Ce fut tout de même pour la jeune Endo un changement radical de vie ; passer de son boulot tranquille de chauffeuse de bains au pays du feu à celui de déserteuse aux côtés d’hommes et de femmes pour la plupart cinglés poursuivant un objectif plus suicidaire qu’honorable … Un changement qui la faisait se questionner, trop tardivement, sur sa perspicacité.

Elle était la voyageuse émérite, certes, mais était-elle une aventurière ? Non, elle préférait laisser les temples maudits, les reliques et autres babioles de cristal à ceux moins sains d’esprit qu’elle… Et pour, elle était là, à Joheki, au milieu de shinobi et d’enfants qui ne lui voulaient pas forcément que du bien, même si aucun ne le manifestait.

Après, elle était une Hijin, et avait participé à la chute de Kumo. Rien que pour ça qu’on veuille la lâcher dans un ravin était légitime… Mais, d’un autre côté ; elle était très crédule ; ce qui l’avait certainement sauvée. Finalement, elle savait plutôt bien s’adapter au changement ; mais tisser des liens avec ces gens là… s’avérait compliqué.

Peu de temps après leur arrivée à Joheki et leur installation ici, au milieu de nulle part ; d’autres Kumojin les avaient rejoints, guidés par la blonde revêche au filet de pêche. Un taciturne au teint blafard et un autre à l’exact opposé ; enfin… de visu bien sûr. Elle se souvenait d’eux, à Hayashi. Elle les avait trouvé marrants, ou bizarres… ou un mélange des deux… Mais étaient-ils les plus bizarres ? Non, ce Meikyû et son acolyte Uzumaki l’étaient bien plus. En fait, la plus normale était la blonde à forte poitrine, avec ses enfants…

Déformation professionnelle ou simple curiosité, Hoshiyo s’était « rapprochée » discrétement de celui aux cheveux blancs, le Kazejin.

-Hoy ! Bon retour ! Sourit-elle en s’adressant à lui alors qu’il semblait, pour une fois, tout seul. Votre ami n’est pas là ? Tant mieux. J’ai entendu dire que vous êtes Kazejin ? j’ai moi-même de la famille Kazejine. Mais je suis Hijine de naissance. Sourit-elle. Il fallait s’y habituer, la rouquine du feu était… généreuse en paroles et aimait raconter sa vie. Vous êtes un shinobi… fort ? Demande-t-elle aussitôt. Moi pas trop… mais je compte bien vous aider à récupérer votre pays, et votre foyer !

Il n’y avait rien de mieux que de lancer une discussion pour se faire des amis.

Après des semaines de repos bien méritées (ou pas), nous avions enfin rejoint nos compatriotes pour reprendre les choses sérieuses. Comme il avait été décidé à Hayashi, nous nous retrouvions donc au Pays du Rempart pour établir notre nouveau lieu de vie ainsi que le QG de notre future organisation. Et même si je connaissais pas encore bien tous ses membres, j'étais plutôt content de les revoir et surtout de voir que leur motivation n'avait pas changé au cours du voyage.

Kyohei discutait enfin avec Anzu-sensei et moi, j'allais demander les modalités de notre installation lorsque je fus apostrophé. Je me retournais pour faire face à la jeune femme aux cheveux rouges, celle qui avait combattu aux côtés du Teikoku pour faire tomber Kumo. Mais elle avait du avoir finalement un excès de conscience ou au choix, de folie, puisqu'elle avait quitté l'Empire du Feu pour nous suivre.

« - Salut... »

Même en sachant tout ça, je culpabilisais un peu pour la façon dont je l'avais accueillie ce jour-là. J'avais aussi un peu de peine pour elle car même si j'avais d'autres chats à fouetter lors de notre séjour à Hayashi, je n'avais pas pu m'empêcher de constater que les autres se méfiaient toujours d'elle. Mais est-ce que je pouvais vraiment les blâmer en sachant d'où elle venait et ce qu'elle avait fait ? M'efforçant d'être sympa, je lui répondis avec un sourire :

« - Merci. On vous a manqué ? »

Mais je n'eus pas vraiment besoin de faire la conversation, parce qu'apparemment elle la faisait très bien seule.

« - Oui, je s- »

Je voulais lui faire remarquer que je savais déjà qu'elle était Hijine et qu'au final, on était beaucoup dans le groupe à avoir des racines kazejines mais je n'avais pas le temps d'en placer une. Elle enchaîna en me demandant si j'étais fort, m'annonçant que c'était pas trop son cas mais que malgré tout, elle nous aiderait à reprendre Kumo.

C'était un peu énervant et malgré la petite voix dans ma tête qui m'interdisait de lui faire confiance, je ne pu m'empêcher de sourire. C'était presque mignon, ce côté naïf et enthousiaste. Et lorsqu'elle arrêta finalement de parler, je compris que c'était pour me laisser répondre.

« - Hé bien... Pour être honnête... Pas vraiment. Enfin, je suppose que je suis moyen ? Si vous cherchez quelqu'un de très fort, vous devriez aller voir Sazuka ou Raizen. Y'a aussi Itagami et Anzu. En fait... Quand on regarde notre groupe, je suis sûrement dans les moins bons. »

La réalisation m'avait frappée en même temps que je parlais. Je m'étais jamais considéré dans les forts mais quand même, ça faisait un peu mal. Mais après tout, c'était à ça que devait servir notre groupe : devenir plus fort. Me sentant néanmoins un peu embarrassé, je changeais vite de sujet.

« - Hum... Hoshiyo, c'est ça ? Alors, vous aimez bien Joheki ? »

J'aurais pu rebondir sur ses paroles mais ça me semblait un peu risqué de parler de ses racines à Hi.

