Après avoir fait le tour du monde.

La pluie, toujours cette pluie infernale qui donnait envie de rebrousser chemin sans vergogne et prendre la direction de Kaze no Kuni pour enfin retrouver un peu de chaleur. Mais pas le choix, je devais m'y rendre encore une fois. C'était dans ce village pleins de crapules et autres déglingués en tout genre que j'avais établi mon chez moi. Je détestait ce village et ce pays pour sa météo pourrie, mais en terme de revenu facile et d'arnaque en tout genre, il était le pays parfait.

Cela faisait maintenant quelque temps que je n'étais pas revenu dans ce village miteux, arpentant les vallées et les montagnes pour remplir mes poches du seul métal capable de déclencher une guerre, le ryo. Après deux/trois contrats peu fructueux, il était temps pour moi et ma bande de revenir à notre point de départ. Ce village était celui où tout type de contrat pouvait être envisagé et négocié. Kidnapper un fils de riche? Préparer une attaque sur un pays? Tuer un Daimyo? Tuer le chien du voisin? Chacun y trouvait son compte dans la capitale du pays de la Pluie, Murashigure.

-" On est enfin arrivé les gars."

Disais-je calmement aux trois mercenaires que j'avais recruté pour les contrats. Ils étaient pas le type de mecs à qui je faisais ultra confiance, la nuit je pouvais presque les entendre discuter de comment m'égorger et comment partager ma part du butin. Ils avaient beau être trois, j'étais celui qui les avait engagé, je prenais donc la plus grosse part, cela allait de soi.

Il était l'heure de partager le butin, évidemment chacun allait de sa réflexion envers ma part du butin bien trop élevé selon eux. Comment ça 75% pour moi et 15% pour eux ne leur était pas suffisant? Après quelques mouvements dont seul mon clan à le secret, les trois acceptèrent sans broncher de me laisser 90% du butin. Ah le style Yamanaka, quel bonheur pour se faire de la thune. Feu mon père avait vraiment bien réussi son apprentissage.

Les trois brutes sans cervelles s'éloignaient, un mal de crâne les empêchant de se rendre compte réellement de ce qu'il venait de se passer. Peut-être reviendrait-il un jour me faire payer. C'était le cadet de mes soucis, je n'avais qu'à réitérer l'expérience.

Je franchis alors la porte du village. L'odeur nauséabonde des rues de la ville arriva sans trop tarder à mes narines. J'étais bien à la maison. Malgré les quelques contrats peu fructueux de ces dernières semaines, mes comptes étaient plutôt bien remplis, j'allais m'accorder alors quelques jours de repos ici, même si je comptais bien vivre sans dépenser un seul sous.

-" Un verre de saké, sans traîner s'il vous plaît."

Je m'adressais au serveur du premier bar miteux que je croisais. Le temps c'est de l'argent. Mais la partie de poker qui semblait s'engager derrière moi était une raison valable pour perdre un peu, de ce temps précieux.

Tout ce qu'on veut.

-" Vous avez une place pour un vagabond de passage?"

Je m'adressais aux deux idiots qui allaient accepter ma présence à leur table de poker, pensant arnaquer une énième âme perdue dans Murashigure. Ils rigolaient d'avance, m'indiquant la chaise libre qui se situait entre eux deux. Je pris place de suite, feignant un sourire de complaisance, comme pour encore plus accentuer ma fausse naïveté. La partie n'était pas encore commencée, mais elle était déjà gagnée, lire dans leur esprit comme dans un livre ouvert était une banalité pour moi. Leurs jeux, leurs bluffs, leurs combinaisons n'avaient aucun secret. J'aurais pu les faire s'évanouir complètement sur la table et les dévaliser comme si de rien était. Mais l'attrait du jeu était bien trop grand. Même si je pouvais lire en eux, une partie de poker était toujours stimulante pour l'esprit.

Leurs visages semblaient s'être fermés, leurs regards s'abattaient sur moi comme s'ils voulaient m'égorger sur place. Plus les tours passaient, plus ma pile de ryos grandissait. Je simulais évidemment quelques pertes histoire de ne pas trop éveiller les soupçons. Malgré la présence d'un nombre incalculable de personnes peu fréquentables dans cette ville, la triche avait, comme partout ailleurs, tendance à être mal perçue. Pas de chance pour eux si leurs seules qualités se résumaient à de gros biceps.

Jeu, set et match. La partie était pliée, la totalité du gain me revenait. J'avais dors et déjà comblé le manque à gagner lors de mes périples peu enrichissants. Les deux se levèrent et comme chaque jeu d'argent qui se termine dans cette ville miteuse, la bagarre ne tarda pas à éclater. Un combat de poivrots, très peu pour moi. J'étais déjà ressorti du bar usant d'un peu de Genjutsu pour fuir sans scrupule, une bourse pleine de ryos à la main, n'ayant même pas payé mon sakké.

