— « TEMPÊTE !!! »

Les cœurs des pêcheurs à l’unisson bâtaient la chamade. Seul le capitaine du navire et Sae restaient calme devant cette adversité naturelle. L’homme qui dirigeait la troupe savait ce qu’il avait à faire pour ramener ses hommes à bon port, quant à la blonde elle savait que son heure n’était pas encore arrivée.

— « Je veux tout le monde à son poste et ne paniquez pas ! Je vous ai fait la promesse qu’en travaillant sur mon bateau, je vous ramènerai à chaque sortie à Kiri. Sae, je compte sur toi pour nous aider à traverser cette tempête. »

La blonde acquiesçait de la tête et se dirigeait vers l’avant du navire. Une bataille allait être menée. Des hommes s’apprêtaient à affronter la nature et en particulier la mer, si capricieuse et mortelle.

Quelques heures plus tard, port de Naragasa.

Le navire de pêche avait reçu de nombreux dégâts, mais il avait résisté tout de même. Tout le monde était exténué, la Kaguya était assise et trempée jusqu’aux os, ses réserves d’énergie étaient quasiment vides. La belle s’était employée énormément pour permettre au bateau de traverser la tempête qui les avaient surpris.

La capitaine s’approchait de la trentenaire, lui aussi était trempé et éreinté. Il n’avait pas arrêté de vociférer des ordres à ses hommes et sa voix était presque éteinte, mais l’individu voulait converser avec l’unique femme de l’équipage.

— « Tu nous a sauvé, Sae. Pourquoi es-tu là ? Tu serais plus utile à Kiri en tant que shinobi plutôt qu’en pêcheuse. »
— « L’océan. J'adore naviguer sur l’océan. »
— « Je vois. En tout cas, je ne vais pas me plaindre de t’avoir à mes côtés et il en est de même pour les autres. Tu devrais aller te reposer. L’état du navire fait que nous devrions être à quai pour plusieurs jours. »
— « Oui, capitaine. »

Sur ces paroles, Sae se levait et quittait le bateau. La capitaine lui était resté sur le pont et un des pêcheurs se tenait à ses côtés.

— « Une drôle de femme, en plus c’est une Kaguya. »
— « Une Kaguya qui préfère naviguer que combattre, ce n’est pas commun. Tu devrais y aller toi aussi. Je dois rencontrer le charpentier pour qu’il me chiffre les dégâts. »
— « Bien capitaine. »

Celle qui appartenait au clan manipulateur des os marchaient dans le port, son trident était accroché dans son dos. Elle ne savait pas réellement quoi faire. La fatigue lui disait de rentrer chez elle, d’aller se reposer, mais une partie lui disait l’inverse, de continuer sa route et de voir ce qui se passerait par la suite.

Cette odeur d’eau salée, les émanations si particulières de la poiscaille fraîchement pêchée le matin n’avaient rien de très plaisant au nez d’autant plus sensible du ninja sensoriel originaire de Kaminari, beaucoup plus à l’aise sur les hauts plateaux que sur les flots, étant donné qu’il n’a pas cette affinité naturelle avec la navigation contrairement à ses confrères Mizujins. Les bras croisés il attend un navire de transport pour quitter le Port Naragasa, il aperçoit du coin de l’oeil un navire de pêche en pitoyable état venant de s’amarrer. La météo n’était visiblement pas de leur côté aujourd’hui. Ou auraient-ils fait un tour du côté de l’île d’Aato? Cette zone est connue pour ses fortes tempêtes, fortement déconseillé pour les petits navires.

L’équipe en sort, trempé de la tête jusqu’aux pieds, une femme à la peau mat et crinière dorée se distingue du lot et interpelle le regard attentif du Sabreur masqué, son apparence physique et son trident la rendent aisément identifiable au sein de l’équipe masculine composée de gaillards plutôt simples et sans trait distinctif. Ils se dispersent au mot de leur employeur, se fondant dans la masse humaine grouillant à travers le quai. Un grincement au loin, provenant de la direction du bateau endommagé vient titiller l’oreille de l’homme en shôzoku de jais, dont l’attente immobile ne fait qu’accentuer sa concentration sur les moindres détails de son environnement. Il est certain que ce son désagréable provient de ce bateau qui vient d’arriver, ce n’est ni le bruit de balancement de la coque poussée par les vagues alors qu’il est ancré, un cordage mal attaché? Non, c’est comme…

“Attention!” S’écrie un passant, pointant du doigt le mât du bateau s’affaissant sur le capitaine encore debout devant le navire et attachant les aussières au bollard à proximité.

Le dos tourné, le pêcheur voit la silhouette noire du mât s’agrandir et s’étirer au sol, ses yeux trahissent la panique lorsqu’il réalise qu’il est sur le point d’être écrasé. A cet instant-là une ombre se détache de la foule et approche en direction du bateau, lancé à vive allure, l'homme masqué portant deux sabres dans son dos tire l’acier de son enveloppe de magnolia, et dans un même mouvement instantané, découpe en deux parties quasi égales le gréement avec une facilité déconcertante, tombant de chaque côté du capitaine ayant à peine le temps de s’esquiver du lieu de chute. Si le civil est épargné, pour autant, l’une des parties du mât risque d’entrer en collision avec le pont du bateau et occasionner davantage de dégâts, même s’il faut avouer que le rafiot est déjà bien entamé. Mais heureusement le jounin n’était pas le seul ce jour-là à se montrer réactif, quelqu’un d’autre était présent aussi, et ce pour intercepter les débris qui auraient pu rendre la note de réparation plus salée.

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