La rouquine se tut et l’homme halé put en placer une. L’écoutant lui vint alors l’impression qu’en plus du reste il était plutôt modeste. Cela lui faisait donc déjà deux points. Le visage de l’Endo afficha une petite moue lorsqu’il évoqua les noms des autres ninjas, ceux-ci lui faisaient plus peur qu’autre chose pour tout dire. Et ce fut bien pour cette raison qu’elle n’allait pas leur parler, car ils étaient tous plus effrayant que Sharkkan et son acolyte ; et pas dans le bon sens du terme. En fait, tout ce qui portait un titre un peu pompeux lui donnait des sueurs froides.

-Bah, vous n’êtes peut-être pas le plus fort, mais vous êtes de loin le plus beau. Répondit-elle spontanément avec un grand sourire. Avant tout ça je n’étais même pas une kunoichi alors, vous êtes de toute façon plus fort que moi, c’est sûr. Rigola-t-elle en passant sa main dans ses cheveux. Les autres je ne sais pas, mais moi oui… enfin, ça ressemble beaucoup à Hi ici… ce n’est pas trop dépaysant. Soupira-t-elle. Oui, elle, ce qu’elle aimait, c’était découvrir de nouveaux endroits et pas trop dangereux si possible. Autant dire qu’avec autant de ninjas aussi puissants, et à Joheki… c’était tout l’inverse de ce à quoi elle aspirait en tant que voyageuse émérite.

Puis, ce n’était pas non plus pour le cadre idyllique qu’offrait ce pays qu’ils étaient là, elle l’avait bien compris et… elle n’était pas vraiment en position de s’en plaindre. Quoi qu’il en soit. Alors que pouvait-elle bien lui répondre d’autre ?

-Oh, oui, Endo Hoshiyo ! Mais là d’où je viens… On m’appelle « la chauffeuse de bain », parce que je… réchauffais les bains. Vous pouvez… Hum.. Prenant le temps de la réflexion. Non, ne m’appelez comme ça… Dit-elle un sourcil arqué. C’est super péjoratif en vrai ! Avait-elle repris comme si cette évidence était la plus grande révélation de sa vie. Enfiiin… soupirait-elle de nouveau, longuement. Fait étonnant, ce Kumojin parvenait sans le vouloir à obtenir tout un tas d’informations à son sujet ; alors que le Meikyû devait batailler à coup de questions… Très étonnant oui…

J'étais un peu déprimé après avoir découvert que j'étais nul, mais Hoshiyo avait déclaré le plus naturellement du monde que même si j'étais pas le plus fort, hé bah j'étais le plus beau. Il n'en fallait pas plus pour booster mon égo, surtout après la remarque sur mon poids d'Anzu-sensei. Contractant les muscles, je dégainais mon sourire le plus charmeur.

« - Merci bien, jolie demoiselle. » Dis-je avec une révérence théâtrale. « Vos mots réchauffent mon cœur, mais pas autant que votre sourire. »

Les vieilles habitudes ont la vie dure. Mais j'avais eu tort de laisser mon moral descendre pour si peu ! J'avais cru comprendre que c'était Raizen le charmeur du groupe, mais si l'Endo jugeait que j'étais plus beau, alors je n'avais rien à craindre. J'avais en tout cas plus de charisme que lui, c'était indéniable.

Mais il fallait sûrement changer de sujet avant de m'enliser, car la séduction était un jeu et j'étais un joueur compulsif. Et si l'environnement n'était pas un sujet assez passionnant pour relancer la conversation, j'en avais un autre imparable tout trouvé : la météo. Heureusement, c'était assez facile et naturel de parler avec la rouquine.

« - Chauffeuse de bains ? Wow, c'est original comme métier ! Ça a l'air chouette en tout cas. Un job qui serait tout à fait adapté pour moi... »

J'avais dit ça en rigolant, comme une private joke avec moi-même. Je connaissais quelques personnes qui utilisaient leurs capacités dans leur travail, mais bizarrement ça ne m'avait jamais attiré. Ou plutôt, le travail fixe ne m'avait jamais attiré.

« - Je sais pas si c'est péjoratif, mais ça devrait pas l'être. C'est un métier tout à fait respectable, comme tous les métiers. Mais je préférerais vous appeler quand même par votre prénom. »

Parce que... bah c'est plus court.

« - On pourrait se tutoyer, non ? Vu qu'on va être collègues ou... comment on appelle les gens qui sont dans la même organisation secrète ? »

Et c'était un sacré gros morceaux, même si je ne réalisais pas encore tout ce que ça allait impliquer.

« - Oh mais en fait, je sais plus si je me suis déjà présenté ! Pardon ! Je suis Sharrkan, et tu peux m'appeler Sharrkan... parce que tout le monde m'appelle comme ça et aussi bah, parce que c'est mon prénom en fait. Sauf si tu préfères me trouver un surnom plus intime... ? »

Décidément...

L’Endo relâcha un petit rire en entendant le Kazejin lui retourner le compliment, et acquiesça d’un mouvement de la tête quant au tutoiement. Elle avait l’impression que ce Kumojin avait réussi à passer l’éponge, il semblait un peu plus avenant que les autres, pour le grand plaisir de la rouquine. Ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait, dans le Yuukan, se faire des amis, et encore par ces temps si compliqués. Réfléchissant un instant à la question du jeune homme, elle leva un doigt, tout sourire.

-Des coéquipiers ! S’était-elle exclamée, visiblement contente de sa réponse. Oui, je me souvenais de ton nom, Sharrkan. L’un des seuls dont elle se souvenait en réalité, celui qui lui était apparu comme le plus original. Et Sharrkan ça me va très bien ! Continuait-elle avec le même enthousiasme, les joues légèrement rougies. Ce n’est pas super bien payé comme travail, mais j’avais pas grand-chose à faire à part aller dans l’eau. Avait-elle haussé les épaules en relevant les mains, avant de reporter son attention sur lui. Normalement, faut aller chercher du charbon, et faire fonctionner une chaudière… ou un truc comme ça. Mais avec moi pas besoin !