C'est ça qui était plaisant malgré tout dans cette ville pluvieuse. Le nombre de demeurés facile à arnaquer était en quantité astronomique dans cette ville. Et malgré quelques jours de repos bien mérité, il fallait que je me fasse quelques pécules avant de repartir pour un nouveau contrat. Bien que les primes et autres missions fleurissaient dans cette ville, les voyages coûtaient cher. La location d'une caravane, l'achat de quelques mercenaires peu scrupuleux, les pots-de-vin aux personnes présentes sur les lieux pour qu'il ne soit pas trop regardant, tout ça valait quelques piécettes, même si j'en récupérais une bonne partie dans l'équation.

J'allais maintenant rentrer chez moi. Mais j'avais une autre affaire à régler auparavant.

C'est être à la maison.

J'arpentais les rues coupe-gorges de Murashigure, telle une ombre, vêtu d'un long manteau noir surplombant ma chevelure d'une capuche. Même si le style vestimentaire était un bien moindre problème pour moi, la pluie abondante n'offrait pas un large choix pour une garde-robe. Passant devant des maisons closes, des bars - où rire et coup de poings semblaient faire bon ménage - ou autres mendiants tendaient leur main en l'espoir de la voir se remplir d'argent. Les victimes de la désuétude de ce pays étaient là, les villageois de Murashigure étaient les premiers touchés par cette invasion d'infâme personnage dont je faisait parti.

J'arrivais à ma destination, une sorte d'hôtel miteux que je connaissais que trop bien. Je passais la porte principale, adressant un léger signe de tête à la réceptionniste qui fumait un énorme cigare tout en lisant un journal. L'odeur de cigarette était bien présente. Je gravis désormais les quelques marches qui me séparaient de mon objectif. Certains de ces escaliers ne demandaient qu'à s'effondrer, l'humidité et le manque d'entretien ayant eu raison de leur résistance. Quelques hommes à moitié nus semblaient fuir de certaines portes de l'hôtel, étant tombé sur des femmes bien plus farouches qu'il le pensait.

S'il y avait bien des kunoïchis surpuissante en ce bas monde, les plus terrifiantes et les plus fortes mentalement se trouvaient bien au pays de la Pluie. Les vauriens de passage avaient tendance à croire que nombre de femmes faciles se trouvaient en ces lieux, en vue du nombre impressionnant de maisons closes. C'était mal connaître les femmes du coin. Un courage à faire pleurer un Kage, une répartit à faire rougir bons nombres de shinobis et une paire de baloches à en faire pâlir un buffle.

J'arrivais devant la porte que je recherchais. Pris une grande inspiration, avant de camoufler mon visage d'habitude si fade sous une mine des plus énervée. Je franchis alors la porte avec fracas, la faisant s'écrouler sur le sol. Devant moi, une femme nue et un homme à moitié nu, le froc posé sur les chevilles et le t-shirt à moitié levé.

-" Alors c'est ici que tu te caches? Tu oses me tromper avec tout ce que j'ai fait pour toi?! Toi sors de là avant que je t'égorge!"

Mon regard noir se posa sur l'homme dénudé, qui pris peur après avoir plongés dans mes yeux. Le pantalon toujours baissé, il prit ses jambes à coup avant de fuir le plus vite possible, s'étalant dans le couloir avant de remonter son jean et partir en criant à quel point il était désolé. Je me retrouvais alors face à cette femme nue que je connaissais déjà.

Elle éclata de rire instantanément, se levant du lit avant de venir se coller le long de mon corps. Je repris alors ma mine des grands jours, lui octroyant un léger sourire, aussi rapide que courtois.

-" Bon, on fait comme d'hab'? 70 / 30 ?"

Lui adressais-je tout en prenant la bourse que le lâche avait abandonné sur la table de chevet. Elle acquiesça sans hésiter, de toute façon, c'était en connaissance de sa part qu'elle avait accepté de m'aider. Un complot rondement mené, qu'on avait l'habitude d'effectuer dans cet hôtel, avec elle ou avec une autre, ciblant principalement les plus lâches qui venaient d'arriver en ville.

Elle revint alors se coucher sur le lit, prenant sa part et l'étalant en entièreté sur son corps nu. Elle me regardait avec ces yeux qui font des femmes les plus belles créations de ce monde. Quelques mouvements pour enlever les vêtements qui seraient de trop pour la suite de cette rencontre et je vins me coucher à ces côtés.

Il n'y avait aucun doute maintenant, j'étais bel et bien revenu à la maison.