« Rien ni personne ne pourra gâcher cette formidable journée ! ». Voilà la pensée qui avait trotté toute la journée dans sa petite tête, qu’importe l’obstacle du jour ou les personnes désagréables rencontrés. La brunette était tout simplement heureuse d’avoir pu quitter les remparts bien gardés du village shinobi afin de fouler les terres de l’Eau. Oh, elle s’était enfoncée dans la boue à bien des reprises et avait eu droit à son lot de piqûres d’insectes mais elle s’en fichait royalement. Rien ne valait l’air marin salé, la découverte de petites friandises de rue, ou encore les calamars fraîchement péchés grillés à la braise.

Sauf que Nanna avait tort sur un point : quelque chose pouvait définitivement gâcher sa journée – et peut-être même son futur – et cette chose se nommait « Bijuu ». La « Chose » était là, visible par sa taille imposante, impressionnante avec sa carapace luisante et inquiétante avec ses trois queues menaçantes.

La population de ce pays n’avait pas besoin de poser la moindre question pour comprendre que ce Démon représentait un grand danger pour le pays, pour leur village, pour leur vie. De longues années de criminalités avaient forgé les instincts pour bien des générations à venir à ressentir le plus infime des dangers, et fuir sans se poser la moindre question. Malheureusement, à ce jour, tous – sans exception – avaient davantage fait face à une bande criminelle qu’à un monstre de la taille d’une île – ce qui pouvait être exagérée, ou non, selon les points de vue.

Elle entendit bien les paroles de son chef de mission ou encore les questions de son coéquipier, mais elle était incapable de bouger, de penser, de fuir ou de combattre. On aurait dit que ses jambes et son cerveau s’étaient changés en un amas de coton prêt à s’envoler au prochain coup de vent. Un sentiment qui disparut bien vite quand une pensée la traversa : ses parents étaient au village. Elle aurait voulu prendre courir, pour aller les retrouver mais elle savait que c’était une entreprise folle : si elle ne mourrait pas entre temps d’une quelconque attaque – ou dommage collatérale -, elle tombera dans l’un des pièges des marécages brisés.

Cependant, cette pensée fut comme un électro-choc à la dame.

- En cas de fortes tempêtes qui peuvent être dangereuses, il faut rassembler le nécessaire en nourriture, en vêtement et surtout en eau afin de se présager de toutes les conséquences des dégâts des intempéries trop fortes. Ensuite, il faut suivre le chef du village… récita-t-elle. C’est ce dont je me souviens, quand j’étais petite et qu’on accueillait beaucoup de pêcheurs, lors des tempêtes.

Le seul ennui, la demoiselle ne connaissait pas trop le village en question si ce n’est quelques vieilles visites et la patrouille de la veille. Elle savait où trouver le stand de calamars grillés mais ce n’était pas ce genre de détails qui allait l’aider.

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La scène qui se déroulait sous les yeux de Nanna lui semblait irréelle. La mer se déchaînait comme un jour de terrible tempête mais au lieu du ciel gris menaçant caractéristique, le temps était à son beau fixe – un merveilleux bleu pâle. Ce même doux ciel qui était aujourd’hui témoin d’un événement extraordinaire et inattendu, prenant la forme d’un monstre dont le cri affole les vivants, et dont les gestes n’apportent que destructions.

L’initiative combinée de Sabaru et de Shinka eurent le don de la tirer de sa surprise et de sa paralysie passagère, agissant sur elle comme un électrochoc. Elle ne pourrait dire si sa chute inopinée – elle n’était guère une demoiselle extrêmement solide – lui avait causé du mal ou non. L’adrénaline était là, stimulant chaque nerf, chaque muscle et chaque sens pour que la kunoichi « bouge », pour qu’elle « agisse », pour qu’elle « survive ».

Son regard se dirige tout naturellement vers la mer, cherchant une aide ou un refuge. Si elle avait été à Kiri, elle savait que les bateaux auraient été une option viable – solides, performantes – mais ici, c’était avant tout un village portuaire, dont beaucoup de bateaux servait principalement à la pêche en temps radieux ou clément – et peu, pour affronter tempête et monstre. Alors, elle cherche de l’aide du côté de la terre comme les petits bois.

« Les arbres pourraient intercepter des obstacles … sauf s’ils se font raser, aussi ».

Une idée judicieuse qu’elle soumettra … Si elle s’en sortait vivante de cette première vague déferlante. Dans le doute, et par un automatisme qu’elle ne pourrait vraiment expliquer, elle invoque aussitôt une marionnette à large bedaine dans laquelle elle s’y glisse et se cache.

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Nanna n’était plus qu’une poupée en chiffon qui se faisait balloter d’un point à un autre, au gré des caprices du monstre marin ou de son coéquipier. La seule différence entre ces deux êtres était que l’un désirait la blesser, alors que l’autre cherchait à la protéger.

On pourrait parler du choc suite à la première offensive du Démon – à peine amortie par sa marionnette, qui n’était plus qu’un amas de bois –, du second séisme dont les vibrations se sont fait sentir dans tout son corps ou encore du courage – stupide ou héroïque, un point à déterminer – de ses coéquipiers. Eux, ils couraient vers le danger. Elle, elle restait derrière, parce qu’elle avait peur mais qu’aussi parce que sa raison lui dictait qu’elle était plus utile ici.

La panique est totale et elle ne peut comprendre ces hommes et ces femmes qui couraient ou qui sanglotaient. La surprise laissait petit à petit place à l’hystérie – un état d’esprit qu’elle avait appris à observer et même à gérer en boutique, avec l’entourage du défunt - et surtout un état d’esprit qui pourrait rendre la situation bien plus chaotique qu’elle ne l’était déjà. Elle devait agir, en étant à la fois ferme et autoritaire, tel un berger et son troupeau de moutons désemparés et désorientés.

Il faut rassembler. Il faut guider. Le berger avait son bâton pour remplir ce rôle. Elle avait une dernière marionnette, dont les doigts étaient des Kunaïs. Et dès lors, le spectacle se mettait en place.

D’une main, elle faisait tournoyer la marionnette de droite à gauche, afin d’apporter un semblant d’ordre – ou de donner une direction plus ou moins précise – à ce troupeau d’hommes. Elle espérait que la marionnette impressionnera et surprendra tout autant ce dernier, et que l’on voudra bien se plier aux ordres implicites et silencieux donnés par la poupée de bois. De l’autre main elle relevait les infortunés qui étaient tombés en cours de route. Cet acte-ci lui permit de se souvenir d’une règle importante en cas de séisme : arrêter de bouger et protéger sa tête avec ses bras.

Alors, tout naturellement, son regard se tourne vers le Démon et plus spécifiquement vers la queue. Elle était prête : Dès que celle-ci s’apprêtera à frapper le sol, Nanna jouera encore des doigts pour que la marionnette arrête de bouger, s’asseois solidement sur ses fesses et … réplique ce geste, celui de se protéger la tête. Elle espérait - à tort ou à raison - que les civils imiteront et que, potentiellement, les pertes seront limitées.

- STOP ! SÉISME ! DANGER ! Cria-t-elle, mais jusqu’où sa voix peut-elle porter.

Par contre, il restait un point épineux : Comment aider ceux qui étaient coincés dans les débris avec ces attaques incessantes ? Comment faire, sans devenir à son tour une victime et donc un poids supplémentaire pour l’équipe?

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Résumé:

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