Impossible d’expliquer ce sentiment. Impossible non plus d’expliquer pourquoi il se trouvait ici. La pluie battait son plein, rendant ainsi le paysage bien plus triste et nostalgique.
Un soupire.
Sa main plaqua ses cheveux vers l’arrière. Rare était les fois où le sérieux pouvait germer sur son visage. Ainsi, voilà les vestiges des derniers instant de son cousin, le Yondaime. Ce fut suite à cet acte improbable que Kyouka décida de s’investir dans le village. À sa façon, certes, mais c’était le début. Ses espoirs étaient naissants, ses efforts également.
Assis sur une pierre humide, son regard contemplait l’horizon.
— Voilà donc la folie de l’homme ou plutôt celle des Shinobi. Sacrifier sa vie pour en sauver d’autre... Je ne comprends pas.
Théoriquement seul, il se permit de penser à voix haute.
— Arriverai-je également à ce stade un jour ? Je n’espère pas. Sacrifier son essence pour disparaître et vivre à l’image de souvenir voir de statue... Quelle étrange fin.
L’esprit de Kyouka n’arrivait pas à comprendre l’intérêt d’une telle position. Tout comme le Bushido, tout ceci était bien trop flou. Trop d’asservissement inutile. Quoi de plus beau que d’être libre ? Même si en effet, choisir sa propre mort est une forme de liberté – bien qu’éphémère.
Énième soupir.
— Il est temps de rentrer. Je vais faire en sorte de suivre la voie de mes prédécesseurs. Rendre le sourire à ce village, l’ériger au dessus de tout. Ainsi, il ne connaitra plus de bas. Pour cela... Je dois devenir fort.
Une phrase qui résonnait comme un jugement fatidique. Faible. Bien trop faible, tel était Chokoku Kyouka. La pluie avait un aspect spécial à son sujet. Elle lui lavait les idées. En temps normal, jamais Kyouka n’aurai pu prononcé de tels propos. Devenir plus fort, suivre ses ancêtres...
Un rictus pris place.
— Il suffit, finalement, de trouver de vrai camarade. Ne pas dépendre d’eux certes, mais être entouré d’élément moteur. Ouais. C’est ce que je vais faire.
Se relevant doucement, la pluie continuait à tomber des cordes. Le voilà qu’il resta debout, le visage tendu vers les cieux. Il appréciait ce moment. Il rechargeait ses batteries. Après un premier pas, il remarqua une congénère, non loin. L’avait-elle vu ? L’avait-elle entendu ? Diantre. Tant pis, cacher ce genre d’information ne changeait rien.
— Toi aussi la pluie t’apaise ? Kyouka, enchanté !
Elle les entendait rire, leur ricanement incessant et grotesque à son attention. Comment pouvait-on se montrer aussi méchant envers quelqu’un qu’on ne connaissait pas ? Amiko avait fait tellement pire qu’elle n’aimait pas donner des leçons, mais eux, ces gamins, elle leur avait rien fait alors pourquoi ? Ses petits poings se serrèrent alors, tandis que son regard furibond ne lâchait pas les deux silhouettes face à elle qui se pliait de rire sans raison autre que la moquerie gratuite, ses sourcils froncés et les traits tirés de la jeune femme suffisaient à montrer son mécontentement. La muette ou gueule de d’arbre, c’était bien là des surnoms véridiques, mais vraiment blessants. En plus de ça, la pluie battait de son plat, rendant ses cheveux encore plus longs et les mèches tombant sur son visage et collant sa peau la rendaient encore plus effrayante. Eux, ils allaient le regretter. Ses membres tremblaient frénétiquement tandis qu’elle sentait son corps se réchauffer plus qu’il ne l’était déjà depuis la résonance.
Soudain, la peau pale de son avant-bras se mit à luire et à changer de forme, prenant une couleur orangée et perçante. À la vue de ce changement, les deux idiots s’arrêtèrent et ne purent s’empêcher d’accentuer leurs pseudos-insultes, la qualifiant de bizarrerie. Ne pouvant plus en attente davantage, Amiko se lança dans la direction de l’un d’eux et tenta de la frapper, mais la pluie la fit glisser et la genin chuta devant l’un d’eux. La cible tomba aussi en arrière sous la surprise mais profita de la position de faiblesse de l’assimilatrice pour rire à gorge déployée. Se sentant ridicule et impuissante tout en étant plus qu’en colère, la brune sentit sa gorge lui brûler doucement. Et voilà maintenant qu’elle voulait simplement les vider de leur sang. Fermant les yeux le plus fortement possible pour se contrôler, Amiko décida de prendre ses jambes à son cou et de fuir les lieux sans écouter ce qu’ils avaient à dire.
Sans regarder où elle allait, l’amejin voulait simplement quitter cette rue et ne plus voir qui que ce soit. Les gouttes d’eau n’étaient qu’un poids de plus sur ses épaules, sa peau était si chaude qu’elle ressentait l’humidité comme lorsqu’elle prenait une douche. Elle n’avait pas froid et tomberait sûrement malade, mais tant pis. Sans se rendre compte, Amiko avait dépassé l’entrée du village et se retrouvait près des remparts. Devant elle, un immense cratère. C’était l’Œil du Cyclone, celui dont elle avait tant entendu parler. Elle savait que leur Tsuchikage s’était sacrifié pour protéger le village et qu’il avait laissé une béante cicatrice à l’extérieur, mais elle ne l’avait jamais vu encore : c’était vraiment impressionnant. Le don de soi aussi extrême… Cet homme avait donné sa vie pour ce en quoi il croyait, c’était quelque chose que l’assimilatrice ne comprenait pas, mais quand elle pensait à ceux qui lui étaient importants, l’idée de se sacrifier pour eux n’était pas si lointaine que cela.
« Devenir fort… » « Trouver de vrais camarades ». Perdue dans ses pensées, la Genin se sentit pas la présence qui l’avait remarquée et qui l’interpella, pourtant, les mots qu’elle avait cernés n’étaient pas sortis de nul part. En comprenant qu’elle n’était pas seule, ses yeux s’écarquillèrent, tandis qu’elle cacha immédiatement son bras encore transformé dans son dos, cherchant à endormir la lave qui s’était éveillée au gré de ses émotions. Ensuite, elle chercha de ses pupilles rosées où se cachait et le rocher à sa droite allait faire l’affaire. Ne sachant pas d’où venait ce jeune homme prénommé Kyouka, Amiko chercha à se mettre à l’abri derrière son nouvel ami rocheux. La pluie ? Apaiser ? Si seulement elle pouvait en sentir sa fraîcheur d’antan, peut-être, mais les changements de son corps avaient modifié aussi ses sensations. Alors, ce fut tristement qu’elle hocha négativement de la tête.
Lui aussi fuyait-il la réalité ? Les gens ? Pourtant, elle avait cru comprendre qu’il voulait des camarades et devenir fort. Des choses que l’assimilatrice avait toujours voulu, mais elle ne savait pas comment s’y prendre. Une chose était certaine, l’amejin devait absolument se calmer et se contrôler devant ce grand brun qui lui était inconnu, ne souhaitant pas causer de problème à Fuyumi qui était responsable d'elle.
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