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Sur la piste du mouton noir (mission libre C)

Isaïe
Isaïe

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Mer 11 Juil 2018 - 7:50
PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS... ♪

Une meute de chiens sauvages sévit dans les montagnes toutes prêtes d'Iwa, elle s'attaque aux troupeaux des éleveurs et commence à causer de sérieux dégâts. L'information nous vient de l'un d'entre eux. Les autorités préféraient que cela ne s'ébruite pas pour que l'activité d'élevage ne ralentisse pas. Vous êtes chargé de trouver la meute de chiens sauvages et de l'abattre.

À savoir : un genin ne peut sortir seul du village. Un chûnin pnj sera affecté au missionné afin de lui permettre d'en sortir en toute quiétude. Il pourra bien évidemment aider durant la mission et vous avez le libre choix quant à son identité/caractère.


"Là où je passai, il arriva que l'herbe ne repoussât pas", m'avait dit le chunin qui devait me surveiller (commander) quand je quittais la dernière cité qui avait eut la bonté de me laisser séjourner en son sein — Iwa. Longtemps, sur les routes, j'y vaquais toujours seul, et lorsque je croyais pouvoir en terminer avec le chemin, je sentais qu'il valait mieux ignorer les aspirations de paix. Le chunin aurait pu me vexer, mais ce ne fut pas le cas, lorsque je lui tournais le dos pour décider de me rendre vers les montagnes de Tsuchi no Kuni. Ce n'était qu'une image, bien sûr que l'herbe repoussait derrière moi, mais je savais fort bien ce qu'il désirait exprimer à travers cette analogie. Dans son village, encore, j'avais semé la mort. Et cette fois, chacun savait que j'en étais le responsable. J'avais manqué de prudence, c'était donc ma faute, au moins, je pouvais me consoler en sachant qu'ils n'avaient pas mon nom là-bas et que le chunin qui craindrait qu'on le rétrograde pour avoir manqué de me retenir n'en parlerait pas non plus. Il avait été si choqué d'ailleurs, qu'il acceptait de conserver une bonne distance, et de me laisser réaliser la mission seul, mais sous sa surveillance. Je promettais en retour de me tenir tranquille et de ne faire que des éloges sur lui... La situation m'arrangeait très bien ainsi.

Alors qu'on me chassait en m'accusant de porter le malheur sur moi, un mauvais œil, tous ignoraient, et oubliaient, que ce fut l'un des leurs qui me payait pour achever sa besogne. Parce que trop craintif lui-même, parce que trop faible. Parce que donner la mort n'est pas aussi simple que de rompre un morceau de pain... Ma quête n'en finissait peut-être jamais et j'entrevoyais l'idée que je terminerai fatalement par m'y accoutumer. À cette vie, sans jamais parvenir au bout du chemin, si ce n'était dans ma propre fin.

J'avais assez d'argent pour vivre quelque temps sans avoir à travailler. Cela m'avait aidé à choisir Iwa, grande cité et capitale militaire de la terre désormais, pour y séjourner quelque temps, peut-être plus, comme simple genin, et j'en venais ainsi à cette simple mission. Le chemin était long, mais au moins, là-bas où j'étais inconnu, peut-être trouverai-je de quoi me divertir et me détendre. J'avais le muscle douloureux et la marche essoufflée depuis quelques jours à force de ne pas vouloir m'arrêter. Les routes du pays de la terre s'affichaient devant mes yeux comme un paysage idyllique. La paix y régnait depuis longtemps, cela se ressentait. L'été donnait de belles allures aux prés et aux forêts qui avaient la réputation d'enorgueillir les résidents de ce pays. Je me disais alors, en observant la vie et les fleurs aux mille couleurs qui bordaient les chemins que j'empruntais, que sur le socle de la rébellion qui fit tant de mort, avait finalement, au moins ici, poussé le germe d'un monde meilleur, comme l'avait promit Kumiko quand je l'eu connu.

D'après les cartes que j'avais pu voir, lorsque je n'étais plus très loin de Iwa, j'entendis en dehors du chemin, vers l'ouest, un mouton bêler si fort qu'il était impossible de ne pas l'entendre. Quoi que c'était en dehors de la route, je décidais de la quitter pour suivre le bruit, et là, loin dans la fougère, tandis que je m'enfonçais d'un bois de feuillus bien épais, j'entrevoyais la silhouette d'un mouton noir qui galopait trop vite pour que je trouvai la motivation de le poursuivre en courant moi-même. Sans vraiment me poser de question, je le suivais tout de même, jusqu'à parvenir au abord d'un ruisseau dont je trouvai l'eau bien claire. Ici, je trouvai une petite fille, bien habillée et bien propre, ce que je supposais même si je ne la voyais alors que de dos. Elle était, à genoux, près du ruisseau à cueillir, je ne savais quoi. J'allais m'annoncer, mais le bêlement, de beaucoup de moutons cette fois si fit entendre avant que je ne parle moi-même.

