Chapeau de paille abaissé et sourire en coin, Mafuyu progressait lentement au milieu de la foule présente sur la place du marché, heureux de l'achat qu'il venait de faire, bien différent des deals dans lesquels il avait l'habitude de traîner. Sa main gauche positionnait le bibelot au fond de la plus grande des poches de sa sacoche, lui permettant au passage de tâter une nouvelle fois l'objet, sa forme et se qu'il représentait : Un samouraï à l'armure pleine de neige. Particulièrement détaillé, l'objet lui avait tout de suite plu, d'autant que la facture et le niveau de détails aurait laissé peu de gens indifférents.
"Werudan* Mafuyu."
Il se parlait à lui-même, une vieille habitude d'homme solitaire désirant la discussion. Mais alors qu'il avançait et que ses yeux fuyaient vers le bas des étales, ses oreilles furent prises par une discussion plus importante que les autres. Malgré le brouhaha ambiant, le samouraï expert en affaires ne pouvait pas laisser l'opportunité qui s'offrait à lui. L'un de ses rivaux de commerce semblait avoir pris un client pour cible.
Un pas après l'autre, Mafuyu passa à côté du stand, avant de discrètement se tourner pour s'adosser à l'étale voisin, feignant l'intérêt pour certains des produits jusqu'à prendre un kunaï en main et faire mine de le peser en esquissant quelques mimiques.
Il avait l'habitude de se dissimuler, mais plus important encore, il avait développé un don pour l'espionnage. Tout devenait plus clair.
Son rival essayait de vendre certains de ses équipements shinobis à prix fort, usant d'arguments basiques pour convaincre sa cliente, une jeune femme affublée d'un bandeau sur la tête dont la couleur améthyste et les lignes blanches avaient pour don d'apporter un apaisement que Mafuyu connaissait très bien.
Yatero. Amateur, tu as choisit la mauvaise cible.
Des pensées claires que Mafuyu ne prit pas longtemps à écarter alors que le gérant du stand qu'il observait s'adressait à lui. Il lui fallait mentir, feindre l'intérêt pour l'étale sans jamais ne rien acheter pour autant. Pour le moment, il lui fallait plus d'informations sur le deal que Yatero essayait de mener face à la femme au bandeau améthyste.
Maintenant qu’Imekanu était plus à l’aise dans le village, l’Urumi se permettait des sorties plus diverses et variées. Au lieu de ne visiter que le port ou le complexe, la jeune femme s’aventurait dans les rues marchandes. En réalité, c’était aussi Shitekka qui l’avait poussée à le faire, lui faisant comprendre qu’en tant que shinobi, elle allait avoir besoin de tout un attirail combatif et il lui avait même fait une liste. Grâce à son salaire et l’argent qu’elle avait cumulé, sous les bienveillants conseils de cette infirmière à l’hôpital après l’attaque de Sanbi, elle pouvait se permettre ces achats. Ce qui était difficile pour elle, était de trouver le bon marchand ou encore de gérer les négociations. À son arrivée, la traqueuse pensait qu’ici aussi ça fonctionnait par le troque, alors quand elle observait la liasse importante de billets dans ses mains, elle préférait se remémorer les conseils du Kaguya qui l’avait prévenue que des rapaces pourraient abuser de son innocence et qu’elle ne devait pas se laisser faire. Ses pupilles azurées recherchaient alors les armes que lui avait montrées son compagnon Urumi jusqu’à tomber sur un stand qui semblait posséder divers outils intéressants. Quand l’homme observa la jeune femme hésiter, il n’hésita pas à faire signe de venir vers elle. D’abord timide, la traqueuse avança alors doucement, posant ses pupilles océaniques sur le stand et tout ce dont elle avait besoin : parfait.
« Euh… Bonjour cher marchand, je suis à la recherche de ces objets. Est-ce que vous pouvez m’aider ?!»
« Bonjour ma chère demoiselle, c’est une belle liste que vous avez là, et en plus, j’ai tout ce qui vous faut ! Des kunais, des shurikens, des boules fumigènes ? Vous êtes chanceuse, tout mon stock a été renouvelé !»
Le visage de l’archère s’illumina, cet éclat qui plaisait au vendeur qui pensait pouvoir profiter de ce doux minois innocent pour se faire les poches. La jeune fille sortit de sa besace tout un tas de billets qui firent l’œil au manipulateur face à elle.
« Shitekka m’a dit que trois billets comme ça suffisent pour ma liste. Alors tenez monsieur. »
Elle lui tendit alors les trois beaux billets que le marchand accepta sans hésiter, si elle s’attendait à recevoir ses produits en échange, il en fit tout autre.
« Votre shitechose a dû se tromper, c’est le double pour ces outils. Mais si vous souhaitez, je peux vous faire une offre en vous offrant ces makibishis de qualité en plus ! »
Le regard d’Imekanu changea, perplexe et hésitante, elle semblait ne pas croire à ces magouilles. Les paroles du balafré résonnaient encore dans sa tête, si on lui disait l’inverse, c’était faux. Mais si en plus, l’homme osait mâcher le prénom de l’Urumi.
« Ne me prenez pas pour un morceau de jambon ! Des troques, j’en ai réalisé bien plus que tout ceux réunis, je connais votre regard perfide et avide de mes billets ! Si vous ne voulez pas connaître la colère des Urumis, n’essayez pas de me mentir et encore moins de manquer de respect à Shitekka. Sinon je vous ferai une sale réputation et vous perdrez tout ! »
Bouche-bée, le vendeur ne trouva rien à dire, surpris par l’audace de la jeune fille aux milieux de tous ces bougres, son doigt accusateur pointé dans sa direction, elle ne comptait pas lâcher l’affaire. Ok, il n’était pas tombé sur la bonne cible, cette innocente aux attraits sauvages cachait bien son jeu.
« Wow on se calme petite demoiselle, vous connaissez les affaires, on fait vivre nos commerces comme on peut ! C’est bon tenez, et gardez les makibishis. J’ai cru qu’elle allait me planter avec une flèche. »
« Faites attention, je ne suis pas partie encore ! Mais contente que nous ayons pu faire affaire cher marchand, apprenez à respecter les vôtres et vous verrez que la vie est mieux ainsi, et merci.»
La brune attrapa son sachet d’outils et donna les billets en échange. Même si elle avait envie de lui mettre le poing de sa vie, elle se contenta de le saluer respectueusement. EN tourna sur le côté, son regard de saphir tomba sur un homme arboré d’un chapeau de paille qui semblait l’observer depuis un moment. Discrétion zéro quand on était Imekanu et qu’on était attentif à tout.
« Vous aussi vous voulez tous mes billets ? Ou vous aviez envie de voir si je me serais faite avoir comme une débutante ? »
La chasseuse ne savait même pas pourquoi elle s’adressait à lui, son intérêt pour elle l’avait sûrement interpellée plus qu’il n’en fallait et son accoutrement différent des autres et ce côté mystérieux l’avait sûrement poussée à le questionner.
Silencieux et observateur, le samouraï restait tête baissée, feignant l'indifférence, curieux de voir comment Yatero s'en sortirait dans l'affaire qu'il entreprenait avec la femme aux yeux perturbateurs. Un sourire en coin commençait à se dessiner sur son visage à mesure qu'il voyait la conversation évoluer. Décidément, son ancien rival ne savait toujours pas s'y faire, ni avec les clients, ni avec les femmes. Mais alors que la femme venait de rembarrer le vendeur, celle-ci s'adressa rapidement à Mafuyu, comme étant entrée dans une phase de méfiance avancée, les sens shinobis aux aguets sur, non seulement la situation, mais aussi l'environnement. Immobile, le samouraï restait de marbre face aux paroles de la femme, le regard porté sur l'arme du stand qu'il tenait entre les mains, restant dans le rôle de client qu'il voulait laisser paraître. Sa voix lente se mit à traverser l'espace qui le séparait sa nouvelle interlocutrice, apaisée, comme pour la rassurer par sa tonalité et la féliciter par les paroles.
"Tu t'en es bien sortit face à Yatero. Ce piètre vendeur n'a pas l'âme d'un véritable commerçant."
Il prit une courte pause, tournant la tête vers la femme, le chapeau bas au dessus de ses yeux laissant apparaître un visage de l'ombre aux traits du visage transpirant la sérénité. Grand habitué de la méditation, Mafuyu n'avait pas pour habitude de répondre de manière incisive, la réflexion et le calme primant sur tout type de comportement. Loin d'être indifférent comme il était possible de le ressentir, le samouraï laissait ses mots vibrer à la force faible du vent effleurant sa peau.
"J'avoue avoir été curieux de la façon dont tu t'en sortirais. Tout le monde n'a pas autant de tact et de répondant face à un escroc prêt à tout pour refourguer de la pierre à prix d'or."
Alors qu'il reposait lentement l'arme de jet qu'il tenait sur le stand d'où il l'avait saisit, il finit sa rotation par un mouvement du corps visant à s'aligner avec sa tête. Main droite ballante alors que la gauche reposait sur le haut du fourreau de son arme principal, son dos affichait une droiture dont l'aspect contrastait avec ses jambes légèrement fléchit sous son large pantalon en toile. Prêt à combattre en tout temps, Mafuyu fini par reprendre, les mots moins lents cette fois-ci, affichant un entrain dissimulé qu'une personne attentive pouvait déceler sans trop de problèmes.
"Tout cet équipement.Tu te prépares pour une mission ?"
Si la forme laissait paraître qu'il cherchait des informations, la sincérité de sa parole transmettait en fait une véritable tentative de détourner ce mauvais début de conversation vers des mots plus sains, éloignés de l'ambiance que Yatero avait fait planer aux abords de son stand.
Après avoir terminé l’échange houleux qui s’était terminé sur une note plus sombre, Imekanu gardait une certaine méfiance. Elle avait d’ailleurs remarqué cette silhouette abritée par un chapeau de paille qui lui sciait à merveille. La brune s’adressa à lui sans aucune crainte, tandis que ses saphirs le toisaient. Patiente, l’archère attendit un signe de sa part, ne sachant pas à qui elle avait affaire.
Lorsque le timbre de sa voix, démontrant un homme flegmatique, atteint ses oreilles, ses épaules se détendirent rapidement. Quelque peu surprise, l’Urumie resta d’abord sans voix, avant d’assimiler ce qu’il venait de lui dire. En fait, il la félicita d’avoir tenu tête au vicieux marchand. Elle sourit, s’étant trompée sur ses réelles intentions, elle passa une main derrière la tête tandis qu’un air gêné s’encra sur son doux faciès.
« Qu’est-ce qu’il pensait ? J’ai bien été entraînée à mon kotan avec ce genre de menteur et Shitekka m’a conseillé de faire attention !»
Peu fière, Imekanu arborait une carrure droite et affirmée. Curieuse de ses mouvements, l’enfant de Saroruncasi se baissa légèrement pour voir ce qui se cachait sous le chapeau. Une plénitude et une sagesse émanaient de cet individu. Elle ne savait pas qui il était, mais sa présence embaumait autour d’eux, la mettant à l’aise plus qu’il en fallait. Son souffle calme, cette douceur sur le minois de la chasseresse, elle hocha de la tête en lui offrant un de ces beaux sourires.
« Peu ici pensent que j’ai le poids des mots qui m’accompagnent. L’expérience fertilise l’assurance et la connaissance. Quand je sais où je mets les pieds, je sais quoi faire !»
