Une nuit de pleine lune. Errant à travers les ruelles du quartier Hyûga, le nouveau Jonin semblait rêver en marchant. On aurait dit qu’il était là, présent, sans l’être vraiment. Comme dans un état second, il arpentait les différentes ruelles de ce quartier qu’il connaissait comme sa poche, sans but. De but, en effet, il n’en avait aucun véritablement, pas à cet instant précis. Son but, s’il fallait lui en trouver un, son motif diront nous, était de faire taire de désordre dans sa tête et de revoir ses priorités. En effet, quelques chamboulements étaient intervenus dans sa vie. Il était désormais Jonin. Le village comptait bien plus qu’avant sur lui. Au fond de lui, également, il avait senti une nouvelle force émaner. Cette nouvelle force était la résultante des nombreux entraînements qu’il avait subi. Elle s’était matérialisée avec l’apparition d’une nouvelle affinité qu’il contrôlait désormais : le vent. Voilà les quelques nouveaux changements dans sa vie de guerrier. Pour ce qui était de sa vie amoureuse, il n’était plus liée à Midori, il était désormais libre de choisir une nouvelle voie.

A côté de ces nouveautés, le village, le pays évoluait lui aussi. Iwa et Tsuchi étaient désormais au bord de la guerre avec Tetsu no Kuni. Une guerre qui avait été déclenchée après ce long moment de latence entre la mort du Tsuchikage et le dernier assaut iwajin au pays des samouraïs. Malgré le nombre de victimes côtés samouraïs, les stratèges iwajins avaient échoué. Ils s’étaient plantés et avaient le pays à l’échec. Désormais une paix fugace s’était installée. Une paix en trompe l’œil qui ne resterait en vigueur que le temps que Tetsu se refasse ou que Tsuchi daigne terminer sa besogne, quitte à passer pour un pays agresseur. Et le clan Hyûga dans tout cela ? Il n’y avait toujours pas d’évolution positive, concrète par rapport au leadership clanique. Une représentante : Toph. Etait-ce suffisant ? Au niveau du pays la situation n’était guère mieux. Le Daimyo, Byakuren Masato prenait des décisions toutes plus incomprises les unes que les autres aux yeux du Hyûga. Pire, il laissait empirer une situation précaire à Iwa en ne désignant pas de Kage laissant le village proche de la division. C’était du moins ce qui pendait au nez d’Iwa. La chose était visible.

Continuant à marcher, le Hyûga mettait bout à bout tous ces « problèmes », tous ces états de fait les uns après les autres comme s’il envisageait d’y apporter une solution dans un ordre bien précis. Oh bien sûr, il n’oubliait pas ces menaces autres que tetsujines, ou que celles de la division planant sur le village : le Teikoku et ce qui se tramait désormais au pays du Feu ou encore la chute de Kumo en même temps que l’attaque subie à Iwagakure no sato. Que de soucis potentiels dont l’inertie d’Iwa ne saurait apporter une réponse convenable. A ce niveau également, le Hyûga voyait venir un problème qu’à priori la majeure partie de ses congénères ne voyait venir.

Il continuait encore à penser à tout cela en mettant bien entendu en exergue dans son esprit, sa place dans cet échiquier, lorsque… Là-bas, à quelques dix mètres. Derrière ce buisson… Il lui avait semblé voir quelque chose ou plutôt quelqu’un car bien si la forme qu’il avait vu était celle d’un animal, son cœur et son esprit n’avait fait respectivement qu’un bond et qu’un tour. Ces êtres étaient sortis de sa vie récemment, mais il ne pouvait les oublier. Non… pas après ce qui lui était arrivé dans le royaume souterrain. Ils avaient besoin de lui ou alors ils venaient lui rendre une visite de courtoisie. Ce ne pouvait être que l’une ou l’autre des options.

