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Hommes et bêtes

Yasei Reikan
Yasei Reikan

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Ven 12 Juil 2019 - 2:54
En bon nombre de points, la Brume tranchait définitivement avec le Désert du Kaze no Kuni, que Reikan connaissait si bien. Si ce dernier, berceau des métamorphes depuis la nuit des tempes, avait eu la chance de contempler ses premiers pas et d'entendre ses paroles les plus innocentes, il avait également eu le regret de constater son départ, une fois que sa horde de métamorphes nomades l'eut emmené sur le chemin de l'odyssée. La féline vécut et apprit sur les traces de ses aînés, au cours d'intrépides voyages qui durèrent près de treize printemps. Et jusqu'à ce jour, Kiri avait été sa plus grande halte ; une véritable amputation à son mode de vie nomade, qui l'avait tant forgé. Ce village allait quant à lui assister malgré lui à de grandes choses, étant donné que Shiroitora avait jeté son dévolu sur lui pour porter au mieux le cénacle qu'elle était en train de faire lentement mûrir ; il était temps pour la féline de grimper encore plus d'échelons pour atteindre son but et redonner vie au clan perdu des métamorphes.

L'heure du rendez-vous entre le trio de métamorphes approchait à grands pas. Toutefois, comme à son habitude, la changeforme prit soin de se présenter en avance. La Turlutte enchantée était une buvette à la réputation douteuse, mais affirmée. Et Reikan n'avait pas fait de ce bar, le premier lieu de rencontre avec de potentiels alliés, pour rien. Si pour la panthère noire et loup, elle avait accepté de prendre des gants en vue de ne pas les brusquer, pour le le raton-laveur et le corbeau, elle se permettrait de ne pas s'ennuyer dans la retenue. Après tout, si cette fameuse taverne était connue par ses concours de boissons et son affluence, elle restait un lieu de passage incontournable pour tous. Durant son temps libre, la féline aimait se rendre dans ce genre de maisons, où souvent la main policière manquait. La nuit était tombée et enveloppait la bâtisse de la buvette d'un manteau de velours sombre, si bien qu'elle apportait une clarté presque fantomatique aux choses. Parmi la foule estivale qui se promenait dans les artères de Kiri, une silhouette se détachait de toutes ; celle de notre chère Reikan, qui ne ressemblait à aucune autre en ces terres marécageuses. Si le bandeau ninja à son front la démarquait déjà de la masse, ses parures de pierres précieuses, son teint hâlé et son allure exotique lui offrait une tout autre aura, bien étrangère aux mœurs de la Brume. Et sa chevelure d'ébène, longue et primitive, n'enlevait rien à son charme de jeune femme, à tel point que les regards n'osaient même pas se faire trop insistants à son égard. Dans quel pari fou suis-je encore en train de m'embarquer? La Turlutte enchantée, c'est un sacré nom, quand même. La nomade dans l'âme retint un malheureux soupir, cherchant à ne pas culpabiliser de ce qui pouvait se produire à la suite de cette soirée. Mais elle n'eut même pas le temps d'y réfléchir, qu'elle se trouvait déjà devant la façade de l'établissement.

La Fille du Désert se présenta au noren d'entrée avec une prestance inédite, en y passant le dos de sa dextre pour le soulever sur le côté. Vêtue d'un bas et d'un haut de kimono assez sobres, elle présentait, si ce n'était déjà un physique des plus inaccoutumés, un symbole au dos de son habit ; ce n'était rien d'autre que celui du Tigre blanc, blason sous lequel elle espérait réunir les membres de son clan. Dès qu'elle pénétra dans la maison, son nez fut agressé par divers effluves, en provenance des boissons de toutes sortes. Mais a priori, seule une ambiance joyeuse et festive régnait entre les murs de ce bar. Du moins, pour l'instant. Au demeurant, Kiri sortait tout juste triomphante d'une série d'événements tragiques qui n'avait pas su l'abattre ; et des jours durant, même si occupée à la reconstruction d'une bonne partie du village, la population s'était affairée à festoyer le triomphe de la Brume sur la menace extérieure. Et puis, qu'y avait-il de mieux que d'à nouveau poser les prémices d'un rassemblement clanique, au plus proche des habitants du village qui les soutiendrait? Toutefois, ces établissements se devaient d'être appréhendés avec méfiance. Après tout, l'alcool y coulait à flot et bien souvent, les plus gentils des Hommes, une fois éprouvés par la boisson, pouvaient s'avérer être les plus démoniaques. En venant ici, Shiroitora avait-elle seulement pris en compte le fait que les enfants des bêtes seraient sûrement plus humains que les Hommes eux-mêmes?

Sans détour, Reikan sortit de ses songes et parcourut la taverne pour s'approprier une table ronde, à laquelle trois personnes pouvaient facilement s'asseoir. Elle prit la première place située près du mur de cibles à fléchettes, avant de faire un signe de sa sénestre à une serveuse pour lui intimer que sa commande n'était pas pour maintenant, mais pour le moment où elle sera en bonne compagnie. Bien qu'assise sur un tabouret de bois, la féline attendit le dos anobli par le temps et les principes. Ses pupilles éthérées parcoururent très vite la salle entière, dans l'attente de percevoir des contours familiers parmi l'abondante clientèle de ce soir-là. J'ai hâte de voir... qui ils sont, réellement. Et peu importe le temps que cela prendrait, qu'ils soient victimes d'un contre-temps ou simplement négligents vis-à-vis de la ponctualité, elle fut déterminée à attendre ses futurs confrères la tête haute, à regarder la plupart des personnes boire afin de fêter au mieux, pour le meilleur, ou pour le pire.
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Yasei Krowru
Yasei Krowru

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Ven 12 Juil 2019 - 7:32
    J'ai reçu une lettre, il y a un jour peut-être, certainement arrivé par erreur, maladresse de facteur... mais moi je suis un homme qui aime bien ce genre de jeux, je veux bien qu'elle me nomme comme elle le veut. C'était pas tout à fait ça la chanson, mais j'ai une mémoire de piaf, autant vous dire que je ne me souviens pas toujours parfaitement des notes que je chante. Enfin toujours est-il que j'ai une famille ! Enfin outre ma famille hein, j'ai une famille plus grande que je le pensais, un clan apparemment oublié par le monde. Pour des gars oubliés par le monde, j'ai des appendices bien voyant quand même ! Je balançais un coup d'oeil sur mes ailes juste après ces propos. Dans la lettre, elle nous donnait rendez-vous demain (aujourd'hui donc) à une taverne nommée la turlutte enchantée. Curieux nom, je ne savais pas du tout ce à quoi ça fait référence. Mais j'aime bien apprendre de nouveaux mots de vocabulaire, je demanderai à quelqu'un une fois arrivé dans le dit lieu.

    L'heure approchant, j'entamais donc mon départ en direction du port de Kiri, décidément je m'y rendais souvent ces temps-ci, j'imagine qu'il s'agit du centre névralgique du village de la brume et donc que c'est normal mais n'empêche. J'avais une petite appréhension à l'idée de rencontrer des personnes de ce « clan » dont je n'avais jamais entendu parlé. J'imagine que comme moi ils étaient capable de se métamorphoser, mais étaient-ils tous des corbeaux ? Ou bien étions nous liés à certains animaux en particulier ? Ou encore est-ce que notre lieu de naissance déterminait l'animal avec lequel nous sommes liés. Si c'est le cas j'suis né au mauvais endroit ! J'aurais voulu naître dans une jungle, j'aurais pu être un chimpanzé, ou alors dans la savane et j'aurais été un éléphant, ça aurait été classe. Ou même un ratel, c'est un espèce de gros blaireau, mais ça a une peau d'une épaisseur de un centimètre et elle est super résistante, tu es né et t'as déjà la défense ultime. Mais en revanche t'es moche. Ça passe d'être moche si t'es fort, en revanche si t'es moche et t'es nul, là ça devient chaud. Genre imagine t'es lié au cafard, ou au raton-laveur... Personnellement si j'suis dans un de ces cas, je me présente même pas à la réunion, trop la honte.

    J'arrivais maintenant à la fameuse turlutte enchantée, je passais le seuil de la porte et première chose, la plus choquante... Je suis le seul enfant ici. Vous me direz normal dans un bar, mais je sais pas me je m'attendais à plus de diversité que ça. La moitié des hommes avaient la trentaine et l'autre était en fin de vie. Avantage, c'était plus simple pour repérer la personne qui nous avait convoqué. Oui parce que c'est bien d'envoyer une lettre de donner un rendez-vous dans un lieu bondé de monde, mais nous donner un descriptif des vêtements portés ça aurait été pas mal aussi. Du coup je mesure un mètre cinquante, je ne vois absolument rien, malgré ma vision de volatile supérieure à la moyenne. Dans ces cas là y'a qu'une chose à faire, on appellera ça l'option B. Je sautais sur une table et je me mis à crier dans l'établissement le plus fort que je pouvais :

    « JE CHERCHE UNE PERSONNE NOMMEE YASEI REIKAN ! »

    Vu que j'avais hurlé à m'en époumoner, il y eu un silence de quelques secondes, de précieuses secondes me permettant de fixer tous les regards de la salle pour rechercher celui ou celle qui se sentait visé par mes paroles, oui j'suis un peu mentaliste parfois. Avant que le brouhaha ne redémarre je répondais à voix haute pour être audible de tous :

    « C'est bon j'ai trouvé, merci ! »

    Je me dirigeais alors vers la table la plus proche du jeu de fléchettes, prenant soin de ne pas heurté les gens avec mes ailes, car oui, comme les membres de mon clan s'en rendrait vite compte, je ne maîtrise pas assez ma transformation en humain puisque faire disparaître mes ailes me demande un effort considérable. Et faire des efforts juste pour plaire n'est pas dans mes habitudes. J'arrivais à la table où était assise une jeune femme, elle portait un kimono, drôle de vêtement pour une soirée. Elle semblait avoir un regard assez sévère, du moins c'est comme cela que je l’interprétais, après le fait d'avoir hurlé son nom dans une taverne jouait peut-être là dedans. Hormis ça que pouvais-je dire d'elle, elle avait le teint hâlé caractéristique des personnes de Kaze, je venais moi-même de là-bas malgré mon teint on ne peut plus pâle, du coup je reconnaissais facilement les natifs de la région. Du coup là, on avait pas l'air con... Parce que moi j'en avais mis une, une tenue de soirée, un beau manteau noir et ma plus belle chemise blanche, un bas de smoking et des chaussures en pointe cirée, un foulard blanc venant parfaire le tout. Je m'exclamais alors afin de briser le silence.

    « Bonsoir Reikan-oneechan j'suis Yasei Krowru ! Et comme tu peux le voir, je suis un métamorphe girafe ! Quoi ce n'est pas vrai ? Des ailes dans mon dos ? Arch scheiße je suis démasqué ! »

    Les derniers mots avaient été prononcé avec un accent d'un peuple aujourd'hui oublié, enfin bref un détail de l'histoire on va pas s'attarder dessus. La serveuse arrivait alors à la table afin de prendre la commande, je m'emparais donc vite de la carte qui se situait sur la table pour lire et mon choix s'arrêta bien évidemment sur un cocktail bien particulier. Je m'empressais du coup de dire à la serveuse :

    « Je veux une turlute ! Ou un turlute j'sais pas comment on dit ! »

    La serveuse dont le visage s'empourprait se contenta de me répondre.

