Katsuko marchait tranquillement aux côtés du prince. Ils étaient accompagnés de Kagami qui avait également manifesté un intérêt à aller voir cette femme qui était visiblement quelqu'un d'important. Katsuko n'avait jamais entendu parler d'elle mais elle semblait intéressée par les rouleaux et elle en avait justement un en sa possession dont elle n'avait rien à faire, autant le rendre utile.

Elle était plutôt silencieuse sur le trajet, frissonnant parfois un peu sous la pluie qu'elle commençait à détester de plus en plus. Elle suivit donc les deux jeunes hommes à travers la capitale puisqu'ils y avaient établi un petit quartier général temporaire dans une auberge du bord de la cité qui avait la marque des derniers évènements qui s'y étaient déroulés.

Arrivant finalement à la boutique, Katsuko prit les devants face à cette femme puisque Jupiter comme Juventas ne semblaient pas décider à foncer la voir. Enlevant sa capuche, la vampirette qui commençait à avoir bien faim fit un sourire un peu mitigé à cette femme attrayante, se contenant cependant à cause de la présence de ses deux camarades.

« Bonjour Madame, je viens à vous pour deux raisons. La première est que je souhaite me débarasser d'un rouleau de technique qui m'est plus encombrant qu'autre chose et la seconde... Je souhaiterais des informations. »

Retrouvant un sérieux tout en montrant le rouleau raiton au Collectionneur pour qu'elle puisse y jeter un oeil, Katsuko avala sa salive avant de poser sa question à la jeune femme.

« Il y a quelques temps, des évènements houleux à Taiyo, la capitale de Kaze no Kuni, ont débouché à la chute du Premier Cercle. J'ai entendu des rumeurs comme quoi les nobles auraient fui la ville suite à cela, et que les rebelles en auraient prit finalement le contrôle. Je souhaiterais donc savoir si vous pouvez me confirmer ou m'infirmer ces rumeurs mais aussi si vous sauriez vers où sont partis les nobles qui ont réussi à fuir et ce qui est arrivé à ceux qui n'auraient pas réussi à quitter le pays assez vite. »

Une inquiétude très légère était perceptible dans les yeux de la femme aux yeux sanguins qui avait visiblement un grand besoin de cette information pour des raisons personnelles.

HRP:

« Laissez-moi voir ça… »

La femme aux doigts aussi doux que fins s’empara du document en question. Il s’agissait d’une confection en bon état, qui détaillait apparemment tous les principes clés pour une technique Raiton. Et si sa rareté n’était pas là, la conservation de l’objet était suffisante pour que le Collectionneur lui fasse une proposition, toujours honnête.

« Je peux vous en donner cinq millions. Qu’en pensez-vous ? »

Mais comme parfois lorsqu’on venait la voir, la jeune femme n’était apparemment pas venue que pour commercer. Les renseignements qu’elle demandait étaient d’ailleurs étranges ; puisque liées à un pays plutôt lointain. Quel est le lien qui pouvait unir la jeune femme à ce pays ?

« Les rebelles ont vaincu le Premier Cercle, mais je ne sais rien de plus. Que les sympathisants de l’ancien régime aient décidé de fuir ne serait être une surprise, mais j’imagine que certains ont du ou su rester dans le désert, ou ont décidé de ployer le genou. Tout dépendrait aussi de la sévérité du nouveau pouvoir qui sera mis en place… »

Elle n’allait pas en dire plus, c’était inutile. Et puis derrière l’inconnu, un mystérieux jeune homme semblait attendre son tour…

Spoiler:

Katsuko donna son parchemin d'un air un peu ennuyé, plutôt intéressée par le vrai sujet qui l'avait fait déplacé outre la demande de soutient de Kadachi. Hochant simplement la tête en signe d'accord suite à la proposition du Collectionneur, elle écouta avec beaucoup plus d'attention et d'intérêt la suite de son discours. Mais très vite elle déchanta. "Mais je ne sais rien de plus". Tssss... Rien, que dalle. Encore du vide. Ce n'était pas avec elle qu'elle en apprendrait plus.

« Hmmm... Je vois, tant pis. »

S'écartant sans plus rien dire en empochant l'argent et en se séparant de son rouleau, la vampire alla s'appuyer contre un mur un peu plus loin, restant à portée d'oreille et surveillant que personne d'autre ne s'approchait de trop pendant la discussion de Jupiter avec cette femme du Collectif.

HRP:

La jeune femme semblait déçue. Pourtant, Le Collectionneur ne pouvait lui donner davantage d’explications ni même de réponses. Le lot de consolation serait sans doute cette vente de son rouleau de technique de bonne qualité et des quelques millions de ryôs qu’elle allait en retirer. Mais cela se sentait : elle aurait voulu en savoir plus sur la situation de Kaze no Kuni et sur ceux qui pourraient en prendre les rênes. Etait-ce une Kazejine, ou juste une kunoichi souhaitant connaître et posséder autant d’informations que possible ? Difficile à dire, tant Le Collectionneur avait vu des profils différents.

En parlant de profil singulier, celui du jeune homme qui s’était avancé ensuite en était un exemple parfait. Son éloquence, sa façon d’agir et tout cela malgré son bien jeune âge le distinguait des autres : ce n’était pas n’importe qui.