Il y avait un seul désagrément à cet emploi en dehors de la paie, celui devoir se trouver dans le bain, c’était à la fois très agréable et très inconfortable ; surtout lorsqu’elle se retrouvait avec des pervers qui passaient leur temps à la reluquer, malgré qu’elle soit à quatre-vingt-dix pourcent cachée sous l’eau. Mais à force elle s’y était habituée… Elle s’approcha un peu de Sharrkan et, d’une main portée au coin de sa bouche elle chuchota.

-Je produis de la chaleeeuuur… Dit-elle en hochant de la tête. Ce n’était pas un si grand secret, mais l’Hijin n’aimait pas particulièrement parler de ce « talent ». Ou de ce kekkai comme l’appelaient les shinobi. Et pour cause, elle n’était pas la plus moche des personnes physiquement parlant, était rousse… et pouvait maîtriser la chaleur. Il était alors aisé d’imaginer le type de blague que l’on pouvait lui faire à ce sujet. Et, comme n’importe qui, Hoshiyo n’aimait pas trop qu’on rit d’elle. Du coup, c’était hyper pratique pour mon boss. Maintenant il doit aller chercher son charbon, tout seul. Rigola-t-elle en imaginant la scène.

C'était quand même rafraîchissant de pouvoir discuter avec quelqu'un sur un ton détendu, ce qui était plutôt rare dans cette organisation. J'avais bien Kyohei mais... je ne pouvais m'empêcher de faire attention à ce que je disais depuis que j'étais au courant de l'incident. Sora était sympa aussi, mais on pouvait rarement discuter ensemble parce qu'il était souvent occupé avec les autres. Itagami avait complètement changé depuis notre dernier entraînement, Anzu-sensei était super stricte, et j'avais toujours du mal à savoir ce que pensait Umeka. Quant à Raizen et Sazuka... et bah ils me faisaient toujours peur. Avec Hoshiyo, la discussion était naturelle et c'était franchement reposant.

« - Des coéquipiers, oui. » Avais-je acquiescé gravement.

J'avais du mal à être autant enthousiaste qu'elle à ce sujet, simplement parce que le terme coéquipier m'obligeait à comparer cette équipe avec celle que j'avais eu à Kumo avec Ayano et Kyohei. Certes, nous n'avions pas eu de sensei et on avait plus souvent l'impression de jouer à la dînette mais ça avait été une vraie équipe pour moi. Ici, ce n'était pas du tout pareil.
Elle continua de me parler de son travail, m'expliquant les mécanismes derrière la science du chauffage de bains. Je m'étais jamais demandé mais effectivement, ça semblait logique. Sauf que elle, elle avait une autre technique. Devant son air de conspiratrice, j'avais penché mon oreille dans sa direction pour entendre son secret. Elle produisait de la chaleur ?

« - Ah, oui, en effet ça a l'air bien pratique. »

J’acquiesçais à nouveau.

Forcément, chauffer les bains sans avoir besoin de charbon, normal que son patron ait flairé le bon plan. Ça devait quand même être épuisant, de devoir faire ça tous les jours. J'avais du mal à imaginer devoir utiliser mon kekkai toute la journ... Attends... QUOI ? DE LA CHALEUR ?

J'avais sursauté avec la réalisation. Je me penchais à nouveau vers elle, chuchotant :

« - Tu produis de la chaleur ? Genre, plus que les gens normaux ?! GENRE COMME CA ?! »

Je composais un mudra simple et la température autour de nous augmenta de quelques degrés. Est-ce que j'avais mal compris et je m'étais emballé trop vite ? Non non, c'était bien ce qu'elle avait dit. Une hijine qui maîtrisait le Shakuton ? Est-ce qu'il y avait un autre clan à Hi qui en était capable ? Est-ce qu'on était des lointain cousins ?!

L'Endo fut encore plus enthousiaste lorsqu'elle entendit le Kazejin lui poser les deux deux questions, et les allier à une démonstration. Enthousiaste et en même temps déçue. Parce que cela voulait qu'ils avaient tout deux en commun quelque chose de dérangeant : la famille; même si ce n'était qu'un lointain lien. Elle avait quand même un peu appris les risques de la... consanguinité...

-Oh ! Fit-elle d'étonnement. Oui, je fais ça aussi. Ajoutait-elle en brassant de l'air avec ses mains. C'était exactement ça, mais elle, elle le faisait dans l'eau pour la faire chauffer. Ce que lui faisait, elle en était aussi capable... Alors à son tour elle fit quelques signes et la chaleur grimpa encore de quelques degrés. Avant qu'elle ne redescende. Ça me vient du côté de mon père qui était originaire du pays du vent. Sourit-elle en demi teinte, car cet homme qu'elle avait tant admiré n'était plus, à cause de la malheureuse intervention des Kumojin et Iwajin à Yugure...

Elle soupira longuement, ce don, ce kekkei était la seule chose qui lui restait de son père et elle se trouvait au milieu de ceux qui étaient la source de son malheur. Enfin, ils n'y étaient peut être pour rien tous ceux là; ils n'avaient pas l'air si méchants et pas vraiment dotés de l'esprit suffisant pour commettre un massacre quasiment gratuit. Puis, elle s'était déjà vengée, alors... ce n'était maintenant plus que le passé.

Les Kumojin avaient payé leur dette envers elle, et maintenant c'était à elle de payer la sienne pour ce qu'avaient fait ceux qu'elle avait aidé.