    « - C'est un cocktail avec alcool, vous êtes un peu jeune pour ça non ? 
    - Ha donc les turlutes c'est que pour les adultes ? C'est pas cool pourquoi vous avez pas fait de turlutes pour les enfants, c'est pas très gentil. Bha je vais quand même prendre la turlutte mais vous me remplacez l'alcool par de la limonade s'il vous plaît. Sinon vous allez bien ? Parce que vous devenez un peu rouge...»


    Elle ne répondit pas, elle se contenta de terminer la commande avant de partir je regardais alors Reikan avant de lui demander.

    « Elle est bizarre la serveuse, je lui demande le cocktail qui j'imagine est emblématique de l'établissement et elle devient toute rouge. C'est quoi une turlute d'ailleurs, juste pour connaissance personnelle, j'aime bien apprendre de nouveaux mots. »

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Migaru
Migaru

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Sam 13 Juil 2019 - 18:05
Le raton-laveur avait passé la journée à ruminer ce fameux courrier qu’il avait reçu la veille. Une membre du clan Yasei, porteuse par conséquent du gène similaire que celui qui lui permettait de se métamorphoser. Depuis qu’il avait rejoint ce village, ou en tout cas qu’il en avait eu le projet, il rencontrait un peu plus de polymorphe. Une nouvelle qui l’enchantait car elle lui permettait d’au moins passer plus de temps avec des confrères qu’avec des humains. Même s’il les tolérait de plus en plus, il avait toujours la même aversion envers eux. Ce n’était pas pour rien qu’il passait le plus clair de son temps sous sa forme de raton, la seule où il se sentait réellement à l’aise.

Malheureusement il ne pouvait pas vraiment la revêtir pour ce soir. Le rendez-vous avait été pris dans un bar que le Yasei avait déjà croisé une ou deux fois. Un établissement à la devanture charmante et au titre clinquant. Il fallait rendre hommage à ceux l’ayant créé car il y avait un réel courage pour appeler son bar comme ça. Zoku était loin d’être un commercial, du moins il commerçait à sa façon, et ce ne serait pas lui qui viendrait apprendre à untel comment tenir un commerce. Il se contentait de remarquer que la façade de la taverne en attirait plus d’un par son titre. Il devait s’attendre à un tout autre genre de lieu. Les vieux un peu grivois ne manquaient pas devant. Ce qui fit sourire le raton-laveur, caché dans une ruelle derrière la poubelle du commerçant d’à côté. L’heure était bientôt venue. Il quitta sa forme tant chérie pour la remplacer par l’enveloppe charnelle qui lui déplaisait.

Lorsqu’il fit son entrée dans l’enceinte du bar, il ne fut pas difficile de retrouver où aller. Il avait prévu d’utiliser sa truffe et ses compétences de traqueur mais ça ne s’avérait pas nécessaire. Un drôle d’oiseau, littéralement, se faisait remarquer au milieu de la foule. Il semblait se débattre avec deux appendices peu communs à l’Homme : des ailes. Très caractéristiques du corbeau. Il n’aurait pas à jouer aux devinettes avec lui pour savoir quel était son animal totem. Zoku s’approcha, captant de son ouïe fine la conversation en cours entre le Corbeau et celle qui devait être à l’origine de cette réunion de « famille ».

- Une turlutte correctement effectuée, lorsqu’il y a un amour partagé, nous aurait privés de ta présence ici, gamin.

Il eut un regard vers la jeune femme déjà assise à table. Il voyait se profiler des explications épineuses.

- Mais accessoirement, c’est un outil de pêche. Pour un bar à Kiri, fallait pas chercher plus loin.

Zoku prit alors place sur le tabouret vacant. Il regarda une nouvelle fois la seule femme de l’assemblée :

- Zoku, se présenta-t-il. Pas besoin de s’échanger les noms de famille de ce que j’ai compris. Que nous vaut le plaisir de cette petite réunion familiale ? demanda-t-il avec une once d’ironie.

Après quoi il réclama une bouteille de sake à la serveuse qui revenait servir sa boisson au drôle d’oiseau.
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Yasei Reikan
Yasei Reikan

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Dim 14 Juil 2019 - 23:06
Consternée. Dans le bar, c'est ce que la métamorphe aurait pu être, lorsqu'elle fut confrontée aux braillements du jeune garçon à son égard. Le voir et l'entendre crier son nom à s'en crever les poumons la fit presque sourire ; après tout, Reikan n'avait pas tardé à se faire connaître par le biais de diverses soirées passées à cogner du sacripant de taverne. Et elle ne craignait aucunement qu'un mioche ne dévoile son identité aux oreilles de tous. Après avoir reconnu sa consœur parmi tous, le corbeau eut vite fait de la rejoindre en s'attablant à ses côtés. Dans les pupilles éthérées de la féline, la contemplation fut reine ; non pas vis-à-vis de la tenue de soirée portée par l'enfant, mais bien au sujet des membres pairs qu'il portait à son dos. Des ailes, voilà quelque chose de fabuleux. Est-il donc incapable de ne pas les exposer de la sorte? L'intensité avec laquelle la féline osait fixer cet atout caractéristique aux volatiles en fut presque dérangeante ; si bien que les gens autour eurent l'impression que la jeune femme allait bouffer le mioche. C'était presque si un filet de bave s'empêchait de glisser de sa bouche. En ignorant totalement la clientèle de la buvette, elle adressa un dernier regard intense aux ailes du métamorphe, avant de basculer son attention sur Krowru lui-même, lorsqu'il se présenta. Même si elle fit mine de rien, la féline ne put s'empêcher de questionner son for intérieur. Il était si jeune sur le papier...? Bwarf, pas grave. J'imagine que ça le forgera. Mis à part ce détail, ce piaf semblait assez amusant et dégourdi avec le social ; après tout, il n'était qu'un enfant et il avait affaire à quelqu'un ayant la même capacité que lui, à un animal près.

Il commença à lui parler de turlutte, en faisant référence au nom de la maison. Reikan était certes une jeune femme de dix-neuf ans, il fallait dire qu'elle avait très peu d'expérience sur ce terrain particulier, voire pas du tout ; toutefois, cela ne l'empêchait pas d'avoir à sa connaissance un vocabulaire des plus fournis dans un sacré paquet de domaines, y compris celui... des relations humaines. Mais ce gosse là, savait-il au moins de quoi il parlait? Bien entendu, à l'écouter parloter avec la serveuse déboussolée, la féline comprit que non. Il serait judicieux de détourner la véritable signification de ce qu'était une turlutte ; et lorsqu'elle s'apprêta à le faire, une seconde silhouette s'approcha pour s'en charger en personne, avec brio. Zoku. Drôle de... prénom. Il semblait que ce dernier soit plus âgé que notre chère Tigresse blanche. Mais allait-il se révéler plus malin qu'elle? La changeforme se retint de plisser les yeux et se contenta de sourire, plutôt curieuse d'en venir au fait de qui se cachait réellement derrière cette nouvelle connaissance clanique, à l'apparence humaine. Elle jongla du regard entre les autres changeformes, le minois teinté d'un air un tantinet plus sérieux. Si ces deux-là ne paraissaient pas si étonnés que ça de faire partie d'une famille, ils seraient tôt ou tard forcés de se rendre à l'évidence ; dorénavant, le corbeau et le raton-laveur n'étaient plus seuls. Après tout, ils avaient accepté l'invitation ; et ce simple fait voulait dire qu'ils semblaient intéressés. Mais que penseraient-ils des ambitieux projets de Reikan? Elle prit enfin la parole, mettant une voix sur l'écriture de la lettre qu'ils avaient reçu la veille ; une voix douce, mais empreinte de sagesse et d'assurance.

« Enchantée de faire votre connaissance, Krowru, Zoku. J'espère que ce rendez-vous n'a pas chamboulé votre emploi du temps. Si c'est le cas, je vous assure que votre embarras aura très vite disparu. C'est une entrevue assez... vitale, à vrai dire. Cette petite réunion familiale, comme tu le dis si bien Zoku, ne doit pas être perçue comme une partie de plaisir. Vous vous en doutez sûrement, mais j'ai pour espoir de redorer le blason du clan des métamorphes en les réunifiant. Et cette rencontre est l'une des prémices de ce but, parmi tant d'autres. J'ai beaucoup de choses à vous dire au sujet de notre clan, de son passé et de son avenir, mais avant, j'aimerais avoir connaissance de vos vécus respectifs. D'où venez-vous? Où avez-vous grandis? »

La Fille du Désert déposa un coude sur la table de bois, prête à écouter leurs réponses, qu'elles soient dures à entendre ou non. Que ce soit par sa gestuelle ou par l'expression d'un intérêt croissant qui transgressait les traits de son visage, il était facile de voir que Reikan était une métamorphe sincèrement engagée dans les retrouvailles avec son clan. Celle qui avait vécu avec sa horde et voyagé entre monts et mers toute sa vie avait ressenti, depuis des années, le besoin de renouer avec ses racines. Et elle était déterminée à lier toutes ces personnes, qui n'avaient en point commun que la bestialité et presque toujours le sang, entre elles.
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Yasei Krowru
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Mar 16 Juil 2019 - 21:41
    Au moment même où je demandais à la personne qui m'avait demandé de me rendre ici ce que signifiait le mot turlute, un homme fit irruption dans la conversation pour me répondre. Il m'expliquait que si mes parents s'aimaient et qu'il partageait un moment en compagnie d'une turlute je ne serais pas ici. Je réfléchissais un instant avant de répondre tout en frappant mon poing droit dans la paume de ma main gauche :

    «  Ha j'ai compris, c'est quelque chose qui empêche d'avoir des enfants, c'est ça ? Merci pour votre explication monsieur ! »

    Il se ré-exprimait juste après afin de préciser qu'il s'agissait aussi d'un outil de pêche et que pour un bar au village de la brume utiliser des ustensiles de pêche comme nom n'était pas rare. Cette explication tenait la route alors je me contentais d'acquiescer de la tête. Il se présenta maintenant devant nous en la personne de Zoku. Il précisa à juste titre qu'il était inutile de donner le nom de famille puisque nous portions tous les trois le même. La serveuse arrivait à nouveau pour m'apporter ma boisson et je lui souriais à pleine dent en lui adressant le propos suivant :

    « C'est bon madame, Zoku ici présent m'a expliqué ce que c'est une turlutte. Du coup vous êtes un bar de pêcheurs ? Vous savez moi aussi j'suis un pêcheur bon sauf que moi j'y vais avec la bouche, je pourrais venir pêcher avec vous une fois si vous voulez ! »

    Ni une ni deux, voilà que je me prenais une gifle de la part de la serveuse. Bien entendu de mon côté, expression de visage interloqué, j'étais dans l'incompréhension la plus totale. Je me tournais alors vers Zoku et je lui demandais :

    «  Bha qu'est ce que j'ai dis ? »

    Finalement c'est Reikan qui prit la parole, je n'avais pas pu échanger encore un seul mot avec elle puisque j'avais été interrompu par l'arrivée de Zoku. Elle s'exclama donc nous annonçant purement et simplement que son objectif personnel était de réunir le clan des métamorphes. Elle semblait en savoir beaucoup sur nos origines et elle souhaitait partager ce savoir avec nous, mais avant cela elle souhaitait connaître d'où nous venions. Personnellement j'étais un peu abasourdis par ces révélations, j'avais toujours cru que nous étions seuls ma famille et moi et voilà qu'en réalité nous sommes un clan entier et nous partageons un même lignage. Je prenais quelques gorgées de ma boisson avec la jolie petite paille rouge avant de raconter mon histoire et la totalité de ce que je savais sur ma famille.