Je tournais le regard à ma gauche et trouvais là, un vrai petit troupeau accompagné de son berger et de ses chiens, qui longeaient eux-mêmes le ruisseau dans la direction de la petite fille en face de moi. Dans le troupeau, il y avait le mouton noir qui m'avait conduit là. Le seul parmi tous les blancs, qui suivait le berger comme de ses chiens. Curieuse image dont je ne savais pour quelle raison elle me captivait sur le moment. Le berger m'aperçut, mais ne semblait pas effrayé. Que je ne portais pas le casque à ce moment devait y être pour quelque chose et qu'il était habitué à voir des shinobis était de fait, en plus, une supposition raisonnable. Je tournais alors mon regard vers la petite fille qui se trouvait sur le chemin du troupeau, puisque le berger m'ignorait et je regardais simplement. Boire un peu d'eau, après le passage du troupeau, me faisait quelque peu envie en effet.


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Isaïe
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Mer 11 Juil 2018 - 7:53
Soudain, j'entendis aboyer, que dis-je, japper violemment tandis qu'un gros chien blanc passait par-dessus le ruisseau, juste à côté, puis au-delà de la petite fille pour foncer sur moi. Je demeurai sur le moment immobile... Pour un civil, cela pouvait être effrayant, j'en conviens, mais pour un shinobi, un chien "normal" ne valait pas plus qu'une mouche. La petite fille qui s'était relevée et avait crié un nom, avait sans doute appelé ce chien qui lui appartenait à elle et non au berger. Ce brouhaha du moment causait alors le désordre dans le troupeau de moutons non loin de là. Les bêtes, braillant de frayeur, se mirent à courir en tous sens, tandis que le pauvre berger s'évertuait à les réunir de nouveau en brandissant sa canne. Ses chiens l'y aidaient comme ils pouvaient, mais avec le gros chien blanc face à moi qui n'en démordait pas, cela relevait de l'impossible. Ce chien blanc restait en effet à distance, sans pourtant cesser de me faire front.

Alors que j'offrais toute l'innocence dont mon faciès savait se faire témoin. Je n'étais pas dupe de la raison qui poussait cet animal à me traiter de cette façon. Fidèle à sa maîtresse qu'il devait être, et sans doute sensible tant à des odeurs que des sensations que les hommes ne savaient plus capter depuis longtemps, il devait craindre pour sa sécurité. Quoi qu'aucune mauvaise intention ne m'animait, lui, ce chien blanc, que sa maîtresse appelait "Kuro", le sentait, au fond de moi, il le sentait, mon instinct. Mon abîme... La petite fille ne tardait pas à courir vers lui pour le saisir au col. La pauvre, je voyais qu'elle peinait à le tenir son bestiau. La tête emmitouflée dans ses longs poils à s'accrocher à lui pour l'empêcher de m'attaquer. La vérité était que le chien acceptait plus de se tenir à l'écart parce qu'elle le lui demandait par le geste que parce qu'elle avait la force de le tenir. Nul doute que la bête l’entraînerait si elle le souhaitait. Le chien cessait d'aboyer quand elle l'attrapait, mais il ne cessait pas encore de grogner.
Je continuais de rester immobile, le visage paradoxalement illuminé de bonté et de douceur. La petite fille, que je devinais honteuse de la situation, tentait de minimiser l'affaire en s'exprimant comme elle pouvait tandis qu'elle devait toujours le tenir.
-Désolée. Kuro est gentil d'habitude. Mais je maîtrise. Je ne pense pas qu'il ne vous aime pas, il a juste dû être surpris.

Les aboiements en moins, le berger parvenait enfin à rassembler une partie de son troupeau. Ses propres chiens encerclant le groupe, cependant une partie qui avait traversée le ruisseau était encore hors de portée, et ses propres chiens étaient encore occupés à tenir ce qu'il était parvenu à rassembler. Je ne répondais pas à la petite fille sur le moment. Je fixais plutôt son chien, droit dans les yeux, pour lui laisser entrevoir ce qu'il avait le courage de défier. Car si sa maîtresse devait voir mes yeux bleus, tout emprunt de pureté, lui devait y trouver dans le fond les crocs acérés de la bête métaphorique contre laquelle je luttais constamment, comme autant d'élans de nos instincts primitifs que je m'efforçais de dominer. Triste j'étais soudainement, tandis qu'en moi je l'entendais, ma propre voix qui criait "tue-le, tue-le, mange-le, c'est son heure !" Et ma même voix qui lui ordonnait le silence. Un esprit, enchaîné par le même esprit, quelle curieuse sensation d'avoir conscience que son être se scinde en deux et que c'est pourtant toujours une seule et même entité qui parle à soi-même. Je relevais un regard désolé sur la petite fille, désolé et compatissant tandis que je lui répondais enfin d'un timbre aussi doux que je pouvais l'accompagner de délicatesse.
-Ce n'est rien ce n'est pas ta faute. Ni la sienne. C'est un bon chien et c'est tout.