« Il n’y a que peu de choses que le Juge Blanc ignore, mais s’il vous a livré les informations sur mon identité ou sur où me trouver, c’est qu’il vous doit quelque-chose ou qu’il vous considère comme son allié, du moins pour le moment. »

Elle s’était approchée pour donner suite à la demande de ce jeune inconnu : elle regarda ses yeux, d’une couleur si unique qu’on pourrait difficilement éviter le rapprochement avec une certaine dynastie locale. Une dynastie pourtant en passe d’être oubliée.

« Etes-vous un Tenshu ? Si c’est le cas, vous avez des arguments pour rallier les gens à votre cause. Mais malheureusement, je ne peux agir que si le Juge Blanc n’y voit pas d’objection, je vérifierai ça. Imaginons qu’il aille véritablement dans votre sens… »

La jeune femme se toucha la lèvre inférieure avec son index.

« Comment pourrais-je vous aider et qu’aurais-je à gagner à ce que la situation de ce pays, propice à mes activités, change ? »

La jeune femme écoutait avec une grande intention, certes dissimulée au possible, les mots de son interlocuteur. Ce n’était pas tous les jours qu’elle était en présence d’un héritier légitime, encore moins celui du pays qui lui avait toujours été rattaché. Le Pays de la Pluie n’en avait donc pas fini avec la dynastie des Tenshu.

« En y réfléchissant, c’est avant tout ma liberté de déplacement et de curiosité qui valent tout l’or du monde. Si je puis réfléchir à votre proposition, je le ferai une fois que vous serez sur le trône, si vous y arrivez. »

Son sourire malicieux la poussa à passer la main devant le bas de son visage, comme pour masquer au mieux qu’elle était amusée par cette situation aussi inattendue que potentiellement historique.

« Basculer totalement dans la légalité la plus totale et royale serait… un grand changement pour moi. »

Petit ricanement avant de reprendre un semblant de sérieux.

« En réalité, je suivrai les ordres du Juge Blanc. S’il vous soutient dans votre reconquête, je le ferai aussi avec les moyens et le réseau qui sont à ma disposition, jeune Tenshu… »

Un nouveau puzzle venait de s’ouvrir pour la femme aux multiples astuces et connaissances. Un nouveau terrain de jeu, possiblement. Mais ce qui était sûr, c’est que si le Collectif soutenait ce jeune homme, les prochains mois seraient pleins de surprises…

Tranquillement installé dans un fauteuil, un verre de liqueur posé sur une table basse non loin, Netoi consulte les dernières nouvelles du monde shinobi dans un journal.

-Wasure no Kuni, hein… c’est donc le destin qu’ils t’ont réservé, mon ami ?

Si Fukuo n’a pas été mis à mort à l’époque, c’est certainement à cet endroit qu’il s’est retrouvé. Le pauvre Aburame doit être bien déphasé avec le monde extérieur duquel il a été isolé pendant si longtemps. Il doit avoir envie de revanche : mais le seigneur du feu de l’époque n’est pas le seigneur du feu d’aujourd’hui… l’évadé laissera-t-il parler sa colère et sa soif de vengeance ou réussira-t-il à faire preuve de sagesse ? Netoi ne se pose pas en juge : il comprendrait un désir de revanche encore fort venant d’une personne enfermée injustement pendant si longtemps. Et puis… il est encore trop tôt pour retourner à Hi no Kuni pour l’Aburame exilé.

-Monsieur, vous ne devinerez jamais qui est de retour en ville.

L’exilé lève les yeux. Un de ses hommes de mains vient de faire irruption dans son local. Une manœuvre audacieuse, qui ne peut être la conséquence que d’un événement particulièrement important.

-J’écoute.

-Le collectionneur est à Murashigure. Je me disais, vous savez… la guilde de la lune inversée a rajouté un rouleau à son dernier versement… on pourrait peut-être profiter de l’occasion pour en faire quelque chose non ?

La guilde de la lune inversée… un nom bien compliqué pour un vulguaire groupe de nécrologues adeptes d’espèces de chimères à base de cadavres… et qui ont la facheuse habitude de payer les services qu’on leur rend avec autre chose que de l’argent. Les rouleaux de techniques, c’est toujours une plaie à vendre. Il faut trouver le bon acheteur au bon moment, au risque qu’ils prennent la poussière. Et Netoi n’aime pas quand les choses prennent la poussière.

-Hm… oui, c’est vrai. Va prévenir quelques hommes de mains, on y va. Il fait quel temps dehors ?

-Pluvieux monsieur.

-Hmpf.

La boutique du collectionneur est un endroit connu des milieux soutterains du Pays de la Pluie. Netoi n’a donc aucun mal à s’y diriger accompagné de quelques-uns de ses « employés ». Une fois arrivé, il pousse la porte comme un client normal, avant de tourner la tête en direction de son « escorte ».

-Vous restez à l’extérieur. Je n’ai pas envie qu’un quiproquo causé par dix gus à l'air peu aimable vienne ruiner un si bel échange commercial.

L’Aburame essui ses pieds avec soin afin de ne pas tacher l’intérieur du magasin du collectionneur. Il y trouve la jeune femme répondant à ce pseudonyme désormais bien connu. Netoi est un homme expérimenté : ce n’est pas un joli visage qui lui fera perdre de vue les modalités d’un échange commercial.

-Bonjour collectionneur. Bon retour à Ame no Kuni.

Il s’approche du comptoir, sur lequel il dépose un parchemin.

-Vous êtes toujours dans le commerce de rouleaux de techniques ? J’ai ceci en ma possession…

HRP: