« There is a new kill leader. The kill leader has been eliminated.» Voilà des mots qui me revenaient sans cesse en tête – dans un langage inconnu qui plus est – depuis que nous avions organisés un combat amical entre coéquipiers. Sharrkan, Ayanokoji et moi-même nous étions donnés rendez-vous demain matin à la première heure au terrain d’entraînement numéro 9 afin de tester nos compétences au combat. Et surtout, se mesurer entre nous. Je devais gagner ce combat, car je ne m’accepterais jamais, au grand jamais de perdre face à ces deux ploucs.

Pour me préparer, rien de mieux qu’un bon repas et une bonne nuit de sommeil. J’avais donc englouti un bon gros bol de ramen maison avant d’aller me coucher aux alentours de vingt-et-une heure.

Le lendemain.

Ma nuit s’était parfaitement bien passée. Je n’avais pas été réveillé une seule fois et j’avais même été réveillé naturellement par les rayons du soleil qui passaient à travers mes rideaux. Je me sentais bien ce matin. Une bonne chose. Je pris un bon petit déjeuner, un petit-déjeuner du sportif, pratiquement le même que d’habitude finalement, mais cette fois-ci c’était un peu plus spécial. Je n’allais pas seulement m’entraîner seul, mais face à mes deux coéquipiers et je me devais de carburer à plus de cent pour cent de mes capacités.

Je faisais le tour de mon inventaire, je n’avais pas grand-chose comme d’habitude. Juste une bombe fumigène, quelques kunais et quelques shurikens. Cela allait suffire.

Je me rendais ensuite au petit trot sur le terrain d’entraînement numéro 9. J’étais pratiquement sûr d’arriver en premier, Sharrkan sera en retard et Ayanokoji, on verra bien. Je continuais mes échauffements et j’étais ensuite fin prêt à les recevoir.

« Salut ! » Lançais-je au premier arrivé sur place. « Prêt à en découdre ? »

J’affichais un petit sourire moqueur. De façade je pouvais paraître sûr de moi, mais dans la réalité, cela n’en était pas le cas du tout.

[ On est en retard. ]

« - Mhmm ? »

J'émergeais lentement de la couverture, ne réussissant pas à ouvrir les yeux immédiatement à cause de la luminosité. J'essuyais le filet de bave qui coulait le long de ma joue.

[ Je dis qu'on a un truc à faire ce matin et qu'on est en retard. ]

« - Pourquoi t'attends toujours qu'on soit en retard pour me réveiller ? » Grommelais-je.

[ T'as cru que j'étais ta mère ? ]

M'extirper de mon cocon me demandait un effort surhumain. Au moins, je n'avais pas de problème pour quitter sa chaleur, étant donné que la chaleur me suivait. Attrapant ma brosse à dents au passage, je filais sous la douche. Qu'est-ce que j'avais prévu ce matin ?

[ Le combat contre Kyohei et Ayanokoji. ]

Ah ouais ! Trop cool ! Ça, c'était un truc qui me réveillait.

[ D'ailleurs, c'est complètement con de prendre une douche avant d'aller se battre. T'aurais mieux fait de prendre un p'tit déj. ]

« - Ouais, maman... »

[ Saloperie. ]

Première victoire de la journée, ça commençait plutôt bien.

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Sans surprise, j'étais le dernier sur place.

« - Heeey les copains ! »

Je les serrais tous les deux dans mes bras, ou en tout cas, j'essayais. C'est pas parce qu'on combattait pour rigoler qu'on devenait des ennemis, fallait leur rappeler.

« - Ouais, mais avant, j'ai un truc à proposer. Imaginez qu'un jour, y'en a un de nous qui est kidnappé et que le kidnappeur vient prendre sa place dans l'équipe. Comment on le saura ? »

Je laissais planer un moment le suspens, leur laissant le temps de digérer tout ça. En tant que shinobi, il fallait être paré à toutes les possibilités. Moi bien sûr, ce serait impossible de me copier parfaitement tant ma personnalité était complexe. Mais pour les deux autres, c'était moins évident.