Cette enfant, aux longs cheveux châtains et aux yeux hétérochromes. Un œil bleu et un vert. J'y trouvais le reflet de l'innocence, là encore, et la malice d'un malheur enfoui sous le couvercle d'un deuil. Si dans mon regard on entrevoyait toute la douleur du monde et la volonté de bienfaisance, dans le sien ne se lisait que la naïveté et la simplicité du bonheur. Ce que les enfants possèdent et perdent malheureusement si vite. Moi hélas, je n'aurai pas eu autant de temps qu'elle pour le conserver en mon sein et mon cœur.
Je n'allais pas lui dire que son chien avait simplement vu en moi le loup noir et furieusement vorace que je pouvais être autant que le saint que je paraissais, et était aussi en même temps...
-Comment tu t'appelles ? Lui demandais-je doucement.

Mais elle n'eut pas le temps de répondre, le berger venait en effet vers nous. Quoi qu'il aurait pu gronder la jeune fille à cause des élans de son animal, il n'en fit rien, pour au contraire lui demander si elle allait bien. Puis gêner, il nous demandait si dans la panique, nous n'avions pas vu dans quelle direction s'étaient enfuit ses moutons encore disparus. Je relevais le regard vers le troupeau encerclé de ses propres chiens, et je n'y voyais plus le mouton noir.
-C'va petite, tu n'as rien ? Excusez-moi, vous ne sauriez pas où sont partis mes derniers moutons ? Ils allaient dans tous les sens, je n'ai pas bien vu...
-Ils ont passés le ruisseau. Lui répondais-je simplement. Je peux peut-être vous conduire si vous voulez. Je saurai les pister.
-Hô vous êtes bien aimable monsieur.
-Non du tout, c'est juste que c'est ma faute et je veux réparer.
-Mais non enfin.

Mais je n'insistais pas plus en répondant d'un silence pour retourner le regard sur l'enfant. Le Berger ignorait pourquoi "Kuro" grognait après moi, mais moi, je savais, et je ne pouvais pas lui en vouloir. Un homme qui portait si fortement l'odeur du sang, de la violence et de la mort sur lui, ne pouvait conduire cette bête qu'à vouloir l'éloigner de sa maîtresse au plus vite, quelque fut mes intentions envers elle.
-Je suis désolé petite. Lui disais-je en baissant le regard sur le sol.


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Jeu 12 Juil 2018 - 8:32
-Pourtant tu n'as pas à l'être ! Me répondit-elle sur le ton de l'amusement avec un grand sourire.
J'en penchais la tête sur le côté, attendris que je fus par la naïveté de cette enfant qui n'avait décelé la folie meurtrière qui sommeillait au fond de mon cœur. Le Berger n'avait pas le temps de me répondre qu'elle en rajoutait d'avantage, car à peine époussetée qu'elle se retournait vers lui, pleine d'entrain, comme une enfant qui partirait à l'aventure en fait.
-Est-ce que je pourrais venir avec vous ? Je veux dire... Je m'entends bien avec les animaux, ce sont mes amis.
Je n'avais pu retenir un sourire sur le coup, certes léger mais sincère. Elle me touchait une fois de plus avec son innocence et sa naïveté. La pauvre, elle n'aurait jamais à voir ce que les invocations des shinobis peuvent faire sur les champs de bataille. Ses "amis" savaient fort bien se montrer vorace quand les bonnes occasions se présentaient. Toutefois, je ne tenais pas à gâcher cette innocence, bien au contraire, c'était exactement ce que j'aimais préserver par-dessus tout.
Le Berger ne lui répondait pas, il avait l'air un peu gêné de mon point de vue, sans vraiment oser dire non, je n'étais pas convaincu qu'il disait complètement oui. Mais la petite fille saisissait l'occasion de son silence pour valider sa propre proposition.
-On y va ? Sinon ils vont partir très très très loin !

Le Berger souriait à son tour devant son entrain. Nous allions donc partir tous les trois pour retrouver... Des moutons. Mais avant de se mettre en route, il posait le regard sur moi, un regard fort aimable, tandis que mon regard, lui, était vagabondant vers d'autres horizons.
-Je suis Soshiro, enchanté Shinobi, et vous comment vous vous appelez ? Me demandait-il poliment.
-Je m'appelle pas. Lui répondais-je sèchement comme un réflexe, oubliant que je n'étais pas au "travail".
-Merci pour votre aide monsieur Pa.

J'écarquillais les yeux sur le moment. Il avait réellement cru que je m'appelai Pa... Celle-la, j'admets que je ne m'y attendais pas... Plutôt que de lui dire la vérité et de lui faire remarqué du coup comme je pouvais être aussi glaçant que tendre, je décidais de ne rien retordre pour le convaincre qu'il avait bien entendu. J'aurai donc "Pa" pour nom aujourd'hui...
-Et toi petite, tu t'appelles comment ? Demandait-il ensuite à la jeune fille.