    « J'vais commencé à répondre à ta question du coup, même si déjà je suis vachement content d'apprendre que ma famille et moi ne sommes pas les seuls avec ce pouvoir ! Alors moi j'viens de Kaze no kuni, j'ai grandis et vécu toute ma vie dans la même zone géographique à la frontière sud-est de kaze. J'y ai vécu avec mes parents et mes frères. On était simplement une famille de pêcheurs qui se servaient de nos pouvoirs pour ramener facilement du poisson et revendre le surplus aux villages de la zone. De ma famille je connais simplement ce que m'ont dit mes parents. Qu'en plus de nous il y avait une sorte de meute de corbeau dont mes parents ont préféré s'éloigner puisqu'ils avaient comme source de revenus le pillage de bateau. Que nos pouvoirs étaient issus du Dieu-corbeau Anzu que notre famille vénérait depuis l'aube des temps, que le premier à s'y être éveillé avait prié durant des décennies devant un totem à son effigie et qu'une nuit il s'est réveillé métamorphosé. Rien de plus. A toi Zoku, raconte nous comment t'es devenu toi ! J'espère que tu es moitié quelque chose de bien genre un dragon ou un serpent ! »

    Après quoi je la mettais en sourdine afin d'écouter l'histoire de mon nouveau frère. Enfin je sais pas encore si on allait tous se qualifier comme des frères ou bien des cousins. Ou bien si on allait rester de parfaits inconnus, nous verrons bien.
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Migaru
Migaru

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Mar 16 Juil 2019 - 23:04
Le gamin volatile ne manquait pas de se faire des amis. Il semblait avoir le potentiel amical équivalent à celui de Zoku. Sûrement une hérédité familiale en plus de la compétence à se changer en animal. Soit il faisait exprès, soit il était vraiment naïf. Au vu de son âge et de sa réaction suite à la gifle que lui avait distribuée la serveuse, il avait l’air vraiment naïf. Ou bien très bête. Dans le sens littéral du terme cette fois. La brève altercation physique entre les deux partis fit éclater de rire le raton-laveur alors que le drôle d’oiseau lui demandait ce qu’il avait dit de mal. Le raton-laveur se contenta de lever les deux mains en l’air comme pour témoigner d’une parfaite innocence avant de les recroiser lorsque leur consœur prit la parole.

D’après ses dires, elle semblait déterminée à unifier le clan des polymorphes. Une idée intéressante bien que compliquée selon le raton. En plusieurs années de vagabondage il n’avait pas vraiment eu l’occasion de croiser des personnes comme eux. Une fois, de mémoire. Ce qui faisait très peu de probabilités mais surtout peu d’individus possédant un tel pouvoir. Alors pour réussir à réunir tout cette animalerie, la dénommée Reikan risquait d’avoir du pain sur la planche. Mais il se doutait que cet entretien ne serait essentiellement pas que pour les enrôler dans ce petit objectif d’unification familiale. Elle allait sûrement avoir besoin d’aide et ils seraient sûrement mis à contribution. Là pour le coup, l’idée n’enchantait pas du tout Zoku.

Autant le fait de rencontrer et découvrir des gens qui faisaient partie du clan dont il portait les gènes, il n’était pas contre l’idée. Aussi loin s’en souvenait-il, un espoir profondément enfoui lui réclamait une sorte de famille, un groupe auquel appartenir. La bande de bras cassés qu’il avait quitté avait colmaté cette faille pendant un temps. Mais ce dernier lui avait appris qu’ils n’étaient pas ce qu’il recherchait, mais restant toujours en second lieu derrière la richesse. Moitié animal mais entièrement vénal. Leur consœur s’intéressait maintenant à leur passé et à leur vécu : autant le dire le sujet qui passionnait le plus le raton-laveur. L’ironie étant présente bien sûr.

Drôle d’oiseau se prêta de suite au jeu en racontant sa vie. Littéralement. De sa naissance à sa famille à ses problèmes de l’époque. Une bien belle histoire que Zoku lui enviait presque. A l’exception qu’il n’avait pas encore connu l’appât du gain, l’adrénaline d’un casse en cours et la satisfaction de l’obtention d’un butin. Autant d’émotions que sa courte existence ne lui avait pas apportées, et qu’il ne connaîtrait peut-être jamais. Ce qui était bien dommage car souvent le raton-laveur maudissait l’évolution de ne pas lui avoir offert des ailes. C’était un moyen efficace de prendre la poudre d’escampette lorsque les évènements tournaient au vinaigre.

Zoku aurait préféré en avaler un verre plutôt que de répondre honnêtement aux interrogations de la demoiselle. Son sake ayant été servi il se prépara un verre qu’il descendit prestement. Le liquide lui réchauffa les boyaux et l’encouragea à tout de même parler.

- Que dire ? J’ai passé mes premières années à Ame no kuni. C’est là-bas que j’ai découvert mon don et que j’ai appris à m’en servir. Après j’ai vagabondé, fait quelques rencontres bonnes ou mauvaises, jusqu’à dernièrement où j’ai rejoint la Brume par un bateau en partance de Kaminari no kuni. Endroit pas très fréquentable je vous le déconseille d’ailleurs. Et puis me voilà.

Il clôtura son propre discours par une nouvelle coupelle d’alcool rapidement terminée. Un petit soupir de satisfaction suite à sa boisson tonifiante puis il tourna le regard vers le drôle d’oiseau, gardant ses bras croisés sur la poitrine :

- Je suis mieux que tout ça, gamin. Tes ailes te sont peut-être utiles mais en tant que Raton-laveur, crois bien qu’il y a des possibilités bien plus étendues qu’en étant « quelque chose de bien ».

Il avait volontairement formé les guillemets de ses doigts en appuyant sur les mots employés par le volatile. Ceci étant fait, il reporta ses yeux masqués sur l’instigatrice de cette réunion.

- Et vous ? Toi ? Comment et pourquoi tout ceci ?

L’on pourrait penser que le raton-laveur se répétait mais il tenait à approfondir les tenants et aboutissants de cette assemblée officieuse. De ce qu’elle avait dit, elle avait des projets et des choses à révéler. Sa curiosité devint presque aussi importante que son attrait pour les gains frauduleux.
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Yasei Reikan
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Jeu 18 Juil 2019 - 1:19
Si l'un provenait de l'aride terreau du Kaze no Kuni comme elle, l'autre avait été bercé par la pluie d'Ame no Kuni. Ame no Kuni... L'histoire du jeune corbeau avait rappelé à Reikan de bons souvenirs passés dans le Désert, mais celle du raton-laveur ne put que raviver la flamme d'une rancœur profondément ancrée, autant dans sa chair que dans son esprit. Le manque d'information de la part de Zoku au sujet de son passé sur les terres de la criminalité n'avait rien de commun ; au contraire, il disait tout. Parmi tous ceux que la féline avait traversé, le Pays de la Pluie était un territoire miné de malheurs à ses yeux. À vrai dire, ce nid à bandits était celui qui avait achevé sa propre mère, lors d'un piège dans lequel l'aménité de sa génitrice, au caractère bien trop humain et altruiste, lui avait coûté la vie. Si le mammifère voleur était né là-bas, il n'y avait aucun doute ; il savait à quel point cette zone du monde shinobi était dangereuse, si bien que Kiri, la terre militaire par excellence, était presque un havre de paix à côté de celle-ci.[invisible_edit]

Après une poignée de silencieuses secondes passées à fixer les ondulations dans son verre d'eau, la métamorphe se mit à arborer le même sourire serein sur ses lèvres charnues, toujours aussi immuable. Les traits de son minois se civilisèrent, comme pour dompter au mieux une hargne interne. D'un bref regard à ses deux futurs acolytes, la Fille du Désert chassa ses mauvaises réminiscences et les tourments les accompagnant de son psyché, pour ne se souvenir que du meilleur de son existence. Il fallait le dire, l'aventure de Reikan la nomade était jusqu'à ce jour d'une telle ampleur que même les plus riches des descendants de nobles, plongés dans l'or depuis leur naissance, étaient susceptibles de l'envier. Sa vie en elle-même était une source d'inspirations et de grandeur. Malgré tout ce qu'elle avait traversé, celle qui possédait d'autant plus d'ambitions que de pierres précieuses dans sa chevelure, n'était âgée que de seulement dix-neuf printemps. Et pourtant, la jeunesse de Reikan n'enlevait rien à sa sagesse, qui était des plus honorables ; elle était une combattante réfléchie, bordée par une montagne de connaissances enrichissantes. Sans boire une goutte de son eau, elle planta ses pupilles myosotis dans celles de ses cousins éloignés, avant de se mettre à dévoiler une partie de sa vie, pour motiver les plus grands espoirs qu'elle s'apprêtait à leur exposer.

« Je suis née au cœur du Kaze no Kuni. Sans ailes, sans frontière maritime ni oasis à proximité pour pêcher et revendre, j'ai survécu dans les entrailles du Désert pendant les six premières années de mon existence, avec pour seule compagnie celle de ma horde. Mais la menace du Dieu du Désert et les conditions ont forcé ma famille à s'écarter de la sédentarité. De reclus du Vent, nous sommes devenus de fiers métamorphes nomades, parcourant la plupart des pays qui jonchent notre merveilleux monde. Jusqu'à mon arrivée au sein de la Brume au début du dernier printemps, j'ai voyagé ainsi, guidée par mon instinct et par la soif de la découverte. J'ai parcouru des montagnes enneigées, des terres marécageuses et volcaniques, des forêts verdoyantes, des mers déchaînées, mais il me serait impossible de vous citer tous les territoires que j'ai eu la chance de fouler. »

Reikan se soumit à une courte pause, le temps d'au moins serrer le poing droit et de reprendre un air bien plus sérieux. Visiblement, cette rencontre et les sujets qu'elle engendrait lui tenaient très à cœur, si ce n'était aux tripes ; et pour cause, ses phalanges ne purent que blanchir sous le poids des espérances qu'elle nourrissait. La féline était une bête muée par des rêves que la plupart qualifieraient de bien trop grand pour un seul et unique être. Mais jamais elle n'avait cessé d'y croire ; cela ne l'avait d'ailleurs jamais empêché de promettre, au plus grand nombre de ceux ayant croisé sa route, la réalisation de toutes ses ambitions les plus profondes et les plus universelles. La Fille du Désert était une jeune femme rongée par une détermination si cruelle qu'elle s'en oubliait presque elle-même. Elle était celle qui, depuis toujours, se sentait investie d'une mission que tous rejetaient, au point de mettre sa propre vie de côté. Et son discours, s'il allait très certainement instruire notre jeune volatile, ne pouvait que toucher notre fameux raton-laveur, avide de conquêtes et sûrement conscient de la malédiction qui rongeait le monde. Mais allait-il seulement prendre la peine de s'y intéresser, en tendant une oreille attentive aux paroles de Reikan?

