaient pas ; surtout quand l’une d’elle cherchait activement l’autre.
Une brochette ornée de dango à la main, il foula donc de si bon matin les ruelles étriquées de la citadelle d’un pas plus nonchalant que marqué. D’abord, il lui faudrait être sûr de ce qu’il avait digéré la nuit précédente. Ce serait donc la première étape de ce voyage qu’il prévoyait depuis si longtemps sans jamais avoir eu les moyens de ses ambitions. Ô combien il pouvait trouver cela ridicule d’avoir lesdits moyens si tard ; d’une façon si anarchique et inexpliquée. Mais chaque question trouverait sa réponse, le vagabond en était persuadé, si tant était qu’il eut la motivation de s’en donner les moyens. Et cette motivation avait émergée.
Ce qui allait suivre était un voyage initiatique autant qu’une vénerie sans proie. Il lui faudrait des alliés, peut-être ; un plan d’action, sûrement. Au moins avait-il la destination première. Arrêté devant un étal qui semblait au demeurant assez pauvre en victuailles, il offrit à l’homme face à lui ce qui restait au fond de ses poches contre quelques provisions qu’il enfila dans sa gibecière de bois et de lin. Roki était beaucoup de choses, mais riche n’était pas l’une d’entre elles. Il aurait pu au vue de ses connaissances s’ériger une petite fortune grâce aux primes des gredins sévissant aux alentours mais l’avarice n’était point l’un de ses péchés.
Arrivé au niveau d’un homme portant un bonnet si bas qu’on pouvait à peine en discerner les paupières inférieures de ses yeux, Roki s’arrêta et expliqua la raison de sa venue de façon brève jusqu’à que l'interlocuteur pointe du doigt un petit cabaret vide vu l’heure, qui semblait parfait pour ses affaires. Après s’y être glissé, il s’installa en seiza jusqu’à qu’on vienne l’interroger sur les raisons de sa présence.
« J’attends quelqu’un qui ne devrait plus tarder et vu la pauvreté de l’affluence, j’imagine que c’est l’endroit parfait. Mon invité vous paiera dûment pour le dérangement. » Il hocha la tête pour signifier la fin de la discussion et l’errant se contenta de clore ses paupières avant d’inspirer. Quelle meilleure moyen de trouver quelqu’un que d’être recherché par celui-ci. Ingurgitant la dernière boule de mochi gluante sur le pic en bois, il patienta.
Le fameux Pays de la Pluie, ce n’est pas la première fois que je mets les pieds sur ces terres. Déjà parce qu’en tant que tout chasseur de prime qui se respecte, Murashigure est une mine d’or en informations et aussi parce que je connais une personne d’ici. Assez-t-il tout étant, ce n’est pas la raison de ma présence actuellement. J’ai eu vent d’informations très intéressantes concernant une belle prime potentielle. Un shinobi ayant trahi son peuple pour la soif de pouvoir, étant recherché mort ou vif pour une somme comme on en voit rarement. Une prime étant si intéressante qu’elle m’a fait parcourir le monde entier, c’est vous dire. J’étais sur les terres de Mizu quand j’ai eu vent de ces informations, autant vous dire que ce n’est pas la porte à côté. Autant quand ma cible est si éloigné, je ne prends pas part à une chasse, autant quand la prime est si grande, je ne peux pas l’ignorer, ce serait aller contre le principe de mon métier, puis ça me permettra de rester tranquille pendant un long moment.
À côté des autres pays, celui-ci semble toujours aussi terne et pauvre, il n’y a pas vraiment de grands changements et aucune réelle instances se dessine. Est-ce à cause de cette réputation mauvaise ? Du taux de criminalité si élevé ? Je ne sais pas vraiment et ce n’est pas mes affaires. Après tout, j’estime qu’ils devraient même continuer d’en profiter, au moins il n’y a personne pour les obligés à devenir des shinobis devant se battre pour des frontières. Ils ont encore leur libre-arbitre, tout comme chez moi, Hayashi. Libre, sauvage, mais au moins on garde notre dignité d’être humain.