-Du coup... on doit avoir un ancêtre commun dans ntore généalogie. Dit-elle avec un sourire gêné. Avec un peu de chance, se dit-elle, il n'a pas remarqué ! Ce qui était, pour Hoshiyo, fort dommage. Mais "on" disait que les personnes d'une même famille, qui ne se connaissaient pas, pouvaient être attirés l'une par l'autre. Ainsi, pour l'Endo, ce fut vrai l'espace de quelques semaines. Et c'était devenu un râteau biologique par anticipation. Alors, tu vas m'apprendre ! S'exclama-t-elle soudainement.

J'avais bien compris : elle aussi maniait le Shakuton. Et pour me le prouver, elle composa aussi quelques signes et la chaleur autour de nous augmenta encore un peu. C'était génial ! C'était la première fois que je croisais quelqu'un manipulant la chaleur qui ne soit pas de mon clan. J'avais envie de lui poser plein de questions, et elle répondit directement à l'une d'entre elles. Son père, de qui elle avait hérité ce pouvoir, venait de Kaze no Kuni.

« - Oh ! Mais moi aussi je viens de Kaze ! Mon clan, ils sont à Kaze aussi ! »

Elle le savait déjà bien sûr, puisque c'était l'une des premières phrases qu'elle m'avait dit tout à l'heure. Mais sur le coup de la surprise, je parlais plus vite que je réfléchissais. Est-ce que je connaissais son père ? Ou plutôt, si on suivait la logique, sa grand-mère. Sauf si elle n'avait pas pris le nom de famille de son père mais celui de sa mère. Le clan comptait beaucoup de nomades qui parcouraient le Yuukan, peut-être que l'un d'entre eux avait décidé de s'installer à Hi. Ou alors...

Elle souligna exactement ce que j'étais en train de penser : on avait peut-être un ancêtre en commun. On était peut-être même cousins à un certain degré. Ce qui voulait dire qu'on était de la même famille ! De la même famille... Oh... Oh.

« - Donc, on est peut-être de la même famille... » dis-je en soupirant.

Je m'arrêtais quelques secondes avant de réaliser ce que je venais de dire ou plutôt, sur quel ton je venais de le dire. J'écarquillais les yeux en levant légèrement les mains, essayant de me justifier comme je pouvais sans me vendre.

« - Non, non, c'est pas ce que je voulais dire ! C'est pas que je suis pas content qu'on soit de la même famille... Juste un peu déçu ? E-enfin, non ! Non ! Mais c'est que si on est cousins... on... enfin, tu vois ? Puis on sait même pas... »

Il fallait mieux que j'arrête de parler parce que je m'enfonçais de plus en plus. Comment j'étais censé expliquer ça ? Même moi je savais pas pourquoi j'avais dit ça ! Du coup, je manquais pas l'occasion de changer de sujet.

« - Oui ! Bien sûr ! Je vais t'apprendre ! Euh... t'apprendre quoi ? »

Parce que pour ne pas changer, je m'étais engagé sans réfléchir.

Elle étouffa un rire tout en observant le Kazejin se confondre en justifications plus amusantes les unes que les autres. Le fait était que s'il y avait le moindre doute il fallait mieux éviter tout rapprochement de "cette nature", bien que l'Endo n'avait qu'une connaisse limitée de ce sujet qui était plutôt tabou bien que sûrement en vigueur encore aujourd'hui dans certains pays, comme Mizu, ou d'autres sans doute...

-Si ton kekkei est héréditaire comme le mien... alors... Haussa-t-elle les épaules avec une petite moue. Mais oui ! Tu peux toujours m'apprendre ! Tu dois bien connaître des "jutsu" ? Moi je sais lancer des kunais, et des Shuriken. Rigola-t-elle en mimant le mouvement d'un jet de shuriken et en faisant des bruitages. Fiu fiu fiu ! comme ça. Si comme ça cela ne paraissait pas si impressionnant, il n'en demeurait pas que la rouquine était plutôt douée à ce jeu là.

En réalité, c'était inespéré de rencontrer une personne capable comme de manipuler la chaleur. Hoshiyo n'était pas ce qu'on pouvait appeler une "bonne kunoichi", loin de là; sa première expérience en tant que tel remontait à moins d'un an même si elle avait un peu pratiqué avant, notamment au travers des quelques enseignements de son père qui lui avait appris, à minima, comme se défendre si jamais elle était agressée un jour.

-Et je pourrais peut-être t'apprendre aussi une ou deux choses ! Entre chaufferettes ambulantes, faut s'entraider... Avait-elle sourit en tendant la main vers Sharrkan, en espérant qu'il la lui sert, comme pour sceller un accord tacite entre eux. Mais je te préviens, je ne sais pas du tout comment on enseigne ! Rigola-t-elle derechef.

Oui, c'était sûrement possible de s'entraider et de s'apprendre mutuellement nos techniques. Ça semblait même plutôt cool comme plan ! C'était un bon moyen de progresser rapidement. Et même si j'oubliais qu'elle venait de Hi... C'était rassurant, en quelque sorte, d'avoir quelqu'un comme ça dans le groupe. Ça me rappelait un peu la maison, même si au final elle n'avait rien à voir avec eux.

« - Woaw, t'imites trop bien le bruit ! Moi j'aurais fait "pfft pfft pfft !" mais c'est vrai que "fiu fiu fiu !" ça colle plutôt pas mal aussi. J'utilise pas trop les armes de jet, mais c'est super intéressant comme procédé. Le Shakuton, je l'utilise plutôt avec le Genjutsu, alors je connais pas beaucoup de jutsu avec juste le Shaku'. »

Je restais pensif un moment. Apprendre une technique à quelqu'un d'autre, c'était déjà chaud de base. Mais apprendre un Genjutsu, ça avait l'air encore plus difficile ! Et puis, je devais vraiment me concentrer pour élargir mon répertoire avec le kekkai. Le Genjutsu c'était bien beau, mais ça marchait pas à tous les coups. Alors fallait que j'apprenne des jutsu, des vrais, des purs et durs ! Et pour ça fallait travailler, et honnêtement j'avais un peu la flemme...