Je passais devant eux pendant ce temps, pour me diriger vers le bord du ruisseau. Je fis un seul hochement de tête au berger, quand il me disait merci, juste qu'il ne s'adresse à la petite fille. Quand j'atteignis le bord de l'eau, je me tins droit et format un mudra avec la main droite que je conservais le temps de la concentration. Détecter le chakra d'une bande de moutons... Cela, jamais je ne l'avais fait jusqu'ici, et je me demandais avant de commencer si leurs chakras ne seraient simplement pas trop faibles pour que je puisse le ressentir, quand bien même j'étais un Shinobi très peu sensoriel. Les yeux fermés, je m'y efforçais pourtant avec acharnement, jusqu'à effectivement ressentir une très faible intensité chakratique dans la direction où je les avais vu s'enfuir. J'en avais oublié d'écouter le prénom de la petite fille, tant j'avais dû me concentrer...

Bassement, j'annonçais ma trouvaille, mais j'y mettais de la retenue, car rien n'était absolument certain en réalité.
-Je sens bien quelque chose à environ deux cents mètres d'ici. Mais rien ne dit qu'il ne s'agit pas d'autres animaux que vos moutons. Je ne détecte pas souvent ce genre de chakra... Si vous souhaitez qu'on s'y rende je peux aller voir, cela vous évitera le déplacement.


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Jeu 12 Juil 2018 - 8:34
Je m'attendais à ce que Soshiro, le berger, me réponde, mais c'était la jeune fille qui intervenait la première quand j'annonçais avoir détecté un semblant de chakra "animal". Elle débordait d'une certaine énergie typique, comme celle que l'on trouve chez les jeunes qui cherchent à prendre le monde dans son entièreté. Sans doute, sans mesure, assurés qu'il ne peut rien leur arriver. La confiance de la jeunesse s'oppose souvent à la sagesse de la vieillesse. Là, il n'y avait pas de quoi faire tout un drame. Nous cherchions des moutons, pas des soldats embusqués. Elle galopait jusqu'à côté de moi, en débitant un flot de paroles si rapidement que j'aurai presque eut de la peine à la suivre.
-Mais c'est vraiment trop bien ! Monsieur Pa ! Monsieur Pa, par où il faut aller ? Par là ? Où ici ? Me disait-elle en pointant plusieurs direction du doigt.

Je souriais légèrement, sans me forcer pour le coup. Son énergie devait être communicative, au point que je m'en adoucissais sans m'en rendre compte. Le berger nous rejoignait, bien moins vite. Le pauvre devait encore garder le restant de son troupeau, et je doutais qu'il fût judicieux de l'emmener avec nous aussi loin pour si peu. Il nous le fit remarquer, encore un peu gêné qu'il était, mais devançant la problématique, je lui offrais un regard compatissant et la solution.
-Je dois garder mes moutons qui sont encore là... Mais si vous pouvez y aller. Je vous attendrais ici, les autres bêtes pourront boire en attendant, si... Cela ne vous dérange pas.
-Je ne l'imaginais pas autrement. Ne vous inquiétez pas, si ce sont vos moutons là-bas, je vous les ramènerai.

Je me doutais avec cela que la petite fille voudrait venir. Je pouvais faire la grosse tête et le mauvais pour la laisser derrière, mais elle mettait tant de joie dans une si petite entreprise, que je n'en avais finalement pas le cœur. Portant le regard sur elle, je voulais tout de même m'assurer qu'elle fusse en sécurité. Qui sait, s'il devait arriver quelque chose, je ne me voyais pas annoncer la triste nouvelle à ses parents.
-Tu peux venir, mais toi et ton chien vous restez près de moi et s'il y a le moindre problème vous courrez jusqu'ici, j'espère que c'est bien entendu. Puis retournant le regard au berger, je concluais avec lui. Je ferai au plus vite.

Ainsi, je démarrais, sans même attendre, ou m'intéresser à la réponse de l'enfant que je devinais par avance. Une attitude glaciale peut-être, alors que la tendresse de mon faciès ne se rompait pas pour autant. Mais mon souhait de solitude demeurait en tout moment intact, quoi que ce vœu était parfois bien lourd à supporter, il s'agissait de la sécurité d'autrui et de leur bonheur. Mes pas étaient volontairement lents, tandis que nous nous enfoncions un peu plus dans le bois. Je le faisais exprès pour permettre à la petite fille de me suivre. J'avais de bien plus grandes jambes qu'elle, mais je tenais à ce qu'elle reste toujours proche de moi.
-Tes parents ont bien confiance de te laisser vagabonder seule dans la forêt à ton âge. Lui disais-je comme une remarque. Même si ton chien est bien dressé et te protège, il te faut être prudente. Tous les hommes ne sont pas bons à rencontrer.

Ainsi lui parlais-je, avec un peu de hauteur et sans la regarder. Mon timbre se fit aussi mélodieux que tendre, et même si la réalité était que je n'avais pas la moindre affection pour cette enfant que je connaissais à peine, il me peinerait toujours d'apprendre que l'innocence fut frappée d'une nouvelle ignominie. Iwa, et ses alentours étaient cependant en paix m'avait-on dit, bien loin des cruelles vérités du monde et de leurs d'atrocités que l'on s'efforce la plupart du temps d'oublier ou d'ignorer. Quand j'évoquais tous les hommes, je m'incluais d'ailleurs parmi eux. Mercenaire à la solde de personne, si la pauvre savait sentir l'odeur de la mort et du sang elle me fuirait sans même y réfléchir. J'appréciais pourtant, il est vrai, que quelqu'un me regarda sans crainte, avec la simplicité dont j'avais oublié la saveur depuis bien longtemps, jusqu'à ce que cet enfant me la rappelle en cet instant.
-Si j'avais eu une fille en tout cas, je passerai ma vie à m'inquiéter pour elle. Disais-je enfin avec fatalité.