Parce que même si les armes shinobis étaient pour elle un grand mystère, le marchandage, elle connaissait. Sur le Mata Kotan, à la place de liasses de billets, les Urumis utilisaient le troc pour faire vivre leur peuple et leur foyer. Il fallait savoir négocier et se méfier des entourloupes. De plus, grâce au Kaguya, la genin s’était présentée avec la ferme intention de ne pas se laisser avoir, elle était donc ravie que quelqu’un l’ait remarqué et l’en félicite.
Son interlocuteur était équipé d’un impressionnant sabra, qu’il ne lâchait jamais. Sa posture était peu commune, comme s’il s’apprêtait à bondir sur elle à tout moment. Et pourtant, elle n’avait pas peur. Par ailleurs, l’inscription gravée sur le bandeau qu’ils avaient en commun témoignait de son rôle de shinobi au sein de Kiri. L’homme serein la questionna sur ses achats, leur permettant de tourner la page sur l’épisode précédent. La brune s’approcha alors de son interlocuteur qui faisait bien plus qu’une tête qu’elle et leva le visage vers le sien, rencontrant ses iris intenses. Elle lui tendit naturellement la sacoche, comme pour lui montrer tout ce qu’elle avait trouvé.
« Mon sensei m’a dit que quand on rentre dans les rangs du village, il faut s’équiper. C’est important pour les entraînements, les missions et les combats sérieux. Mais je ne sais pas vraiment m’en servir pour le moment...»
C’était là un problème qui se résoudra avec de la patience et de l’apprentissage. Ses doigts grattèrent délicatement sa tempe, comme si elle réfléchissait à quelque chose d’important, tout en fixant son sac. Une idée lui vint alors, tandis qu’elle relevait sa bouille adorable et que ses pupilles s’illuminaient comme les plus intenses lumières éclairant les plus sombres ruelles.
« Peut-être que vous pourriez m’aider ? Vous avez l’air de savoir vous battre et vous êtes un shinobi de Kiri non ? Je suis Imekanu, enchantée.»
Ne sachant comment réagir en cet instant, elle lui tendit une poigne, c’était une sorte de marchandage à sa manière. Peut-être qu’en échange, il lui demandera quelque chose, ou qu’il refusera. Mais cela ne serait pas très poli d’ignorer la requête d’une jeune femme déterminée non?
Le corps dirigé vers son interlocutrice, le samouraï patientait, attentif à chacun de ses propos, écoutant, mais aussi analysant. L'honnêteté de son approche n'avait rien à cacher, et pourtant, la femme semblait parler d'un certain Shitekka, l'assimilant à ce qui semblait être son senseï, une personne que Mafuyu ne connaissait pas, un bon signe finalement, l'indice qu'il n'était pas sur la liste des criminels qu'il avait pu recenser au sein du village. Et alors qu'elle continuait, celle-ci en vint rapidement à la possibilité, voire plutôt la proposition, que le Chûnin soit amené à l’entraîner. Le regard se plissant un court instant avant de se plonger vers ce qu'elle lui montrait, du matériel de combat en tout genre, de quoi se défendre et mener à bien une mission. Le moment pour lui de prendre la parole sans réellement répondre, laissant sa voix calme se diffuser telle une essence.
"La véritable expérience est liée à la pratique en conditions réelles, sous le stress, dans un état de perception qui te fait comprendre que chacune de tes décisions peut être la dernière. ~ C'est lorsque ton kunai est ton dernier échappatoire que ton cerveau fait le nécessaire pour survivre et emmagasine les informations les plus pertinentes pour tes futures actions."
Ceci-dit, Mafuyu la toisa avec respect, cherchant à comprendre ce qui faisait d'elle la kunoichi qu'elle était, quelles étaient ses points forts, ses compétences, son style de combat ? Mais tout ce qui pu ressortir vu l'expertise qu'il avait à faire à une femme venue donner le meilleur d'elle-même pour progresser, idée largement appuyée par les multiples mentions des instructions ët du nom de son senseï. La foi patriotique que le samouraï vouait à la brume ne pu le résoudre qu'à accepter après les quelques secondes de flottement qu'il avait laisser filer à l'observer.
