« Voilà votre commande monsieur. Bonne dégustation. » Fit Musashi, d’un léger sourire.

Il déposa la boisson alcoolisée devant le client avant de repartir vers comptoir, où Ija lui remit aussitôt un autre plateau, destiné à un couple au fond de la taverne. Sans perdre un instant, il s’empressa de les rejoindre et de leur remettre leur repas :

« Voilà votre commande, j’espère que vous n’avez pas eu à trop attendre. Bon appétit ! » Fit-il, d’un fin sourire.

Il retourna une fois de plus vers le comptoir, aidant, cette fois-ci, Ija à mettre un peu d’ordre, notamment en rageant tout ce qui traînait de gauche à droite et dont elle ne se servait plus.

« Je crois que ce n’est pas mal, là. Tu as vraiment assuré, Musashi, bravo et merci à toi. Je pense que tu peux rentrer maintenant. Il n’y a plus beaucoup de clients, je vais nettoyer la cuisine et gérer le reste avant la fermeture. Ah et n’oublie pas de passer demain pour ta paye. » Fit-elle, d’un fin sourire.

« Je t’ai dit que je t’aiderai pour aujourd’hui alors laisse-moi t’aider jusqu’au bout, Ija. L’argent, je n’en ai pas besoin, tu sais. Si tu ne sais pas quoi en faire, tu peux toujours l’offrir à des œuvres caritatives, hein. Quoi que tu peux toujours l'envoyé à Taishi-senseï, à tous les coups il doit squatter la taverne de quelqu'un pour dormir. » Rétorqua -t-il, d’un air amusé. Ce qui ne manqua pas de la faire légèrement rire.

Sans perdre plus de temps, Musashi s’engouffra dans la cuisine et commença par les nombreux verres et assiettes qui n’attendaient que d’être nettoyé. Il rangea soigneusement chaque objet à son emplacement, jetant tout ce qui était à jeter dans la poubelle. Enfin, il s’empara du balais et commença à nettoyer délicatement le sol de la cuisine. Il s’étonnait à faire tout cela, mais au fond il était heureux de le faire, car c’était pour Ija, qui était importante pour son Senseï et avec qui il commençait à tisser un certain lien.

« C’est bon pour la cuisine. » Fit-il, en rejoignant Ija derrière le bar. « Tiens, il y a une nouvelle cliente, ce n’est pas un peu tard pour l’accepter ? » Demanda -t-il, en regardant la nouvelle cliente prendre place devant une table, tandis que la plupart des clients commençaient à quitter la taverne.

« Merci Musashi, c’est vraiment adorable de ta part. Non, ne t’en fais pas, je ne vais pas fermer tout de suite. Tu peux prendre sa commande ? Le temps que je m’occupe de ce cocktail. » Demanda -t-elle.

Hochant naturellement la tête, Musashi se dirigea vers la table de cette nouvelle cliente, dont deux autres clients, qui quittaient la salle, avaient qualifié « d’étrangère ». Ils avaient par ailleurs marmonnés quelques trucs, difficile de savoir si c’était des méchancetés ou au contraire des phrases gentilles et bienveillantes.

« Bonsoir. Avez-vous une idée de ce qui vous ferait plaisir ? » Demanda -t-il, simplement, d’un léger sourire.

Devoir sourire toute la journée c’était bien plus éprouvant que ce qu’il pensait. Et dire qu’Ija gérait ce lieu depuis des années, voilà une chose qu’il ne pourrait certainement jamais faire, et rien qu’en cela il admirait sa force et son courage...

Spoiler:

La taverne se vidait peu à peu, ne restant désormais plus que quelques clients. Eux aussi n’allaient à priori pas tarder à s’en aller, à l’exception de la nouvelle qui venait de franchir le seuil de la taverne. Laissant Ija au comptoir préparer ce qui avait tout l’air d’un cocktail de jus de fruit, je m’empressai de retrouver la mystérieuse jeune femme qui attendait patiemment qu’on s’occupe d’elle. Je l’interrogeai alors sur ce qui lui ferait plaisir, me tenant prêt pour lui apporter cela dans le plus bref délai.

Du saké. Voilà tout ce qu’elle souhaitait. Si cela ne m’étonna pas vraiment, notamment compte tenu de l’heure, sa façon de m’observer m’interpella, m’amenant à me poser plusieurs interrogations sur sa personne. J’ignorai ce qu’elle recherchait, mais comme elle pouvait le voir je n’étais rien de plus qu’un simple serveur, du moins en apparence. Mon bandeau frontal ne m’accompagnait pas partout, contrairement à la plupart de shinobi Iwajin. J’étais vêtu de façon ordinaire : un jean gris et une simple chemise blanche. Cela dit, il suffisait de quelques dons sensorielles et elle pourrait vite se rendre compte que j’étais en réalité un shinobi.

Quoi qu’il en fût, la jeune femme s’excusait de se manifester aussi tardivement, se justifiant d’avoir enchaîné des opérations importantes. Elle déclina alors son idée, confirmant qu’elle était bel et bien une étrangère.

« Ne vous enfaîtes pas, il reste encore pas mal de temps avant la fermeture. » Fis-je, d’un léger sourire. « Je vous apporte votre boisson dans un instant. » Repris-je, en maintenant mon sourire, avant de me diriger vers le comptoir, informant Ija de la commande de cette Harumi.

Ne restant plus de saké à sa portée de main, la gérante dû partir dans la réserve pour se procurer quelques bouteilles. Je profitais pour débarrasser les tables de quelques clients qui venaient de partir, remarquant alors à cet instant le mystérieux tatouage gravé sur le dos de la médecin itinérante. Elle m’intriguait de plus en plus, mais malheureusement j’étais en service ce qui ne permettait de pas de pouvoir discuter avec elle.

C’était alors qu’en allant voir Ija pour récupérer la commande d’Harumi, la gérante me libéra de mes obligations, en réalisant sans doute qu’il n’y aura plus vraiment d’autres clients. On s’échangeait quelques mots avant de prendre la bouteille de la médecin dans une main et de l’eau pétillante dans une autre.

« Tenez, j’espère ne pas avoir été trop long… » Fis-je, en déposant le saké devant elle. « Si vous me le permettez j’aimerai bien m’installer à votre table, ce n’est pas tous les jours que je croise la route d’étrangers, encore moins d’une médecin ninja itinérante. » Poursuivis-je, en déposant ma boisson sur la table, attendant toute de même son autorisation avant de m’asseoir. « Ah, j’ai oublié de me présenter… Moi c’est Musashi, Han Musashi, ninja d’Iwa. Enchanté de faire votre connaissance, Kobane Harumi. » Repris-je, naturellement.

Je ne voyais pas l’intérêt de lui cacher mon identité, après tout elle avait été honnête, alors c’était la moindre des choses pour qu’on puisse partir sur des bonnes bases.

« Cela peut surprendre en effet, mais je ne suis pas vraiment serveur, je ne fais que donner un coup de main à une amie, une de ses employées étant indisponibles. » Lâchai-je, au cas où elle se poserait des questions.

Si je considérais ma demande comme étant quelque peu déplacée, surtout compte tenu du rôle que je tenais quelques instants auparavant, la Kobane ne semblait y voir aucun problème, au contraire. Elle paraissait à première vue comme étant une personne vraiment agréable, ce qui n’était pas toujours le cas des étrangers. Il y avait par exemple eu ce Mitsudo, samouraï des plus arrogants provenant de Joheki, et d’autres personnes pour le moins désagréables qui avaient souvent dû être sous haute surveillance. Il se pourrait que Harumi jouait un rôle, mais pour l’heure cela m’importait peu, je me contentais simplement de m’asseoir à sa table, après avoir obtenu son autorisation, prêt à savourer pleinement l’instant présent.

J’esquissais un léger sourire suite à son rire, tout en l’observant attentivement, mais de manière moins direct afin notamment d’éviter de la mettre mal à l’aise. Son cigare et penchant pour le saké attisait ma curiosité, surtout après avoir appris qu’elle était médecin. Cherchait-elle à étouffer quelque chose ? A première vue, je dirais que non, peut-être que c’était simplement une habitude, une addiction et ce peu importait les conséquences que cela pouvait lui causer. Peut-être bien.

« Serveur aujourd’hui, et peut-être bûcheron demain, j’aime à penser que je ne suis pas doué que dans l’utilisation du chakra. Ainsi, si un phénomène tel que la résonance venait à me priver de mes talents de shinobis, je saurais toujours me rendre utile à la société, haha. » Finis-je, par rétorquer, d’un léger rire.