« - Ne vous inquiétez pas, j'ai la réponse : SECRET HANDSHAKE ! On s'y met de suite, comme ça tout le monde est rassuré et tout, pas d'inquiétudes pour l'avenir ? »

Bon et en plus, c'était trop cool, mais est-ce que j'avais vraiment besoin de le préciser ?

Le premier à être arrivé était donc Ayanokoji. Nous nous saluions formellement et peu de temps après, Sharrkan arrivait avec ses gros sabots… Toujours à en faire trop celui-ci. Je le laissais cette fois-ci nous serrer dans les bras – mais pas trop quand même – et je m’apprêtais ensuite à débuter notre combat d’entraînement… mais apparemment, mes collègues avaient une autre idée.

Seigneur ait pitié de moi.

Un code secret entre nous afin de pouvoir être sûr que nous étions bien avec le vrai Sharrkan, Ayanokoji. Pourquoi pas à vrai dire. Cela pouvait être une bonne idée.

« Ouais, bonne idée ok. Mais qui te dis que c’est bien moi et pas un imposteur maintenant ? » Demandais-je à Sharrkan.

En effet, comment pouvait-on en être sûr ? Nous n’étions que genin et la sensorialité haut niveau n’était pas vraiment mon truc, ni celui de Sharrkan. Le Sakana lui maîtrisait un peu sa sensorialité, mais c’était tout. Pas de pro.

Très rapidement, Ayano s’excitait le kiki. Lui. Vraiment, une fois qu’il était avec Sharrkan, j’avais du mal. Trop ahuri. Seul ça allait. Mais les deux réunis. Il proposait des frivolités stupides et surtout inutiles. Ou du moins, que je n’appréciais pas vraiment. Je ne lui répondais donc avec mon flegmatisme habituel.

« Non. »

Pas assez pragmatique à mon goût. Je croyais bien que malgré moi, le secret handshake me convenait mieux. Plus simple d’utilisation, plus rapide et surtout moins extravaguant.

« Le « secret handshake » irait parfaitement. » Je réfléchissais quelques secondes avant de reprendre. « Il nous faut quelque chose de rapide, mais complexe. Si on doit une fois le faire en combat et que nous sommes sous couverture, il faut que ce soit utile et rapide. »

J’attendais d’eux qu’ils me présentent un « secret handshake » de qualité maintenant. Voir s’ils savaient rester correct et non extravaguant.

Le secret handshake fut accepté à l'unanimité, même par Kyohei étrangement. Mais il souleva cependant un point important : comment savoir si nous n'étions pas actuellement des imposteurs ? Enfin, moi je savais que j'étais pas un imposteur. Mais... Est-ce que c'était vraiment le cas ? Peut-être que j'étais un imposteur et que ceux qui m'avaient mis dans cette situation s'étaient assurés que je ne me souvienne pas de mon statut d'imposteur. Peut-être même que ça remontait à plus loin que ça. Peut-être que le bébé Sharrkan avait été remplacé par moi et que mes parents (qui ne seraient du coup que mes parents adoptifs) n'avait pas vu la différence ? Est-ce que ça faisait de moi un imposteur ?

[ Si seulement je pouvais me suicider pour éviter d'entendre ces conneries... ]

Mais au fond, qu'est-ce qu'un imposteur ? Un imposteur ? Un imposteur ? Un non-poster ? Un nain posteur ? Tous les mots se mélangeaient dans mon esprit, plus rien n'avait de sens. Je n'étais pas un nain, non plus un poster. Donc, je n'étais pas un imposteur. Mais Ayano était très petit, est-ce que cela faisait-il de lui un nain ? Un nain posteur, par-dessus le marché ? Je regardais mes deux coéquipiers d'un air perçant et soupçonneux, sûr que s'ils étaient des imposteurs, ça suffirait pour les faire craquer.

« - Je suis pas un imposteur ! J'ai une preuve : je sais qu'à la cantine, tu prenais tout le temps du porc Tonkatsu. » Lançais-je à Kyohei. « Et toi, quand t'es venu me voir pour l'équipe, j'ai pleuré comme un bébé. » Dis-je cette fois en regardant Ayano.

