Le pied posé sur la terre ferme, Hanae tombe déjà, se retrouvant un genou à terre. Le poids de ses décisions l'ont menée à cette position, et dès lors qu'elle comprend où elle se trouve, même si c'était son choix, elle ne peut tenir sur ses deux jambes. La honte l'assaille, le remord également, et une pointe d'amertume, envers la direction qu'elle a empruntée mais aussi à l'égard de ceux qui ont causé cette situation. Pourquoi être allée à Kiri, et y avoir retrouvé Reikan, si ce n'est même pas pour aller la voir après toutes ces années ? Ce voyage n'aura servi à rien, à part fuir lorsque les plus démunis avaient besoin d'elle. L'écarlate n'a pas la moindre idée de la tournure qu'ont pris les événements après sa désertion. Elle pourrait tout aussi bien mourir avant d'avoir revu l'arche grise une dernière fois, ce qui serait une juste punition pour son manque de courage et d'amour de cette patrie qui l'a sauvé dans ses pires moments. Mais si elle meurt, elle ne pourra jamais se racheter. C'est dans cette optique qu'elle se relève, et qu'elle attrape son bandeau pour l'attacher autour de son cou, à son emplacement normal.

"Cela fait longtemps que je ne l'ai pas remis, j'espère que ça suffira à éloigner les vautours..."

Les ninjas de l'empire ne seront pas dupes, si une Chûnin comme elle a disparu subitement après la mort de Reiko, elle a sans doute été recensée quelque part, et son identité ne sera pas tue. Non, Hanae n'est pas la première faiblarde venue. Néanmoins, comme ses deux pieds semblent pouvoir la porter vers sa destination, la flamboyante laisse ses doutes de côté et emprunte le premier sentier qu'elle croise, devant ses prunelles de feu. Le chemin, elle le connaît, et n'aura pas de mal à le refaire, encore et encore. Ce qui la ralentit n'est pas l'hésitation sur la voie à emprunter, mais plutôt la façon dont elle sera accueillie. Que sont devenues les personnes qu'elle a connu ? Hiko est-il toujours là-bas ? Innocent comme avant ? Kanna a-t-elle continué à se battre pour ses idéaux, et pour les autres ? Yahiko est-il resté cet homme gentil et héroïque ? Mais surtout, lui en voudront-ils ? L'auront-ils oubliée ? Tant de questions, mais rien ne lui vient à l'esprit en guise de réponse. Alors elle marche, encore, toujours, jusqu'à apercevoir ce qu'elle cherchait.

"Toujours là... Et personne ne m'a encore abattue. Le bandeau fait-il preuve de bonne foi ? Ou alors me tend-on un piège ? Je ne ferai pas demi-tour pour autant."

La rubiconde n'a pas peur de se montrer, et la seule chose qui pourrait la faire tressaillir serait que le chef ennemi l'attende. Celui qui, semble-t-il, a tué Reiko sans grandes difficultés. Que fera-t-il à une présumée déserteuse ? Et que pourra faire la présumée déserteuse pour se défendre, sans savoir ce qui lui a permis de vaincre la Metaru ? La réponse viendra peut-être très vite. En effet, la Sendai pose son pied droit à distance raisonnable de l'entrée du village. Nombre de shinobis doivent se trouver par ici, et c'est le coeur lourd qu'elle prononce, à haute et intelligible voix, les mots suivants:

"Je m'appelle Sendai Hanae, je suis une kunoichi Kumojine."

Rien de plus. Dire qu'elle vient en paix serait un aveu de sa désertion. Entrer comme si de rien n'était serait un motif pour abattre la déserteuse. Alors elle attend simplement qu'on décide quoi faire...

résumé:

Hanae attend un bon moment avant que quelqu'un ne daigne venir. Ayant elle-même été une kunoichi de ce village, elle sait que s'ils avaient voulu l'abattre, elle serait déjà morte. Néanmoins, depuis l'annexion, les choses ont peut être changé, et ça, elle ne peut savoir en quelles proportions. Alors la jeune femme finit par être tirée de son ennui par l'arrivée d'une femme qui lui est totalement inconnue. Est-elle Kumojine, ou Hijine ? Sa curiosité commence déjà à lui intimer de poser la question, de demander à cette femme de se dévoiler, mais elle n'est pas ici en toute légitimité, et si cette personne est un membre des troupes de l'envahisseur, alors elle pourrait très bien la faire arrêter si la Sendai ne lui paraît pas entièrement coopérative. La rouquine voit parfaitement le reptile se déplacer aux alentours d'elle, et si beaucoup auraient eu peur, ce n'est pas son cas. Ce genre de bête ne rôde pas si près du village, et il est fort à parier qu'il doit être lié de près ou de loin à la brune qui lui fait face. S'en suivent alors des paroles visant à montrer tout ce que la femme sait de la déserteuse. Finalement, pas grand-chose, étant donné qu'elle n'a été ici que depuis ses quatorze ans et qu'elle n'a pas de famille connue. Puis vient une question intéressante, à laquelle il serait bien mal venu de mentir, le rubis choisit donc l'honnêteté.