« Quoi qu'il en soit, j'ai énormément appris au cours de ces voyages intempestifs, aussi bien sur l'être humain dans sa généralité que sur moi-même. J'ai pu voir de mes propres yeux la haine qui gangrène aujourd'hui le cœur des Hommes, jusqu'à en corrompre celui des Bêtes. Je n'ai pas de rêves plus grands que celui de mettre un terme à ce cycle infernal pour établir une véritable et durable paix entre les villages, entre tous ceux qui se partagent ce monde. Peu importe la terreur à laquelle je ferai face, tous ceux qui se seront un jour abandonnés à la facilité de la haine goutteront de mes griffes et de mes crocs. Et je veux que le clan Yasei, une fois réunifié, soit porteur d'un tel rêve. Depuis des décennies, nos prédécesseurs n'ont cessé de s'ignorer ou de se déchirer et je veux, du plus profond de mon être, que cela change. Nous sommes peut-être des monstres aux yeux de tous, mais je vous prie de me croire que malgré les apparences, nous possédons des cœurs bien plus purs que certains. »


Dernière édition par Yasei Reikan le Sam 21 Déc 2019 - 18:46, édité 1 fois
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Yasei Krowru
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Ven 19 Juil 2019 - 9:26
    Zoku commença à raconter son histoire une fois que j'eus finis la mienne, il avait passé son enfance à Ame et il avait apprit à se servir de ses pouvoirs dans cette partie du monde. Ensuite il avait erré pour finir dans un bateau qui l'emmena à Kiri. Et bah pour quelqu'un qui avait autant voyager son histoire était courte, du coup je me sentais obligé de lui demander, curiosité personnelle.

    « T'as voyagé où ? Et c'est quel pays que t'as préféré visité ? On mange bien partout dans le monde ? Les gens sont sympas ? T'as déjà vu un autre Yasei mais avec des ailes brunes pendant tes voyages ? »

    Je n'oubliais pas mon très cher frère Raven, qui a sûrement dû être capturé et vendu comme esclave par ces mercenaires que nous avions croisés. Peut-être que Zoku avait une piste sait-on jamais, après tout il avait vu beaucoup de pays. Mon regard changea après ses propos suivants. IL ETAIT CAPABLE DE SE CHANGER EN RATON-LAVEUR ! Je ne pus retenir mon rire et comme vous vous y attendez je n'ai pas pu non plus m'empêcher de me moquer.

    « Un raton-laveur vraiment ? Mais tu peux rien faire en étant un raton-laveur... Moi aussi j'ai un animal faible mais au moins je peux voler. Tu prends un tigre ou un lion ils sont forts majestueux, enfin plus le lion pour le dernier adjectif. Tu prends un ours il est puissant, un éléphant pareil... Mais un raton-laveur, t'es tout en bas dans la chaîne alimentaire. Après malgré que j'ai envie de me moquer de toi je te soutiens, car j'aurais pu être un oiseau bien plus fort, comme un aigle ou un condor mais nan j'ai finis corbeau. ON EST DES REBUS ZOKU-NIICHAN ! »

    Je laissais une larmichette couler le long de mon œil, j'affichais une posture de l'homme triste. J'étais vraiment un bon comédien. Mais c'était au tour de Reikan de s'exprimer et elle expliquait venir du même coin paumé que moi Kaze no Kuni, sauf qu'elle avait vécu dans le désert même. Très mauvaise idée, la pire peut-être même, ce désert engloutissait toute vie, vivre à l'intérieur ou plutôt survivre à l'intérieur nécessitait des talents particuliers. Elle reprit la paroles afin d'aborder un tout autre sujet. Elle souhaitait en somme une paix universelle où tout était beau et où tout le monde se faisait des bisous si j'ai bien compris, mais du coup je ne pus m'empêcher de tiquer et de répondre.

    « Mais si ton projet est de délivrer le monde du mal et d'y instaurer la paix, pourquoi avoir décidé de devenir kunoichi et rejoindre un village ? Je suis peut-être qu'un enfant mais tout cela reste bien flou pour moi. Nous sommes des soldats, des guerriers, une force armée, notre but en tant que telle est d'éliminer les menaces qui pèsent sur notre nation, adoptive certes pour chacun de nous, mais notre nation cependant. Cela signifie que pour toi si on t'envoies dans une mission où tu devras tuer des personnes, peut-être même des innocents, cela peut arriver. Tu vas préférer désobéir aux ordres ? Une armée n'a pas besoin de gens comme toi, sans vouloir te heurter en disant cela, mais si comme je le pense tu n'es pas capable d'obéir à certains ordres, tu risques de mettre en péril et de blesser voir de faire tuer certains de tes compagnons de mission. »

    Je venais certainement de jeter un pavé dans une marre mais le pire c'est que je n'avais pas finis, j'allais renchérir juste après.

    « Je ne suis peut-être qu'un enfant mais je sais très bien ce que je souhaite protéger. Ma famille proche et le village que j'ai souhaité servir, car j'ai juré allégeance. Les autres civils et shinobis ne font pas partis de mon cerclenet je suis insensible à leurs sorts, s'ils doivent périrent, ils périront que ce soit à la pointe de mon bec ou des mains d'un tiers peu m'importe et je ne me sens pas concerné par eux. »

    Et c'est le moment je pense où un débat d'idée atteint un point de rupture, mais nous verrons bien ce que Reikan répondra à cela. Je venais certainement d'ailleurs de les surprendre, j'avais fais le plaisantin depuis le début et pour la première fois, j'avais commencé à échanger sur un propos sérieux.
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Migaru
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Sam 20 Juil 2019 - 19:15
Toujours les bras croisés sur la poitrine, les griffes du raton ressortirent légèrement et discrètement. Les propos du drôle d’oiseau l’insupportaient. Des rebus avait-il-dit. Il en vint même à retrousser instinctivement la lèvre, comme s’il était sous sa forme animale, pour laisser apparaître un croc légèrement pointu. Il n’allait pas procéder à une métamorphose complète en plein dans l’établissement mais l’énervement fit déborder l’instinct bestial qui sommeillait en lui. Zoku avait bigrement envie d’envoyer le piaf aux cuisines pour qu’ils lui réservent un sort façon méchoui. Déjà qu’il l’avait bombardé de questions en une seule tirade, derrière il se permettait de se moquer de lui. Le cocktail parfait pour pousser le raton-laveur à en venir aux griffes.

La colère bourdonnait dans sa poitrine, venant faire battre le sang à ses tempes. Une irrépressible envie de mordre et griffer le précieux plumage de l’auteur de cette haine. Si les propos de celle à l’origine de cette rencontre n’avaient pas été aussi bien construits et empreint d’un message pacifique, il aurait déjà sauté sur le corbeau pour l’écharper. Au lieu de ça, il préféra lui réserver un regard dédaigneux. Il ne craquerait pas. Pas encore. Car l’ambition de la jeune Reikan parlait au polymorphe rayé. Il n’avait jamais vraiment connu d’autres personnes comme lui. Une sur les terres de Kaminari il y a quelques temps avant qu’il ne quitte son groupe. Mais au-delà de ça, il avait toujours eu l’habitude d’évoluer et d’avancer seul. La solitude était un moteur qui était bien plus performant que la famille ou l’amour. La progression était nettement plus efficace qu’accompagné. Zoku avait tenté de coopérer avec ses quatre compères voleurs et le résultat de cette collaboration s’en ressentait ici. Il avait préféré les abandonner.

Aussi l’idée de réunir le clan des polymorphes était un projet que le raton-laveur était susceptible d’embrasser. Une noble cause, un peu idéaliste et utopique dans la bouche d’une jeune fille, mais réalisable selon lui. Rien ne disait que ce serait une tâche aisée prenant quelques semaines de temps pour se concrétiser. Cela pouvait prendre des années, voire des décennies avant de voir le jour. Mais c’était un pari sur l’avenir qu’ils pouvaient prendre. Lui-même avait quelques bases dans la traque et ce serait un atout pour chercher d’autres shinobis avec la même capacité qu’eux. En revanche, s’ils étaient tous comme le drôle d’oiseau, Zoku les débusquerait mais pas pour leur demander de les rejoindre.

Autant le raton n’était pas entièrement partisan du principe de paix universelle, autant il avait au moins la décence de ne pas se la ramener comme le corbeau qui distribuait son avis comme du pain aux démunis. Dans son bec, ça sonnait tellement faux en contraste avec son jeune âge et son comportement qui allait de pair avec. Serrant la mâchoire, Zoku le laissa déblatérer son tissu de belles paroles bien pensées à deux balles. Il avait sûrement entendu des grandes personnes dialoguer et il ne faisait que débiter le même discours en adaptant la sauce au plat qu’était la situation actuelle.

- C’est la différence qui existe entre soldat et shinobi, gamin. Le premier serait digne d’être intégré dans notre clan comme le représentant du Mouton. C’est pas parce qu’on sait se battre qu’on doit tuer.

Zoku s’étonna lui-même de la philosophie de ses propos. Sûrement un réflexe pour contraster avec les bêtises du piaf assis à ses côtés. Il valait mieux ça que de longues tirades paternalistes ou un combat en plein dans la taverne. Puis il reporta son regard sur Reikan :

- L’idée d’unifier notre clan est quelque chose que je serais susceptible de partager. En revanche je préfère jouer cartes sur table, la paix universelle je n’y crois pas et je n’en veux pas. A moins que le Yuukan ne soit exclusivement peuplé d’animaux ou de personnes comme nous pour les comprendre, l’Homme a déjà perverti ce monde. Il n’y a d’espoir que la prospérité et la sécurité pour les nôtres. C’est la seule chose que je peux promettre et assurer.
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Yasei Reikan
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Mer 24 Juil 2019 - 0:36
La paix universelle était ce que la Fille du Désert, qui venait de se faire servir un thé, souhaitait plus que tout. Pourquoi donc avoir décidé de devenir kunoichi et de rejoindre un village? Cette remarque, extériorisée par Krowru, eut aussitôt des échos dans le psyché de la féline. Toute sa vie, elle l'avait passé à vagabonder avec les proches métamorphes de sa horde. La féline avait vécu un rêve éveillé, bordée par la douce mélodie du voyage et de ses imprévus. Très vite, comme si se sentant menacé par les ambitions grandissantes de la métamorphe, le malheur du Yuukan n'avait pas tardé à se faire ressentir, en essayant d'éteindre les braises d'espoirs prometteurs, par l'injuste mort de sa mère. Mais il n'avait fait que les raviver, poussant notre chère changeforme à se dépasser et prendre la plus grande des décisions ; celle de ne plus jamais reculer face au mal rongeant les entrailles du monde shinobi, jusqu'à l'éradiquer de la surface.

Une armée n'a pas besoin de gens comme... moi? Du début à la fin, la Tigresse blanche écouta le corbeau encore enfant parler. Et elle n'en ressentit qu'un profond dégoût. Comment quelqu'un d'aussi jeune pouvait-il oser se moquer de ses aînés métamorphes de la sorte? Aux yeux de ces deux compères, le shinobi enfantin qu'était Krowru venait de faire preuve d'une incroyable provocation ; mais surtout, d'un égoïsme sans pareil. Reikan n'en revint presque pas. Lui qui connaissait la dureté des conditions de vie dans le Désert et qui possédait ce merveilleux don de transformation animale, était parvenu à un tel stade de déchéance, alors à peine âgé d'une dizaine d'années et des poussières. Sans mâcher ses mots, il imposa une pensée dénuée de tout humanisme et se mit même en avant, sous une lumière absolument égocentrique. La personne emplie de bonté et de générosité qu'était la féline eut du mal à encaisser de telles paroles, surtout venant de la part d'un jeunot de son clan. Mais il était hors de question de se laisser abattre ; bien au contraire, entendre ceux qui allaient devenir ses proches parler de cette façon la conforta dans ses idées. De toute évidence, elle était déjà bien trop imprégnée de ces dernières, qui avaient germé depuis sa plus tendre enfance.

