Netoi est peu satisfait de sa récente tentative de transaction avec le collectionneur, qui n’a pas souhaité donner suite à sa proposition. L’Aburame a été obligé de prendre sur lui : la jeune femme est difficile vis-à-vis de ce qui touche à son accueil dans les pays qu’elle fréquente. Donner une mauvaise image du Pays de la Pluie aurait pu provoquer son départ… et de nombreuses personnes ont tout intérêt à ce qu’elle continue à fréquenter Ame no Kuni. Des personnes bien plus influentes que Netoi ne l’est. Et dont il ne faut pas se faire remarquer, donc…

Les affaires reprennent. Le croquemort gagne rapidement plus de deux millions de ryôs. Un gros contrat avec des clients plutôt exigeants… et qui sont donc prêts à mettre le prix nécessaire pour obtenir ce qu’ils veulent. Via ces contacts, l’ancien Hijin apprend une information particulièrement intéressante : Hi no Kuni recrute des mercenaires afin de s’occuper d’un convoi Kumojin en direction de Kaze, qui risque donc de passer par le Pays du Feu. Problème : le massacre provoqué par les troupes d’Iwa et de Kumo est encore dans les mémoires. Alors il n’est pas question pour la seigneurie du Feu d’accepter que le convoi puisse fouler ainsi les terres meurtries d’Hi.

Netoi hésite : il ne doit pas se révéler comme originaire du Pays du Feu. Shinzo Aburame est censé être mort et si les autorités locales apprenaient qu’il est en vie, il risquerait de se faire effacer de l’histoire, lui aussi. Heureusement, le temps a passé depuis, et le manieur d’insectes a bien changé physiquement. Difficile de faire le lien avec celui qu’il était autrefois. Pourtant, lui qui devrait logiquement se tenir loin du Pays du Feu ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur en voyant une telle situation. Son pays d’origine meurtri, déshonoré… Kumo pourrait au moins avoir la décence d’emprunter un autre chemin, après ce qu’ils ont fait.

Mais il y a aussi cette histoire de récompense, qui finit d’éveiller l’intérêt de l’Aburame.

C’est décidé : direction Hi no Kuni. Mais l’amejin d’adoption doit préparer son départ. Les affaires doivent continuer à tourner malgré son absence… il prend donc les dispositions nécessaires pour que ces hommes de mains puissent gérer les contrats en cours pendant qu’il sera à l’étranger… et Ame est un territoire dangereux à traverser : l’itinéraire de l’Aburame doit être méticuleusement calculé afin d’éviter les mauvaises rencontres. Le croquemort peut pour cela s’appuyer sur son réseau d’information, lui permettant de savoir quelle zone éviter à cause de guerres de gangs par exemple.

Le moment du grand départ est venu : Netoi prend avec lui de la nourriture pour quelques jours, de l’argent et de quoi troquer pour sauver sa vie si le besoin s’en fait sentir. Quelques-uns de ses mercenaires surveilleront discrètement leur employeur pendant une partie du trajet, jusq’à la limite de Murashigure: se déplacer avec un tel effectif en public pourrait attirer l’attention des autorités locales. Si encore on peut les appeler ainsi.

Alors qu’il sort à l’air libre, l’Aburame remonte la capuche de sa tenue afin de s’abriter de la pluie qui tombe presque continuellement dans ce petit pays du Yuukan. Ce dernier a au moins l’avantage d’être juste à côté de sa destination : le Pays du Feu. Il n’y aura donc pas tant de distance à faire pour arriver sur les terres d’Hi no Kuni. Le plus gros du chemin sera à faire une fois sur place : le Pays du Feu est gigantesque.

-Je peux toujours tenter d’atteindre la rivière Yugure et de trouver une embarcation allant vers le sud... Même si ça me fait faire un détour, je gagnerais du temps en circulant sur l’eau.

Mais il est trop tôt pour penser à cela. Il faut quitter Murashigure en vie : une fois ceci fait, le chemin sera bien moins difficile. L’homme se met donc en route, surveillé par des hommes de mains réputés pour leur discrétion. Il peut ainsi admirer le quotidien des Amejins dans toute sa splendeur : la pauvreté et la boue. Cela fait si longtemps qu’il n’a pas vu son pays natal…

Après quelques heures de marche, l’exilé arrive aux limites de la capitale. C’est ici que ses hommes de mains le laissent seul. Il ne peut désormais compter que sur ses propres capacités. Mais un Aburame n’est jamais vraiment seul… n’est-ce pas ?

