Saru bâilla, et s'étira longuement. Il s'était réfugié à l'ombre d'un haut bâtiment. Le soleil dardait de ses rayons tout le village. Et c'était à peine la matinée. Tout la journée restait à venir, sous la chaleur de plomb d'un jour où le travail semble être la dernière préoccupation de chacun. Les trop fortes hausses de températures avaient le don de ramollir Saru. Il se sentait comme fondre, et toute son énergie s'évaporait s'il ne trouvait pas quelque objectif dans lequel la canaliser. Or, en l'occurrence, il se trouvait dans une situation d'ennui profond, auquel il risquait bien de sacrifier très bientôt sa motivation du jour. Mieux valait remédier à ce problème le plus tôt possible, et se mettre dès à présent en route vers un but, quel qu'il soit.

Saru se leva, et commença à arpenter les rues du village au hasard de ses pas. Tout Iwa était pris d'une sorte d'effervescence, ces derniers jours. De nombreux événements importants devaient avoir lieu, très bientôt. L'élection d'un Kage, pour commencer. Saru était assez dubitatif quant à cette nouvelle pratique. Qu'est-ce qu'un chef du village pourrait apporter, sinon des ennuis ? Jusqu'à présent, tous les clans avaient réussi à s'unir et à agir de concert pour rénover complètement le village. Pour peu que le Kage élu soit l'un des membres des trois clans principaux du village, cela serait certainement une source de conflits entre les deux lignées lésées. Mais, même s'il affichait cette pensée en apparence, il serait secrètement été très content si un Borukan était désigné pour prendre la tête d'Iwa. Après tout, n'étaient-ils pas les pacificateurs du pays, les purificateurs de Tsuchi ? Ce serait purement légitime.

De nouvelles têtes de clan parmi les Borukan, de même que dans les autres clans du village, devraient également être choisies. Une ère nouvelle se profilait avec ce siècle. Comme si le monde entier avait décidé de s'organiser autour d'une forme de hiérarchie. Ca avait commencé avec le classement des shinobis en différents grades, et maintenant le processus poursuivait sa course. C'était certainement le signe que les relations internationales allaient changer, très bientôt. Trois puissances avaient émergé du quasi-néant dans les dernières années, trois puissances qui rivalisaient à présent de puissance, chacune ayant son domaine de prédilection et ses lacunes. A Iwa, Saru déplorait que le commerce semble accaparer tout l'intérêt des dirigeants. Peut être cela changerait-il après l'élection d'un Kage ? Toujours est-il que les choses allaient changer dans un futur très proche. Restait à savoir si cela se ferait en bien ou en mal ...

Le plus important serait de garder une cohésion aussi bonne qu'elle l'avait été jusque-là au sein d'Iwa. Ce n'est qu'en restant unis que les différents acteurs du village pourraient se démarquer du lot. Et c'était justement un schisme que craignait Saru, avec l'élection prochaine d'un Kage. Les Hyûga, particulièrement, l'inquiétaient. Ils semblaient être trop fiers pour accepter sans rechigner de se plier à l'autorité d'un shinobi étranger à leur clan, mais ils risquaient en même temps de se montrer trop autoritaires si c'était un des leurs qui arrivait à la tête d'Iwa. Le mieux serait alors peut être de choisir quelqu'un qui était étranger à tous les clans du village ...

Sans s'en rendre compte, Saru s'était dirigé vers le quartier où la majeure partie du clan Hyûga avait élu domicile. Une famille intrigante. Divisée en deux -pour des raisons qui restaient parfaitement abstraites aux yeux d'un esprit simple comme l'était celui de Saru- et exilée de son pays d'origine. Ils avaient cependant joué un rôle important dans la reconstruction d'Iwa. Et on disait leurs yeux doués de certains pouvoirs formidables, et leurs bras animés par un certain instinct guerrier. Saru n'avait jamais eu l'occasion de voir un Hyûga à l'exercice. Mais c'était certainement un spectacle tout à fait intéressant.

Il se cogna contre quelqu'un sans le voir. Simplement, il sentit un choc au niveau des épaules.

"Oh ! Pardon, j'regard pas où j'mets les pieds ! Je ... J'vous ai pas fait mal, au moins ?"