"Je peux t'aider. Mais n'oublie pas que seuls ta persévérance et ta capacité à voire une arme comme le prolongement des membres de ton corps te permettra de réellement utiliser de l'armement à son plein potentiel."
Pourquoi en dire plus ? Il ne fallait pas aller trop vite, donner trop indice ne pouvait que ralentir une progression, le meilleur des élèves se constatant par sa capacité à assimiler les informations et aller chercher plus loin que celles-ci. D'un mouvement du corps, le samouraï fini par bouger de sa position pour se mettre à marcher au travers des stands.
"Tu as pu trouver tout ce que ton senseï t'as demandé d'acquérir ?"
Une simple question afin d'être sûr de la suite. Si la femme était réellement décidée à apprendre auprès du samouraï, celle-ci ne devait pas se détourner de la tâche accordée par celui dont elle avait le don de citer.
Ce avec une appréciation certaine, qu’Imekanu écouta cet homme à l’allure agréable lui expliquant ce qu’était la véritable expérience. Intriguée et surprise, l’urumie l’écouta attentivement, s’imiscant un peu plus dans un monde qui la dépassait encore. La pratique, oui, c’était ce qui permettait d’apprendre et c’était encore mieux en situation où quelque chose d’important en dépendait. Son kunai… la brune observa sa poche ne sachant déjà plus quel objet faisait office de kunai, mais elle comprenait ce qu’il disait, en partie du moins. Son visage se releva vers le sien, calme et serein, tandis qu’elle lui expliquait la raison de cet achat et qu’elle lui confia aussi ne pas savoir s’en servir. Mais lui savait, cet homme chapeauté était bien équipé et semblait avoir son lot d’expérience et de vécu. L’âme de ses pupilles sombres témoignait pour lui, un mystère indescriptible, mais un intérêt pour sa personne.
Ce fut sans hésitation qu’elle lui demanda de l’aide. L’archère n’était pas du genre à faire dans la dentelle ou à prendre des pincettes, lorsqu’elle voulait quelque chose, elle n’hésitait pas à le faire savoir. Silence, don du ciel ou poids assez pesant ? Imekanu ne saurait pas le dire, elle ne savait pas ce qu’il souhaitait, ce qu’il faisait. Réfléchissait-il à sa requête ? Sûrement. Peut-être même qu’il cherchait à voir si une inconnue comme elle le méritait. Une chose était certaine, il pouvait déceler dans ses pupilles océaniques, ce brin de détermination, cette flamme bleutée qui semblait pourtant très chaleureuse.
Et il accepta. Le visage de la traqueuse s’illumina alors qu’elle tentait de garder son calme pour ne pas l’effrayer. Le brun s’avisa de lui conseiller de ne pas oublier les fondamentaux et elle hocha de la tête vigoureusement pour lui faire savoir. D’ailleurs, elle attrapa sous sa cape faite en peau d’ours son arme de cœur, celle avec qui elle partageait tout : son arc.
« Je ne peux que comprendre ce que vous me dites, sensei. Je ressens cela avec mon arc. Mais même si je le manie très bien, je ne sais pas le faire avec ces choses...»
Spécialisée dans le tir à l’arc, utiliser des projectiles ne devait pas être difficile, et pourtant…Enfin, la genin ne perdait pas l’espoir de devenir une excellente kunoichi, il en valait de son cher Saroruncasi.
« Bien que c vendeur ne sache pas négocier, il semblait qu’il y ait tout ce qu’il y avait sur la liste. Mais si vous avez d’autres conseils en matière d’armes, je vous écouterai sensei !...»