« - Ah oui, c'est assez compliqué d'enseigner. J'ai essayé une fois avec un autre Genin, un peu plus jeune, et ça s'est pas super bien passé pour être honnête. Je devais lui apprendre à faire un mur tu vois ? Et même en essayant plein de fois, il avait toujours un peu du mal à en faire un beau et bien solide. Alors je me suis dit que s'il était en vraie situation, ça le débloquerait. Sauf que... non. »

J'avais une pensée pour Hiko. Lui non plus, je ne savais pas du tout ce qu'il était devenu après l'attaque du Teikoku. Il n'était pas venu avec nous, alors il avait du rester à Kumo... d'une façon ou d'une autre. Mais le contexte n'était pas vraiment bon pour parler de ça.

« - Mais je suis sûr que ça va mieux se passer pour nous ! J'ai un peu plus d'expérience maintenant, et j'apprends de mes erreurs... »

Je m'avançais sûrement sur ces deux affirmations.

« - Du coup, à part couplé au Genjutsu, je connais deux jutsu avec le Shaku' : un qui chauffe à blanc un métal et un autre qui brûle les yeux de l'adversaire pour l'aveugler. J'essaye de faire un jutsu qui couvrirait une grande zone autour de moi, mais je maîtrise pas encore... Du coup, il y a quelque chose qui t'intéresse ? Ou tu préfères qu'on essaye des nouveaux trucs ? »

"pfft pfft pfft !" Hoshiyo n'aurait jamais pensé à un tel bruitage, mais avec un peu de réflexion elle devait admettre que c'était tout aussi ressemblant que "Fiu fiu fiu". Elle trouvait la comparaison même amusante. Et aussi intéressante la façon dont Sharrkan employait son kekkai, produire des illusions grâce la chaleur... Voilà qui ouvrait en grand la porte de l'imaginaire de la rouquine.

-Pour faire des illusions. Dit-elle, la bouche formant un "o" d'étonnement. C'est trop intelligent ça ! S'exclamait-elle ensuite. Mais, je ne sais pas comment ça marche les illusions. Haussa-t-elle les épaules. En revanche les exemples que donnait le Kazejin lui parlait beaucoup plus, bien qu'elle n'eut sur l'instant aucune idée de comment il pouvait faire ça... Utiliser la chaleur pour brûler les yeux ? arg... c'est chaud ça... avait-elle repris avec une petite moue, sans penser au jeu de mot qu'elle venait de faire, un jeu de mot bien pourri.

Et oui, enseigner n'était pas une chose facile. Mais au moins, lui avait essayé; Hoshiyo quant à elle n'avait jamais essayé ou n'en avait jamais eu l'occasion. Même un mur, elle se demandait comme on pouvait faire. C'était vraiment très loin d'elle, cela-dit c'était le moment, ou jamais; de s'y essayer !

-Tout ce que je sais, c'est mon père qui me l'a appris ! Je me souviens je devais toujours me concentrer, bien réfléchir... faire les bons signes ! Hum... moi je peux... envoyer une vague de chaleur super brûlante qui fait... cloquer la peau... hum... Ouais, vas pour apprendre à brûler des yeux. Parvint-elle à se convaincre, avec un regard suspicieux. Je peux aussi mettre de la chaleur sur des armes ! avait-elle soudainement repris. Mais comme je ne connais rien au doton, pas de risque que j'ai du mal à apprendre à faire un mur.

C'était vrai que dit comme ça, ça semblait un peu "hardcore" comme utilisation, bien que je me doutais qu'il existait des techniques bien plus destructrices.

« - Oui, c'est un peu chaud- oh, OHHHH ! Bien joué, haha ! »

Arf, c'était indéniable maintenant, on avait bien un peu du même sang qui couraient dans nos veines : un humour pareil, ça se ramassait pas n'importe où. Pour une fois que j'accrochais aussi vite avec quelqu'un, il fallait forcément que ce soit une cousine. Je soupirais discrètement.

« - Oh, moi aussi c'est mon père qui m'a appris. Enfin, quand j'étais tout petit, les bases quoi, parce que le reste ça l'intéressait pas vraiment. Après, j'ai plutôt appris avec les ancêtres, les oncles et tantes, cousins, cousines... C'était pas comme si j'avais besoin de chercher de toute façon, beaucoup de monde dans mon clan manie le Shakuton. J'aurais pu en profiter pour apprendre plein de trucs mais bon... j'ai préféré jouer le rebelle et venir à Kumo. Ha ! »

Rien de marrant là dedans, plutôt l'ironie du sort. C'était bizarre tous ces sentiments contradictoires : regretter, mais en même temps pas du tout. Je culpabilisais toujours un peu d'avoir "abandonné" les miens, mais je savais que si c'était à refaire, je le referais sans hésiter. Non, ce que je regrettais vraiment, c'était d'être un gros fainéant et de n'avoir su mettre à profit ni mes enseignements à Kaze, ni ceux que j'avais reçus à l'académie de Kumo. Même ici, entouré des shinobis les plus forts de Kaminari, je n'aurais aucun mal à m'entraîner dur si je le voulais. Mais je me connaissais bien maintenant... C'était plus facile de rien foutre de la journée et de culpabiliser après.

« - Euh, faire cloquer la peau, c'est quand même assez dégueu aussi. Mais plutôt cool. »

Mettre de la chaleur sur les armes, j'avais déjà effectué un test live avec Itagami. L'image de la chaîne chauffée à blanc tranchant littéralement un arbre était bien ancrée dans ma mémoire, de même que la boule de métal incandescente. Un frisson me parcourut l'échine.