Il ne s’y était pas trompé. Museau long reniflant partout. Cette manie à poser les pattes avant à la fois avec prudence et rapidité. Cette démarche inégale qui se marquait parfois par des bonds. Ce pelage gris et ces pattes arrière bien plus longues et grandes que celles de l’avant. Un rat… Un rat était apparu au pied de ce buisson qui bougeait tout seul un instant auparavant. Le Hyûga n’avait pas eu besoin d’utiliser son dojutsu pour mieux voir. Malgré la pénombre, il lui avait fallu écarquiller des yeux afin de satisfaire sa curiosité et d’obtenir la réponse dont il avait besoin.

Sans bouger, il resta cette fois-ci stoïque. L’apparition ne l’intriguait pas non. Contrairement à la dernière fois, il ne comptait pas poursuivre le rat. Non. Ce qui l’intriguait en revanche, c’était cette mise, ces habits sur le rat ; ce bleu. Il s’agissait du même bleu que celui du Grand Conseiller défunt. Celui-là même qui avait été à l’origine de sa rencontre avec le peuple des rats : Estima. Sourcils froncés, la réponse aux questionnements qui lui assaillaient l’esprit venait d’elle-même. Non, il ne pouvait s’agir d’un revenant. Le temps qu’il avait passé avec Estima était faible si l’on pouvait se permettre d’utiliser ce terme. Un temps faible, mais intense, si intense qu’il ne pouvait l’oublier. Les déplacements, la posture, le timbre de la voix… Pour l’heure le rat qu’il voyait ne s’était pas encore prononcé mais déjà malgré la grande ressemblance des rats entre eux, il pouvait l’affirmer : ce n’était pas Estima. Celui-ci était probablement son successeur.

_ Tsuyoshi San… Je me présente : Anima, Grand Conseiller de son altesse Altima. Heureux de vous rencontrer. Fit le rat en effectuant une salutation cérémonieuse, empreinte de respect. Le Hyûga préféra répondre dans un premier temps en adoptant le type de salutation respectueuse du rat. Il lui rendit la politesse.

_ Hyûga Tsuyoshi… Enchanté… Que se passe-t-il ? Avait-il demandé presque réellement intéressé à obtenir une réponse à sa question. Bien entendu, dans son esprit, se bousculait les images du prince Ebla mais aussi de sa majesté Altima.

_ La guerre fait rage dans le royaume souterrain et nous avons besoin de votre appui. Un conseil de guerre va se tenir sous peu, nous apprécierons que vous y soyez présent. Le rat parlait avec cette intonation de voix et ce débit qui en disait long sur son éducation. Malgré l’urgence qui pouvait se faire ressentir, il ne parlait guère rapidement. Il prenait son temps, articulait. Son objectif premier demeurait constamment de se faire comprendre le plus clairement possible et le tout, dans la plus grande courtoisie. Il est vrai que le pacte qui les liait induisait qu’une aide pouvait être apportée au Hyûga s’il le désirait, mais le fait que ce dernier n’ai jamais fait appel aux rats ne signifiait pas qu’eux n’en feraient jamais de même. La preuve… ils étaient à nouveau là, prêts à bousculer son quotidien.

_ Un conseil de guerre ? Quand aurait-il lieu ? avait demandé le Hyûga. Dans son for intérieur, il espérait que ce serait dans deux semaines, voir dans un délai assez long pour qu’il puisse se préparer. Cela dit quelque chose, une intuition, lui prédisait que les rats avaient besoin de lui tout de suite. La dernière fois qu’ils étaient apparus, ils l’avaient recruté pour une mission périlleuse sans préparations particulière. Pourquoi les choses changeraient-elles ?

_ Le Conseil a lieu tout à l’heure à vrai dire. Le regard du Grand Conseiller était devenu malicieux. Exécutant des mudra, il avait alors fait un bond pour toucher Tsuyoshi, automatiquement, tous deux avaient été projetés dans un tunnel sombre alors que toute lumière, tout semblait éteint autour d’eux. L’instant d’après ils s’étaient retrouvés dans cette salle où il était déjà venu : l’endroit même où il avait ramené le prince Ebla et rendu le corps du précédent Conseiller à son altesse. Celle-ci d’ailleurs se tenait devant lui ou plutôt, lui se tenait à ses pieds. A côté du couple royal, le prince Ebla.