La tête haute, détermination dominant son pur esprit empli de bonne volonté, Imekanu suivit le manieur de sabre à travers les stands. Elle résista à l’odeur alléchante, qui ne valait pas les mets Urumi, mais qui lui donnaient envie. Curieuse, elle se permit de courir légèrement pour se placer aux côtés de cet homme mystérieux.
L’attention du samouraï fut portée sur les paroles de sa nouvelle interlocutrice. Il fut surpris de l’entendre l’appeler comme l’un de ses enseignants, mais compris surtout qu’il avait apprendre de la kunoichi malgré lui. Effectivement, celle-ci mentionna rapidement l’éventualité du maniement d’un arc. Jamais de sa vie Mafuyu ne voudrait manier une telle arme qui ne correspondait pas à son style de combat, mais la simple connaissance du fonctionnement d’une de ces armes ne pouvait que lui être utile pour augmenter son expérience face à de nouveaux ennemis aux méthodes de combat diverses.
Sa voix parcoura de nouveau l’espace, sereine, apaisée, presque réparatrice.
C’est vrai qu’il ne sait pas négocier. On est d’accord, merci bien. Mais je l’ai déjà vu réussir son coup avec certaines personnes. ~ Je ne pouvait savoir au premier regard que étais de ceux assez intelligents pour l’envoyer paître.
Le samouraï restait satisfait des événements. Imekanu comme elle se présentait, était de celles qui pouvaient fièrement représenter la Brume. Du moins, aux premiers abords le samouraï l’espérait.
Avant même de répondre à sa question. Le Chûnin sentit qu’il était temps pour lui de se présenter à son tour. Le respect était une notion importante pour lui.
Pardonne-moi Imekanu. ~ Je me nomme Mafuyu. Chûnin de la Brume. Un adepte de l’Ombre et des arts du fer.
Vocalement, le samouraï laissait comprendre qu’il maniait à la fois les armes faites de métal, mais aussi, de la même manière, ceux du pays dont il était originaire.
Quelques secondes planèrent avant qu’il enchaîne, le regard figé dans les magnifiques yeux de celle qui semblait déjà vouloir la suivre.
Plutôt éloigné d’un quelconque attachement au reste de l’humanité, le samouraï cachait être décontenancé. Jamais il n’aurait cru se faire une amie aussi facilement, celle-ci les yeux brillants d’un vivant qui faisait plaisir à observer. Impossible pour lui de refuser.
Mais si celle-ci voulait réellement en apprendre plus sur le maniement des armes. Il ferait son possible.
J’ai toujours quelque chose à enseigner à propos des armes faites de métal. Que ce soit par le katana ou les projectiles. ~ Tu dis que tu n’as plus rien à acheter ? Alors quittons ce marché. Nous avons la chance de vivre dans un village qui possède le meilleur Dôjo du monde.
L’apparence calme du samouraï affichait difficilement un sourire, né de la simple affection étonnante qui lui avait été porté et à propos de laquelle il ne se serait résolu à rester stoïque. Il prenait de risque de quitter la méditation nécessaire dans laquelle il était plongé en permanence, servant de carapace à ses tourments les plus profondes, mais il était prêt à le prendre.
La savoir manipuler l’arc semblait le surprendre. Utilisait-on beaucoup ce type d’équipement ? À sa connaissance et de ce qu’elle avait pu observer depuis son arrivée, non. Kiri semblait regorger de beaucoup d’individus manipulant les armes de jet comme ces kunais ou des katanas, voire des sabres magiques. Ce sera donc pour lui un moyen de voir comment on pouvait se servir de l’arc. Celui-ci d’ailleurs était utilisé avant tout pour chasser et avec sa naissance maîtrise du chakra, Imekanu avait décidé d’en faire une force supplémentaire. Assez intelligente ? Peut-être plutôt expérimentée. Un fin sourire se dessina sur son adorable minois, empli d’une certaine fierté.