[ T'as vraiment le don pour te mettre en valeur, c'est incroyable. ]

Bref. Suite à ça, j'étudiais sérieusement la proposition d'Ayano.

« - Hmm... ça ne va pas marcher. Laisse-moi te montrer pourquoi. »

Je refaisais son mouvement vers lui, sautant tout en donnant un coup de fesses. Et bien sûr, vu la différence de taille, mon cul arrivait presque dans sa tête. Mais de toute façon, ça ne convenait pas à Kyohei. Il fallait que ça plaise à tout le monde, après tout c'était un signe de notre union !

« - Je propose un autre truc, regardez bien, ça va aller vite. Alors déjà on se serre la main comme normalement... » J'attrapais la main de Kyohei pour faire la démonstration. « Ensuite euh... On se met comme si on allait faire un bras de fer, pour montrer notre force. Vlà, comme ça. On se lâche, on recule nos mains et on fait... on fait... un oiseau ! Ouais. Une main fait une aile, parce que ça montre que euh... on s'élève les uns les autres. Ouais. Puis on tape nos poings fermés, on tape nos coudes, et on revient se taper le dos de la main, puis on retape la paume, parce qu'on est copains ! Et après on tape nos poings en les croisants, tchak tchak tchak, parce qu'on combat les vilains. Et à la fin, on recule et on montre l'autre avec le doigt parce qu'on est tous trop beaux. Vous en pensez quoi ? »

J'étais super content de mon coup. C'était trop stylé ! Les méchants allaient se chier dessus en nous voyant faire ! Mais je pouvais pas leur dire que j'avais pompé ça dans mon Shonen préféré. Naaaan.

Secret Handshake :

Je mangeais souvent à la cantine avec toi peut-être ? Et une cantine ? Avec quel genre d’attardés j’étais tombés franchement. Mais il avait raison sur un point, j’adorais le porc tonkatsu ! Et avec toute cette histoire, Ayano ne s’était pas justifié, lui.

« Et toi Ayano, tu nous prouves pas ton identité ? » Lui disais-je d’un air le plus hautain possible.

Moi ? Pas besoin. Mon comportement en disait plus que dix-milles paroles.

Et voilà qu’on en revenait à ce « secret handshake ». Un seul mot me venait en tête, ou plutôt une mélodie lorsque Sharrkan me prit la main. Voilà ce qu’il se passait dans mon cerveau.

Woaw. C’était au moins autant tiré par les cheveux qu’un nain posteur cette histoire.

Et ils repartaient tous les deux de plus belles dans des histoires à en réveiller les cadavres et à pousser à la trahison les plus fidèles. On pouvait pas faire quelque chose d’un peu plus simple, sérieusement ?

« Et… » Quels attardés, franchement. « On peut pas faire quelque chose de moins stupide pour une fois ? Ou plutôt, vous savez faire quelque chose qui n’est pas stupide ? »

Je pensais connaître la réponse à ma dernière question, mais il fallait quand même continuer.

« Pourquoi ne pas poser une ou deux questions, que seul nous pouvons répondre ? Ou alors, peut-être est-ce trop compliqué ? » Je patientais à nouveau quelques secondes. « Ou alors si vous y tenez vraiment, une poignée de main customisée, mais pas insensée ! Se frapper les paumes, le poing et je sais pas bordel, faire un clin d’œil ? »

Ils. Me. Rendaient. Fou. Jamais je n’aurai dû accepter ce secret handshake.

Arf, Ayano venait de soulever un point important. Alors ouais, mon handshake était vraiment trop trop cool, mais c'était trop dangereux de faire ça en étant à quelques centimètres de celui qu'on pouvait éventuellement soupçonner d'être un imposteur. Ou un nain-posteur. Ou un...

[ AH NON TU RECOMMENCES PAS AVEC CA. JE. TE. L'INTERDIS. ]

Enfin bref, ouais c'était pas très pratique. La démonstration d'Ayano acheva de me convaincre. D'ailleurs, il refaisait trop bien ma voix ! Je savais pas pourquoi il avait besoin de me refaire dans ce contexte, mais fallait admettre que c'était plutôt bien fait. Ou alors c'était pour nous montrer qu'il savait bien refaire les gens ? Est-ce que ça voudrait dire... que c'était un imposteur ?!

