— Merde, merde, merde dit-il en dévalant la pente à toute allure. Pourquoi je m’enlise toujours dans des bourbiers.

Éclaircir le topo allait aider tout le monde. Kyouka. Seul. Face à une dizaine de brutes. Pourchasser telle une proie blessée par une horde de lion affamée, l’escroc courait du mieux qu’il pouvait. C’était le cas de le dire. Bien qu’il n’était pas musclé. Bien que le terme force ne pouvait être utilisé dans une phrase, pour le décrire. Il se débrouillait pas mal. À défaut de pouvoir rendre les coups, on s’adaptait.

Et dire que tout cela n’avait rien à voir avec le business. Ayant – un peu trop – bu, il s’était lancé le défi d’embêter ce groupe de rustre. Voilà maintenant qu’il courait depuis cinq à dix minutes, sans s’arrêter. Une première pour son cœur atrophié.

— Je... Trouver... Cachette.

En effet. La meute avait les crocs. Valait mieux quémander le pardon, bien que cela n’avait que très peu de chance de réussir. Se battre en un contre dix ? Pas son genre du tout. Quoi que... L’occasion parfaite pour tester ses compétences se trouvait face à lui et il ne prenait même pas la peine de tester ses nouvelles compétences ? Hérésie. Une petite explosion. Une toute petite. De quoi souffler assez de fumée autour de lui pour lui permettre de prendre une ruelle ou se cacher dans un fût de...

Une main ferme s’agrippa à son épaule. Comme TOU-JOURS, il fallut que cet idiot se perde dans ses pensées. Toutefois, coup du sort, il réussit à glisser. Dieu seul sait comment, mais en s’écrasant au sol, il put s’ôter de cette emprise mortifère. Sinaaq aurait été fier de lui. Vraiment. Un souffle roque commençait à s’installer. Son cœur commençait à lâcher. Il fallait prendre une décision. Trop tard pour l’argile, la mâchouiller prendrait trop de temps. Ses yeux se fermèrent. Cri du désespoir, il attrapa vigoureusement le premier "objet" proche de lui pour le projeter contre ses assaillants.

Il espérait que cela le protège. Quel candide homme.

— Allez protège moi !

Le bougre n’en avait pas encore conscience.

Ce qu’il venait de projeté n’était en rien un mobilier. C’était un pauvre petit garçon d’onze an à peine. Il haussa virtuellement les épaules, égoïste comme pas deux. Toutefois, histoire de ne pas faire deux fois la même erreur. Une petite quantité d’argile fut avalée par sa main. Son regard vacilla. L’enfant ou la fuite ? L’enfant ou la fuite ? Être un homme ou un lâche ? Fuir restait plus simple.

Il continua sa course, sans même se retourner pour voir ce qu’ils comptaient faire du gosse... Il ne manquait plus que celui-ci se joigne à eux pour le brimé.