Comme me l'avait promis mon Senseï, nous allions très vite nous retrouver. Quelques jours après notre première et unique rencontre, je recevais un nouvel ordre de mission. Le rang était faible, une rang D, comme celle effectuée l'autre jour, mais je ne m'attendais pas à autre chose. Quoi que, en compagnie du Sendai on aurait pu nous assigner une tâche plus dangereuse, importante. J'acceptais le choix de nos dirigeants et allais tout donner pour réussir cette mission sans bavure.

Yahiko me donna rendez-vous devant l’armurerie, comme la dernière fois. Un point qui se trouvait dans les rues commerçantes, là où notre mission allait se passer. En effet, notre but était de coincer un voleur qui opérait dans cette zone. Les commerçant n'avaient pas réussi à lui mettre la main dessus et voilà que les ninjas de Kumo allaient devoir intervenir. C'était une première pour moi dans ce domaine, je n'avais jamais traqué une personne et je savais d'ores et déjà que j'allais beaucoup apprendre lors de cette mission.

Je quittais mon foyer pour rejoindre celui qui était devenu mon mentor. Les mains dans les poches, je traversais le village avec nonchalance, comme à mon habitude. Le clinquement de mes armes résonnaient dans les ruelles alors que mon esprit était ailleurs, je réfléchissais à comment piéger notre cible. Une voix connue, mais pas encore familière, m’extirpa de mes pensées. "Bonjour Senseï." Plaçais-je juste après son salut. Le Chûnin enchaîna en m'annonçant que j'allais diriger cette mission. Soudainement, je comprenais mieux pourquoi on nous avait assigné une mission de rang D.

Bien, ça ne me posait aucun problème et je devais voir ça comme un test de sa part. Il allait ainsi pouvoir évaluer mes compétences, peut-être pas toutes, mais une bonne partie. "Dans un premier temps, nous devons récolter des informations auprès des commerçants, savoir si notre voleur a une zone, une marchandise, une heure ou un vendeur de préférence. Peut-être que nous obtiendrons également des informations quant à son apparence. D'ailleurs, ils sont peut-être plusieurs..." Voilà ma première idée, j'attendais l'aval de mon supérieur avant d'emboîter le pas en direction des commerces et commencer l'interrogatoire.

En effet, je n’avais pas pensé à ces deux détails. Mon plan d’action devait être revu, si nous y allions maintenant, nous allions être démasqué. Mes méninges continuèrent de travailler pour trouver une autre solution ou pour améliorer ma première stratégie. J’avais d’autres idées et mon Senseï pouvait m’aider à les réaliser, mais si jamais il ne pouvait pas, j’avais un plan B. "Pouvez-vous détecter si personne ment ?" Cette réponse allait jouer un rôle important dans mon plant d’action, mais je pouvais l’adapter si elle était négative.

La réponse de mon maître pouvait attendre, je pouvasi déjà lui étaler le fond de ma pensée. "Je pensais dans un premier temps effectuer une intervention en tant que Shinobi, pour dissuader les voleurs s’ils sont présents et pour rassurer les commerçants et clients. On en profitera pour interroger tous les commerçants et détecter s’ils nous mentent ou pas. Au pire, on bluffera et on leur fera croire que nous en sommes capables. Cette première servira pour récolter un maximum d’information et détendre l’atmosphère qui règne dans les rues marchandes." Je ne me faisais pas d’illusion, les voleurs n’arrêteront pas d’opérer simplement parce que des ninjas de Kumo se baladent dans les rues, mais les commerçants pouvaient mieux dormir.

La suite de mon plan allait s’exécuter plus tard dans la journée, la deuxième phase allait être celle avec plus d’action. "Ensuite, nous quitterons les lieux pour revenir quelques heures après, mais cette fois-ci en changeant notre apparence grâce au Henge. Avec les informations récoltés nous pourrons ciblé la zone, les commerçants touchés et non-touchés, ainsi que les objets les plus convoités." J’espérais que mon plan convienne à Yahiko, mais toutes ses remarques étaient les bienvenues, j’étais là pour apprendre et je n’étais pas pressé, même si nous devions arrêter le plus vite possible les malfaiteurs.

Droit sur lui-même, professionnel, ouvert d'esprit, l'état d'esprit de Yahiko était tel qu'il était prêt à tout entendre de son unique élève pour réaliser cette mission. C'était une mission de rang D, alors une petite erreur n'était pas forcément trop grave, bien moins punissable. L'occasion parfaite pour lui faire apprendre par l'expérience.
La première question qu'il posa était liée aux capacités de Yahiko, et cela était intéressant. Il avait la base, celle qui consistait en demander à ses coéquipiers quels étaient leurs atouts afin de pouvoir mettre en place un plan qui devrait être efficace. Malheureusement pour lui, son sensei ne possédait aucune technique de ce genre. Avant de lui répondre, il préféra ne pas le couper dans sa lancée et attendit la suite de son plan.