Si les propos tenus par le mûr raton-laveur n'eurent pas manqué de paraître plus franche et sensées que celles du jeune corbeau, ils n'eurent pas grand effet sur l'état d'esprit de Reikan. Après tout, cela faisait bien longtemps que la jeune femme était devenue une bête muée par des espérances, peut-être trop grandes, voire irréalisables, pour elle. Mais elle s'y était abandonnée, sans la moindre hésitation. Et ce ne sont pas les avis de ses proches, inquiets de son avenir, ou bien ceux d'un volatile à la langue bien pendue et d'un raton-laveur au passé douteux, qui la feront changer. À vrai dire, rien ne pourrait aliéner les idées de la jolie brune, qui s'était investie d'une mission des plus ambitieuses, en la tâchant d'importantes promesses. La native du Vent laissa un silence presque pesant s'installer parmi le brouhaha constant de la taverne, durant lequel elle planta son regard éthéré dans les ondulations de son thé tout juste servi. Il lui fallut quelques secondes pour contenir ses émotions, colère, rancœur, incompréhension voire tristesse ; tout ceci, sans afficher sur les traits de son sublime visage, une quelconque autre expression que celle de la détermination.

« Mon projet est bel et bien celui de délivrer le monde du mal et d'y instaurer la paix. Krowru, ton point de vue est d'un sens honorable ; te limiter à tes proches et ton village se résume à une vision assez commune et logique de ce que serait le bon shinobi. Mais que feras-tu, une fois que la haine qui grignote un peu plus chaque jour le Yuukan sera aux portes de la Brume? Laisser proliférer de telles horreurs à l'extérieur, ce n'est que faire passer un seul message au monde entier ; celui qu'il y ait une possibilité que les portes de Kiri leur soient ouvertes. Nous avons déjà eu un avant-goût de ce torrent de cataclysmes avec l'attaque de Sanbi, alors je ne peux tolérer une façon de penser aussi égoïste. Je comprends que mes ambitions vous effraient, mais je ne peux me résigner à me terrer dans ces marécages plus longtemps qu'il n'en faudrait pour progresser sur la voie shinobi. Tout comme je n'abandonnerai jamais le clan Yasei, je ne laisserai pas couler ce projet ; car des innocents attendent encore, au-delà de ces marécages. »

Reikan ferma les yeux et les rouvrit aussitôt, en vue de planter son regard saphir dans ceux des deux autres métamorphes. Les fins doigts de sa dextre se délièrent du contenant de sa boisson chaude, pour permettre à son pouce de remonter devant l'insigne de son bandeau frontal. Le symbole de la Brume régnait en maître sur le fer de cet objet, qui faisait partie intégrante de son accoutrement de kunoichi, à ce jour. Un accessoire emblématique, qui tranchait délibérément avec son haut de kimono et son bas à l'aspect oriental. Mais celui-ci n'avait jamais dévié la Fille du Désert ni de ses origines, ni de ce qu'elle était à la source. Kiri était le village qui l'avait accueilli après dix-neuf ans de nomadité, pour parfaire sa montée en puissance et modeler une Reikan comme il n'y en aurait jamais ; une jeune femme forte, pleine de ressources et qui surtout, était décidée à ne jamais laisser tomber ses promesses. Enfin, elle esquissa un faible sourire plein de sérénité, malgré l'ampleur de ses dires.

« Je suis passée de vagabonde à kunoichi, pour la simple et bonne raison qu'il me fallait devenir plus forte afin de donner de la réalité à mes rêves et tenir mes promesses. J'ai beau être dévouée à la paix, jamais je ne laisserai un de mes camarades tomber au combat ni qui que ce soit mourir, sans même agir. Avant de faire partie de ce village, je suis la métamorphe du Tigre blanc ; et me battre pour ce en quoi je crois, en côtoyant de près la mort, est loin de me faire peur. Si vous me suivez, je tiens à vous faire part d'une promesse que je redorerai le blason de la famille des métamorphes et que j'en protègerai les membres, coûte que coûte. Après tout, nous faisons partie d'un certes grand, mais d'un seul et même clan, celui des Yasei. Si vous trouvez tout ceci grotesque et invraisemblable, je ne vous retiendrai pas plus longtemps. »
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Migaru
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Lun 23 Sep 2019 - 19:31
Les nerfs déjà à fleur de peau à force de rester sous son enveloppe humaine, Zoku ne pouvait que s’enfoncer dans son ressenti au côté du trop bavard et immature corbaque. Celle à l’origine de cette rencontre faisait preuve d’un tact incroyable et d’une maîtrise d’elle-même assez époustouflante. Si le raton s’en était mêlé, il lui aurait cloué le bec et plumé chaque partie de ses ailes qu’il devait chérir. Rien que pour lui faire passer l’envie de se moquer de lui à nouveau. Tentant tout de même de cacher son renfrognement, le polymorphe gardait une oreille attentive aux dires de la dame. Il n’en prêterait plus à ceux du volatile mais acceptait de combattre son élan de violence par respect pour elle.

Cette sensation le chamboula un peu. C’était une émotion qu’il ressentait très rarement, surtout avec des inconnus. Il y avait certaines exceptions mais c’était en général après des conversations très profondes, ce qui n’était pas toujours son fort. Ici, leur échange verbal n’avait pas duré très longtemps en soit mais il compatissait à la cause de cette consœur. De par cette similitude dans leur compétence sûrement. L’impression de faire partie de quelque chose. D’un groupe. D’une famille. Un remous presque imperceptible s’agitait en lui. Il n’avait jamais ressenti ça et il ne pouvait l’identifier. C’était à la fois intriguant et désagréable. Le genre d’expérience qui laisse perplexe mais donne envie d’être réitérée pour se faire un deuxième avis.

Les bras croisés sur sa frêle poitrine, le polymorphe était toujours attentif. Il ruminait ce qu’il entendait. D’un côté, il y avait du vrai dans les propos du gamin. Bien plus dans ceux de la dame. Une synthèse des deux offrait un avis que le raton-laveur était susceptible de partager. Son pessimisme pouvait se retrouver dans le discours du Corbeau mais sa volonté d’une famille unifiée l’intéressait également selon les propos de la kunoichi. Tout ceci se bousculait un peu dans sa tête, s’entrechoquant avec son irrépressible envie de se métamorphoser pour être plus à l’aise. L’ensemble de ces sentiments le rendit presque fermé à la discussion. Il avait du mal à réfléchir et se sentait à la limite d’un craquage. Il devait néanmoins faire un effort pour se contenir. Ne pas céder à ses vieux démons.

Une bataille presque vaine alors qu’il quitta son siège pour se mettre debout de sa modeste hauteur. Les bras à présent le long du corps pour enfoncer ses poings serrés jusqu’à en blanchir les phalanges, il adressa un regard très appuyé à leur interlocutrice avant d’en accorder un très bref et ô combien dédaigneux au volatile qu’il désigna alors d’un simple signe de menton :

- S’ils sont tous comme celui-là, j’aimerais pas voir les autres. Réunir le clan est loin d’être grotesque à mes yeux. Mais de le confier à de pareils imbéciles, ça par contre c’est parfaitement invraisemblable. Si par un heureux hasard ou un prodigieux miracle venu d’on ne sait où venait à frapper le crâne de piaf, vous savez où me trouver.

Il laissa là son auditoire en rejoignant la sortie après avoir balancé quelques espèces sur le comptoir au passage. Ce fut une fois dehors qu’il se surprit à se réfugier dans une allée, la respiration se faisant haletante et les entrailles se faisant pesantes. Que lui arrivait-il ?
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Yasei Reikan
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Sam 2 Nov 2019 - 20:25
La déception était présente ce soir-là, à la taverne de la Turlutte enchantée. Entre un enfant corbeau encore trop bambin dans ses pensées et un raton-laveur excédé par ce volatile et paraissant à fleur de poil, la Tigresse blanche se confrontait d'ores et déjà aux premières difficultés d'une de ses tâches les plus complexes ; tenter de concilier les métamorphes qu'elle croiserait sur sa route, jusqu'à les rallier à sa cause. Néanmoins, une lueur d'espoir brilla en la personne si atypique qu'était Zoku. Bien que freiné par la mentalité du petit oisea, celui qui n'avait plus de famille partageait et enviait même cette idée de réunification. Un heureux hasard ou un prodigieux miracle. Il avait beau paraître frêle, ce petit homme aux expressions narquoises mais rigides et au curieux don de métamorphose semblait toutefois en avoir très gros sur la patate, si bien qu'il était parti d'un air irrité, sans même les saluer. Après tout, il n'y avait pas de quoi, après avoir entendu l'égoïste et irritable discours porté par un gamin de douze ans. Bien qu'affectée par ce départ précipité, Reikan n'afficha pas la moindre expression sur son visage habituellement bordé de confiance. Seuls ses sourcils eurent l'audace de se froncer, alors qu'elle levait son séant de son tabouret de bois et plantait son regard éthéré dans celui du volatile.

« Tu as eu ouïe de mes ambitions pour le clan Yasei. Maintenant, le choix d'y contribuer ou non est entre tes mains. À bientôt et portes-toi bien, Krowru. »

La silhouette élancée et charismatique de la Fille du Vent frôla la table après s'être redressée, tandis que sa dextre délaissait sans prévenir un bout de papier précieux devant les mains du jeune garçon, délicatement refermé sur lui-même et contenant son adresse à Kiri. Parce que malgré le fait que le corbeau pouvait encore être borné par une immaturité et un culot tout deux enfantins, il restait avant tout un membre, certes éloigné, de sa famille. Et pour cette seule et unique raison, pourtant si essentielle à ses yeux, la porte de Yasei Reikan lui sera toujours et à jamais ouverte. Mais pour l'heure, il était temps pour elle de s'occuper d'un tout autre problème. Aussitôt, dans ce contexte nocturne, elle laissa l'oiseau au beau milieu du bar, sur ces derniers mots. La jolie brune emprunta la direction précédemment prise par le raton-laveur, finissant même par disparaître dans cette foule d'hommes adorateurs de boissons et de femmes tantôt invitées, tantôt serveuses. À l'extérieur de l'attrayant et connu débit de boissons, le silence peinait à revenir, même dans la petite allée où venait de se réfugier notre cher raton-laveur. S'il avait pu profiter de quelques secondes de repos pour calmer ses ardeurs et tenter de dénouer le nœud de son estomac, il avait fait fausse route, en pensant que la Tigresse blanche allait se contenter de tenir la main à un mioche. Je savais bien qu'il n'allait pas s'en aller aussi loin. Qu'attends-il, au juste? Se pourrait-il qu'il... Sans même qu'un bruit de pas ne vienne lui porter la puce à l'oreille du raton-laveur, Reikan sortit sa tête de l'ombre du bâtiment dans laquelle il s'était niché. Alors, son enveloppe charnelle toute entière s'extirpa de la pénombre, pour s'afficher à la faible lumière ambiante.