Murashigure, c’est ici que je suis sûr d’obtenir toutes les informations nécessaire à ma quête. Il n’y a pas de lieu plus propice pour chercher ce qu’on veut en tant que chasseur de shinobi, de criminel. Tout le monde ici semble avoir des secrets à vendre, les personnes habitants ces terres en savent plus sur votre propre famille que vous-même. C’est impressionnant ce qu’on peut trouver comme mine d’or par moment et je sais qu’ici je trouverais forcément mon bonheur.
Je connais déjà quelques personnes qui me reconnaissent et me font un signe de tête. Je ne suis pas forcément bien vu non plus il faut dire, après tout je suis l’ennemi potentiel de beaucoup d’entre eux. Seuls certains savent que je ne chasse pas forcément n’importe qui, que mes cibles sont souvent des vrais personnes dangereuses que simplement des anarchistes. C’est pour cela que certains d’entre eux m’ont déjà donné, vendu, des indices, ils savent que je ne vais pas les trahir sous prétexte qu’ils ont simplement quitté tel ou tel village. Je serre quelques mains, demande à droite à gauche s’ils savent où je peux trouver un jeune homme ayant un sabre et étant considéré comme hautement dangereux. Rien… Que dalle, personne n’a de quoi me nourrir et je commence à croire que je poursuis une légende, un mythe.
Je fini par me retrouver dans un endroit miteux, tout aussi moche que douteux. Pourtant, il y a quelque chose qui m’a forcément attiré ici. Pourquoi ? Je ressens quelque chose, je me concentre alors quelques secondes et c’est là que je repère un chakra que je ne connais que trop bien. Plus de doute, c’est bien lui, alors je suis le chemin tracé pour finir par arriver dans la même pièce que lui. Je reste debout, venant faire de l’ombre au jeune brun, Mirefaru posté sur mon épaule qui pousse un petit bruit significatif pour signaler notre présence.
« Alors, on se la coule douce, tu n’as pas changé. »
Un sourire en coin s’affiche sur mon visage. La personne avec qui je viens d’entamer la conversation n’est pas n’importe qui. Je ne connais pas beaucoup de personnes pouvant se vanter d’être aussi puissant que lui tout en étant aussi discret. Je reste debout à ses côtés, attendant qu’il ouvre les yeux, même si je sais qu’il a certainement reconnu ma voix.
«He who makes a beast of himself gets rid of the pain of being a man.»
L’homme qu’il attendait, le vagabond le connaissait. Du moins, ses capacités lui avaient été démontrées de façon assez explicite pour qu’il les comprenne et les assimile. Alors il laissa fluctuer l’essence de son chakra et son ampleur. Pas assez pour qu’un quelconque shinobi sensible aux énergies spirituelles le ressente comme un danger mais assez pour qu’un spécialiste repère son empreinte froide et immense comme un blizzard venant envelopper l’endroit piteux.
La guerre, il ne l’avait jamais faite au sens premier du terme, mais il semblait qu’il l’avait vécue et de cette dernière, de bien chers enseignements en étaient sortis. l’Averse se savait seul et cela ne l’avait jamais dérangé, à vrai dire il se complaisait dans cette solitude propice à la réflexion et l’entraînement. Mais là n’était pas le jour à manier la lame ou faire des flexions.
Une ombre vint le recouvrir de ses larges bras intangibles. Son cou resta bien en place, son regard perdu dans la pénombre du coin de la pièce qu’il semblait s’évertuer à contempler comme une oeuvre d’art où chaque millimètre recelait des détails précieux. Le laiteux de sa face se craquela tout de même pour laisser apparaître sa dentition et donc une partie de ses canines au phrasé du fauconnier.