L'intervention en tant que shinobi permettait d'instaurer une pression au voleur, et bien plus que ça elle permettait de montrer aux innocents qu'ils étaient soutenu. Il était bien impossible d'agir sans au moins montrer qu'on voulait résoudre la situation, à ce moment là, il était impossible d'éviter que les fautifs n'aient des doutes et n'agissent en conséquence. La premier choix était donc correct, mais il ne pouvait être associé avec cette fameuse technique permettant de détecter les mensonges. C'était bien dommages, les intentions d'Isami étaient tout à fait louables.

La suite du plan était tout aussi intéressante, mais hélas, elle n'était pas faisable. Le Henge n'était pas une technique que tout le monde possédait, il fallait la travailler, comme toute autre technique. Changer son apparence était cependant une idée intéressante, et si les ninjas ne disposaient pas de cette technique, il y avait cependant bien d'autres façons de modifier son style vestimentaire. Il était l'heure de la régulation.

-"J'apprécie ton plan, mais je ne dispose ni de techniques permettant de desceller le vrai du faux, ni de techniques permettant de changer mon apparence. Ca aurait été une idée et une démarche très efficace, cependant."

Il n'avait de toutes façons pas beaucoup de choix : soit il maintenait le plan en essayant de demander les alibis et d'essayer lui-même de percevoir qui pouvait bien mentir, soit il décidait de tout changer. Les deux idées convenaient largement, car le Sendai n'était pas là pour voir son élève réussir tout ce qu'il entreprenait, il était là pour le voir tirer des leçons, qu'elles proviennent d'expériences négatives ou positives.

-"Décides-tu de maintenir ce plan malgré ça, ou tu veux le changer ?"

Grâce à cette mission je pouvais en apprendre plus sur mon maître et je savais désormais qu'il n'était pas spécialisé dans la détection et l'illusion, mais ce n'était pas un problème, j'avais d'autres solutions pour mettre en oeuvre mon plan sans ces compétences. "Je maintiens mon plan, nous pouvons y aller." Les commerçants avaient déjà préparé leur stand et malgré que ce soit une mission de rang D, il fallait résoudre le mystère le plus vite possible. Je ne voulais pas que d'autres marchands se fassent voler et perdent de l'argent qui pouvaient leur être vitale.

J'emboîtais le pas en direction de la rue marchande en compagnie de mon maître. Nous arrivâmes vite dans la zone où tous les commerces étaient établis. Les rues n'étaient pas bondées et cela allait faciliter notre travail. Certaines personnes braquèrent leurs yeux sur nos bandeaux prônant l'insigne de Kumo et sur le visage du Sendai, qui était connu au sein du village. Moi, j'étais un parfait inconnu, un avantage pour cette mission, surtout pour la suite des opérations.

Nous allions passer au crible tous les stands, chaque information était bonne à prendre. Nous nous arrêtâmes au premier pour interroger le vendeur de parchemins. Mon expressions était sérieuse et je transmettais très peu d'émotions. Je le saluais néanmoins convenablement avant de lui poser les questions suivantes : Avez-vous eu vent des récents vols ? Avez-vous été volé ? Qui a été volé ? Avez-vous entendu des rumeurs sur ces vols ? Avez-vous des informations à nous fournir quant aux voleurs, aux objets volés ou autres ? Bien sûr, j'avais auparavant préciser que Yahiko était capable de détecter le moindre mensonge et que nous étions là pour les aider, pour les protéger. Il était important d'installer un climat de confiance et de sécurité.

Notre première étape était lancer, la réaction des commerçants étaient différentes l'une de l'autre. Certains stressaient, d'autres étaient relaxaient et un petite minorité s'en contre foutaient. Je notais toutes les informations dans ma petite tête, une fois la rue terminée, nous allions faire le point en réunissant toutes les informations afin de dégoter une piste à suivre, car pour le moment, c'était le flou le plus total.

Acquiesçant d'un signe de tête, il sourit à son élève calmement. Il appréciait son assurance, car bien que la confiance qu'il avait en lui l'emmenait souvent dans des impasses, elle était nécessaire. Quelle était la valeur d'un ninja sans assurance ? Quelles actions pouvait-il bien accomplir ? Quelles objectifs pouvait-il bien atteindre ? La réponse était probablement aucune. Il était du devoir de Yahiko de maintenir son assurance, de la faire lutter contre les échecs auxquels il se confronterait afin d'éviter toute perte de confiance en soi, parce que commencer à douter de soi, c'était entrer dans un cercle vicieux qui n'engendrait jamais rien de constructif.

