Shizuka Marumono, grand architecte et responsable de l’ensemble des chantiers de reconstruction de Kiri la Grande est accoudé au comptoir, un verre de saké à moitié vide – ou à moitié plein si l’on est optimiste – dans une main, tandis que l’autre tient un papier qui explique sans doute son visage affligé. La fatigue est omniprésente dans son expression mais aussi dans tout son corps, après des jours passés à donner des ordres, préparer des plans, diriger, mettre la main à la pâte… Il est au four et au moulin, mais malgré tout, il sent qu’il n’y parviendra pas. Kagai Inja a fait le vœu de reconstruire le village, mais ce n’est pas lui qui va le faire, car il est Mizukage et donc ninja, pas ouvrier ni architecte. Le temps limite donné pour que tout soit refait à neuf – ou presque – est très court, et quasiment insurmontable malgré les efforts des ninjas et des ouvriers qui, pour les premiers, sécurisent l’arrivée des matériaux pour rebâtir, et qui, pour les seconds, travaillent d’arrache-pied pour assembler cela en des bâtisses resplendissantes. Le barman s’approche, étant un grand ami de Marumono, et lui demande ce qui le tourmente.

« Baki… Nous n’y arriverons pas, quelle image cela donnera de nos deux Mizukage si je ne parviens pas à trouver une solution. Quelle image aura le peuple de notre village, si nous échouons face à une tâche aussi aisée ? »

Il attrape le col de son ami, désespéré en tant que bon Kirijin de ne pas réussir l’épreuve qui lui est présentée, alors que ses camarades shinobis ont vaincu un Dieu, mis fin à une guerre civile sanglante et arrêté un ancien Daimyô fou furieux accompagné de fanatiques dérangés à la puissance incroyable ? Mais le barman n’en est pas à sa première fois, il a déjà vu des centaines d’hommes à la place de cet architecte, désespérés.

« Pourquoi ne pas faire appel à ce peuple, justement ? Nous avons tous montré à plusieurs reprises que nous savons nous unir malgré nos différences, contre un ennemi commun. Même si c’est moins impressionnant qu’une torture à trois queues, la reconstruction du village en un temps record peut montrer notre force, d’une façon différente… »

Les yeux du Shizuka s’illuminent, comme si l’idée du tenant du bar allait lui permettre de vaincre l’homme au chapeau en un coup. Bon, ça ne doit pas être si fabuleux, mais au moins, cela lui enlève une certaine dose de désespoir. Il ne lui faut donc pas plus que la nuit pour préparer un plan de bataille. Il se rend le lendemain matin chez une personne en particulier, une belle blonde dont il a obtenu l’adresse par certains contacts qu’il possède, et frappe à sa porte. Leur discussion ne sera connue que d’eux deux, mais il sait qu’il peut compter sur elle, car elle a réussi à organiser un événement qui a réuni tout le village l’espace d’une soirée, et il sait qu’elle parviendra à les réunir encore pour un but plus qu’honorable… Le reste ne dépend que d’elle, Hayame Atsumi devra user de ses charmes pour faire se lever le peuple Kirijin et venir aider les ouvriers au bord de la rupture.

Spoiler:

La nuit avait été agitée, dans l'auberge où elle s'était rendue hier. La musique, les danses, les bruyantes conversations, et bien sur … L'alcool. Comme beaucoup de jeunes gens de son âge, Atsumi savait s'amuser, et elle profitait pleinement des quelques jours qu'elle avait posés pour souffler un peu.

C'est donc avec l'esprit légèrement embrumé qu'elle fut tirée d'un doux sommeil le matin même. Quelques coups avaient été tapés à sa porte, phénomène rare et par conséquent sources d'inquiétudes pour la blonde. Enfilant rapidement un peignoir pour couvrir son corps uniquement habillé de sous vêtements, Atsumi descendit d'un pas lourd (qu'on ne lui connaissait) pas les escaliers de sa petite maisonnette.

A la porte, un homme dont le visage lui était inconnu.

« Bon … jour ? » dit-elle, la voix légèrement rauque, éblouie par la lumière extérieure.

Le bonhomme n'était pas bien grand, mais affichait un corps robuste et des épaules incroyablement larges. Un casque jaune fluo était posé sur sa tête et à sa ceinture demeuraient une multitude d'outils qui n'inspiraient pas grand chose à l'espionne. Il se présenta avec une voix qui était surprenante de douceur pour un homme de son gabarit.