« À vrai dire j’attends quelqu’un. » Son air amusé resta quelques secondes gravé puis disparut aussitôt qu’il retombait dans les travers parcourus pendant l’attente. Cela sembla une invitation à le rejoindre autour de la petite table sur laquelle avait été posée dans l’interstice une bouteille de saké, de l’eau et diverses plantes.
« Maintenant qu’il est là... » Calmement, Roki sortit de sa poche un parchemin scellé qu’il posa au centre des plantes. L’encre dessinait une forme complexe prouvant à quelqu’un de renseigné qu’il serait impossible de l’ouvrir sans les connaissances ou un accès autorisé.
« Bonjour Shô. Je te passe les banalités. Cela fait quelques mois, maintenant. » Très exactement soixante-huit jours et huit heures. « Notre rencontre n’a rien d’une coïncidence, tu t’en doutes. Il s'avère que j’ai un projet que tu pourrais m’aider à accomplir ; mais il se trouve qu’il y a un petit soucis. » Finalement, il planta ses yeux cristallins dans le brun des siens. « Je n’ai pas de quoi payer et tu n’es ni garde du corps ni même guide. »
Il se servit de l’eau et vint la porter à ses lèvres. « Il y a bien quelque chose que tu désires. Parle-m’en. Quelque chose me dit que je peux t’aider. »
Rien de surprenant de voir mon ami se comporter de cette manière. Il faut dire que je suis en présence d'une personne bien plus jeune que moi, nous avons quasiment 10 ans de différence. Il reste très mâture pour son âge, à vrai dire il semble plus proche de moi que ma petite sœur psychologiquement parlant. Il faut dire que ses capacités sont bien plus développées que les siennes, même sans aucun doute que les miennes. Il reste un jeune homme et ça justifie son comportement et sa manière de parler de moi en "il".
Roki m'attendait si j'ai bien compris, comment savait il que je serais là ? M'attend t il depuis longtemps ou alors il savait que je serais là dans cette période ? En tout cas cela m'intrigue assez car même si je peux régulièrement venir en ces lieux pour des recherches, cela me semble bien plus qu'un simple hasard. Je le connais, il sait cacher sa présence et je pense que si je l'ai trouvé si facilement c'est qu'il le voulait.
« Tu m'attendais… »
Je le laisse commencer les formalités habituelles, mais à vrai dire nous sommes au dessus de ce genre de bêtises. Vous me verrez rarement demander à une personne comment elle va et je pense qu'il est assez semblable à moi là-dessus.
Mirefaru quant à lui prend son envol pour aller patrouiller dans le coin, il veut prendre ses repères, ses marques dans un cas où une galère arriverait. Je vous l’ai déjà dit, niveau sécurité il est bien pire que moi, toujours obligé de surveiller mes arrières. Je m’installe en face du jeune homme au moment de découvrir son parchemin.
« Un projet ? Dis moi tout. »
Je ne réponds que ça car c’est le plus important, mais je reste intrigué par ce qu’il a dit plus tôt. Rien d’une coïncidence ? Que voulait-il insinuer par là ? Je ne comprends pas trop, mais ce ne sont que des détails. Je commence quand même à me douter de ce qu’il s’est passé en réalité et si je ne me trompe pas, cet homme est très ingénieux.
« Bah à vrai dire, je commence à penser que la raison de ma présence ici n’a pas été un hasard. C’est toi ? Le fameux shinobi avec une grosse prime sur la tête ? Tu voulais que je viennes ici ? »
À vrai dire je pose ces questions en étant quasiment persuadé que je ne me trompe pas. Il est totalement capable d’agir de cette manière, il connaît mon plaisir pour la chasse et Roki a su tout de suite comment m’attirer là où il le veut. Il va falloir que je fasse plus attention dans le futur, s’il a compris ça, ça veut dire que d’autres personnes vont le comprendre dans le futur et je peux me retrouver piéger bêtement. M’enfin, je ne pense pas que ça arrive de si tôt, mais quand même, il m’a ouvert les yeux sur un petit détail.
«He who makes a beast of himself gets rid of the pain of being a man.»