"Votre question est intéressante. Me feriez-vous capturer, ou abattre, si je vous disais que je venais pour venger mon village pour ce qui lui est arrivé ? Eh bien, désolé de vous décevoir si c'était votre intention, car je ne suis pas native d'ici, et je n'ai pas ce que certains pourraient appeler un "amour de ma patrie". Je ne cache pas être redevable à Kumo pour m'avoir recueillie, cependant, les récents événements m'ont fait réfléchir."

La rubiconde marque une pause, suivant le rampant des yeux de temps à autre, et détaillant au mieux le physique de son hôte le reste du temps. Les alentours, même si légèrement altéré par la guerre qui s'est produite, lui sont déjà bien connus, et le seul mystère pour elle se tient en deux êtres vivants.

"Pour répondre plus clairement à votre question, je dirais que les deux réponses sont bonnes, mais elles sont mauvaises, également. Je souhaite revenir ici, car c'est actuellement le seul endroit que je considère comme ma maison. Et pour ce qui est de répandre mon venin, tout dépendra de ce que je vois entre ces murs. Si le peuple me semble heureux, que je n'ai pas l'impression que les bons citoyens de Kumo sont maltraités, ou que leur train de vie a empiré depuis l'arrivée inopinée de l'empire du feu, alors je ne vois pas pourquoi j'aurais envie de me rebeller."

Elle ponctue sa phrase d'un sourire détendu et honnête, montrant bien que malgré tout ce qu'elle ne sait pas, la flamboyante n'est pas revenue pour faire la guerre. Elle ne sait pas si l'annexion du village était due à une simple vengeance, ou à un but d'améliorer la vie des habitants. Elle ne portait pas la Raikage en son cœur, pour ainsi dire, bien que l'idée de voir un homme tenir la tête d'une femme qu'il a sans doute arrachée lui même la dérange énormément.

"Si je puis me permettre, j'aimerais vous poser de questions à mon tour, même si je pense avoir une partie de réponse pour chaque. Êtes-vous Kumojine, ou Hijine ? Et pour mon autre question, il s'agit plutôt d'une devinette, qui je l'espère vous fera comprendre ma fuite. Qu'auriez-vous fait, si au retour d'un voyage, vous trouviez une armée ennemie entre vos murs, et que vous voyiez le supposé chef de l'adversité tenant la tête de votre chef de guerre ? Je me doute que beaucoup de réactions sont possibles, et vous en conviendrez, la mienne était assez pacifique, finalement."

Mais qu'aurait fait cette inconnue à sa place ? Se battre jusqu'à la mort, dans un combat dont elle n'a pas idée des raisons ? Ou bien revenir et courber l'échine sans comprendre pourquoi elle devrait le faire ? Avec le recul, c'est plutôt la deuxième option qui aurait convenu à la belle rougeoyante...

Les réponses d’Hanae semblent convenir à l’inconnue. L’honnêteté est souvent la meilleure façon de se faire bien voir et de convaincre autrui, d’autant plus quand on a bon fond. Une personne étant fondamentalement mauvaise, à l’inverse, aurait tout intérêt à mentir dans ce genre de confrontation. La rouquine continue d’observer le reptile qui se trouve à proximité, se disant qu’à la moindre mauvaise réponse de sa part, l’animal pourrait bien lui sauter dessus. Par chance, Saiki no Tsurugi n’est pas loin d’elle, prête à être invoquée en cas de situation inattendue. Cela devrait pourtant ne pas arriver. Si la brune pourrait très bien refuser de répondre à la question, n’étant pas celle qui a commis un crime et qui espère rentrer chez elle, elle accepte néanmoins. Pour l’écarlate, qui elle-même se considère comme plutôt sauvage à cause de sa vie de nomade passée, les propos de la fille aux cheveux d’ébène sont assez peu étayés, se limitant au strict minimum. Ne connaissant rien de son histoire, la jeune femme ne peut vraiment juger de cela comme un manque de volonté ou un simple manque de mots. Ce qu’elle en retient néanmoins, c’est qu’il s’agit bien d’une Hijine.

Mais la rougeoyante n’est plus la jeune fille naïve qu’elle a pu être par le passé. Elle ne se contente pas de prendre cette information dans la phrase de la femme qui lui parle, mais prend la totalité. Elle se dit également Kumojine, mais en devenir. De ce fait, elle n’appartient pas aux rangs du village caché dans les nuages, mais aspire à le faire. La Sendai sourit, discrètement, ayant une part de réponse à la principale question qu’elle se posait : est-ce que l’empire du feu est un ennemi ? Le point de vue de la plupart des citoyens et ninjas sera que oui, mais étant elle-même étrangère à ce village, la demoiselle aux yeux rubis sait ce qu’est l’envie de s’intégrer. Dans le cas de la brune, c’est un peu différent, toutefois la rubiconde arrive parfaitement à s’identifier à elle. Quant à sa réponse finale, elle est tout à fait incompréhensible pour la Kazejine, qui tente malgré tout de comprendre où elle veut en venir. Ce qu’elle en retient est le vouloir de son interlocutrice d’éviter des représailles.

