Dans le ciel, la lune à la lumière opaline pointe son nez, ayant chassé depuis de longues heures déjà son frère, l'astre solaire. Couvrant ainsi cette contré du Yukan de la noirceur de la nuit et de sa fraîcheur. Le printemps est là, mais l'été semble encore lointain quand on sent l'humidité de l'air. Il serait si facilement aisé de tomber malade, ou bien de tomber tout court en vue du manque de visibilité. La route est semée d'embûches, rendant le voyage plus compliqué, plus périlleux, mais n'est-ce pas cela qui rend le tout attrayant et motivant ? Bien plus que la destination en elle-même ?
En silence, je marche dans ce pays qui m'a vu naître il y a de cela plus d'une vingtaine d'années. Et après plus de dix-neuf ans d'absence, je refoule enfin ces terres. Pays natal qui au final n'a pas tant marqué ma mémoire quand j'y étais encore. L'ayant quitté trop jeune, trop tôt, pour des raisons de survies décidées par ma mère avec pour seule explication, une lettre que je possède encore aujourd'hui. À croire qu'au final, m'a vie n'a toujours été rythmée que par des mots couchés sur un papier. Cela pourrait être poétique, si les mots en questions n'étaient pas destructeur, ravageur. Qui aimerait apprendre par une lettre que sa mère vous a livré à votre père pour vous protéger d'un clan menaçant, pire encore de vos propres sangs ? Qui aimerait également apprendre la mort de ce père qui est pour vous comme un héros par une lettre trop formelle pour être sincère et ce même si elle est écrite de la main de votre frère ? Personne et pourtant, c'est cela qui résume semble-t-il ma vie.
Mon baluchon sur mon dos, mon regard se porte au loin, pour tenter de voir, d'apercevoir l'entrée d'Iwa, ce village où je devais normalement rejoindre mon père conformément à sa demande, bien que celle-ci fut arrivée trop tard. Marchant ainsi, dans cette nuit sombre, je ne peux m'empêcher de frissonner malgré mon Hoari en laine présent sur mes épaules. Mais est-ce réellement de froid que je tremble ou bien de peur, de cet inconnu qui se rapproche de plus en plus, au fur et à mesure de mes pas ? J'ai toujours connu, ou presque, le confort et la sécurité de l'académie. La tranquillité et la neutralité de ce lieu n'est plus à prouvé et alors que je pourrais continuer d'y avoir des jours paisible, me voilà, m'approchant de ce village dont je n'ai cessé d'entendre parler ces derniers moi. L'angoisse de me retrouver face à un destin que je n'aurais pas désiré ? Probablement, que c'est cela, mais aussi la peur de découvrir un monde totalement différent de ce que j'ai pu m'imaginer. Néanmoins, je dois me montrer forte et prenant alors une longue respiration, je poursuis ma route, pour me retrouver le plus rapidement possible devant les grandes portes du village caché de la terre.
C'est ainsi, pendant encore de très longues minutes, voir même plusieurs heures que ma marche se poursuivit vers cette destination pas réellement idyllique à cause des conflits. Arrivant finalement à destination, je relève mon regard vers les portes en poussant un soupire de soulagement en pouvant lire le nom de la cité de la roche. Un lieu que mon aîné à gouverné pendant un temps, celui qui a accueillit mon clan également et qui a vu mourir mon père et mes frères pour lui. Iwa, me voilà.
Posant alors mon regard sur l'un des gardes, à qui j'adresse un léger sourire tout en dévoilant mon visage et ma chevelure immaculée. "Bonsoir, je souhaiterais solliciter une audience avec votre Tsuchikage afin de rejoindre vos rangs. Je suis Nagamasa Mikazuki, soeur de feu Chogen." Je pourrais aussi mentionner Yoshitsune, je sais qu'il occupe une place importe pour le clan et probablement pour le village, mais Chogen, est, je crois, mon frère le plus emblématique, bien qu'en réalité, rien que mon nom aurait peut-être suffit ? Après tout les Nagamasa, on pas mal contribué à ce village.