Il était quasiment certain que je n'en aurai pas en tout cas. Chose qui ne me traversait normalement jamais l'esprit. Le seul enfant que j'eu jamais n'a pas atteint une année... Mon regard se noircissait, emprunt désormais d'une douloureuse mélancolie. Impossible qu'il était d'oublier le sort de la seule famille que je n'aurai jamais réussi à construire, pour la voir détruite par le sort d'un destin que je pense avoir mérité au final. Je n'allais pas lui en faire le récit pour autant, et me forçant à me reprendre, je retrouvai petit à petit une quiétude simulée certes, mais aussi parfumée d'une tendresse qui elle, était tout à fait sincère.

Arrivant non loin de l'endroit où j'avais sentis les chakra d'animaux. Je sentais maintenant quelque chose qui me ramenait de force à la réalité en plus de me placer instinctivement sur mes gardes. L'odeur du sang. Je me plaçais immédiatement devant la petite fille. Et allez savoir pourquoi, son nom que j'avais à peine entendu me revenait alors en mémoire, comme si le fait de la protéger lui donnait soudain de l'importance en mon cœur. En plein bois, remplit d'arbres serrés les uns contre les autres, nous entendions alors des grognements, et d'autres sons tout aussi angoissants. Puis, nous entendîmes aboyer une ou deux fois assez violemment. Je portais la main au manche de ma rapière, question de sécurité, sans cesser de marcher. Quand nous vîmes ce qui causèrent ces bruits, il n'y avait pas de quoi se réjouir.

Les moutons blancs étaient dévorés par une bande de chiens errants et sans doute affamés depuis longtemps pour avoir fait un tel carnage. Les bêtes étaient ouvertes, l'une d'elles était en train d'être dévorée vivante et on l'entendait bêler sa douleur sourdement tandis que l'un des chiens lui serrait la jugulaire avec ses crocs. Le sol maculé de sang, la meute qui pataugeait dedans comptait environ huit chiens plus ou moins gros. Voyant les carcasses dépouillées et les pauvres chiens qui crevaient la faim depuis longtemps, je ne voyais là pour ma part qu'un spectacle naturel au sens où la nature, si belle soit-elle, était aussi capable de cautionner ces atrocités. La pauvre enfant, qui avait voulu de l'aventure, devait faire avec cette nouvelle vérité, si tant est qu'on ne l'y avait jamais confronté avant.
-Reste en arrière. Lui ordonnais-je sèchement tandis que je sortais ma rapière bien calmement.

Le mouton noir, le fameux qui me conduisit jusqu'ici, lui était encore vivant. Cerné contre un arbre, trois chiens tentaient de l'attaquer, mais au-delà de brailler, il se défendait, il s'accrochait à sa vie de toutes ses forces alors que tout était contre lui en réalité. Comment un mouton pourrait-il faire face à des chiens ? Lui le faisait, simplement en montrant tellement de volonté, que ses assaillants, qui grognaient et bavaient, doutaient qu'ils puissent parvenir à le dévorer lui aussi. D'ordinaire, cette meute aurait fuit je pense, mais là, trop affamés qu'ils étaient, ils n'étaient pas prêts à abandonner leur proie si facilement. Aucun plaisir, ni fureur ne ressortit de moi au moment où je comprenais que j'allais devoir en tuer quelques uns pour faire fuir les autres. J'aurai pu faire ressortir la bête qui sommeillait en moi pour les faire déguerpir, mais je ne voulais pas effrayer Akisa plus qu'elle ne pouvait peut-être déjà l'être.
-Tu devrais pas regarder. Lui disais-je tandis que je m'avançais vers la meute.


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Isaïe
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Ven 13 Juil 2018 - 0:45
Ce ne sont que des chiens, me disais-je en tenant en main la rapière. J'entendis Akisa reculer derrière, sans doute comme une souris contre son arbre et je devinais que son chien détaché la sauvegarderait en cas de problème. Ce ne serait pas long savais-je par avance. Ce ne furent alors ni les grognements, ni les aboiements, ou encore, ces yeux injectés de sang fixés sur moi, qui m'auraient fait vaciller. Je ne comptais même pas user mon chakra sur ces animaux, ça n'en valait pas la peine. La bave aux babines, ils m'attendaient, le poil hérissé, les oreilles en arrières, les griffes plantées dans le sol et leurs crocs à l'air. Je dressais le menton, les regardant d'en haut, sans cesser d'avancer vers eux d'un pas maîtrisé. L'instinct de survie animale était la grandeur du guerrier. Toujours, la survie y trouvait son inspiration, sa témérité. Pourquoi l'instinct est-il pour l'homme, lui aussi animal, un guide souvent plus sûr que la raison ? C'est que, dans l'instinct, c'est Dieu lui-même qui nous possède et nous gouverne ; tandis que nous échappons à Dieu par la raison et par la liberté. Malheureusement pour ces créatures, qui traquaient le mouton, c'était pour elles moi le loup, et le lion. Et quoi que l'instinct de survie était puissant, un mouton restait un mouton devant un lion, même mille d'entre eux, ne sauraient le dominer. Si je n'intervenais, ce mouton noir, aussi bestial qu'un démon, survivrait-il ?
-Je tenterais de ne pas vous faire souffrir. Disais-je bassement.