Les deux marchaient côte à côte, le Sendai avait bien fait comprendre à son élève qu'il n'agirait pas aujourd'hui, sauf cas particuliers. Il était en quelques sortes seul face à cette mission, seul à devoir desceller le vrai du faux dans toutes les paroles des différents marchants afin de trouver qui d'entre eux pouvait-être le fautif. A première vue, le plan d'Isami permettait principalement de récolter des informations qui étaient importantes afin de réduire le champ d'action et de mieux comprendre ce qui se tramait exactement.

En posant différentes questions à différents marchands, pour chacun d'entre eux et ce malgré le caractère de ces derniers, une réponse bien particulière fut donnée.
La plupart des marchands avaient indiqués qu'à chaque fois qu'ils étaient volés, ce qui s'effectuait dans des intervalles très irréguliers, tout s'effectuait à chaque fois une marchandise par une marchandise. Ainsi, lorsqu'il croisa le vendeur de parchemin, celui-ci perdit un parchemin à chaque vol, un fruit par vol pour le vendeur de fruit, et ainsi de suite... On pouvait bien comprendre que si les vols étaient embêtants et évidemment illégaux, la disparition d'un article par un article de temps en temps n'affectait pas énormément le commerce.
Un seul vendeur était bien différent : un des vendeurs de vêtement était quant à lui volé bien plus rarement. Cependant, dès qu'il était volé, c'était plusieurs marchandises qui disparaissaient d'un coup, ce qui impactait de manière bien plus importante son commerce lorsque le vol s'effectuait.
Un dernier détail n'échappa pas aux yeux de Yahiko, et probablement à ceux d'Isami : un des parchemins, appartenant sûrement au vendeur de parchemin (même si rien ne l'assurait), pouvait être aperçu dans l'établi d'un des vendeurs de vêtements.

Une fois qu'ils furent correctement écartés de toute la population, Isami et Yahiko avaient le même constat : tout ce qu'ils avaient entendu. En tête à tête avec son élève, il était l'heure de passer à une étape intermédiaire.

-"Bien, de ce que nous avons pu voir, j'ai deux questions. La première : qu'est-ce que tu en penses ? La deuxième: Maintiens-tu toujours ton plan ?"

Dans la tête du Sendai, la situation n'était pas forcément très claire. De nombreuses hypothèses se créaient dans sa tête, et ce n'était même pas sûr qu'une seule soit correcte. Peut-être qu'Isami aurait la perspicacité de trouver où était la vérité, et peut-être que celle-ci aurait une importance suffisante pour modifier ses plans.

Les réponses des marchands étaient intéressantes, car oui, ils étaient “tombés” dans le panneau en croyant que l’on pouvait sonder leur esprit afin de connaître la véracité de leurs paroles. Or, il n’en était rien et grâce à cette fourberie nous avions pu obtenir des informations. Cependant, aux premières apparences, elles ne semblaient pas nous aider, mais il fallait justement les décodifier et trouver le lien qui les unissait.

Nous nous mîmes à l’écart pour souffler et faire le vide après cette immense quantité d’informations récoltées. Tout de suite, Yahiko me demanda mon avis sur les réponses des commerçants et si je voulais maintenir mon plan, qui était celui de changer d’apparence et tenter d’attraper le voleur sur les faits grâce aux indices obtenus tout à l’heure.

Je prenais le temps de réfléchir pour ne pas donner une réponse affrétée et illogique. Je devais mettre les choses à plat, c’est-à-dire que : l'intervalle entre les vols est irrégulier et que la plupart des marchands se font voler une seule marchandise à la fois. Néanmoins, un seul protagoniste échappait à ces faits : le vendeur de vêtements. Lui, se faisait voler plusieurs biens à la fois, mais moins souvent.

Il y avait également un dernier point à souligner, nous avions pu remarquer un parchemin - volé ou pas au marchand de parchemins - dans le commerce de vêtements. De là, une hypothèse m’était venue en tête, était-ce la bonne ? Je n’en avais aucune idée, mais il était intéressant de suivre cette piste. "Nous devons nous focaliser sur le vendeur de vêtements. Le parchemin dans son stand m’a mis la puce à l’oreille, je crains qu’il ne dérobe les autres pour palier à sa marchandise volée. Ce n’est qu’une idée, mais il est le seul à qui les vols sont différents : quantité et intervalle. Il suppose qu’un autre marchand lui vole ses habits, alors pour ne pas se tromper sur le voleur, il dérobe une marchandise à chaque collègue." Je pouvais me tromper, mais je voulais quand même accentuer nos recherches auprès de cet homme et son stand.

Je regardais mon Senseï pour lui montrer ma détermination, de par mon regard et mes paroles. "Nous allons suivre de près les mouvements de notre marchand de vêtements et de ceux qui rôdent près de son commerce." Je maintenais donc mon plan, celui d’examiner sous une autre apparence une cible et une zone bien précise.