« - Oh ouais, c'est trop stylé sur des armes. C'est un truc que j'aurais bien aimé maîtriser aussi, mais je suis vraiment nul avec des trucs dans les mains. »

Les katana et sabres en tout genre, je trouvais ça super cool. Mais aussi les haches, les arcs, les armes de jets... mais dès que j'en tenais un dans les mains, c'était comme si je devenais le contraire d'ambidextre. Je me demandais quelle était l'arme de prédilection de la rousse, mais quelque chose me disait que je préférais garder la surprise et découvrir ça en direct.
Je m'étirais vite fait, puis je pris une voix théâtrale :

« - Griller les yeux, hm ? Alors, Endo Hoshiyo, es-tu prête à recevoir les enseignements du grand Sharrkan ? » dis-je avec un grand sourire, n'essayant pas de cacher l'ironie de ma phrase.

Comme quoi, les papas, c'était important dans une vie. Enfin, Hoshiyo ne s’épancha pas trop sur le sujet. S'apercevoir que sa nation était dirigée par un homme assoiffé de sang lui suffisait amplement pour qu'elle n'aie pas en plus à revenir sur les raisons de sa présence; même si Sharrkan ne lui demandait; si elle l'évoquait, cela viendrait inévitablement sur la table.

Enfin, elle comprenait davantage maintenant ce que faisait ce Kazejin dans ce groupe de Kumojin, enfin il était lui même Kumojin. Mais cela répondait à son interrogation, comment des personnes d'autres pays se retrouvaient au sein d’organisations shinobi aussi vastes... Pour recevoir cet enseignement qu'elle n'avait connu qu'au travers de son père...

Elle acquiesça d'u mouvement de la tête lorsqu'il lui proposa son "enseignement". Entre manipulateur de la chaleur, fallait s'entraider, c'était une évidence. Bien sûr, la rouquine du feu n'hésitera pas à lui renvoyer la pareille. Elle était comme ça, animée tantôt d'un esprit de vengeance implacable, et tantôt d'un esprit plein de reconnaissance...

-Mais ce n'est pas spécifiquement de griller les yeux qui m'intéresse hein, n'y vois rien de sadique ! Mais ça peut être... ultra utile ! L'Endo s'était de toute façon rendue à l'évidence; utiliser la chaleur, s'en servir comme arme; ça ne donnait jamais rien de bon, ou plutôt de beau. Bah, comme je sais déjà faire des choses avec le shakuton; du coup, ça devrait le faire ! Avait-elle souris. La jeune Hijinn était contente d'avoir trouvé cet homme sur sa route; au moins... Il pouvait lui "apprendre".

Ainsi elle acceptait l'enseignement du grand Sharrkan, qui était effectivement plus grand qu'elle.

-Hésites pas à bien m'expliquer ce que je dois faire. Finit-elle en l'observant de son regard de braises.

Bon maintenant, on passait en mode scolaire. Le Shakuton, c'était du sérieux, fallait pas déconner avec ça !

« - Alors, on va commencer par dégager les axes de lecture... euh, non, identifier les difficultés, ça sera sûrement plus utile. »

Même pas une seconde après ma bonne résolution et je disais déjà des conneries.

« - Personnellement, ce qui m'a semblé le plus compliqué quand j'ai appris cette technique, c'était deux points : déjà, contrôler la température. On veut que ce soit assez efficace pour obliger l'ennemi à fermer les yeux, mais on veut pas non plus le rendre aveugle à vie ! » dis-je en levant un doigt.

Et c'était déjà un point assez important. C'était assez facile de se fixer un seuil minimum et un seuil maximum en température, mais évoluer dans un intervalle précis était plus compliqué. Je levais un deuxième doigt puis continuais :

« - Deuzio, il faut réussir à viser les yeux en particulier. Je sais pas comment tu fais d'habitude, mais moi j'ai eu beaucoup de mal à concentrer la vague de chaleur à un endroit en particulier. Même que concrètement, si tu lui chauffes tout le visage, y'a pas mort d'homme. Sauf si tu lui envoies une vague à 1000°C, m'enfin tu vois ce que je veux dire. »

Arf, je commençais déjà à m'égarer. Il fallait que je me recentre sur le sujet.

« - Mais si on utilise la chaleur dans un rayon plus large, c'est moins concentré à un seul endroit et ça devient moins efficace. Et si on veut compenser pour l'efficacité, on doit utiliser plus d'énergie et de chakra. Et ce qu'on veut, c'est optimiser le rapport efficacité/chakra dépensé, ce qui revient à se concentrer sur une zone bien précise. C'est ce qu'on va essayer de faire ! »

J'étais plutôt content de mon petit speech, mais je savais pas du tout si c'était compréhensible pour quelqu'un à l'extérieur de ma tête.

« - Euh... j'ai parlé un peu vite, hésite pas à me dire s'il y a des trucs qui te semblent flous. Et si c'est bon, on peut passer à la pratique ! »

Son fort intérieur tomba à la renverse en entendant toutes ces explications, laissant l'espace d'un instant l'Endo pantoise. Mais elle se reprit rapidement, une chose était sûre, s'ils avaient peut-être une branche généalogique commune, il n'était pas son père; non pas parce qu'il était mort mais surtout parce que son défunt père était plus avare de paroles.

-Olalala... oui ça a l'air compliqué quand même. Dit-elle avec un sourire dubitatif. Moi je brûle et je desséché les gens... ça c'est plus... subtil huum... Avait-elle repris en frottant sa barbe imaginaire, autrement dit son menton. Je vais essayer... mais, comment je sais que c'est assez chaud ? ou pas ? Je ne vais pas... l'essayer sur toi ? Ajouta-t-elle les yeux écarquillés d'horreur.

C'était l'élément compliqué du Shakuton, les effets ne voyaient vraiment que sur une cible car eux, en tant qu'utilisateur de la chaleur... N'en ressentaient pas nécessairement les effets en la manipulant. Mais Hoshiyo eut une idée.

