La nuit était sombre et sans lune, le moment parfait pour éviter les regards indiscrets.

Yuko s’arrêta sous le porche d’une maison et jeta un coup d’oeil autours d’elle. La rue était vide et pourtant quelque chose la gênait. Dans un village remplis de ninjas, on pouvait facilement être observé sans jamais s’en rendre compte. On disait que certains pouvaient voir à des kilomètres d’eux, alors que d’autres détectaient la présence d’ennemis simplement en se concentrant.

Yuko se dit qu’elle n’avait aucune raison d’avoir peur. Après tout, elle savait se défendre aussi bien que n’importe qui. En plus le village était presque vide, il ne devait pas y avoir tant de surveillance. Pour des raisons dont Yuko se foutait, les forces du village avaient été déployé au Pays du Feu ainsi que dans celui du Vent.

Elle sortit finalement de sa cachette, certaine que la voie était livre. Au loin se dessinait la grande arche qui marquait l’entrée du village caché des Nuages, sa destination. D’une démarche étonnamment lente, considérant ce qu’elle s’apprêtait à faire, Yuko se dirigea vers la sortie. Il était temps de partir. Kumo avait été un outil dans sa revanche contre le Soshikidan, et avec la disparition de Nara Alderan -ou plutôt, avec son meurtre-, Yuko n’avait plus rien à faire ici.

Elle avait préparé sa fuite, attendant le bon moment pour mettre son plan à exécution. Sa maison avait été saccagé, les objets de valeurs, disparus. Yuko se coupa même la main pour laisser du sang un peu partout. Tout portait à croire qu’il s’agissait d’un vol qui aurait mal tourné. Avec un peu de chance, on la déclarerait disparu rapidement. Après avoir passé l’arche, elle s’éloigna du village le plus possible avant de camper pour la nuit. Au matin, Yuko reprendrait la route pour se rendre dans sa terre natale, le Pays du Feu.

Yuko devait lever la tête pour continuer de regarder l’homme dans les yeux. Il avait l’air plus déterminé que jamais à garder cette arche. Pourtant, elle ne recula pas. Ce n’était pas une question d’orgueil, non, c’était un jeu psychologique. Il fallait lui montrer son assurance, ou plutôt, faire semblant d’en avoir jusqu’à ce ce qu’elle soit partit. Sa menace semblait être tombé dans l’oreil d’un sourd et le doute commençait à s'installer dans son esprit.

“Tu n’es pas sérieux?” railla-elle “Je te rappel que nos troupes sont parties. Ils ramèneront sûrement des malades, des blessés. Les routes sont dangereuses, et puis les missions ne se déroulent jamais comme prévu. Mais ça, tu le sais déjà.”

Elle détourna le regard pour la première fois, s’adressant au reste de la garde. Peut-être que la pression du groupe ferait changer d’avis celui qui semblait être le chef. ”Tout le monde sera bien content d’avoir de quoi se soigner à son retour, n’est-ce pas?”

Mais ça ne leur expliquait toujours pas pourquoi elle se devait de sortir cette nuit en particulier. Heureusement, son esprit était aussi aiguisé que sa lame. Yuko fit une grande geste vers le ciel vide. ”Ce soir est le seul soir ou je pourrai cueillir l’ingrédient le plus important, l’Iris de la Lune n’attend pas.”

Cette plante n’était rien d’autre que le fruit de son imagination. Par chance, la femme qui aurait pu confirmer que son stock ne contenait pas “d’Iris de la Lune” était à des kilomètres.

En avisant le regard interrogateur des gardes, la jeune fille adopta un air surpris. “Vous ne connaissez pas?” Puis, elle se tourna vers le chauve. “Toi non plus?”

Yuko poussa un long soupir, comme s’ils auraient dû savoir exactement de quoi elle parlait. “l’Iris de la Lune sert à préparer plusieurs médicaments, dont les pilules militaires et il se trouve qu’elle n’éclot que les soirs sans lunes. Si tu me fais attendre jusqu’à l’aube, il sera trop tard.”

“Une garde personnelle?” fit-elle, sans cacher le sarcasme dans sa voix “Je suis flattée.”

Elle jeta un coup d’oeil au quatre ninjas restant. C’était deux d’entre eux qui allaient l’accompagner dans sa quête du fameux Iris de la Lune.

Le chauve ne lui faisait visiblement pas confiance. Quelque chose qu’elle n’aurait pas dû dire? Peut-être que sa menace lui était resté en travers de la gorge… Peu importe, ce n’était pas le bon moment pour réviser ses techniques de manipulations. La fille hocha sèchement la tête et se dirigea vers la sortie. “Très bien, mais tes hommes feraient mieux de ne pas me ralentir, on a du chemin à faire.”

Sur ces mots, elle s'élança dans la pénombre, s’imaginant que les gardes partiraient à sa suite. Après avoir parcouru la montagne au pas de course, l’adolescente s’arrêta, ayant finalement repéré un groupe de plantes. Si elle avait bien calculé, ils venaient de courir trente minutes.

“Voilà, c’est ici,” commença-elle, sur un ton un peu plus aimable “je m’occupe de celles-là, allez cherchez celles qui poussent un plus loin, voulez-vous? Il suffit de les cueillir comme ça.”

La fille de pencha pour enlever délicatement une des fleurs, en prenant soin de garder la racine, on aurait dit que c’était vraiment son travail.

Résumé du tour:

Malgré sa demande polie, les gardes n’avaient pas bougé d’un poil. Non seulement ils n’étaient pas serviables, mais ils étaient mal élevés en plus, aucun d’eux ne prit la peine de lui répondre. Devant ce refus évident, Yuko parut surprise. “Alors vous allez restez planté là? J’aurais pensez que vous voudriez finir rapidement, votre chef est un peu sur les nerfs, vous ne pensez pas?”

L’adolescente se dressa sur la pointe des pieds et imita la voix du garde chauve. “Si j’ai aucune nouvelle de vous, je viendrais vous chercher moi-même.”

Mais comme elle l’avait imaginé, les deux ninjas ne semblaient pas avoir apprécié la blague. Yuko poussa un long soupire. “Ça va, vous avez le droit de rire. C’est une blague, c’est drôle... ”

Elle retourna à ses fleurs. Il en restait encore beaucoup, éparpillées ça et là. Yuko en ramassa quelques unes de plus pour remplir son sac. Combien en fallait-il pour faire une pilule militaire? Y’avait-il même des fleurs là-dedans? Il fallait qu’elle demande, mais à qui? La seule personne qui pourrait lui répondre ne la portait visiblement pas dans son coeur…

Au bout de quelques minutes, elle se retourna vers les ninjas qui avaient fait le planton tout ce temps. “Bien, retournons au village.”

Le petit groupe repartit par le chemin qu’ils avaient emprunté plus tôt, Yuko l’avait mémorisé, juste au cas ou quelque chose ne tournerait pas rond. Ils coururent plusieurs dizaines de minutes avant que la grande Arche soit enfin visible, avec son métal gris et froid, et l’homme chauve qui la surveillait. Yuko passa devant lui et ses troupes, ses fleurs à la main. “Le village vous remercie de votre service.”

Puis elle retourna chez elle, à la recherche d’un bon coin pour jeter ces fleurs.