Instinct de survie toujours actif, lâcheté oblige, Kyouka perçu la démarche féline de cette guerrière qui semblait avoir une dent contre lui. Sa vie défilait devant ses yeux, comment allait-il bien pouvoir survivre à l’ire de cette gorgone ?

...

Que lui voulait-elle d’ailleurs ? Impayé ? Enceinte de sa progéniture ? Jeu d’argent ? Kyouka n’en savait rien. De quoi augmenter sa tension artérielle. Il suait à grosse goutte, si bien que le goût de son argile lui aurait été préférable... Mais ce n’était pas tout. Si seulement...

Une Chokoku, elle aussi ?

Une poignée d’abeilles fusaient en sa direction. Réflexe de capon, il plaça ses bras en forme de croix, dans l’espoir que cela suffise à le protéger de l’explosion. Il ferma si fort les yeux, qu’il crut ne plus jamais pouvoir avoir la force de les ouvrir. Dans le genre piteux personnage, on ne pouvait tomber plus bas. Son assaillante, pourfendu le smog issu de sa création.

— C’est donc ça le paradis ? Lacha Kyouka abasourdi par le comportement comme le physique de sa consœur. C’est pas plus mal la mort, au final.

Son sourcil s’arqua. Pas de paradis, visiblement. En vue de ses compétences, elle était probablement l’une de ses cousines. Inutile donc de poser la question. Ses mains parlaient pour elle. Notre escroc se pinça. Non. Tout allait bien. Ce n’était ni un rêve, ni un genjutsu. Le destin en personne venait de lui offrir la clef de la réussite. Il ne comptait pas laisser passer cette chance, malgré le comportement anecdotique de l’autre foll... femme.

Kyouka s’exécuta. Son corps bondit de la station assise à celle debout, tel un soldat devant son major. Dépoussiérant d’un vif coup de paume sa tenue, il était fin prêt. Si elle avait bien raison sur certains points, elle sous estimait notre luron. Patience, créativité, maîtrise de l’esprit... Tout ces points trouvaient leur essence dans l’art du mensonge, dans son cas.

Sans un mot, pour l’instant, il guetta chacun des mouvements de l’inconnue. De sa prise de l’argile jusqu’à ses mâchouilles. Elle maîtrisait. Pourtant, il ne l’avait jamais vu au domaine.

— Kyouka. Et toi ? Je ne t’ai jamais vu avant.

Accepter la salive. Hmpf. Plutôt crever. Mais bon, il n’allait pas le dire à voix haute. Elle aurait été capable de satisfaire ce besoin mortifère.
Sérieux, patient, déterminé, créatif. Beaucoup de chose qu’il maîtrisait de par son quotidien d’escroc et de receleur. Si, finalement, il ne fallait pas transposer le mensonge et ses arcanes secrètes dans l’art de son Hiden ? Éclair de génie, si elle n’était pas si effrayante, il aurai bondit sur elle pour l’enlacer et l’embrasser. Comme quoi, il fallait toujours prendre exemple sur les pièces de théâtres mélodramatiques.

À son tour, sa main accueillit une petite quantité d’argile. Ce morceau allait devoir être irrigué par une salive salée. Le morceau fut avalé d’une bouché – en même temps, il faisait la taille d’une phalange. Avant de commencer à macher, il laissait son matériau se diluer par le liquide biologique. Elle avait raison. Débile comme il l’était, jamais cette idée n’eut effleuré sa psyché. C’était simple, trop si... Une explosion résonna. Déconcentré, comme toujours, le petit morceau venait d’imploser au niveau de son palais.

Stoïque. Il cracha une dent au sol.

— N’est-il pas possible de remplacer l’argile par autre chose ? L’originalité est la clef de la réussite. Rendre une pierre explosif voir de l’alliage, je suis sûr qu’une personne de ton acabit en serai capable. Je me trompe ?

Coupler la fierté et un égo surdimensionnée et vous vous retrouviez avec un homme ayant affreusement mal mais qui ne pouvait le laisser percevoir. Saleté d’argile qui explose pour un rien.

— Yu. Chouette signification, en plus. 7,5/10 pour l’effort de recherche.

Son humour décalé ne le quittait jamais. Un grand sourire ornait son visage, pas sûr pourtant pour que sa camarade en placarde un à son tour.

Qu’avait-il à tous être si triste ? Si renfermé. Pas de problème, Kyouka était là pour vendre du rire en barre – littéralement, il en avait déjà parlé avec Sinaaq, projet en cours.

La dominatrice reprit sa tirade. Quelle prestance. Elle lui faisait penser à Ayume. Alalalah, qu’était-elle devenue d’ailleurs ? Il en avait aucune idée. La capacité d’attention d’un poisson rouge, le voilà perdu dans ses pensées. Miracle. Il réussit néanmoins à rattraper le cours de la discussion en imaginant ce qu’elle venait de dire et qu’il avait raté.

— Tu ramasses mes dents ? Alors... Je sais que je suis mignon, si c’est juste question d’un rencard. Tu peux me dire, je connais un endroit pas mal pour manger. Ensuite on pourra... Il s’arrêta. Oui, donc l’alliage. Maîtriser d’abord l’argile puis passer à quelque chose de plus solide... Mais genre, tu mâchouilles l’argile aussi ? Tu dois avoir une mâchoire et des dents en béton. Tu me montres vite fait ?

Deux confections argileuses apparaissaient sur la main de sa cousine. Ses yeux se fixèrent sur ses créations. Elle faisait ça bien vite. Wow.

— Ouais, c’est pas faute d’avoir eu envie de vomir, mais on est là hein. Ah ouais mais le chakra... J’ai toujours du mal à bien jaugé. J’en mets toujours un peu trop, probablement mon coté gourmand.

Un clin d’œil se perdit.
Il se concentra sur la suite du cours.

Dosé son chakra. Laisser le désir d’explosion. Jaugé à sa façon. Apprendre en pratiquant. On devenait forgeron en forgeant. On devait maître artificié en explosant. Voilà quelque chose de plutôt intéressant, elle répondait à l’ensemble de ses questions. Son expérience parlait pour elle. Il pourra, d’ici peu, profiter de ses techniques.

— Une boule, une explosion. Pas de blessure de mon côté, simple.

Sa main gauche plongea dans sa sacoche Ninja. Une infime quantité d’argile, de la taille d’une phalange, fut avalée. Sa main mâchouillant la matière, le chakra se diffusait de manière bien trop rapide dans son œuvre. Ses molaires aplatissaient la matière, sa langue lui donnait le côté arrondit.

Fermant son poing, Kyouka balança la bille explosive au loin, dans le ciel. Une importante explosion – plus que conséquente – retentit dans la voute céleste. Un smog encercla bien vite le binôme. Les grosses explosions, laisser son chakra s’engouffrer dans sa création, il savait faire. Il l’espérait.

— Qu’en penses-tu ? Je pense que j’arrive à imbiber ma matière de Chakra, un peu trop même. Je pense que j’aurai du mal à faire une explosion contrôlée. Par contre si j’arrive à faire exploser ma création en la contrôlant et en y insufflant donc une petite quantité de Chakra, je serai capable de gérer l’ensemble. Héhé.

Notre escroc connaissait quand même un minimum ses forces et faiblesses. Ainsi, tirer une conclusion sur ses capacités n’était pas difficile.