À sa courte injonction, il ne répondit ni en gestes ni même en paroles futiles. Shô constatait, il n’était pas plus bête qu’un autre après tout. Roki ne sous-estimait à vrai dire jamais ses amis, ni même ses ennemis. Sinon, il se serait contenté d’une lettre.
« J’aimerais entreprendre un voyage vers une cité shinobi et tu t’en doutes, le climat actuel n’est pas propice à se présenter seul et sans défenses devant des forces déstabilisées par les récents événements. C’est pourquoi toute aide -triée sur le volet ça va sans dire- est bienvenue. Même recommandée. » Il termina la solution aqueuse devant lui.
Ses pupilles toujours ancrées dans celle du Hokazuka dont le volatile les avait maintenant laissés en tête à tête, il hocha la tête doucement de façon répétée deux fois au fil de ses phrases. Le vagabond n’avait là aucun intérêt à lui mentir. « Effectivement. Enfin, le comment est futile.
Pourtant je ne suis pas homme à m’endetter ni à demander la charité. D’où ma précédente question. Tout n’est qu’échange équivalent ; et je suppose que tu sais dans les grandes lignes que je peux moi-même être un allié de choix. » Il n’y avait ni vanité ni déchaînement d’égo dans sa phrase. Que la froide et implacable vérité. Depuis la Résonance, le jeune orphelin n’avait plus rien à envier à ses pairs pourvus de chakra et Shô l’avait vu de ses yeux. Une des rares pour ne pas dire seules personnes d’ailleurs.
Pas de réponse, j’ai touché juste donc on passe directement à la suite, ce qui nous intéresse réellement. La raison de ma venu ici, enfin de son étonnante convocation qui ne m’étonne pas plus que ça de ça part. Une cité shinobi hein ? Intéressant, je ne pense pas que ce soit dans les habitudes de Roki. Avec mon métier, ça m’arrive régulièrement d’aller récolter certaines informations ou même les primes dans les plus grands villages du monde.
« Toi te rendre dans une cité ? Je te préviens, si tu veux qu’on aille voir le Teikoku, il va falloir me donner de très bons arguments. »
J’ai toujours un peu de mal à mettre les pieds dans le Pays du Feu et d’y faire halte plusieurs jours. J’ai pris l’habitude de traverser le plus vite possible pour passer d’une frontière à l’autre. De tout manière, il n’aurait pas forcément besoin d’en dire énormément pour me convaincre de le suivre pendant un moment.
« Effectivement, tu n’as pas besoin de me le dire… »
L’avantage d’être de ces terres j’ai envie de dire. Si Murashigure est ici et non pas ailleurs ce n’est pas pour rien. Je sais très bien ce que mon interlocuteur à dans ses poches qui peut m’être d’une grande utilité. Cela aide beaucoup dans la chasse, un bonus inégalable. Bien sûr, je pourrais lui acheter ou trouver un moyen de me procurer un, mais c’est un peu de la triche il faut dire… Mais bon, de temps en temps, il faut savoir dire oui à l’aide du Bingo Book.
« Tu sais bien que j’aime voyager, j’en suis… Alors ? Tu veux aller où ? Iwa ? Kiri ? Peut-être Kumo ? »
Avant même qu’il me réponde, je pousse un léger sifflement et très rapidement Mirefaru me rejoint et s’installe sur mon épaule. Je lui explique qu’on va déjà repartir en voyage, à la bonheur, il déteste ce pays.
«He who makes a beast of himself gets rid of the pain of being a man.»
Roki ne connaissait du Teikoku que peu de choses ; à vrai dire il ne s’était jamais penché sur la question. Oh, il connaissait l’existence de leur empereur, de l’histoire les ayant poussé à accomplir l’impensable et conquérir Kumogakure no Satô. Mais cela s’arrêtait là. Voilà qui était étrange venant d’un lié-par-le-sang à Hi no Kuni de vouloir éviter ces guerriers. Assez étrange pour piquer la curiosité du manieur d’uchigatana.
« Ah ? Tu as un problème avec l’Empire du Feu ? C’est étonnant en connaissant l’histoire de ton clan, tu devrais être de leur côté, non ? » Dénué de toute moquerie, il chercha juste à comprendre les raisons d’un tel phrasé.
Peu de temps après, Shô accepta sans autre forme de procès, ce qui tira un air étonné au jeune homme. C’était presque trop facile mais il n’avait aucune raison de douter du fauconnier alors il ne se formalisa pas de l'interaction. Doucement, il passa son index sur le sceau qui se délia dans un petit nuage de fumée pour laisser le papier se dérouler, dévoilant une carte du monde sur laquelle on pouvait deviner les reliefs des montagnes et l’étendue des plaines jonchant le Yûkan. Certes, certains endroits n’étaient peut-être pas totalement exacts, ayant été dessinée il y a bien des années, mais elle serait assez précise pour l’usage qu’il allait en faire.
« Il faudra prendre plein est vers Ie Pays de la Terre... Et son village caché. » Roki regarda l’homme converser avec son oiseau, laissant glisser son doigt sur la destination qu’il venait d’énoncer.
« Je compte le détruire. »
Il soutint son regard à la recherche de la moindre information, afin de jauger à qui il avait à faire quant à ce genre de nouvelles. Une ou deux petites seconde après, son faciès se dérida.
Son rire vint casser l’ambiance électrique qu’une telle bombe avait pu installer. Un rire franc.
« Plus sérieusement, je cherche des informations sur un homme et je dois avoir le coeur net. Elles sont entre les murs d’Iwagakure no Satô. »
Il est vrai que cela peut paraître étonnant de ma part, mais c'est parce qu'il faut comprendre que c'est plus compliqué qu'il n'y paraît. Soit je décide d'être clair ou alors je n'en dis pas plus, après tout, c'est toujours une épreuve de parler de ses faiblesses, de ses cicatrices impensables. Cela dit, je peux très bien expliquer un minimum.
« Mon problème n'est pas avec l'empire en lui-même, les systèmes politiques ne m'intéresse pas vraiment. C'est juste retourner sur les terres du Feu qui ne m'est pas forcément agréable. »
Je ne peux m'empêcher de repenser à ce que j'ai vécu pendant l'attaque, voir mon père se faire assassiner sans rien pouvoir faire d'autre que nous dire de courir. J'entends encore son cri, résonnant dans ma tête encore et encore, comme un tambour. Pourtant j'entends ce qu'il se passe autour de moi, je sais qu'il parle d'Iwa, mais je n'arrive pas à me concentrer sur ses mots jusqu'à…
Un air surpris s'affiche sur mon visage, je dois dire que je m'attendais à tout sauf ce projet. Cela me semble bien ambitieux en partant de rien, enfin de nous deux. Stop. Pas le temps d'aller plus loin dans ma réflexion quand Roki se met à rire. Je me disais bien aussi, il est peut-être doué, mais quand même, il y a des limites.
« Iwagakure hein, je t'ai déjà dis que c'est là-bas que j'ai trouvé cette vocation ? »
Vieux souvenir aujourd'hui, ma première chasse, ma première prime sur un heureux hasard. Sans ce jour, je n'aurais peut-être toujours pas compris que chasser un être humain est tout aussi amusant que chasser du gibier. Mirefaru semble content de la nouvelle, il préfère largement les hautes montagnes du Pays de la Terre.
«He who makes a beast of himself gets rid of the pain of being a man.»
Du peu que Shô voulait bien laisser filtrer, il ne fut pas difficile de comprendre qu’un traumatisme infligé sur ces terres l’empêchait de les parcourir plus que quelconque individu. Il ne continua donc pas sur ce chemin de la discussion, jugeant que le ninja face à lui en avait déjà assez dit.
Roki analysa son air qui se voulait surpris et ça se comprenait aisément. Il ne comptait pas s’enticher d’un destructeur de factions en devenir et le Hokazuka n’en était point un, du moins à ce qu’il laissait paraître. Les shinobis et leurs alters-ego étaient connus pour leur capacité à manigancer ; à la sournoiserie. Cela les définissait, à vrai dire.
« Ah bon ? Ce n’est pourtant pas le plus grand des viviers de proie.U.C » Il haussa un sourcil en se demandant comment cela lui était venu. Après tout les Hokazuka -et par extension les Inuzuka- étaient connus pour être de fins limiers, alors pourquoi ce potentiel aurait été déterré si loin et si tard… ?
Regardant maintenant le volatile qui semblait tout comme son maître doué du don de réflexion, la discussion semblait l’enchanter. À bien y réfléchir, Ame no Kuni n’était point un don du ciel pour quelqu’un de son espèce et il devait être bienheureux de quitter ces terres austères et arides où la pluie régnait en grande maîtresse.
« J’ai l’impression que tu t’accommodes bien au fait de me suivre. Toutefois je réitère mon propos. Je ne veux ni ne peux t’être débiteur. Alors il faut que tu trouves ton compte dans cela. Je t’écoute, Hokazuka Shô. »
Les doigts croisés entre eux, il quitta l’animal à plumes du regard pour écouter la possible demande.
Dernière édition par Yūdachi no Roki le Lun 9 Mar 2020 - 23:08, édité 2 fois
C’est sûr que ce n’est pas forcément sur les terres du Pays où est installé Iwa qu’il y a forcément le plus de primes à récolter. Contrairement à ici ou pour choisir un pays habité d’une cité, celui de l’Eau, qui est réputé pour avoir plutôt de sacrés spécimens dans leurs rangs. Mirefaru reprends la direction des airs, il est tellement empressé de partir qu’il commence déjà à vouloir faire l’éclaireur, quel impatient.
« Tu as raison, mais ça m’est tombé dessus par hasard. Cela faisait peu de temps que j’avais quitté ma vie sauvage à Hayashi et j’ai croisé des shinobis d’Iwa poursuivant quelqu’un. Je les ai aidé puis quand j’ai récolté ma récompense, j’ai compris que c’était le meilleur moyen pour moi de me faire de l’argent… Qui est aujourd’hui indispensable pour survivre hors de chez moi… Tout était plus simple quand même. »
C’est vrai qu’au moins avec ma famille et mon clan il n’y avait pas d’histoire d’argent. Nous avons les chasseurs, les constructeurs et tout ce qu’il faut d’autres pour être auto-suffisant. Cette vie me manque parfois, mais si je reste enfermé dans cette vie, je resterais un ignorant et je n’en saurais pas assez sur ce monde. Malheureusement, je suis bien obligé de voyager partout pour en savoir le plus possible.
Roki semble bien étonné que j’accepte de l’accompagner sans en demander forcément plus. Comme dirait le dicton, les bons comptes font les bons amis et je commence à penser qu’il veut vraiment que les choses soit mise à plat. Je comprends, après tout, rien n’est gratuit dans le Yukan et il vaut mieux être sûr qu’il n’y aura pas de problèmes dans le futur par rapport à son projet et mes ambitions.
« Oh tu sais, tu as en ta possession un bouquin qui me sera fort utile. Voyager avec toi ouvre plus de possibilités, plus d’informations sur les primés de ce monde. Et puis, dans mes souvenirs, il y a de l’action quand on traîne ensemble… Tu te rappel ce camp qu’on a rasé ? »
En effet, lors d’une de mes anciennes recherches, je n’avais eu d’autres choix que de faire appel à lui pour réussir ma mission. Le campement de la femme recherché était rempli de personne de tout genre, shinobis, épéistes... Trop nombreux pour ma seule personne et vu que ce fameux camp était sur les terres de la Pluie, j’ai eu recours à l’appel d’un ami, Roki.
«He who makes a beast of himself gets rid of the pain of being a man.»
Le vagabond regarda de façon presque mélancolique l’oiseau quitter son sommaire perchoir pour prendre la voie des airs. Un tel don l’aurait aidé dans bien des épreuves et l’aurait sorti de nombres de mauvais pas. Simplement s’envoler loin d’ici… Il y avait pensé maintes fois. Mais des liens intangibles l’avait retenu ; des liens qu’il avait lui-même tissé par son inefficacité.
La Résonance avait balayé ses doutes d’un revers de main. Dans un sens, c’était bien elle qui provoquait aujourd’hui la discussion entre le chasseur et le sabreur.
« Soka. Je n’ai personnellement jamais mis les pieds là-bas alors j’imagine que quelqu’un connaissant l’emplacement ne sera pas de refus. » Il venait de prouver à Roki la justesse de son choix, celui de lui demander d’être son guide.
« J’ai moi-même déjà ramené quelques primes pour survivre quand les temps étaient durs. » Jamais d’innocents. Jamais de shinobis primés au marché noir ; c’était son credo quand il en venait à ces extrémités.
Un inextricable sourire bien plus joueur se dessina quand Shô lui parla de ce fameux livre. C’était une erreur commune à tous les non-Amejins que de penser qu’à la naissance, on leur accordait à chacun un ouvrage mis à jour automatiquement comportant chaque personne susceptible de rapporter des ryôs. Ce n’était anodin qu’il en vienne à sourire et il se le permit en entendant l’évocation de leur dernière rencontre.
« Une funeste journée qui a rendue un fier service aux Amejins, s’il en est. » Il plissa les yeux vers l’extérieur, où on ne pouvait maintenant plus distinguer le majestueux oiseau, bien trop près des nuages gorgés d’eau.
« Pour tout te dire, je n’ai pas en ma possession ce que tu sous-entends. Mais je dispose effectivement de ces informations qu’il m’a fallu amasser au fil des années. Ce sera un plaisir de t’aider, tant que tu te cantonnes à pourchasser les mauvais. » Le jeune homme ne connaissait peut-être pas le monde shinobi mais ses membres... Il se resservit de l’eau et pointa du doigt son paquetage posé contre un mur de l’échoppe délabrée.
« J’ai déjà préparé quelques provisions. Tu sais si le voyage sera long ? Je suis disposé à partir sur-le-champ. J’espère qu’il te reste un reliquat de tes précédentes chasses ; je suis à sec. » Il émit un court rire en se frottant la tête puis se leva d’un mouvement qui laissait présager de sa souplesse et embarqua son sac sur l’épaule en attente d’une direction.
Ce sera clairement plus simple pour Roki de se rendre au village caché Iwa en ma compagnie que tout seul. Déjà parce que voyager dans le Yukan sans en connaître les ni les terres ni les frontières c’est compliqué, mais en plus on appel pas ça un village caché pour rien. Pour aller à Iwa il faut passer par les crocs rocheux et autant vous dire que ce n’est pas une mince affaire la première fois, un véritable labyrinthe. À vrai dire, je ne suis même pas sûr à 100% de pouvoir les traverser sans problème, nous verrons bien, toute façon dans le pire des cas j’ai mon ami Mirefaru qui nous guidera.
J’ai tendance à oublier que Roki n’a pas vraiment grand chose à m’envier quand il s’agit de chasser une prime, mais ce n’est pas forcément une partie de plaisir pour lui. Moi, dès qu’on me parle d’une cible, mon côté sauvage ressort immédiatement et je ne pense qu’à une chose, ma proie. Alors autant j’adore ça, autant je choisis quand même mes primés, il ne faut pas abuser, des fois il y a des primes qui ne veulent rien dire. Par rapport à ce que la personne a fait, je décide si oui ou non elle mérite que je la chasse. Mon ami quant à lui ne ressens pas ce besoin et cet amour pour la chasse sinon il serait déjà bien plus riche que moi.