« Hayame Atsumi ? Bonjour, désolé de vous tirer du lit à une heure si peu avancée de la matinée. Je me prénomme Shizuka Marumono, et je suis en charge des différents chantiers du village pour la reconstruction. » lui dit-il, en lui tendant la main.

Intriguée, elle se contenta d'échanger une poignée avec le dénommé Shizuka en renouant son peignoir.

« Enchantée Shizuka, euh .. que puis-je faire pour vous ? »

Il était certainement venu la prévenir qu'il y allait avoir beaucoup de bruit ou peut-être des coupures électricité dans la journée ?

« Voyez vous, mes gars et moi, on a pas mal … disons traîné ces derniers temps. Mauvaise météo, sous effectifs, manque de moyens … Bref. Les villageois commencent à trouver le temps long et les plaintes ne font que tomber depuis plusieurs semaines. Nanadaime Sama a lancé un grand plan pour accélérer les construction et boucler tout ça une bonne fois pour toute ... »

Super, la voilà réquisitionnée pour aller empiler des pierres … Bah, si le village à besoin de mains après tout …

« … Et c'est là que j'ai grand besoin de vous. J'ai eu pour idée de mobiliser un certain nombre de shinobis afin d'assister mon équipe un maximum. Des zones à déblayer, de la sécurité à assurer … On ne manque pas de boulot. Seulement, je ne sais pas trop comment m'y prendre avec vous autres ninjas, et je me demandais si une figure plutôt familière à leurs yeux comme vous accepterait de m'épauler dans l'organisation d'un tel projet … ? Votre travail pour le festival était remarquable, c'est pour cela qu'on m'a suggéré votre nom. »

Encore un peu dans les vapes, Atsumi laissa un court silence durant lequel elle tenta de bien assimiler tout ce qui venait d'être dit.

« Euh … et bien … d'accord, oui » balbutia-t-elle.

« Parfait ! » dit l'homme, en claquant ses deux grosses mains d'un coup avec un air enchanté « Je vous donne rendez vous dans l'après midi pour qu'on puisse discuter de tout ça ? »

[…]

Depuis quelques jours maintenant, l'ensemble de la population avait pu voir, ça et là, une flopée d'affiches, de flyers, et de grands panneaux invitant les shinobis et villageois qualifiés à s'adresser au palais du Mizukage pour aider le village caché à se reconstruire, une bonne fois pour toute.

Ils pouvaient même, parfois, apercevoir une certaine blonde à leur porte, leur demandant si ils avaient une minute à lui accorder, le visage tout sourire, et une copie des flyers à la main.

Atsumi avait encore frappé, elle était à l'origine de cette grande campagne de recrutement, et elle attendait quiconque souhaitant offrir ses talents aux chantiers de la brume dans le palais, à un petit bureau bien visible.

Comme toute mission, la participation offrait une rémunération. Plutôt maigre en comparaison du pactole promis par les missions périlleuses qu'avaient pour habitude de réaliser les shinobis. Néanmoins, la satisfaction de voir son village renaître de ses cendres, ainsi que le visage radieux de la population valait tout l'or du monde, pas vrai ?

Il suffisait à n'importe qui de remplir un formulaire avec nom, prénom et éventuellement matricule Ninja. Suite à cela, les ouvriers en herbe se voyaient attribué à un poste qui leur convenait, et devaient signaler leur présence sur le chantier, ainsi que leur départ, en indiquant bien l'heure à chaque fois.

La main à la pâte.

La fin de journée s’annonçait par l’éclairage publique se mentant doucement en marche, quand celui-ci était encore présent. Son retour chez soi fut des plus marquant, ça et là, la grande brune fraichement débarquée de sa croisière d’enfer ne put que remarquer l’état déplorable de la citée. Les bâtiments présentaient tous des fissures, des dommages plus ou moins importants, quand ce n’étaient pas des ruines dont les habitants avaient été évacué. Elle prit conscience des dires de l’agent de l’immigration à son retour, son absence pouvait difficilement être tolérée, elle le comprit en voyant l’état de la ville. Heureusement qu’un charmant confrère était venu lui remonter le moral au port, sinon la médecin aurait passé une sale soirée à se morfondre. Par chance, en arrivant à l’immeuble où se trouvait son appartement, elle eut la surprise de le trouver dans un état convenable, mais surtout toujours à son nom malgré un an sans donner signe de vie. La kunoichi passa rapidement devant les boites aux lettres, voyant sans surprise la sienne débordée. Elle soupira longuement, mais prit son courage à deux mains pour en récupérer l’intégralité, décidant d’en faire le tri le lendemain.