« À une heure aussi tardive, je ne saurai résonner un enfant aussi teinté de pessimisme à cet âge. Rassures-toi, ils ne sont pas tous comme ça. N'en as-tu donc jamais réellement croisé, au Pays de la Pluie? »

Après être apparue de façon si soudaine et si proche, la féline prit ses distances avec une élégance hors-pair. À la voir agir de la sorte, rien qu'à son allure exotique et son physique bestial mais féminin, d'aucun n'oserait imaginer de la férocité qui se cachait en son sein ; et malgré tout, la moindre de ses mimiques, aussi intrigante qu'inaccoutumée, collait parfaitement à ce qui animait son âme. Elle esquissa un fin sourire à son confrère, dont le rictus peinait à cacher une curiosité naissante. Et au plus profond de son esprit, elle espérait que Zoku allait saisir cette main qu'elle lui tendait, pour la renaissance de sa famille. Pour la gloire du clan Yasei. Allait-il avoir le courage de lui ouvrir son cœur?
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Migaru
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Sam 14 Déc 2019 - 0:50
L’étrange force qui lui étreignait le cœur et l’estomac empêchait Zoku de réfléchir. Il respirait avec difficulté sans même comprendre pourquoi. Réfugié dans une allée, solitaire, il apposa sa main sur un des murs qui venait clore la faille urbaine où il s’était niché. Il reprenait ses esprits et son souffle petit à petit sans parvenir à mettre des mots sur ce sentiment. Etait-ce le fait d’étouffer sa colère, comme il ne le faisait jamais ? Ou bien de se rapprocher de membres de sa famille, aussi éloignés soient-ils ? Toujours est-il que son malaise persistait et semblait décidé à ne pas se dissiper.

Dans un réflexe inexpliqué, à peine contrôlé, la main du polymorphe se mit à changer pour se rétrécir à l’instar du corps du jeune homme qui se retrouva bientôt à hauteur d’une poubelle qui se trouvait non loin. La respiration facilitée, il inspira de grandes bouffées d’air pour soulager cette chaleur douloureuse qui se retirait comme un mauvais souvenir. Ce fut dans ce bref moment d’accalmie que son odorat l’alerta d’une présence. Pas inconnue cependant. Il ne se fit pas surprendre par conséquence, attendant même celle qui l’avait suivi. Reikan apparut quelques secondes après qu’il l’ait senti. La légèreté de son pas était assez incroyable cependant, il ne l’avait pas perçu malgré son ouïe fine. Heureusement qu’il avait son museau, et que la Yasei n’était pas un véritable animal car elle n’aurait fait qu’une bouchée du petit mammifère. Peu apetissant mais suffisant pour une gourmandise apéritive.

Faisant bonne figure, maintenant que son malaise s’apaisait, Zoku défia du regard la jeune femme dont l’allure témoignait de toute sa sérénité. Un tempérament calme qu’il ne fallait pas confondre avec de l’inaction. Il y avait dans le regard de la kunoichi cette étincelle dont toute personne ambitieuse se servait pour alimenter leurs motivation et projets. Elle ne devait pas être très loin de l’âge du raton et pourtant ses yeux reflétaient une maturité précoce. Du peu qu’il avait entendu plus tôt, il y avait de quoi en même temps. Une vie de nomade n’offrait que peu de stabilité, pouvant parfois se traduire par un manque de confiance. Malgré les difficultés, cette ancienne petite fille s’était construite comme une femme au caractère bien trempé, suffisamment en tout cas pour avoir survécu à la pérégrination constante. Elle s’était d’ailleurs enquise une nouvelle fois du passé de Zoku, lorsqu’elle s’était approchée. Sa question lui arracha un sourire bref mais narquois.

- J’en ai vu des sacrés numéros mais jamais des comme lui. Je ne t’apprends rien si je te dis que là-bas, la misère est telle qu’on a autre chose à penser que ses débilités profondes qu’il débite par pack de douze. Marche ou crève n’a jamais eu autant de sens que sur les terres pluvieuses. Tu y as déjà mis les pieds ? Euh…pattes ? corrigea-t-il.
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Yasei Reikan
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Sam 21 Déc 2019 - 23:10
Tu y as déjà mis les pieds? Euh... pattes? La question du raton-laveur résonna contre les parois du psyché de la Tigresse blanche, rendant plus épais encore le voile de nostalgie qui gisait en son fond. Le Pays de la Pluie était pour Reikan un bout du monde tout particulier, qu'elle n'arrivait pas à apprécier. Le simple fait de se remémorer ces terres pluvieuses qui ont porté ses pas, lors d'une tragique période de son existence, suffisait à faire naître en elle un sentiment d'inconfort. Peut-être même de peur. À la moindre réminiscence de ces territoires bruineux, un goût amer de regrets balayait sans cesse la plaine de son esprit, pour la teinter d'une rancœur intensément noire. Une rancœur intimement liée à la mort de sa mère, Shizuka Yasei. Si l'Héroïne de Mizu n'avait jamais cessé d'être l'héritière vénérée de sa lignée, elle qui était devenue le réceptacle humain de bon nombre d'espoirs pour ses proches et ses amis, la séparation avec sa figure maternelle n'en avait été que plus douloureuse. C'était l'horrible malveillance et la stupide avidité des Hommes qui avait causé cette perte.

Une perte qu'elle ne pardonnerait jamais, aux meurtriers de la Pluie.

« C'était il y a trois ans, pour y voir mourir ma mère. »

La Fille du Lion d'Atlas détendit ses épaules pour la première fois depuis bien longtemps devant un étranger, qui n'en était plus un depuis quelques heures déjà. Plusieurs mèches rebelles de sa longue chevelure d'ébène se baladèrent autour de l'harmonieux tableau qu'était son minois, habillant ses éphélides d'un faible effet de mouvement accentué par la brise qui traversait la ruelle. Si d'aucun n'aurait pu être aussi franc à l'égard d'un tel fait passé, Reikan l'avait été, pour un membre du clan Yasei, pour un lointain cousin dans lequel coulait le même sang que le sien. Plus troublant encore, la métamorphe du Tigre blanc avait eu la force de répondre à sa question sans même lui faire part d'une onde d'animosité. Peut-être était-ce là le fruit d'une bonté inégalable, qui lui permettait de ne pas se laisser aller aux dérives de cette haine qu'elle combattait à toute heure? Il était difficile de croire que la Tigresse blanche restait une humaine avant tout, tant ses réactions paraissaient nobles. Rares étaient ces êtres qui, après avoir épongé une telle expérience, ne se laissaient pas gagner par la folie. C'était ce qui faisait de Yasei Reikan une kunoichi unique en son genre ; une métamorphe, qui se battait avec autant d'acharnement pour une paix universelle que pour sa paix intérieure.

« Le passage offert par le Pays de la Pluie pour quitter la dense forêt d'Hayashi était dangereux, mais le risque ne pouvait effrayer une troupe de métamorphes guerriers qui en avait le goût. Le clan Yasei regorge de mystères et de particularités génétiques, ce qui n'a pas laissé ma mère passer inaperçue. Il n'aura fallu qu'une petite seconde d'inattention pour... qu'un des Lieutenants du Juge Blanc n'abuse de sa bienveillance et finisse par avoir raison d'elle. Aujourd'hui, je vis encore avec ce fardeau, mais... j'ai juré de retourner sur ces terres. Non pas pour m'abaisser à une quête de vendetta, non. Mais pour éviter que les enfants du Pays de la Pluie aient encore à vivre un jour de plus dans un monde de terreurs. »

Les yeux éthérés de Reikan se promenèrent dans l'obscurité ambiante qui rongeait le décor, avant d'aller se plonger sur la silhouette du natif de la Pluie. Tout à coup, ses phalanges se mirent à craquer sous la pression de son poing droit fermé. La jeune femme bestiale, à l'allure si élégante et pourtant si forte, venait de mettre en lumière une source essentielle de son inépuisable volonté. Parce que même les actes les plus malveillants pouvaient enfanter le bien, ce qu'avait enduré la jolie brune à Ame no Kuni avait permis à toutes ses ambitions d'éclore en son sein, à commencer par devenir une kunoichi. Depuis, la Tigresse blanche avait embrassé l'espoir en personne, se rapprochant un peu plus chaque jour de ses idéaux, que même les murailles d'aucun village ne pouvaient contenir. Yasei Reikan faisait partie de ceux qui puisaient la force et la hargne de se battre dans leurs blessures les plus profondes, à défaut d'en succomber. Cette femme mi-humaine mi-animale incarnait un puits d'espérances sans fond, dans lequel quiconque pouvait y jeter sa pièce pour mettre sa pierre à l'édifice. Et contrairement aux plus ingrats qui se servaient des cadavres de tous pour se hisser jusqu'aux sommets, la Fille du Lion, elle, s'aidait de l'espoir fou des vivants la chérissant pour réaliser ses rêves. Car malgré la figure à atteindre qu’elle pouvait représenter, elle savait reconnaître autrui à sa juste valeur.[invisible_edit]

« J'imagine que grandir là-bas n'a pas dû être une partie de plaisir. Tu m'as l'air courageux, Zoku. Rien que pour cela, sache que je te respecte profondément. Parce qu'aucun enfant des bêtes, ni même aucun enfant peu importe le nom qu'il porte, ne devrait avoir à naître dans un monde aussi corrompu. »


Dernière édition par Yasei Reikan le Mar 25 Fév 2020 - 23:29, édité 1 fois
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Migaru
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Mar 25 Fév 2020 - 23:25
La jeune femme partageait un souvenir et un sentiment tout aussi douloureux que le raton sur ce lieu qu’était le pays de la Pluie. Une contrée où le ciel lui-même pleure constamment. De la misère des gens ou des atrocités qui s’y produisent à longueur de temps. Les légendes devaient aller bon train sur ces terres de malheur. Avant d’être confronté à la cruauté de ce monde, lorsque Zoku était un gentil raton, il s’était inventé certaines histoires pour tenir le coup. Elles n’avaient pas suffi à le sauver : seulement le faire survivre. Etait-ce mieux ? Il avait toujours deux réponses qui s’opposaient dans ses moments de doute. Il y avait longtemps qu’il ne s’était pas retrouvé dans telle situation, confronté à son passé.

Les mots de son homologue féminin, il les entendait et compatissait. Il ne pouvait en faire autrement. Lui pourtant si acerbe et se la jouant personnel, il ne pouvait réprimer ses sentiments les plus profonds. Cette réunion de famille improvisée marquait un tournant dans sa façon d’appréhender le monde. Toute sa vie de fugue l’avait amené ici pour se cacher. Il était par conséquent amusant de constater que ce serait pour y trouver potentiellement son foyer. Non pas matérialisé par une maison coquette et confortable. Plutôt dans la découverte, ou la reconquête, d’une famille. Toujours métamorphosé, il fixait la kunoichi de ses billes noires où la lumière se reflétait timidement.

Il partageait sa peine mais restait circonspect devant le sentiment qui l’animait. Comment ne pouvait-elle pas avoir envie d’en découdre, de faire payer les responsables de tout ceci ? Voilà un point en revanche que le raton ne comprenait pas. C’était sûrement pour ça que c’était quelqu’un comme elle et non quelqu’un comme lui qui prenait la charge de réunifier toute une famille désunie pour rendre ses lettres de noblesse au clan des polymorphes. L’une des pattes arrière de Zoku décrivait de timides ronds sur le sol, comme s’il était gêné d’autant d’intimité avec quelqu’un. Il y avait de cela des décennies qu’il s’était interdit ce genre d’échanges. Son angoisse montante de tout à l’heure commençait à prendre sens à ses yeux. Il réalisait l’effet qu’avait cette rencontre. Il l’acceptait.

Il ne put garder son calme et son silence lorsque Reikan, dans sa bonté, le félicita d’avoir grandi là-bas en saluant son courage. Un éclat de rire sardonique franchit les moustaches du mammifère masqué, plus par souvenir de sa vie là-bas que par méchanceté à l’égard de la jeune femme.