J’étais après tout devenu shinobi malgré moi, et si je me tuais d’ailleurs à la tâche dans l’espoir d’accomplir cet « objectif », j’osais espérer que mon métier n’était pas tout ce qui me déterminait. C’était d’ailleurs dans ce genre de moment que je me souvenais des mots de mon senseï, lorsqu’il me disait de ne pas oublier ma quête de comprendre les autres. Chose que j’avais souvent tendance à relayer au second plan, mais c’était en m’adonnant à ce genre d’activité que je m’en rappelais et essayais de m’en tenir.

J’appréciais particulièrement les paroles de la Kobane lorsqu’elle disait qu’il n’y avait pas de métier sot. Elle avait entièrement raison, car au-delà de l’importance de notre rôle en tant que shinobi, nous ne serions rien sans les autres métiers qui facilitaient nos vies et nous rendaient un immense service de biens de façon. Acquiesçant d’un signe de tête, j’appris par la suite que Harumi allait rester quelques temps dans les parages, elle était apparemment en contrat avec Iwa, ce qui ne fut qu’accroitre ma curiosité.

« Un contrat ? » Fis-je, dans un premier temps, d’un air curieux. « J’ignorais que Iwa engageait temporairement des étrangers, mais j’imagine que vous devez avoir beaucoup à offrir. » Poursuivis-je, d’un air songeur. « Qui sait peut-être que vous allez révolutionner notre hôpital avec des nouvelles techniques et méthodes de soins… » Conclus-je, d’un léger sourire, avant de siroter ma boisson.

En réalisant le contenu de mon verre, Harumi ne manqua pas de réagir dessus. Je lui fis un rapide signe de tête avant d’assimiler ses remarques et de réfléchir à ses questions.

« C’est ce qui me convient le mieux, en effet. Je tiens mal à l’alcool, sans compter que je n’ai pas encore vraiment l’âge légal pour ce genre de boisson. » Fis-je, en souriant légèrement. « Tant pour eux ? Je ne sais pas, j’ai envie de vous dire que non, mais mon expérience m’amène à penser le contraire. D’un autre côté, c’est aussi pour cela que les villages shinobis ont vu le jour, non ? Même s'il est vrai que leurs querelles, parfois puérils, viennent à menacer ce qu’ils cherchent à protéger... » Repris-je, après un petit instant de réflexion. « Non, détrompez-vous, si je suis devenu shinobi c’est avant tout pour survivre... le pire étant que cela s’est produit au moment où je voulais le moins vivre, quelle ironie, haha. » Poursuivis-je, en éclatant de rire.

Pas certain que j’aurais répondu de la même manière il y avait de cela un deux ans, ce qui prouvait que j’avais bien mûri.

« Ceux qui voulaient survivre ont tous péri sur un champ-de-bataille, tandis que celui qui n’avait plus aucune attache à la vie à survécu, le destin se joue souvent de nous, vous n’êtes pas d’accord ? » Fis-je, en me grattant légèrement l’arrière du crâne. « Et vous, très chère, qu’est-ce qui vous a poussé à vous aventurez dans cette voie ? Sauvez des vies ? Et si vous permettez mon indiscrétion, pourriez-vous me dire de quelle contrée êtes-vous originaire ? » Demandai-je, d’un air curieux.

Je pris une petite gorgée de ma boisson, avant de poser mon coude contre la table, déposant délicatement la partie gauche de mon visage contre la paume de ma main.

« Et dites-moi, vous qui avez sans doute beaucoup voyagé, que pouvez-vous m'apprendre sur le monde extérieur ? Partez du principe que je n'ai jamais vu d'autre endroit que Tsuchi... » Conclus-je, d'un léger sourire.

Je ne me voyais pas me recycler ou changer de vie, certainement pas après avoir mis autant de temps à accepter cette nouvelle vie, à priori ma voie, mon destin. Toutefois, ce fut avec le sourire aux lèvres que j’acquiesçai à la remarque de la médecin. J’étais bien placé pour savoir qu’il ne fallait jamais dire « jamais », car la vie pouvait être pleine de surprises.