-Avant, mon père m'emmenait dans la forêt, pour que je m'entraîne sur les arbres... il me disait "si ça calcine, ce n'est pas bon", ou "si ça fume..." ou... tu vois ? On peut peut être trouver un arbre...

Quelques minutes de recherche plus tard...

-Heureusement qu'on est pas à Kaze en fait, on aurait eu du mal à trouver un arbre... Celui là ça devrait le faire ! Avec un Kunai, elle lui avait dessiné un visage particulièrement mal taillé, mais peu importait ce n'était que pour s'entraînait.

Il lui avait donc dit... Concentrer en un point, mais pas trop... Alors...

-Tu peux me montrer haha ?

Ahhh, effectivement, je m'étais un peu emporté. Mais en même temps on parlait du Shakuton, normal que je sois enthousiaste ! Mais je devais quand même faire attention à mes explications, le but était que Hoshiyo arrive à maîtriser la technique.

« Mais non, t'inquiète ! En vrai c'est pas si compliqué que ça, il suffit juste de prendre le coup une fois et hop ! »

Ce qui comptait, c'était de trouver la bonne combinaison. Et pour ça il fallait essayer, essayer, essayer et encore essayer jusqu'à réussir. Ça demandait beaucoup de boulot au final, mais ça valait le coup.

« Euh... oui, on va éviter de s'entraîner sur moi, ou sur quelque chose de vivant d'ailleurs... » dis-je en me grattant derrière la tête.

Parce que s'entraîner c'était bien beau, mais encore fallait-il pouvoir le faire. Et pour ça, il fallait un bon support. Heureusement Hoshiyo n'était pas prête à renoncer et elle trouva bien vite une idée utile. Je la suivais donc, curieux de voir cette méthode à l'oeuvre. Elle tailla un visage dans l'écorce et je l'observais faire avec amusement, avant d'exploser de rire. Je rajoutais à mon tour quelques détails sur le portrait.

« On dirait Anzu, tu trouves pas ? En train de froncer les sourcils et tout... »

Bon. Certes c'était pas très mature, mais c'était trop marrant pour que je le garde pour moi. Et puis je pouvais pas éclater de rire sans lui expliquer... Reprenant ensuite mon sérieux, je m'exécutais et lançais ma technique en visant les yeux de Anz- euuuhh, du personnage dessiné sur l'arbre. Mais aucun effet visible se produisit, encore moins de la fumée. Réfléchissant quelques secondes, je lançais :

« Je pense que cette méthode est pas mal, mais pas adaptée pour notre cas. Si on faisait sécher les yeux au point qu'ils fassent de la fumée... et bah ça ferait pas le même résultat ! »

Je ressentais le besoin de m'humidifier les yeux rien que d'y penser.

« Mais on va trouver une solution. Je vais chercher des trucs, je reviens ! »

Après avoir fait un petit tour au camp du Fukkatsu, je revenais quelques minutes plus tard avec les fournitures que j'étais venu chercher : une éponge et une gourde remplie d'eau. Je posais l'éponge sur une souche d'arbre coupée, avant de verser de l'eau dessus.

« Bon alors, euh... C'est très expérimental ! Mais on peut essayer comme ça ! »

J'essayais moi-même pour montrer ce que je pensais faire, même si c'était au final assez logique, au moins j'essayais un minimum la faisabilité du truc. Je concentrais mon chakra et mon Shakuton pour assécher la pauvre éponge. Et le plan fonctionna plutôt bien : l'éponge redevint sèche, sans pour autant fumer. J’offrais un sourire victorieux à Hoshiyo et l'invitait à s'entraîner à son tour.

Que ça se ressemblait à Anzu n'était pas une évidence mais avec un peu d'imagination l'Endo ne pouvait qu’acquiescer et trouver ça amusant. C'était aussi un peu malsain de se dire qu'ils allaient s'entraîner sur une reproduction du visage de cette fille et l'idée qu'amena Sharrkan semblait être un poil meilleure, plus logique et plus précise aussi.

Une éponge humide qu'il fallait dessécher ferait en effet l'affaire, plus qu'un pauvre tronc d'arbre qui n'avait rien demandé à personne. Elle l'observa faire la démonstration de ce fameux jutsu qu'il voulait partager et visiblement il le maîtrisait plutôt bien puisque l'éponge posée sur la souche se dessécha en à peine quelques secondes.

En fait, Hoshiyo savait faire ça, mais pas de façon aussi ciblée. Elle n'avait jamais pensé à attaquer les yeux d'une personne, c'était trop fourbe pour elle. Sharrkan était-il un fourbe qui s'ignorait ? Une question sans doute à laquelle l'Hijine n'aurait jamais de réponse. Ce fut ensuite à son tour. Comme son homologue des sables, elle se concentra, ainsi que son chakra.

Puis, elle relâcha en direction de l'éponge une vague de chaleur. Mais, plutôt que de seulement vider de son humidité l'éponge, ce fut cette dernière ainsi que tout ce qui l'entourait, l'herbe et la souche pourtant déjà bien sèche; qui semblèrent s'assécher. Ce fut assez bref et efficace, certes mais ce n'était pas le résultat recherché.

-Ha... Comment fais-tu pour concentrer la chaleur juste sur un point déjà ? Demanda-t-elle en jetant un regard au Kyoujin, un peu déçue de pas y arriver aussi facilement que lui. La température, ça a l'air ok. Mais la concentration. Fit-elle en observant l'herbe grisonnante derrière la souche. Hum... ce n'est pas trop ça. S'esclaffait-elle.

L'Endo bien qu'assez novice dans les arts shinobi savait contrôler son kekkei dans les grandes lignes et notamment la température, si elle n'avait pas su le maîtriser, elle aurait eu des problèmes dans son travail dans les bains, à Hi... Ce qu'il lui fallait surtout, c'était de comprendre plus ou moins comment la concentrer, la chaleur, en un seul point.