Shizune eut comme un haut le cœur quand elle passa sa clef dans la serrure, elle retrouvait enfin son chez soi. La porte s’ouvrit dans un grincement, lui laissant le champ libre pour redécouvrir son havre de paix. Rien n’avait changé au final, sinon la mince pellicule de poussière qui s’était accumulée depuis, la femme progressa dans l’ombre, s’aidant de sa mémoire pour s’orienter. Une certaine facilité, la trentenaire avait la bonne habitude de tout organiser, chaque objet avait sa place, sa fonction. Cependant, sa fatigue la poussa à poser négligemment ses affaires et le courrier sur la table kotatsu qui trainant au centre de la pièce. Elle tira l’une des portes coulissantes, révélant un lit encastré pour une personne, il était déjà prêt, comme au moment de son départ. Elle s’allongea de tout son long, et se laissa dicter par sa penser : dormir.

Au réveil, la kirijin fut étonner de découvrir l’heure, très tôt, trop tôt, pourtant, elle se sentait parfaitement reposé. Shizune pensait pourtant passer une nuit agitée, comme pendant son voyage, mais il n’en fut rien. Impossible que son corps et son esprit se soient réhabitué si vite à sa vie d’avant, mais les faits parlaient d’eux même. Avant de songer à manger un morceau, il se précipita dans la salle de bain pour se doucher, n’en pouvant plus d’empester le sel et l’air marin. A son retour, son regard se posa sur le courrier balancer la veille sur la table, un prospectus se démarquait au sommet de la pile, suggérant qu’il était récent. Curieuse, elle attrapa le papier apprenant bien des choses. Le village aurait donc subi l’attaque d’un dieu ? En y repensant, avant de partir elle avait dû subtiliser un vieux bouquin au sujet d’un mythologie similaire, elle eut comme un frisson. *Ne me dites pas que ces conneries c’étaient pour de vrai ? Non de non…* Shizune se sentit stupide, elle se secoua avant de reprendre la lecture. On demandait aux shinobis d’aider à la reconstruction, contre petite rémunération. La médecin n’avait que faire de l’argent, c’était l’occasion rêvé de se faire remarquer dans le bon sens. Retroussant ses manches, elle prit la décision d’assister les travaux pour signifier son grand retour.

L’opération séduction avait eut l’effet désiré, Shizune était loin d’être la seule à se présenter au bureau de recrutement. La brune profita de l’occasion pour essayer de reconnaitre des visages familiers, non sans surprise, l’agent auquel elle se présenta pour remettre son formulaire lui adressa un sourire complice.

- Mais c’est ma copine Yukino que voici, fit-il en lui souriant. T’as manqué la fête ma peuvre, mais tu viens te rattraper pour le gros œuvre, c’est sympa. Bon, on ne va pas trainer, y’en a d’autres qui attendent, je t’affecte ici, pas de grosses charges mais les gars utilisent des outils dangereux sur place, une soignante ne sera pas de trop. ( Il lui tendit un nouveau formulaire complété tout en profitant de l’occasion pour se redresser et lui donner une tape sur l’épaule. ) Bon retour parmi nous.

Shizune retrouva le sourire, effectivement, cela faisait du bien de rentrer.

Les grands travaux avaient été ralenties par une perte de motivation flagrante des civils, et nombreux étaient les bâtiment à redresser suite à la guerre civile qui avait fracturé leur village entre deux camps. Ce chantier n’était pas n’importe quel chantier, et ce palais n’était pas n’importe quel palais. Il représentait certes l’influence du pouvoir parmi le reste des structures, mais il s’agissait avant tout du signe que Kiri se relevait complètement des événements difficiles qu’ils avaient traversé ensemble.

Quelle image donnerait-il à ses concitoyens en ne participant pas à lui-même à la reconstruction de sa propre résidence? Quelqu’un qui serait tellement supérieur aux autres qu’il se dispenserait s’adonner à des travaux manuels et laisser ses subalternes s’occuper de lui offrir le prestige de s’asseoir ailleurs que dans un bureau de fortune? Il n’avait aucune intention de savoir que le projet de reconstruction battait de l’aile et ne pas mettre à contribution son propre savoir-faire dans le domaine du Doton.