Quoi qu’il en fût, je fus toute de même étonné de la manière avec laquelle Harumi évoquait la résonance, elle en parlait en effet comme si c’était quelque chose de banale, qui ne l’avait pas vraiment affecté. A moins qu’elle ne souhaitât simplement pas s’attarder sur le sujet ? J’attendis qu’elle aille au bout de son monologue avant de vérifier ce point-ci.

« Cela n’a pas été le cas pour vous ? » Demandai-je, d’un air curieux. « On a tous plus ou moins été affecté à Iwa. Pour certains rien n’a vraiment changé, tandis que pour d’autres ça va à la perte d’une affinité à l’impossibilité de malaxer le chakra. Je me demande encore ce qui pourrait être à l’origine d’un tel phénomène. » Ajoutai-je, d’un air songeur.

Je ne devais probablement rien lui apprendre, mais sa réaction pouvait peut-être m’apprendre bien plus sur le sujet, qui sait. D’ailleurs, il était regrettable de constater qu’à Iwa aucune mission n’avait encore été mis en place pour enquêter sur ce phénomène. Ce n’était pourtant pas une chose à négliger, on avait tous pu constater les conséquences de nos propres yeux, notamment à l’issu de la bataille qui nous opposa aux « marionnettes » de Mamushi. M’enfin, peu importait.

« Et bien c’est tout à votre honneur, Harumi-san. Car, après tout, il n’y a rien de plus noble que de vouloir et de tenter de sauver des vies. » Fis-je, d’un air sincère. C'était une noble, c'était le moins qu'on puisse dire.

Je me disais néanmoins que cela ne devait pas être simple, surtout pour une mercenaire. Car, elle pouvait bien soigner une vie aujourd’hui et se voir malheureusement contrainte de la reprendre, d’une manière ou d’une autre, le lendemain.

Quoi qu’il en fût, ma petite remarque concernant Harumi et l’hôpital ne manqua pas de la faire légèrement rire. Les précisions qui précédèrent son rire me permirent de mieux saisir la raison pour laquelle Iwa l’avait temporairement engagé. Elle connaissait bien le pays, elle avait l’air d’être forte et avait une certaine expérience des champs-de-bataille et de la vie d’ailleurs, et surtout elle était médecin. C’était Aimi et l’assistant Mitsuki qui allaient être content de la voir débarqué, fin normalement.

Je lui confiais par la suite la raison pour laquelle je me refusais encore de toucher aux boissons alcoolisées, chose qui ne manqua pas de l’amuser de nouveau. Ce fut donc tout naturellement qu’elle m’interrogea sur mon âge, même si personnellement je n’y attendais pas le moins du monde. Je n’avais pas été très subtil sur ce coup-ci, c’était le moins qu’on puisse dire.

« Bientôt dix-huit ans. » Fis-je, d’un léger sourire avant de siroter ma boisson.

J’osais espérer que cela ne changerait rien, car il serait dommage qu’elle me perçoive autrement à cause de mon âge.

Prenant une nouvelle petite gorgée de ma délicieuse boisson, j’écoutais attentivement la médecin exprimer son point de vue en ce qui concernait les villages cachés. On n’avait visiblement pas la même vision, mais cela ne m’étonnait pas vraiment. Car, cela faisait un petit moment que je remettais en cause ma perception de la réalité, qui me paraissait en effet par moment être quelque peu biaisée ; mais en même temps cela n’avait aussi rien de surprenant, surtout quand on se fie à mon expérience de la vie.

« Vous n’avez pas tort. C’est quand même triste que nous ne soyons et ne serions rien de plus que des outils à la solde des daïmyo. Mais en même temps je ne suis pas certain qu’envisager les choses sous un autre angle rendrait forcément ce monde meilleur. » Lâchai-je, d’un air relativement neutre.

C’était peut-être un peu absurde de parler d’un monde meilleur lorsqu’on savait de quoi étaient capables les shinobis. Donc, en fin de compte, ce n’était peut-être pas plus mal qu’on soit canalisé et contrôlé de la sorte ? Je n’en savais rien, du moins pour le moment. Puis, de toute façon, mon objectif, mon combat, ma raison d’être était pour le moment ailleurs.

Percevant un certain changement dans l’attitude et le regard de mon interlocutrice, je lui accordai toute mon attention, curieux de connaître les mots qui allaient sortir de sa bouche. Si je vis immédiatement où elle voulait en venir, je ne partageais pas pour autant son point de vue.