« Sur Saroruncasi, il faut savoir troquer et marchander. Même si je ne comprends tout de votre monde, certaines expériences du passé semblent enclines à être utilisées pour se préserver. Mais ravie d’avoir pu vous surprendre. »
Qui aurait cru que cet homme, dont le calme et la sérénité transpiraient, pouvait se montrer étonné ou susceptible d’être pris au dépourvu ? En tout cas, si tout ce qu’elle connaissait lui permettait de mieux s’intégrer et faire ses preuves au sein de la Brume, elle n’hésitera pas. De nature curieuse et dotée de cette flamme dans son regard paradoxalement océanique, l’archère demanda avec empressement ce qu’ils allaient faire. Mais il était vrai qu’elle ne connaissait même pas son matricule et l’entendre de son timbre transcendant lui arracha une nouvelle esquisse. Alors il était bien un shinobi de Kiri, adepte de l’ombre et du fer… On pouvait voir un cil se rehausser, cherchant ce que signifiaient ces dernières paroles. Le chapelier de paille manipulait les armes, de ce qu’elle voyait, concernant l’ombre… elle ne comprenait pas vraiment. Alors ce fut tout innocemment qu’elle lui posa la question, curieuse d’en apprendre plus sur cet homme avec qui elle se familiarisait.
« Enchantée Mafuyu, chûnin de la Brume ! Si je comprends bien… vous vous battez avec les ombres et vos armes ? »
Son regard perçant et brillant ne lâchait pas le sien, bien plus sombre et intense, empli de mystère. L’urumi se surprenait à éprouver cette envie de le connaître et de le comprendre, se liant avec cet inconnu qui aspirait pourtant à lui transmettre bien des choses. Elle voulait le suivre, à travers l’ombre, de la lumière qu’elle représentait, qui lui donnait cette force de ne pas se retrouver écrasée par ce côté intimidant. La vitalité qui émanait de la genin nourrissait les êtres qui appréciaient s’en abreuver. En sera-t-il de même pour Mafuyu ? Sera-t-il touché par son désir d’apprendre et par cette spontanéité dont elle faisait preuve ? Et bien oui, à l’entendre s’exprimer. Le chunin sera alors témoin de l’émerveillement d’Imekanu et de sa joie lorsqu’elle l’entendit accepter sa requête. Son arc à la main, elle s’étira avec, le montrant avec fierté et l’observa avec une vigueur contagieuse. Le meilleur Dôjo ? L’excitation pour la jolie brune grimpait encore, pressée de découvrir ce monde, peut-être trop facilement influençable, mais pouvait-on lui en vouloir ?
La volonté de tous les urumis glissaient dans ses veines, elle répondit doucement à cette esquisse presque invisible qui se dessina sur son visage marqué par l’expérience. Ces deux êtres, s’apprêtaient à vivre quelque chose de nouveau, une expérience et un partage qui sera précieux pour la kunoichi. Alors déterminée, elle le suivit tandis qu’ils quittaient le marché et qu’ils s’enfonçaient dans les ruelles de Kiri vers cette destination qui faisait palpiter son cœur d’aventurière.
Regard calme, le samouraï continua ses pas, s’assurant du coin de l’œil que la femme le suivait bel et bien. Ses pensées se perdirent vers les mots qu’elle lui lança, citant un lieu dont il n’avait jamais eu connaissance. Peut-être se renseignerait-il dessus plus tard. Le moment était à une marche décisive vers l’un des lieux les plus importants du village de la Brume.
Ses yeux se perdirent ensuite sur les environs, explorant la foule pour ne heurter personne. Les deux êtres quittaient le marché.
Face au questionnement subtil de son interlocutrice, Mafuyu se résolu à répondre.
Les ombres représentent l’une des armes les plus puissantes pour un shinobi. ~ J’y ai dédié mon art par simple but de survie. Mais, aujourd’hui, je mets ces compétences à disposition pour la Brume.
Par ombre, il entendait bel et bien faire comprendre qu’il évoquait le domaine de la sensorialité. Chose qu’il précisa peu après. Laissant le temps à ses poumons de garder leur rythme.