- Du courage ?! Rien à voir, maugréa-t-il. J’ai été vendu pour une bouchée de pain à un taré alors que j’étais un bambin. Je venais de maîtriser notre don. Il faut croire que mes parents ont pensé en tirer un bon prix. Un quignon de pain et une bouteille de saké, voilà ce que je leur ai apporté. L’abandon pour un maigre repas. Un fils laissé à un illuminé bien décidé à tester les limites et applications de notre pouvoir.

Sans s’arrêter, Zoku avança de quelques pas pour se rapprocher de la lumière de l’artère urbaine principale. Là, il se tourna pour dévoiler son dos à la kunoichi. Ses pattes se glissèrent depuis l’avant dans sa fourrure pour venir écarter quelques poils. A travers le petit duvet naturel du raton se reconnaissait de larges cicatrices au motif géométrique en croix. Une vision guère agréable qui n’était qu’un avant-goût de ce qu’avait pu traverser l’insupportable polymorphe. Il fit disparaître ses marques honteuses pour refaire face à son interlocutrice. Il planta son regard dans le sien, une expression nouvelle mais une voix à la fois sèche et triste.

- Je pourrais pas faire preuve d’autant de clémence que toi. C’est une bonne chose que tu prennes la responsabilité de nous unir. Mais bonne chance pour réconcilier Hommes et Bêtes. Ça c’est une cause que je ne peux plus embrasser.

Il n’y avait cette fois pas de débat : il l’informait. Sa faible constitution pouvait le rendre ridicule et le décrédibiliser. Pourtant en cet instant, il n’avait jamais été aussi pur dans la démonstration de sa volonté. C’était une première pour lui d’ainsi s’ouvrir à une étrangère. Ils avaient beau partagé le même gène, il ne l’estimait pas encore assez proche. Il croyait en elle, dans son projet de les réunir. Il lui faudrait du temps pour la reconnaître comme vraiment proche. Mais il préférait jouer cartes sur table. Il était important qu’elle réalise ce qu’il avait enduré dans le passé. Si elle devait venir demain à se lancer dans un cours sur l’importance de l’amitié Hommes-Bêtes, il ne souhaitait pas voir ses efforts réduits en miette. Il y avait déjà des cas comme le Corbac à gérer. Inutile d’ajouter de la difficulté.

Quelque peu gêné de s’être ainsi dévoilé, Zoku resta silencieux suite à ça, attendant de voir comment la Tigresse accueillerait cette révélation. Elle devait mieux comprendre son scepticisme de tout à l’heure quant à la paix universelle. Il avait fait plusieurs pas et, même s’il savait qu’ils ne seraient pas vains, il était curieux de voir où tout ceci allait les mener. Eux et tout le clan.


Dernière édition par Yasei Zoku le Ven 28 Fév 2020 - 22:37, édité 1 fois
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Yasei Reikan
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Jeu 27 Fév 2020 - 19:22
Yasei Reikan savait plus que quiconque, que même au sein de son propre clan, cet idéal d'une paix immuable qu'elle nourrissait pouvait être considéré comme étant le fruit d'une folie sans nom. Aussi puissante et honorable pouvait-elle être, la Fille du Lion de l'Atlas ne pouvait toutefois pas effacer les horreurs perpétrées par les Hommes, dans le passé. Pour autant, à l'avenir, elle comptait bel et bien changer le cours des choses et empêcher de nouvelles abominations de voir le jour. Et rien n'était en mesure de la faire démordre de cet objectif presque inatteignable, tant il se trouvait au sommet d'une chaîne de montagnes semée d'embûches par le genre humain. Sauf peut-être la souffrance des siens, comme pouvait le penser et le démontrer Zoku, au cœur de cette silencieuse ruelle.

Pendant que les oreilles de la changeforme encaissaient les effroyables propos tenus par son vis-à-vis, ses yeux crièrent au regret, devant les cicatrices qui avaient bigorné son dos. Rarement, Reikan parvenait à être surprise par quelque chose au point d'en avoir les yeux écarquillés, au point de ne plus arriver à les refermer, par peur de les ouvrir et de voir le monde sous un autre angle. Mais ce soir-là, le natif de la Pluie avait frappé fort sans chercher à la blesser. La féline ne savait que trop bien les vices qui avaient tendance à se réfugier dans la coquille de l'âme humaine. Mais une telle vue, qui était devenue un spectacle pour les plus vils, venait de lui trouer le cœur. À nouveau, l'enfant des bêtes fut confrontée à l'insupportable et injuste douleur de ses frères de sang et d'armes. À nouveau, elle avait l'impression de défendre ce qui ne pouvait l'être.

Que dire à un métamorphe dont l'enfance avait été bafouée par la monstruosité de l'Humanité? Quels mots trouver, pour essayer de recoudre, ne serait-ce qu'un peu, les blessures béantes laissées par l'empreinte d'une cruelle réalité? En ce monde, seule la Fille du Lion de l'Atlas pouvait répondre à toutes ces questions pour les métamorphes, après avoir supporté la perte d'un être cher à cause de tous ces affres. Depuis le jour où elle était venue au monde, Yasei Reikan devait à terme devenir ce pont si divinisé entre les Bêtes et les Hommes, sous la volonté et l'espoir de ses proches. Mais face à la révélation de l'animal masqué par nature, elle ne put que s'efforcer de combattre à feu et à sang l'effroi et la rancœur qui commençaient déjà à ronger chaque parcelle de son esprit, chaque cellule de son corps.

Zoku venait de réveiller les plus hargneux démons de la féline, malgré lui.

Si sa dextre avait pu avoir le luxe de toucher au malheureux qui avait osé faire vivre un enfer au raton avant son arrivée à la Cité Brumeuse, il n'en serait certainement sorti vivant. Reikan fut envahie par le regret et la rancune. Mais à défaut de pouvoir faire goutter à ses griffes le sang d'êtres aussi peu méritants de vivre, ses doigts se laissèrent torturer par la poigne trop forte de son poing fermé. Ses phalanges prirent une teinte cadavérique, avant de se laisser parcourir de plusieurs filets de sang que la féline ne sentit même pas s'écouler, tant elle était absorbée par ce flot de mauvaises émotions tout juste renaissant. C'était comme si sa main se devait de contenir toute la haine qui se déferlait en elle, manquant presque d'exploser. Toujours, l'Héroïne de l'Eau avait brillé aux yeux des siens pour sa bonté et sa bienveillance. Mais plus la lumière était forte, plus les ténèbres se devaient d'être épaisses. Car aussi pure la Yasei pouvait-elle être, il y avait des sentiments indescriptibles que même la noble bestialité qui coulait en elle ne pouvait refréner, tant leur intensité était dévorante.

Plusieurs secondes furent nécessaires à la métamorphe pour quitter cet état second, où seule la vengeance était reine. Pour la première fois, son regard paraissait bien vide, malgré l'hypnotisant éther dans lequel il avait pour habitude de baigner. Sa main droite, décidément meurtrie sous le joug de sa propre terreur, s'éleva devant elle pour qu'elle puisse en observer la paume teintée de vermeil. Sous le regard presque timide Zoku, Reikan referma ses doigts contre la chair ouverte de sa propre paume, comme pour chasser les tourments qui venaient d'essayer de la pousser à l'irréparable.

Parce que participer à cette vague de haine, auxquels tant se livraient, était la dernière chose que souhaitait la courageuse Tigresse blanche, elle qui voulait plutôt la stopper. Ses paupières se joignirent pour obstruer sa vue brouillée par toutes les horreurs qui avaient traversé son psyché piqué par la douleur de son clan, histoire de se remettre les idées en place. Puis, enfin, ses yeux myosotis truandèrent la pénombre ambiante pour se planter dans ceux du raton, avec une toute nouvelle assurance, plus ferme encore qu'auparavant. Son poing fermé s'étendit vers l'avant, pour témoigner d'ailleurs de ces convictions inchangées, si ce n'est profondément renforcées.

« ...Pardonne ma maladresse. Je ne m'estime pas capable de pouvoir te débarrasser de la rancœur que tu éprouves. Mais je comprends la haine qui t'anime, Zoku. Mieux que n'importe qui. Et je ferai de mon mieux pour t'aider à porter ce poids, en tant que Yasei. Si je me bats, ce n'est pas seulement pour la gloire de réunifier notre clan, pour celle de Kiri ou encore pour que les Hommes et les Bêtes puissent vivre en paix. C'est surtout pour punir tous ceux qui se sont abandonnés à la terreur et empêcher que ce qui t'est arrivé ne se reproduise quelque part, dans ce monde. »

Reikan adressa un regard à sa main si frêle et pourtant si forte, qu'elle ramena le long de son corps. La manche de son haut de kimono noir ne manqua pas de la recouvrir, alors que son visage se relevait avec fierté vers son vis-à-vis. Après être sorti de sa torpeur qui l'avait crispé, le minois de la jolie brune retrouva son harmonie habituellement ferme, quoiqu'un peu plus sereine.

Zoku s'était livré à elle comme peu de personnes l'auraient fait ; et cela la rassura, quelque part. Aussi petit le raton était-il, son cœur était grand. Bien plus grand que celui de certaines Hommes, capables du meilleur comme du pire. Mais même aux plus ignobles d'entre eux, jamais Reikan n'arrêterait sa course vers un monde plus juste. Alors, elle prit une inspiration profonde et se laissa pousser par son audace, afin de prouver à son lointain cousin qu'elle aussi, elle pouvait faire des efforts pour ancrer leur relation dans du solide.

« Je suis heureuse que cette idée de nous réunir plaise au moins à quelqu'un, ce soir. Je compte bien tenir ma parole et remplir mes responsabilités, raton. Alors, laisses-moi te faire une proposition pour que nous puissions avancer ensemble, dans ce périple. Rejoins l'Équipe n°7, Zoku. »
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Migaru
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Ven 28 Fév 2020 - 22:53
Les mots avaient apporté énormément lors de cet échange entre les deux polymorphes. Zoku avait réussi à partager son passé qu’il avait tu jusque-là pour ne pas être opposé à ce regard de pitié ou pire, celui qu’on transmet à quelqu’un qui l’aurait mérité. Fut un temps où le petit raton n’était pas ce vil personnage acariâtre. Il l’était devenu sous les supplices et la misère de l’orphelin qu’il était. Le vol lui avait permis de survivre, raison pour laquelle il ne pouvait tourner le dos à ce vieux démon. Il ne le pourrait certainement jamais d’ailleurs mais il l’avait accepté il y a de cela quelques années.

Ce qui comptait dans cette discussion était aussi le regard. Zoku avait craint la pitié de ses interlocuteurs potentiels. Il voyait bien dans le regard de sa cousine qu’il y avait un brin de cette dernière. Pourtant il n’était pas aussi insultant que ce à quoi il s’était attendu. Il y avait plus de bienveillance qu’autre chose. Pour lui qui avait toujours considéré la pitié comme un simple moyen de se donner bonne conscience par rapport aux contacts sociaux standardisés. Rien de tout ça n’émanait des yeux de Reikan. Une tristesse sourde flirtant avec un brin de sauvagerie. Elle ne pouvait rester parfaitement insensible à cette histoire si elle souhaitait unir et protéger son clan. Cela rassura le raton-laveur qui craignait qu’elle ne soit trop fleur bleue d’ailleurs.

Ses mots furent également appréciés par le jeune homme. Entendre des propos réconfortants lui changeait des échanges un peu houleux qu’il avait normalement avec le reste de la population. Avoir une discussion profonde sur lui et l’avenir lui faisait un peu de bien. Pour la première fois il ressentit du bien-être dans autre chose qu’une sieste après un larcin ou une nuit de beuverie. C’était donc à cela que ça ressemblait. Même si les effets enivrants de l’alcool pouvaient lui manquer, il fallait reconnaître que c’était agréable !