« Je vois, d’une certaine façon, j’arrive à m’identifier à vous. Pour ma part, en me basant sur ce que vous m’avez dit, je peux déjà vous assurer que je ne ferai pas partie de quelconques représailles, je n’estime pas avoir à venger les morts par la mort d’autres personnes qui n’en sont pas nécessairement toutes responsables. Cependant, mon but premier est le bien du plus grand nombre, si je dois me taire et obéir pour cela, alors je me tairai et j’obéirai. »

Vient maintenant le but ultime de sa venue ici : demander clairement si elle peut rentrer ici, comme Kumojine, et être pardonnée, si pardon est nécessaire au vu des circonstances. Elle s’avance, de quelques pas, sans pour autant être assez proche de la régente – dont elle ignore toujours le poste et l’identité – et tout en ployant le genou, elle énonce les mots suivants.

« Je vous demande donc si je peux réintégrer ces murs qui sont ma seule demeure. Vos règles seront miennes, et je m’engage à ne pas causer de tort si vous acceptez ma réintégration. Si vous n’êtes pas en charge du village, je ferai la même demande à la personne en charge. »

S’il s’agissait d’un homme, ce serait plus compliqué, et l’idée qu’une femme dirige plait plutôt bien à Hanae. Elle reste donc ainsi, tout en sachant pertinemment que si elle se trompe, elle est à la merci de sa potentielle ennemi. D’un autre côté, si ses paroles sont fondées, il est possible que les deux femmes s’entendent bien, à l’avenir.

Hanae se tient un genou à terre, s'attendant à un refus, ou à des conditions extrêmement complexes à endurer. Pourtant, la réponse de cette femme est assez surprenante. En entendant ses mots, la Sendai ne peut que se relever, constatant que cette mise en scène est absurde. Se taire et obéir n'est pas ce qui lui est demandé, au contraire, son avis devra être entendu. Est-ce un piège qu'on lui tend ? Une mascarade pour découvrir ses vraies intentions ? Pour ce qui est d'obéir, la brune n'a rien dit, mais pour le fait de se taire... La rouquine ne sait pas où se mettre, et en vient à se demander si elle a bien fait de fuir d'ici, dans un premier temps. Du peu qu'elle savait de l'ancienne Raikage, l'écarlate pouvait déjà voir de grandes différences dans la façon de régner. Car désormais le doute n'est plus possible, qui que soit cette amie des bêtes, elle est évidement en charge du village. Raikage ou non, c'est difficile à dire, peut-être que les envahisseurs ont choisi un autre nom, voire une abolition pure et simple de ce système que sont les Kage, au sein de Kumo. Son visage ne cachant pas son étonnement, la rougeoyante répond en se retenant pour ne pas bégayer.

"Je vois, eh bien, je me ferais un plaisir d'aider à la pérennité de ces lieux, et si mon avis importe, alors je le donnerai. Je pense déceler que nos intérêts vont dans la même direction, à savoir la paix, que ce soit celle du monde, ou la paix intérieure des personnes."

La stupéfaction se dissipant, un léger sourire vient se glisser sur son visage. Cette entrée en matière ne signifie pas une tranquillité certaine, et peut-être que les premiers jours, ou les premières semaines, ne seront pas agréables, mais ce que raconte cette fille aux cheveux d'ébène est très intéressant, et la sauvage peut commencer à imaginer des plans différents d'une rébellion. A l'origine, son but était de voir ce qu'il se passait ici, et en cas de mauvais traitements, s'organiser avec les autres shinobis survivants pour mettre à mal l'envahisseur. L'entrée en scène des gardes signe également son retour à Kumo. De nouveau, elle sera une fière Kumojine, et cela l'emplit de joie et de fierté. Mais qui reste-t-il, ici ? Suivant son escorte, la jeune femme se retourne une dernière fois vers celle dont elle ne connait pas le nom.

"Merci, j'ai apprécié cet échange avec vous, je me ferai un plaisir de venir vous voir. Je ne vois pas en vous une ennemie, et il se peut même que nous nous voyions comme des alliées mutuelles, à l'avenir."

Elle suit les gardes, s'éloignant de la brune, puis de l'arche grise. Ses pas la mènent ensuite entre les murs du village caché dans les nuages. L'espace d'un instant, l'ex déserteuse quitte son escorte des yeux, pour observer l'état des rues. La guerre est passée depuis longtemps, et pourtant on peut encore voir certains stigmates de son passage. Elle essaie de ne pas s'attarder sur cette vision pour l'instant, et continue sa route jusqu'à arriver au poste administratif. Tout se déroule assez simplement, derrière, avec quelques explications, mais l'aval de la cheffe semble suffire à ne pas trop interroger la rubiconde. Alors la Kazejine se retrouve dans la rue, prête à vivre ici, de nouveau.