Se fondre dans l’environnement et prendre par surprise. Ou plus simplement, restreindre les combats au strict nécessaire. ~ Efficacité, précision et incision.
A ces derniers mots, le samouraï s’enferma dans une sorte de bulle méditative jusqu’à l’arrivée au Dojo des sabreurs, comme observateur des personnes alentours. Croiser un shinobi de sa connaissance ne pourrait que le ralentir et la gestion du temps restait un élément cruciale dans la peau d’un soldat de l’ombre.
L’ombre de l’homme mystérieux se mélangeait avec les pas d’Imekanu, jusqu'à ce qu’elle prenne place à ses côtés pour écouter ses sages paroles. Elle faisait attention à son entourage, mais restait particulièrement attentive au samouraï à ses côtés parce qu’elle sentait qu’elle pouvait beaucoup apprendre de sa personne. Très intéressée, presque comme si elle était son élève, elle le questionnait sur cette ombre. Cela semblait être un mot symbolique qui ne représentait pas forcément l’ombre sur le sol qui suivait le corps. L’une des armes les plus puissantes pour un shinobi ? Elle entrouvrit la bouche surprise et l’écouta attentivement. Cela ne l’aidait pas vraiment à comprendre de quoi, il s’agissait, jusqu’à ce qu’il lui explique tout simplement. Un fin sourire naquit sur les lèvres de l’Urumie avant de hocher de la tête.
« Oh je vois, ça me fait un peu penser à la chasse… Il faut être discret, savoir repérer, et être très rapide et précis, pour ne pas rater sa proie… Est-ce qu’on peut utiliser ces compétences et les lier au ramat du chakra Mafuyu ? »
Cela pourrait être très intéressant. Elle semblait avoir une prédilection dans la traque, en tant que chasseuse depuis son enfance, pourquoi pas rendre ces capacités sensorielles encore plus importantes, voire plus utiles en fait ? L’azurite pourrait même chasser encore mieux ? C’était une idée intéressante à ne pas omettre. Leurs pas les invitèrent à s'engouffrer dans les ruelles de la Brume, s’éloignant des passants et des marchés pour se rendre au fameux dojo. Un endroit où le calme dominait l’ambiance et où on s’y sentait intimidé, pour Imekanu en tout cas. Une entrée qui semblait gardée et qui offrait derrière, une grande cour et une imposante bâtisse au toit d’architecture d’un style harmonieux et sobre. Il semblait y avoir beaucoup de pièces et de quoi s’entraîner avec efficacité.
Mafuyu devait bien connaître les lieux tandis que la Genin était un peu novice ici. Ils se rapprochèrent de l’entrée et furent reçus par le gardien. Son regard neutre et sa grande carrure ne donnaient pas envie de s’y confronter. Son visage innocent se posa sur l’homme au chapeau de paille à ses côtés.
« Puis-je savoir ce que vous venez faire au Grand Dojo des sabreurs ? »
Une question légitime quand on gardait des lieux si mystérieux et importants. La jeune fille montra du doigt l’homme à ses côtés, souriant tout naturellement.
« On vient apprendre à se servir des armes de métal ! C’est le meilleur Dôjo du monde d’après mon sensei ! »
Le gardien la toisa curieusement, observant ensuite le chunin à ses côtés. Il semblait compétent, savoir utiliser les armes et reflétait d’une expérience certaine. Il hocha de la tête alors, convaincu et se poussa avant de leur faire signe de passer.
« Bien, tout kirijin qui vient pour apprendre le maniement des armes est le bienvenu. Vous pourrez trouver des salles d’entraînement avec tout l’équipement nécessaire. »
Imekanu avait déjà tout ce qu’elle avait besoin, mais c’était bien à savoir. Très enthousiasme, elle entama le pas en sautillant et s’arrêta pour attendre le Hugire. Trépignant d’impatience, la traqueuse se faisait force de rester calme.
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