Il était venu sans escorte en cette journée couverte par la brume éternelle, il avait vu les affiches dans les rues appelant au volontariat des shinobis pour participer à cette initiative lancée par une blonde qui s’était fait une petite réputation lors du festival d’été. L’endroit était déjà plein d’âmes volontaires et qui s’étaient déjà lancé dans la destruction des anciennes ruines du palais afin de récupérer des matériaux pour tout bâtir de nouveau.

Déjà, le mouvement avait été commencé par Mafuyu, le samouraï qu’il avait rencontré dans les Geôles avant de le libérer de sa cellule. S’il avait exprimé à sa façon son patriotisme ardent envers la Brume, il le faisait cette fois de façon tout aussi concrète, non plus par la lame mais par son talent pour le Doton. Une affinité que le Sabreur masqué maîtrisait également, tout comme son prédecesseur Kagai Inja. Des utilisateurs de Fûton se joignaient à l’effort de raser complètement les ruines pour libérer le terrain.

Toutefois, c’était sans compter l’impact des lames de vent et des pics de terre qui libéraient des fragments volant dans tous les sens, c’est à ce moment que la silhouette noire de jais du Nobuatsu apparut devant les ruines pour bloquer des éclats de pierre qui menaçaient de toucher l’un des adeptes du vent. Ce n’est qu’après cette intervention qu’il rengaine son épée avant de s’approcher du groupe des volontaires pour lui montrer sa reconnaissance et lui adresser un bref discours qui s’imposait afin d’inaugurer ce travail d’équipe de grande ampleur.

“Kirijins. Votre présence montre à quel point vous portez Kiri dans votre coeur, votre investissement ici est la preuve que vous avez la volonté de travailler dans les intérêts de notre village, puisque redresser le palais de la Brume marquera la dernière étape des grands travaux. Je vous félicite tous pour votre initiative, elle me montre encore tout le parcours qu’il me reste à faire en tant que Septième Ombre pour mériter un tel dévouement. Maintenant je me permets encore de faire appel à votre esprit de cohésion pour mettre un point final à ce chapitre de notre histoire.”

Il n’y avait rien de guerrier ni de très attrayant dans le fait de participer à un chantier que l’on délègue généralement aux civils, tandis que les shinobis se voient confier des missions plus dangereuses qu’ils sont les seuls à accomplir, telle est la répartition fondamentale qui a de tout temps régi leur société. Exceptionnellement aujourd’hui, les ninjas étaient conviés à ériger grâce à leurs talents respectifs, un bâtiment dont ils pourront s'enorgueillir d’avoir été les collaborateurs.

Ce jour marque sa première pierre à l’édifice, la première avant au moins plusieurs semaines à employer son chakra pour accélérer le chantier principal des grands travaux.

Spoiler:

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Les dommages faits par les belligérances, la rébellion et même un Dieu, plus que le témoin, Kyûseishu en avait été la victime. L’assaut de Sanbi avait détruit l’un des piliers sur lequel reposait sa vie à Kirigakure no Satô, le seul. Mais il n’était pas venu le temps de se laisser abattre et fidèle à son caractère, il fut l’un des premiers à venir chercher son papier ou dieu seul savait ce que représentait cette fiche. Le jeune Genin accepta sans rechigner d’apposer quelques kanjis sur le reçu puis prit la direction du centre-ville où ses “talents” pourraient servir au plus grand nombre, bien content de pouvoir enfin être vraiment utile aux siens. Vêtu pour l’occasion de son habituelle tenue noire à boutons, il chercha du regard le premier endroit où il pourrait être utile. Au loin, il lui sembla discerner plusieurs autres kirijins et avant qu’il ait eu le temps d’arriver à leur rencontre, le Vent et la Terre se mirent en branle sous l’impulsion des jutsus de ses camarades aux bandeaux pourvus de trois traits ondulants. Abasourdi par un tel talent qui lui rappelait inévitablement ô combien il en manquait dans ce domaine, il regarda avec des yeux d’enfants le phénomène ; la nature se courber aux désirs ardents de shinobis qui avaient fait leurs preuves.