« Je vous accorde qu’un serveur est en apparence plus à l’abri qu’un shinobi, mais en fin de compte que ce soit l’un ou l’autre, aucun ne mourra avant que son heure n’arrive. Si certains sont morts à votre place, ce qu’il devait en être ainsi. » Fis-je, simplement.

La preuve, j’avais moi-même échappé à plusieurs reprises à une mort certaine. Tous les paramètres étaient réunis pour que ma vie prenne fin. Et pourtant, j’étais encore là. Le discours d’Harumi sur le destin me fit décocher un léger sourire, car elle disait ne pas croire au destin et pourtant paradoxalement elle semblait exposer tout ce qui avait l’air de s'apparenter à une partie du mécanisme du destin.

« Vous venez plus ou moins d’exposer le mécanisme du destin, même si vous chercher visiblement à expliquer l'aspect métaphysique d'une autre manière. » Lâchai-je, d’un léger sourire.

Je ne réagis pas sur la seconde partie de son monologue de peur de me lancer dans un discours interminable, comme j’en avais parfois l’habitude. Cela n’était pas indispensable, alors inutile de l’ennuyer plus longtemps sur ce sujet.

Puis, j’écoutai attentivement le monologue de mon interlocutrice qui me contait très brièvement son histoire avant de réagir.

« Oh, vous connaissez même les Nagamasa. Et visiblement vous avez l’air d’être plus Tsuchijin que moi, quelle ironie, haha. Les vôtres ne vous manquent-ils parfois ? Vous avez l’occasion de les voir ou votre statut rend -t-il cela plus difficile ? Ainsi donc c’est votre expérience de la vie et des combats qui vous a amené à abandonner vos rêves d’enfant ? » Demandai-je, curieusement. Il n’y avait que de la curiosité, aucun jugement ou sous-entendu. « En parlant du pays de la foudre, j’imagine que vous êtes au courant de ce qui s’est passé là-haut ? Il semblerait qu’une sérieuse nouvelle menace se profilent pour les daïmyo… » Poursuivis-je, d’un air relativement neutre.

Pour l’heure, malgré l’aversion que je développais inconsciemment pour les daimyo, je ne saurais dire si c’était une bonne chose.

« Les gens sont ingrats. La vie est imprévisible et souvent injuste. Alors tant que vous le pouvez continuer de faire ce que vous avez à faire. » Fis-je, d’un doux sourire.

Alors que je tentais de siroter une nouvelle fois ma boisson, je me rendis compte qu’il n’y avait plus rien au fond du verre. L’air gêné, je déposai naturellement le gobelet sur la table avant d’écouter attentivement le monologue de la médecin.

Lorsqu’elle parlait des différents lieux qu’elle avait pu fouler de ses pas, mes pupilles dorées se mirent à briller de mille feu. Elle avait peu dit et pourtant cela suffisait amplement pour attiser ma curiosité, pour éveiller et animer cette passion qui sommeillait en moi depuis tant d’années. La fin de son monologue me rendit cependant plus triste, même si cela se traduisait en apparence par un air relativement neutre.

« L’homme au chapeau… » Fis-je, d’un air songeur. Dire que personne n’était à sa poursuite ou ne cherchait à enquêter sur lui de près ou de loin, c’était sidérant. « Vous l’avez déjà rencontré ? J’ignore les intentions de cet individu mais cela ne me dit rien qui vaille, surtout quand on sait qu’un de ses lieutenants à récemment attaqué notre village, tandis qu’un autre serait à l’origine de l’attaque contre la cité de Kumo. » Repris-je, d’un air pensif. Je n’entrerai pas plus en détail, laissant mon interlocutrice commenter ou ajouter quelque chose que j’ignorerais peut-être. « M’enfin, c’est un sujet qui me dépasse. Revenons plutôt à Mizu, que vous pouvez m’apprendre sur cet archipel ? J’ai cru comprendre que les gens n’étaient pas très accueillants dans cette contrée, surtout envers les shinobi. Ça peut se comprendre. Mais admettons que je souhaite malgré tout m’y rendre, que dois-je savoir en priorité et à quoi dois-je m’attendre ? » Lâchai-je, d’un léger sourire.