S'ils ne comprenaient pas, cela me donnait au moins bonne conscience. L'un d'eux chargeait, mais finissait coupé en deux avant de m'atteindre. Cela n'aura duré que le temps d'un couinement. Puis vint le second, et le troisième qui subir hélas le même sort sans que je n'eu besoin de transpirer, la difficulté était bien en dessous des combats Shinobi et des champs de bataille. Rien d’héroïque dans ce combat, c'était une exécution. La mort et le meurtre, même pour des animaux, pouvaient-elles seulement avoir quelque chose d’héroïque. Je faisais mon affaire, tristement et facilement. Mais un chien passait la barrière que je faisais de mon corps pour se diriger vers Akisa. Le mouton noir sauf, car le reste de la meute avait finalement fuit, je me retournais pour voir cette scène.

J'en étais captivé, tellement ce que je voyais me laissait pantois. Cette petite fille, dont le chien faisait le digne garde, cherchait à se protéger par son innocence. Le chien errant qui vint à elle, s'approchant lentement, clairement décidé à la dévorer, se trouvait hésitant devant la hargne maîtrisée de Kuro, le chien d'Akisa, mais surtout devant elle, qui morte de peur, choisissait l'innocence pour défense. Je la regardais tendre le morceau de viande vers la bête, en espérant que cela lui suffise pour abandonner l'idée de la dévorer elle. Quand je pataugeais dans le sang de mes victimes, elle en restaurait toute la beauté. Comme la perle de rosée suspendue au brin d'herbe de la prairie ; comme la goutte de miel attachée au calice de la fleur ; comme la poussière d'or et d'azur qui recouvre l'aile du papillon, l'innocence, au moindre contact impur, tombe et disparaît sans retour. Mon impureté pourtant, et celle du monde, ne touchaient pas cette enfant. Je plissais le regard, appréciant de toute mon attention les réactions du dernier chien errant encore vivant. Kuro, aurait pu se battre, mais semblait encore hésitant, veillant et prêt à bondir encore malgré tout.

Derrière moi, le mouton noir maintenant sauf, tremblait pourtant encore, parce que ce chien errant était toujours présent. Il approchait le museau du morceau viande que Akisa avait sortie de son sac pour le lui tendre. Il s'approchait doucement, et je voyais encore dans son regard toute la faim qui le tiraillait. Le laisser faire ? Je pourrais, peut-être qu'il ne lui mordrait pas la main, peut-être, mais avec un peut-être, je n'avais pas assez de certitude. Je sortais ma dague, et la jetais au visage du dernier chien. Planté sec dans la nuque, il mourrait sur le coup pour tomber devant Akisa avant que l'on ne sût s'il se serait contenté du morceau de viande. Ma cruauté se légitimait par l'assurance qu'ainsi, il ne lui arriverait rien. Je rangeais la rapière dans le dos, démarrant mon retour à elle, puis me penchant, je saisissais la dague dans la tête du chien pour la ranger elle aussi dans son fourreau.

C'est ainsi, que mon visage d'ange, aussi glacial et immuable que l'espace et le temps, fit montre de toute l'indifférence que j'avais vis-à-vis de la mort et du sang. Je n'osais croiser son regard, je ne voulais pas voir la peine ou la peur dans ses yeux. Mais je me permettais, du ton le plus doux que je pouvais lui donner, de l'aider à se ressaisir s'il y en eut réellement besoin.
-C'était noble de ta part. Mais trop risqué. Lève-toi, il faut encore ramener le mouton noir à son maître.

Le mouton noir contre son arbre, tout tremblant et encore traumatisé par ce qu'il venait de vivre, n'en était pas moins vivant. La question était de savoir comment nous allions l'obliger à nous suivre maintenant. Devant le spectacle hideux, je restais de marbre, ayant vu pire dans ma vie, je me sentais presque honteux à côté de cette enfant de ne pas en être choqué.
-La forêt saura rentabiliser cela, tu n'as pas à avoir du dégoût, c'est juste normal.

Car une fois que nous serions partis, d'autres animaux viendraient prendre les carcasses, peut-être les chiens qui avaient fuis qui sait. C'était ainsi qu'était fait le monde. Nous n'y pouvions rien. Ce qui faisait mourir certains, en faisait vivre d'autres. Je tentais, sûrement maladroitement de le lui faire comprendre et accepter. La couleur de l'innocence est si blanche qu'elle demande beaucoup de précaution pour être conservée sans tache
-Ta laisse, elle pourrait nous être utile pour ramener le mouton.