Un débris alla heurter l’un d’entre eux quand un homme vêtu de noir dont le visage restait masqué mais dont il n’eut pas besoin de le voir pour comprendre de qui il s’agissait le détourna de sa simple lame. Nobuatsu Saji, le Cavalier de Feu et Ombre actuelle de l’Eau. Il écouta le discours avec autant d’admiration que pour ses gestes et frappa de son poing au creux de son autre paume une fois fini, après avoir applaudit frénétiquement, ce qui ne manqua pas de faire ironiser quelque shinobi aux alentours. Quel style ! L’idée de s’infiltrer dans le Palais pour découvrir à quoi il ressemblait une fois endormie écartée, il commença alors à faire sa part du travail en déblayant les décombres devant une large échoppe, les uns après les autres. Un homme énorme à la toison grise vint lui signaler qu’en jetant ainsi ce qu’il enlevait du milieu, Kyûsei avait abîmé la demeure à côté et tout penaud, il promit de faire plus attention.

Quant le jour commença à disparaître à la faveur d’une voûte céleste plus foncée, il avait rempli plusieurs charrettes de matériaux divers qu’on recyclerait ou détruirait. La petite ruelle choisie avait déjà l’air de respirer un peu mieux. Ce qu’il avait prit presque une demi-journée à faire, un utilisateur du Doton l’aurait effectué en moins d’une heure mais que voulez vous, il ne savait qu’utiliser la force pure et pas grand chose d’autre.

Loin de complexer, il accepta l’eau qu’on lui apporta puis continua après cette petite pause improvisée à écouter les conseils du maître d’oeuvre auquel il commençait à taper sur le système par ses questions et ses remarques. La Balance dans toute sa splendeur.

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« Puisque je te dis que tu peux y aller ! » L’homme le toisa avec un air gêné. « C’est pas une bonne idée et l'hôpital a pas besoin de plus de blessés. C’est pas un sprint mais un marathon, alors doucement gamin. » L’air de Kyûseishu passa du simple benêt à la détermination pure et dure, avec tant de véhémence dans ce changement que l’ouvrier s'exécuta et déposa toujours plus de matériaux sur la nacelle liée à son dos et son torse par de la corde.

Une fois quelques cent kilos passés, il fit un signe du plat de la main pour signifier qu’il était assez chargé et s’élança véloce comme un animal en fuite et blessé vers le point de livraison un large sourire aux lèvres, bien que lesdites cordes commençaient à compresser son torse et à freiner sa respiration. Sa vitesse de course restait exceptionnelle mais elle atteignit le surnaturel quand il tomba nez à nez avec une charrette qu’il dut esquiver d’un pas de côté comme s’il était désormais dénué de sa charge, avant de reprendre sa route comme si de rien était sous les airs éberlués des passagers.

Les divers outils et matériaux déposés à leur point de livraison, il s’essuya le visage avec le côté inférieur de sa chemise puis repartit en courant vers le maître d’oeuvre afin qu’on le recharge. La tête blonde avait de la ressource et ce ne fut pas étonnant de le voir ainsi à peu près toute la journée naviguer entre l’entrepôt de fortune et les divers endroits du village où on avait besoin de ces divers instruments de reconstruction, toujours plus chargé que la fois précédente.

Au point qu’après ses lamentations, l’architecte améliora son bagage pour lui permettre d’emporter plus de masse. À lui seul il remplaçait facilement deux ou trois attelages, sans jamais se plaindre ou prendre de pause. Parfois, il s’arrêtait là où il faisait choir ses marchandises pour aider si les gens en avaient besoin.

La reconstruction lui tenait autant à coeur que l’entraînement à vrai dire. C’était à ses yeux un moyen de soumettre son corps à un effort continu et la motivation derrière cela le poussait à exercer ses talents sans limite et sans questionnement sur la marche à suivre. Maintenant qu’il avait une raison, un motif, rien ne semblait hors de sa portée.

Mais il n’espérait pas un compliment de Saji ou même son attention. Il ne désirait pas que la blonde en charge de l’organisation ne lui tape sur l’épaule, alors même que le petit génie de l’entraînement voulait pourtant être reconnu. Le paradoxe de la Balance. Ici et maintenant, il n’agissait que par pur désintérêt.

Pas de doutes, à la fin de journée, après une nuit de sommeil, il pourrait à peine marcher. Puis ça coûtait du chakra, d’alléger tout ça. Mais ça, il l’ignorait et s’en fichait. La fatigue n’était que l’indicateur croissant de sa réussite.

Spoiler: