Les bottines cloutées tapant contre le sol, contre le marbre du palais précaire installé au cœur de l'ancienne assemblée du village de la foudre. Chacun des pas de l'ombre, renforcent le caractère tumultueux de cette figure, craquant ses articulations des mains au cou, Jun tire sur sa cigarette en pressant sa marche. Ses iris rubis transperçant quiconque essayant de l'arrêter, il y a un temps pour tout. Elle n'est plus à la botte de quiconque sauf l'unique personne dont elle vint aujourd'hui s'enquérir, et c'est justement parce que la Régente est la seule à dicter ses missions et son comportement, qu'elle s'en préoccupe encore plus. L'horreur n'est rien face à l'impuissance, rejoindre un Empire est une chose, se donner corps et âme pour ce dernier le résultat d'un long processus d'assimilation et de dévouement en revanche la certitude ne pas être le bienvenue et de se sentir épier c'est dérangeant mais passable. Mais lorsqu'un incident mène l'unité censé être en charge du territoire de la foudre devant une potentiel crise, il devient impératif de prendre des mesures. Si la tête tombe le corps suit, Joo n'a pas la prétention d'être le cerveau de quiconque, de quelconque organisation, en revanche voir ce corps pourrir et nécroser sans rien avoir fait est quelque chose d'impensable. Les mètres la séparant de l'office de la Régente se réduisant, son plan d'action prêt, l'esprit se vide, la cigarette s'écrase sous ses bottines, son ample bas contrastant avec le haut serré et paramilitaire que portait désormais quotidiennement la Lieutenante de l'Empire. Un ange passe, l'on tente de lui barrer le passage, la force brute lui ouvre l'entrée du bureau de la Régente, déglutir et inspirer longuement avant d'ouvrir les portes avec violence. Un coup de pied, une entrée en scène qui se veut remarquant, dans l'assemblée calcinée Rie décida d'établir son bureau, dans l'assemblée calcinée Joo Jun décide d'intervenir. Elle n'est pas seule sur le coup, il suffit de maintenir l'attention de l'Hokazuka et de son serpent en sa direction, et pour attirer l'attention elle est forte. Mais plus comme avant, le froid et la formalité ont prit le dessus sur l'insolence et l'impatience. Avançant, à mi chemin entre l'entrée et l'office de la personne la plus importante à Kumo présentement, posant un genou au sol, le regard baissé avant de relever légèrement la tête.

-Régente, la mission concernant la réouverture de la Forge est un succès, les travaux vont suivre. J'ai offert en votre nom des conditions alléchantes aux Metaru pour que la réticence laisse place aux négociations, j'ai éliminé la peste en épargnant ceux qui pouvaient être sauvés. Tout ceci n'est rien en comparaison de ce que je peux accomplir, pour l'Empire et pour vous, nous n'avons pas la même vision des choses néanmoins.

Elle souffle, ses iris rubis rencontrant ceux de la dame au serpent, toutes deux ont un point commun. Des reptiles sont leurs plus fidèles compagnons, des sangs-froids suivant deux femmes opposées. Mais comme devant les portes et son recrutement, Jun ne laisse pas les différences d'esprits et point de vues brouillés son impression et son jugement. Ne pas se lever tant qu'on en a pas eu l'autorisation, se soumettre aux règles et changer de comportement, c'est ainsi qu'on prend en galons et qu'on monte les échelons. Mais l'obéissance seule ne suffit pas, la force et la notion de puissance assure un futur plus simple et moins dramatique que dans certains cas.

-Néanmoins, nous étions deux lieutenants et me voilà désormais seule. Nara Shikarin a disparu, dans des conditions étranges, mais il n'est pas la cause de mes maux. Non, chacun peut aller de sa théorie quant à sa disparition soudaine, l’entièreté du protectorat peut disparaître cela n'empêcherait pas de dormir, enfin si mais c'est pas le sujet. C'est peut-être présomptueux mais qui nous dit que la prochaine cible, personne à partir sans crier gare ce ne sera pas vous? Ou moi même. Nous sommes assis sur une cocotte minute, ne demandant qu'à exploser, n'est-ce pas temps de prendre des mesures Ô Régente? N'est ce pas le moment de montrer que la patience et la gentillesse de l'Empire a des limites? Si nous n'agissons pas, non vous n'agissez pas on verra cela comme un signe de faiblesse et si vous agissez de manière trop draconienne il y aura dans tous les cas des protestations. Mais ceux là ne vous sont pas loyaux, protéger ceux qui le sont et leur montrer que vous répondez à leur inquiétudes ou préoccupations, cela me parait juste et avisé. Si je dépasse les bornes, je m'en excuse.

Cela était sincère et vrai, néanmoins il était temps de sortir de cette torpeur cette figure mystérieuse qu'était Hokazuka Rie. De lui montrer que tendre la main c'était bien, de vouloir faire figure maternelle et compréhensive aussi, mais que la majorité des opposants dans les ténèbres n'attendaient que de voir le rôle et l'Empire, tout ce qu'elle représentait tomber et ne jamais se relever. Alors il fallait poser la question qui piquerait, au risque de se faire mordre par le serpent.

-Si vos loyaux serviteurs disparaissaient en une nuit, si un soulèvement éclatait le temps que l'Empire envoie des renforts, si tous venaient à périr y comprit ma personne et que vous étiez seule. Je tente de bien formuler et de le faire aussi poliment que possible, mais au final la seule question c'est importe c'est : Savez vous vous battre Régente? Préférer la paix est tout à fait louable, mais avez vous déjà ôté une vie? Et quand commencerez vous à considérer que cela pourrait arriver en ces lieux?

@hokazuka rie