« Je n’en doute pas, peut-être qu’un jour cela viendra plus régulièrement, que tu comprendras mon amour pour la chasse. »
Mais j’en doute fort. Ce n’est pas vraiment dans son tempérament alors que moi… C’est toute ma vie. Je ne peux m’empêcher de repenser aux combats sanglants et être satisfait de notre réussite passée. Ce fût une de mes missions les plus amusante au final et pourtant je n’aime pas forcément travailler en équipe, mais pour le coup, voir Roki à l’oeuvre c’est quelque chose.
« C’est surtout de tes informations que je parlais effectivement, mais… Comment dire que telle ou telle personne est mauvaise ? Le bien et le mal c’est assez subjectif tu ne pense pas ? »
Pour prendre un exemple, l’Empereur du Feu, pour beaucoup il a oeuvré pour le bien, pour Hi no Kuni, mais pour d’autre c’est simplement un autre leader voulant pouvoir et qui est prêt à tuer tous ceux qui le dérangent. Alors… Peut-on vraiment dire si cet homme est mauvais ou non ? Libre à chaque personne de faire son avis sur la question.
Je lui emboîte le pas quand il se lève enfin et me signale qu’il est totalement prêt à partir. Parfait, je ne voulais pas rester ici encore plus longtemps. Je n’avais plus rien à faire, plus rien à trouver sur ces terres alors autant s’échapper d’ici sans plus tarder.
« Non ça ne sera pas long, en plus même pas besoin de traverser un autre pays, direction, le nord. »
Je balance en direction du taulier des lieux une petite bourse pour payer ce que Roki lui doit et je commence à prendre la route, Mirefaru prenant de l’avance pour surveiller pour nous. Même si je doute qu’on se fasse attaquer sur la route, on ne sait jamais, après tout avec mon métier je dois avoir des ennemi et j’imagine que Roki n’est pas non plus totalement blanc, lui aussi doit avoir des gens qui lui veulent du mal, mais lui-même ne le sait peut-être pas.
«He who makes a beast of himself gets rid of the pain of being a man.»
Le sang, la traque et la mort. Autant de choses qui le ramenaient forcément à revivre un passé qu’il voulait à tout prix laisser derrière lui. Plus jamais ça ; plus jamais. Ni pour de l’or, ni pour la renommée. Si on le regardait d’un point de vue extérieur, il n’était qu’un ballot de paille entaché de vermeil que les vents de la destinée avaient poussé sur des chemins qu’il n’aurait pas décemment choisi.
« C’est une conception personnelle, j’imagine. En tout cas, ne compte pas sur moi pour participer à la traque de quelqu’un qui ne mérite pas tel sort. Même si je te dis des évidences, j’imagine. » Shô le connaissait après tout assez pour qu’il n’ait pas à se fendre d’immenses discours.
Dans un certain calme d’abord, la petite coalition quitta donc l’endroit sans un ryô ni un mot pour son gérant qui semblait trop apeuré par les shinobis pour n’émettre un traître mot jusqu’à que l’Hokazuka lance vers lui un petit sac ficelé qui éclaira ses traits d’une lumière que Roki ne pouvait qu’admirer. Certains hommes n’étaient vraiment contentés que par cette ressource ; et il lui dédiaient leurs vies.
« C’est toi le maître fauconnier alors j’imagine que je vais te suivre sans broncher. » Ajustant la lanière de cuir sur son épaule afin d’en faciliter le transport, le vagabond entama donc son périple aux côtés de Shô vers la capitale militaire de la Terre.
Les minutes se transformèrent en heures tandis que les protagonistes taillaient le chemin sur des terres que le brun ne connaissait que trop bien. Dur de définir ce qu’il ressentait, à mi-chemin entre l’excitation de découvrir des nouvelles choses et l’appréhension que ses craintes les plus sombres se réalisent. Deux voies lui avaient été inculquées. Laquelle prédominerait… ?
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