Kyohei avait dû arriver à la même conclusion que moi, car il lui demanda de prouver qu'il était bien l'Ayano qu'il prétendait être. D'ailleurs, Kyokyo semblait franchement énervé. J'avais l'impression qu'à chaque fois qu'un de nous deux ouvrait la bouche, il avait un pli de plus qui se faisait entre ses sourcils. Je me demandais jusqu'à combien de plis il pouvait aller, mais je me disais aussi que ça devait être risqué de le pousser jusqu'à là.

« - Non mais Kyokyo, Ayano a raison... faut qu'on trouve un signe à distance. Le clin d'oeil c'est sympa mais un peu trop classique quand même, ça nous correspond pas trop je trouve. »

Je me grattais la tête. Il nous fallait un bon truc, un truc bon de bon, un truc bonbon quoi.

« - Et en plus, je propose qu'il y ait un signe et une réponse. Parce que si on reprend l'histoire de la grotte là, imaginez : donc le faux Kyokyo il arrive, si on lui dit qu'on le soupçonne, boum ! Il nous attaque direct. Si on lui fait un signe bizarre, y'a de grandes chances qu'il refasse le même parce que c'est logique, donc on se dit "Ah ouais c'est bon c'est lui" et puis BOUM il nous tue dans notre sommeil. Alors que s'il y a un signe pour dire "Est-ce que c'est toi ?" et un signe pour dire "Ouais, c'est moi", bah c'est plus difficile de passer à travers des mailles du filet. Bref je vous remets dans le contexte : on est dans une grotte, y'a un faux Kyokyo qui arrive, avec Ayano on se dit "C'est chelou, il est trop sympa, y'a un truc qui cloche", on lui fait le signe "Est-ce que c'est toi ?", alors là trois possibilités vous voyez : soit il comprend pas le signe il fait rien, soit il refait le même, soit il en fait un faux : dans tous les cas, on sait que c'est un imposteur mais lui il sait pas qu'on sait que c'est un imposteur, vous voyez ? »

Oula, j'avais plus de souffle après ça.

« - Donc je propose pour le "Est-ce que c'est toi ?" : on fait ça avec les doigts avec un clin d'oeil.

"Est-ce que c'est toi ?":

Et pour le "Ouais c'est moi" on fait ça avec ses doigts, parce que franchement y'a personne qui ferait ça en mode random. »

"Ouais c'est moi":

Dépitant. Ils étaient dépitant. Mais au moins cette idée était certainement la moins stupide de toutes celles qu’ils avaient pu faire et j’allais l’accepter. De plus, ça avait l’air de plaire à cet attardé d’Ayano alors bon…

« Ouais, on peut partir là-dessus, ça me va. »

J’allais me retourner pour enfin nous préparer à l’entraînement lorsque que le poisson criait d’un coup : « Reflexe !!! » Je me retournais, prêt à lui en mettre une bonne lorsque celui-ci nous lançait la première partie du nouveau code.

Je me raclais la gorge, levait les yeux au ciel et poussait le plus grand soupir de ma vie, un truc qui en réveillerait les morts. Je plantais ensuite mes yeux dans ceux d’Ayano tout en ayant un air dépité à souhait et en lui faisant non de la tête.

« Sérieux, Ayano… »

Et pour lui faire plaisir je m’exécutais. Je pensais vraiment que j’allais devenir croyant avec des types comme eux. Les côtoyer tous les jours ? Dieu merci.

« Bon on passe aux choses VRAIMENT sérieuses cette fois-ci les gars ? Vous êtes prêt ? »

Cette fois-ci, mon ton était beaucoup plus enjoué. J’avais quand même par chance cette capacité à rapidement passer à autre chose… enfin, parfois. Je m’étirais un peu, faisant craquer mes doigts, ma nuque et mes genoux. Nous allions enfin nous mesurer les uns aux autres ! Après, on savait déjà tous qui allait gagner, de plus Ayano venait de nous donner l’un de ses points faibles, pas très malin. Et dire qu’on disait que le poisson rendait intelligent…