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Ven 13 Juil 2018 - 0:47
Je sentais, que la pauvre enfant n'avait pas apprécié le déroulement de l'événement. Aucun reproche dans son regard pourtant, tandis qu'elle accédait à ma requête en tendant la laisse de son chien. Lorsque je la saisissais, ce n'était pas pour me rendre directement vers le mouton. Je prenais plutôt un instant pour l'observer, elle, et son regard fuyant. Qu'est-ce qu'il fuyait ? Le spectacle oui certainement, mais même de mettre la laisse au mouton semblait lui faire de la peine. J'en étais tellement surpris. Je comprenais d'une certaine façon le pourquoi de sa réaction. Cela équivalait à l'emprisonner, quand bien même, c'était pour son bien. Malgré ce qu'elle avait vu, malgré ce qu'elle pouvait encore voir, elle s'accrochait désespérément et inconsciemment à son innocence. La sainteté s'y dessinait comme un paysage printanier tandis que je ne pouvais qu'offrir moi, un simulacre de celle-ci, derrière ce faciès bénit de béatitude et de tendresse, qui était enfoui sous la soif de sang et la mort incarnée. Honte sur moi, de ne pas comme elle, préférer la voie de la tendresse et du compromis avec la bestialité du monde.

Quand elle me regardait un bref moment, je voyais les larmes essuyées dans ses petits yeux rouges. Lavée dans le poil de son chien et ses manches, elle s'efforçait de me faire bonne figure comme si ce lui fut un devoir commandé par on ne savait quoi. Cette pause que je marquais pour la regarder silencieusement était tout ce que je pouvais offrir de consolation à sa peine qu'elle cherchait à porter toute seule. À l'innocence, on rajoutait ainsi la maturité. Combien d'adultes pleuraient et se plaignaient sans se retenir dès qu'un malheureux coup dur les touchait... Face à cette innocence, qui me coupait la voix et le mouvement si longuement, je sentais la bête en moi s'apaiser, comme un toutou qu'on aurait caressé, j'y trouvais enfin, l'écho de mon espoir, qui ne s'enfonçait pas cette fois dans le meurtre, comme ce que celui qui résiste à son penchant, et qui le combat dès l'origine, est toujours assuré de le vaincre.

Là, j'entendais le mouton bêler, me ramenant à la réalité. Ce mouton noir, qui à son tour, fixait sur lui mon regard. Cet œil bleu scintillant de pureté qui fut le mien en fut rappelé en son sein, que l'innocence de cette enfant encore immaculée, ne pouvait se le permettre que parce qu'elle était protégée. Ce mouton, que j'avais sauvé, qui avait résisté de toute sa hargne à la sauvagerie de la nature, en serait-il sortit vainqueur sans notre intervention ? Mon faciès passait de l'enfant au mouton, et là je me dis, que force fut d'admettre que l'innocent agneau n'alléguait rien pour sa juste défense, qui ne mit le loup dans son tort ; mais il ne savait pas qu'opprimer l'innocence, c'est le droit du méchant, quand il est le plus fort.

Je m'en allais vers l'animal, pour lui passer la laisse au coup, ce qu'il accepta sans rechigner, sentant sûrement qu'au cas contraire, j'aurai pu l'abandonner. Je m'adressais enfin de nouveau à Akisa. Cette petite enfant, toute mimi, qui me touchait tellement... Je lui parlais avec encore plus de douceur que je ne l'étais réellement, craignant par le simple verbe d'en ajouter déjà trop à ses tourments.
-Il faut retourner vers le berger, et lui annoncer la triste nouvelle. Allez viens.

Viens près de moi cela sous-entendait, tandis que ma voix douce sonnait ainsi d'autant que je lui parlais d'un regard haut.
-Je m'appelle Tenshi. Lui disais-je après quelques pas. Comme de ce que le gout de l'honnêteté rejaillissait naturellement d'elle à moi. Sainan — Gi — Tenshi. Terminais-je.


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Ven 13 Juil 2018 - 22:34
Le mouton noir en laisse, nous pouvions repartir vers le berger, et c'est ce que nous faisions. Au début, je n'osais pas tellement la regarder, cette enfant qui me faisait un effet si étrange, cette enfant qui endormait la bête avec la facilité du regard et de sa présence. Une aura naturelle commune a tout ce qui porte la virginité en soi. Même les animaux savent qu'ils ne faut pas dévorer les nourrissons s'ils ont d'autres solutions, même les soldats rompus au meurtre ne touchent pas aux enfants quand ils peuvent s'épargner la besogne. Sans être dupé par l'adversité, je savais qu'il y avait toujours des monstres qui en étaient capables, de ces atrocités, mais savoir que je n'en étais pas encore à cette extrémité me faisait un certain bien.