L’urbanisation crasse laisse peu à peu sa place à la nature… Ame est un petit Pays, il n’y a donc pas beaucoup d’autres centres de population mis à part la capitale. Et c’est dans les bois que l’Hijin est le plus à l’aise. Enfilant un masque, il s’enfonce dans les forêts qui marquent la frontière entre la pluie et le feu.

Continuant à progresser à travers les terres du Pays de la Pluie, l’Aburame active ses techniques afin de localiser d’éventuels fauteurs de troubles et les éviter. Après tout, qui irait s’interroger sur la présence d’insectes dans un pays aussi riche en cadavres ? Et c’est bien dans les bois que l’homme est le plus à l’aise… car ici, il peut abandonner sa couverture d’homme « d’affaire » et utiliser ses sens ninjas, quoi qu’un peu rouillés après une telle période d’inactivité. Direction : la frontière.

L’Aburame se place dos à un large tronc d’arbre avant de composer un mudrâ. Immédiatement, une nuée de très petits insectes quittent le corps du Hijin pour se disperser sur la zone autour de lui. Difficile de soupçonner que ces insectes sont le produit d’une technique : chaque insecte va couvrir une zone précise. A moins d’avoir assisté à la dispersion de la nuée, difficile de faire le lien. Quelques minutes passent, pendant lesquelles Netoi reste attentif à son environnement. Les insectes reviennent les uns après les autres, avec des informations qu’ils seraient bien incapables de communiquer à d’autres qu’un spécialiste des insectes comme le sont les Aburame. Ce n’est pas une surprise : il y a bien des hommes dans les bois. Savoir s’ils sont des gardes frontières, des bandits ou quoi que ce soit d’autres est impossible néanmoins : intellect des insectes ne leur permet pas de faire de genre de distinctions. Ils peuvent néanmoins communiquer une information pertinente : ces hommes vont tous dans la même direction, ce qui permet de penser qu’ils sont ensembles.

Netoi quitte son tronc d’arbre et soupire. Il a la position approximative de chaque individu et la direction vers laquelle ce groupe se dirige. Droit sur lui. Il va falloir faire preuve de discrétion et ça tombe plutôt bien : Netoi a quelques cordes à son arc dans ce domaine. Progressant avec prudence, il se fige lorsqu’il entend, au loin, des bruits de pas. L’occasion pour lui d’utiliser une autre technique, qui lui permet de se rendre invisible. Il est nécessaire d’être immobile pour l’utiliser… mais l’Aburame n’a qu’à attendre que ce groupe passe pour ensuite continuer sa route. Alors que l’apparence de l’Hijin change pour épouser parfaitement son environnement, les bruits lointains deviennent des silhouettes entre les troncs d’arbres. Pour finaliser révéler des hommes en armes. Depuis sa cachette, l’Amejin d’adoption est bien incapable de savoir s’il s’agit de gardes Amejins ou Hijins. D’ailleurs ce n’est pas un détail sur lequel il est important de s’atarder à ses yeux. Le caméléon reste dissimulé ainsi pendant quelques minutes, le temps d’être certain que les gardes soient bien loin derrière lui, avant de reprendre sa forme normale.

L’Aburame reprend ensuite son chemin, non sans faire preuve de la même attention qu’avant. Il utilise à plusieurs reprises ses insectes de la même manière, mais cette fois sans trouver d’autres adversaires potentiels autour de lui. La progression n’est pas aussi rapide qu’elle l’était à la sortie de Murashigure : par endroit, le terrain est moins praticable. Rien d’insurmontable pour une personne formée aux arts shinobis, mais Netoi ne souhaite pas attirer l’attention sur lui. Ce n’est pas parce qu’il ne détecte personne qu’il n’y a personne. Mais visiblement, pas de type caché via une dissimulation avancée dans les environs, sinon on lui serait déjà tombé dessus depuis un bon moment. Lentement mais sûrement, le croquemort progresse, jusqu’à enfin arriver à la frontière entre Ame et Hi. Un lieu qui lui rappelle des souvenirs, car c’est ici qu’il est « mort ». Mais il n’a pas fait tout ce chemin pour ressasser le passé : il est ici pour affaires.