Le coup de l'éponge semblait plus ou moins efficace, à voir si toutefois c'était un bon outil pédagogique. En essayant la technique moi-même, j'avais pu voir les effets escomptés, ceux que j'avais imaginé en tout cas. Mais qu'est-ce qui était censé arriver si la chaleur était trop forte ? Rien ? Ou peut-être que l'éponge prendrait feu ? C'était assez difficile à anticiper, et puis ici à Joheki, au milieu de la forêt, c'était parfois compliqué d'avoir accès à tout le matériel qu'on voudrait. Je pourrais éventuellement visiter un village voisin... Ou attraper quelques bandits pour servir de cobaye. Pas sûr qu'Hoshiyo apprécie, toutefois.

Mais apparemment, la température ne semblait pas être une difficulté pour elle, elle réussissait cette étape assez facilement. Sans pour autant que je sois confiant au point de lui proposer d'essayer sur moi. M'enfin, le problème ici était surtout la concentration en un point. L'éponge avait certes séché, mais toute la souche et l'herbe autour avaient subi le même sort.

« Ben, c'est déjà super si tu maîtrises la température ! C'est déjà la moitié ! »

Je la félicitais avec un sourire et en même temps, je réfléchissais à comment travailler ce point en particulier, celui de la précision. Mais comme souvent avec les apprentissages, c'était la même notion qui revenait.

« Tu pourrais essayer de visualiser le truc. Enfin euh... la technique. Tu visualises le point que tu veux toucher, et tu imagines le Shakuton aller le toucher directement, comme une flèche. Oui voilà, imagine que le Shakuton est une flèche ! »

Ça me semblait être une bonne métaphore, à voir si elle fonctionnait vraiment.

« Et donc, l'éponge est ta cible. Le centre même de ta cible ! Et comme tu veux marquer un max de points, tu tires ta flèche en plein cœur de ta cible. Pas dans les autres cercles, sinon c'est perdu ! »

Ça devenait un peu confus, mais j'avais confiance en Hoshiyo pour réussir cet exercice.

-Comme si je tirais une flèche... Songeât Hoshiyo un instant en tentant de faire comme avait dit Sharrkan, visualiser... concentrer... elle n’avait jamais pratiqué comme ça même avec son père; mais l’aspect très pédagogique que donnait le Kazejin a cet apprentissage une technique potentiellement mortelle plaisait à la jeune femme. Comme on pouvait se l’imaginer de ses réactions souvent très naturelles; elle avait une appétence pour l’amusement assez importante.

En plus, cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas amusée, pas réellement. Alors penser qu’elle devait prendre cet apprentissage et sa pratique comme un jeu à un stand de fête foraine pouvait vraisemblablement débloquer les choses. Hoshiyo malgré ses formes passablement généreuses et son âge -pas si vieille non plus- demeurait une enfant, ou un genre d’enfant; très naïve entre autre.

-Comme à la fête ! Ou au lancer de balle sur des quilles en bois, c’était pareil que ce festival de Kaze. Des quilles bien trop lourdes qu’elle avait quand même réussi à faire tomber grâce à ses talents quasi innés pour lancer des objets. Réussite qui avait d’ailleurs énervé l’arnaqueur du stand... enfin, ce n’était pas très différent au final; elle devait juste réussir à concentrer son chakra pour la chaleur qu’elle dégageait elle aussi soit concentrée plutôt que diffuse...

Elle s’attela donc à la tâche, prenant une grand inspiration. Elle fit après une brève méditation pour visualiser son but, quelques signes; ceux de Sharrkan. Et rouvrant les yeux en concluant la série de mudras elle relâcha une vague de chaleur; pas vraiment une vague; plutôt comme un flux et rectiligne vers cette cible qu’était l’éponge...

L’avait-elle atteint ou serait-ce une autre cible qui subirait ce pique de chaleur... cela restait à voir.

A ce stade, Sharrkan arrivait un peu à court de métaphores. Les éponges, les flèches... bientôt, la situation n'aurait plus aucun sens. Mais il avait confiance en Hoshiyo ; elle se démarquait un peu des autres par son caractère, (et aussi parce qu'elle n'arborait pas une gueule d'enterrement h24), ce qui était peut-être considéré comme pas très sérieux. Mais elle était en tout cas enthousiaste en parlant du Shakuton, donc le Kazejin ne se faisait pas trop de soucis sur la suite de l'apprentissage. Pour l'instant.

Comme à la fête ? Il ne voyait pas vraiment ce qu'elle voulait dire, mais si elle avait trouvé une métaphore qui lui parlait plus, c'était pour le mieux. Parce qu'après tout, dans les techniques, c'était souvent une question de perception. Pas tout le monde n'avait la même, mais ce n'était pas très important ; c'était le résultat qui comptait.

« Oui... voilà ! »

Même s'il ne comprenait pas, il apportait au moins son soutient. Et puis, Hoshiyo se prépara à retenter l'expérience. Elle inspira, composa les mudras et puis... l'éponge se ratatina, complètement desséchée. Sharrkan fit rapidement le tour du tronc pour voir si elle avait été la seule victime ou si les alentours avaient aussi subit le courroux de la rousse. Mais non ; c'était parfaitement propre.

« T'AS RÉUSSI ! »

Il leva les bras en l'air, lançant un énorme sourire à Hoshiyo. Vraiment, il était sûrement autant content qu'elle. C'était toujours cool de voir un de ses élèves temporaires réussir ce qu'il essayait de leur montrer. Comme il faisait souvent, il leva la main pour un high-five.

« Mais même que t'y arrives, je pense qu'il faudrait que tu le fasses plusieurs fois. Pour être sûr de le réussir à tous les coups, tu vois ? »

Il versa à nouveau de l'eau sur l'éponge. Et c'est reparti !