Le mouton était aussi silencieux que moi, quand nous avancions entre les arbres, par-dessus leurs racines, entre les rayons clairsemés dans l'épais feuillage, aussi dense que les broussailles que nous devions parfois écarter de notre passage. L'honnêteté dont j'avais fait preuve en lui donnant mon véritable nom, avait été récompensé d'une façon que je n'aurai pas soupçonnée. Akisa me saisissait la main, et me la tenait fortement, comme une petite fille, qui tiendrait la main de son père. Je ne m'arrêtais pas de marcher pour autant, ni elle, ni son chien qui nous suivait. Pourtant, je ne saurai exactement dire l'effet que cela me fit. Un bourgeon, qui fleurissait sur le passager noir, et le loup, la queue entre les jambes, couinait de peur, ne sachant comment repousser l'avance de la bonté et de l'innocence immaculée. Il ne pouvait montrer les crocs, il ne pouvait mordre, ce qui s'offrait à lui sans prendre de mesure de sécurité. Sans peur, la bête vit son poil se radoucir, cesser de s'hérisser, la bête se vit malgré elle devenir docile, apprécier enfin, d'être caressé....

Je la laissais toujours faire, et, je serrais moi aussi sa main, légèrement, dans mon gantelet de cendre. Une chose en moi me disait que c'était mal, que ce n'était pas mon enfant, que je m'octroyais un droit que je n'avais pas. Mais cela me faisait si chaud dans le corps, plus chaud que la cendre qui me recouvrait, que je ne pouvais me défaire de cette attention que je n'avais pas eue, ou pas su accepter, depuis tant d'années... Normalement, jamais je n'acceptais l'attachement, ni même la tendresse sans le réflexe de montrer les crocs, voire de mordre la personne qui osait s'approcher comme ça sans craindre les malheurs qui incombaient de s'approcher de moi, physiquement ou spirituellement. Mais Akiza, semblait être immunisé à toute forme de mort, plutôt, elle semblait y avoir été frappée déjà à sa façon, sans que sa blancheur n'ait eu à s'en noircir. L'innocence est pourtant la plus belle parure des femmes, celle qu'elles gardent le moins longtemps.

Je pensais alors, à mon fils, sans que je ne pusse me détacher de l'idée, de l'âge qu'il aurait aujourd'hui. Plus vieux qu'elle il serait maintenant s'il avait vécu. Mes yeux se perdaient dans le néant, au souvenir de ce bébé au bout de mes bras, qui me souriait sous les gouttes d'un arbre blanchi par la neige. Quand j'aimais, je me perdais, toujours, moi, et je perdais ce que j'aimais avec. Si cette enfant obtenait mon affection, je craignais déjà qu'il lui arriva malheur. Une superstition forgée par les années à voir passer ce qui comptait pour moi à trépas. Et l'enfance innocente, ce que j'avais de sacré à protéger, la seule chose, à laquelle je ne pouvais encore me trouver indifférent, je la chérissais au point de préférer m'en détacher que de l'entacher. La question heureusement ici, n'était normalement pas à se poser, puisqu'elle avait des parents certainement, qui était là pour la chérir, cette petite fille, lui donner le soin dont ont besoin les petites pousses pour devenir un jour de belles fleurs. Réaliser ce genre d'exploit, hélas, moi, je n'en étais pas capable, je ne pouvais en profiter que le temps de cette journée.

L’œil en coin, baissé sur elle, je lui parlais, la lumière reflétée dans cet œil bleu si luisante qu'il en perdait sa couleur, une couleur timbrée au son d'une voix suave sans hauteur, sans fierté, seulement douce, aussi douce, que la douceur qu'elle m'avait inspirée.
-Quand tu seras rentré au village, que tu embrasseras tes parents, que tu savoureras les bienfaits d'un foyer, n'oublie pas de temps en temps, d'avoir une pensée pour moi.

Et c'était tout. Une seule réclamation, que j'osais faire sans vraiment comprendre ce qui m'avait poussé vers cet élan. L'idée que cette enfant garderait un bon souvenir de moi, et qu'elle réclame à la providence de veiller sur moi, me paraissait tellement plus apaisant que les armes que je portais sur le corps. L'idée que quelque part, quelqu'un d'aussi saint, puisse éprouver de la tendresse et de la compassion pour moi, me touchait et me faisait dire que je n'étais pas aussi terrible que ce que l'on m'avait imposé d'être.
Quand nous arrivions vers le berger, il eut immédiatement le loisir de déprécier notre trouvaille. Un seul mouton survivant, un mouton noir. À son visage marqué par les années, on décelait la déception, et déjà aussi qu'il acceptait la fatalité. Il n'avait l'air guère étonné de voire qu'Akiza me tenait la main, et je n'avais de toute façon plus cela en tête. Quand nous fûmes assez proche, je défaisais la laisse de l'animal, pour la rendre à Akiza après lui avoir lâché la main. Le Berger, de l'autre côté du ruisseau, nous observait silencieusement, tandis que son mouton courrait vers son troupeau, trop heureux de se savoir de nouveau près des siens et en sécurité. En m'approchant de lui, je lui dis sans détour la triste vérité.
-Des chiens sauvages, je suis désolé, je n'ai pu sauver que celui-là... J'imagine que vous souhaiteriez être remboursés. Je ne sais pas combien ça coûte un mouton, et je ne suis pas bien riche, mais je peux vous dédommager une partie si vous voulez.
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