- C’est bien pour ça que j’ai choisi de te suivre. Je ne souhaite ça à personne, dit-il en se passant une main sur son estomac devenu douloureux à l’évocation des sévices passés.

Dire que l’illuminé l’avait gavé de force avec des matières étranges. Un frisson qui n’avait rien à voir avec la fraîcheur nocturne lui hérissa le poil. Il aurait préféré rencontrer la voie d’un de ces mecs capables de manipuler la mémoire afin que ce souvenir ne soit plus. Il devrait vivre avec comme le faisait Reikan avec le souvenir de sa mère ou comme chaque être vivant sur cette terre le faisait. Il y avait des privilégiés et d’autres moins. Zoku avait encore de l’air dans les poumons et sa tête sur les épaules, physiquement en tout cas. Son passé le renforçait dans son idée qu’il avait beau être frêle, la puissance n’avait pas tout à voir dans la réussite dans cette vie.

Reikan enchaîna de suite avec une proposition pour leur permettre de progresser. Rejoindre une équipe, la sienne de toute évidence. Le raton-laveur pencha légèrement la tête de côté. Il ne s’était pas vraiment questionné sur le grade de sa cousine au sein de la Brume. Il lui avait bien semblé qu’elle n’était pas de son niveau, même loin de là. Mais elle avait tout de même les compétences requises pour gérer une équipe apparemment. C’était une excellente chose. L’administration de Kiri avait déjà tenté la chose pour le polymorphe mais ça n’avait pas vraiment fonctionné. Par conséquent, l’idée d’être entraîné par quelqu’un qu’il connaissait d’avant et surtout quelqu’un de son clan, ça ne pouvait qu’être encore plus intéressant. Si cette Yasei avait réussi à prendre du galon dans le village de la Brume, elle était la mieux placée pour lui permettre de progresser comme il le voulait.

- Ce serait bête de refuser cette opportunité ! J’en serais ravi mais je tiens à préciser qu’il y a du travail. Je ne suis pas du genre élève facile et mes capacités ne font pas de moi un combattant assidu.

Sa constitution physique et sa capacité le trahissaient déjà sur le sujet.

- Du coup on commence par quoi ?

Cette annonce avait curieusement requinqué le raton-laveur. L’idée de cette collaboration poussée lui fit oublier cet instant émotion. Ou du moins il lui permit d’aller de l’avant, comme il l’avait toujours fait. Se rattacher à chaque seconde qui passe et peut vous offrir une opportunité. Le vol lui avait offert cette échappatoire. Aujourd’hui, l’opportunité prenait la forme de Reikan et promettait un gain moins lucratif mais tout aussi enrichissant. Il lui tardait d’en savourer les fruits et d’en mirer le résultat.
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Dim 1 Mar 2020 - 23:12
Encore aujourd'hui, Reikan n'avait enduré que seulement dix-neuf printemps. Mais déjà à la veille de sa vingtaine d'années, la féline était devenue une figure distinguée par ses accomplissements dans le village, grâce auxquels la Brume lui avait accordé une confiance presque aveugle. La Cité Brumeuse avait même accordé, à ce qui était d'abord une étrangère puis une Héroïne du pays tout entier, le privilège de diriger une équipe en tant que cheffe. Un statut auquel la jolie brune n'avait pas manqué de faire honneur ; pour cause, ses premiers élèves n'avaient pas tardé à reconnaître en elle une sévère mais excellente et inspirante senseï, rien que par la fermeté de son esprit. Et ce soir-là, un nouvel élève allait avoir la chance de prendre part à la richesse de son apprentissage, car Zoku avait accepté de rejoindre l'Équipe 7.

Le raton-laveur avait trouvé la force d'exprimer sa réticence quant à la démarche de pardon qu'adoptait la Tigresse blanche à l'égard des Hommes, pourtant, il avait bien compris qu'elle n'était pas tout à fait folle pour penser de la sorte. Il avait même su reconnaître au fond de lui-même que cette irréaliste pensée, tant elle était noble, s'avérait plus digne d'un chef de clan que toutes les autres idéologies vengeresses suivies par tant en ce monde. Yasei Reikan ne souhaitait pas se venger, non. Elle voulait tout bonnement changer les cœurs de ce monde, pour le rendre meilleur ; et un tel travail s'effectuait d'ores et déjà à travers l'héritage de combattant qu'elle laissait à ses propres frères, cousins et élèves. Un legs des plus conséquents, même pour le plus têtu de ses apprentis.

Zoku mit en lumière une facette de sa personnalité encore méconnue par la féline, vis-à-vis de sa capacité à apprendre et à progresser sur la voie shinobi. Une facette qui aurait rebuté plus d'un chef d'équipe, en raison du travail qui y sommeillait. Rien que par son âge et son vécu, il pouvait prétendre de faire partie de ces élèves qui avaient tendance à ralentir leur propre progression, à force de se borner à ne pas s'ouvrir plus qu'il ne le fallait au monde qui les entourait. Toutefois, ce lourd trait de caractère forgé par le temps, qui pouvait le rendre particulièrement entêtant, était loin d'effrayer la Fille du Lion de l'Atlas, elle dont les méthodes étaient venus à bout du légendaire pessimisme de Yasei Zeref. Si le raton espérait se cramponner à ses chères œillères et continuer à se cacher derrière le complexe potentiel de sa métamorphose animale, ce serait dorénavant en vain. Parce qu'en tant qu'élève de la native du Désert, Zoku était tenu de faire bien des progrès, au risque de se manger un ou plusieurs coups de pied au séant s'il le fallait.

Fière, un sourire typiquement mesquin naquit sur les lèvres charnues de l'enfant du Tigre blanc, alors même que son lointain cousin, nouvel apprenti désormais, ne perdait pas plus de temps pour se comporter comme tel. Ses yeux éthérés roulèrent sur le côté, pour remarquer que les silhouettes qui défilaient dans l'artère mercantile à son dos sortaient des échoppes nocturnes et des bars. La changeforme se fit à l'idée que la nuit était bien trop avancée pour commencer la moindre leçon. Néanmoins, elle planta à nouveau ses pupilles myosotis dans celles de son vis-à-vis et se souvint d'un détail. Sa main gauche plongea sans attendre dans les plis de son haut de kimono noir pour rejoindre sa ceinture, afin d'en détacher un rouleau tenant dans sa paume.

« Ta première leçon en équipe viendra bien assez vite, Zoku. En attendant, tâche d'apprendre le contenu de ce rouleau. Je n'ai pas de doute qu'il sera bien plus utile entre tes mains qu'à ma ceinture. Repose-toi bien, raton. »

La bestiale tendit le parchemin vers le raton, pour que celui-ci finisse au creux d'une de ses pattes. Sa longue chevelure d'ébène se balada sur le côté, alors qu'elle faisait déjà demi-tour pour sortir de la pénombre de la ruelle dans laquelle les deux enfants des bêtes s'étaient nichés pour discuter. Elle accorda un dernier regard espiègle à son compère, avant de s'en détourner complètement et de disparaître entre les ombres mouvantes qui animaient encore le village, en cette fin de soirée plus que prometteuse.

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Migaru
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Lun 2 Mar 2020 - 22:51
Les petites pattes poilues du raton-laveur reçurent avec beaucoup de cérémonie le présent de sa nouvelle senseï. Un rouleau. Il avait entendu parler de ces fameux objets sans pour autant en avoir un en sa possession. Il dévisagea la chose avec curiosité et convoitise. Reikan l’assura qu’ils se reverraient bien assez vite pour un travail en équipe. Il se devait de considérer ce parchemin comme des devoirs. Même si l’idée lui déplaisait, sa curiosité était piquée au vif. Il renifla, soupesa et tritura l’objet avant de réaliser que sa cousine s’était éclipsée dans la profondeur nocturne. Il se faisait tard et il était temps pour lui de rentrer.

Même s’il doutait de pouvoir fermer l’œil maintenant qu’il avait ce nouvel objet. Toujours sous forme animale, il quitta la petite allée isolée pour s’engager dans les artères urbaines aussi fluides que les poumons d’un fumeur. La rumeur montait des bars tandis que les premières viandes saoules se faisaient jeter dehors ou décidaient avec raison de rentrer chez soi. Il y avait des groupes entiers ou des chanceux soutenus par moins attaqués qu’eux. Zoku étant habitué à l’exercice, il zigzagua parmi les jambes de la foule pour progresser sans être dérangé. Le rouleau en travers de la gueule, il pouvait se frayer son chemin sans grande difficulté, même si l’état d’ivresse de certains rendait l’anticipation compliquée.

Alors qu’il arrivait au bout de la rue principale, il fut alpagué par un groupe entier d’ivrognes. Ils avaient formé un cercle pour il ne savait quel étrange rituel. Trop occupé à fustiger d’insultes une passante qui avait manqué de lui écraser la queue, le polymorphe se retrouva encerclé avant d’avoir eu le temps d’éviter cette fâcheuse rencontre.

- Oooh regardez comme il est mignon le chien ! Il rapporte son jouet !

- Eh ! Le seul chien ici c’est ta génitrice, protesta vindicativement le raton après avoir repris le rouleau dans une de ses pattes.

Maintenant debout sur ses pattes arrière comme un être humain, son audience ne l’observait plus de la même façon. L’admiration se mua en colère et en volonté d’en découdre. Il soupira à l’idée de se retrouver une fois de plus dans les ennuis. Il les attirait comme une bouse avec les mouches. Bien décidé à se dépêtrer du grabuge à venir, Zoku reprit le parchemin dans sa gueule et détala soudainement sur la gauche. Manque de chance, l’un des alcooliques les moins attaqués du groupe se trouvait là. Il eut le réflexe nécessaire pour l’arrêter dans sa course en s’interposant. Lorsque le raton voulut bifurquer, la masse du bras vint s’appuyer sur une des extrémités du rouleau et le fit tomber au sol.

Avec une hargne des plus féroces, le Yasei se précipita sur l’offrande qui lui avait été faite. Son sauvetage lui valut d’être attrapé par la queue et soulevée de terre. La tête en bas, il était maintenant à la merci des malotrus. Instinctivement, il retrouva forme humaine. La brusque transformation suscita un recul immédiat et il fut relâché de la prise de la flasque à vinasse. A peine au sol était-il déjà en raton-laveur et qu’il retrouvait la voie de la liberté entre les jambes écartées d’un bourré abasourdi. Son rythme accéléra et il fut très vite hors de portée de ses poursuivants.

Une quinzaine de minutes plus tard, il se retrouvait au calme dans son petit cabanon, éclairé par la lueur timide d’une bougie. La cire avait coulé un peu sur les planches pour lentement se frayer un chemin jusqu’au papier. Il relisait depuis un moment ce mini ouvrage avec dans l’idée que son usage pouvait être très intéressant. Au-delà du potentiel de la technique, un intérêt nouveau naquit dans l’esprit du petit larcineur. La promesse d’un avenir différent de celui qu’il s’était toujours vu. Un sourire narquois figeait les babines du petit mammifère dans une grimace presque effrayante à la pâle luminescence de la bougie qui se fit souffler par un coup de vent un peu trop fort. Le faciès masqué disparut dans l’obscurité totale, sans affecter le train de sa pensée.
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Hommes et bêtes

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