Chapitre I : Le Grand Guerrier Kagara

Il y a plus de deux-cents ans, bien avant l’apparition des premiers shinobis, à Yuki no Kuni…

Les pics enneigés faisaient sans doute partie des lieux les plus dangereux de toute l’île du Pays de la Neige. Et c’était également, de fait, le terrain d’entraînement rêvé pour les guerriers qui y habitaient, et qui faisaient respecter l’ordre et l’autorité sur toute cette terre blanche. Dès qu’on se dirigeait en altitude, il y avait presque une certitude d’entendre l’acier ou le bois s’entrechoquer.

« Relève-toi ! »

Sur l’un de ces plateaux enneigés, trois hommes combattaient. Rapidement, on pouvait comprendre que deux d’entre eux affrontaient le plus imposant du trio. C’était justement lui qui avait ordonné à celui à terre de se relever. Même en infériorité numérique, le Grand Guerrier surpassait sans trop forcer ses deux compagnons.

Les deux autres guerriers peinaient à suivre le rythme imposé par leur supérieur et modèle. La température était glaciale à cette altitude, et la difficulté à prendre leur souffle était conséquente. Ce n’était pas la première fois qu’ils étaient mis à terre dans cet entraînement des plus rudes. Et ils tardaient de plus en plus à se relever et repartir à l’assaut. De quoi énerver leur aîné.

« Allez ! Même ma femme vous terrasserait les yeux bandés ! »

Le guerrier au sol esquissa un sourire, son compère s’esclaffa. Puis ils se relevèrent pour repartir à l’assaut. Mais ils s’interrompirent et furent stoppés net. Avant que le Grand Chef ne s’énerve à nouveau, il se retourna et constata lui aussi l’arrivée d’une quatrième personne. Cette dernière leur était familière, elle faisait partie de la Tribu.

« Grand Guerrier Kagara, le Chef Yuki Obaro réclame votre présence. »

Malgré la robustesse de Kagara, il ne put s’empêcher de faire apparaître un léger rictus sur son rigide visage.

« L’expédition menée par votre femme est rentrée. »

Chapitre II : La Guerrière Umara

Yuki no Kuni était un pays glacial. Dehors, les températures étaient presque toujours négatives, hormis lors de la saison estivale. Et si ce froid pouvait permettre aux guerriers de s’entraîner, il était un problème pour les plus jeunes et les plus fragiles. On ne comptait plus les nouveaux nés qui succombaient à cause des températures, ou les femmes non-guerrières qui tombaient malades si elles se perdaient dans les monts enneigés.

Ce climat qui devenait parfois insoutenable était à l’origine d’une expédition menée par le clan Yuki, qui était le clan de guerriers le plus connu et qui dirigeait le Royaume de Yuki no Kuni, dont ils portaient le nom. Loin d’être aussi avancés que les pays dont ils ne faisaient que soupçonner l’existence, ils construisirent des bateaux imparfaits. L’objectif était clair, voir ce que l’océan cacher, découvrir des terres et ceux qui les habitaient.

Celle qui dirigeait cette modeste flotte était Yuki Umana, la femme du Grand Guerrier Kagara. Symbole des femmes Yukijins, elle était la parfaite conjointe pour celui qui était le plus féroce combattant du pays.

« Alors, comment s’est déroulé l’ex- »

Le Grand Guerrier Kagara s’arrêta net. A peine entré dans l’antre du Roi, il vit quelques Yuki blessés, en train d’être soignés ou massés par d’autres compères. Et sa femme, Umana, faisait partie des malheureux rescapés.

« Que s’est-il passé ?! »

La jeune et puissante guerrière était inconsciente. Le Roi Yuki Obaro, installé sur son trône de roche se leva et s’approcha de son ami de toujours.

« Ils ont découvert une île… ou plutôt un archipel. Mais là-bas, ils ont été attaqués. C’est un miracle qu’ils aient réussi à revenir. Elle est toujours en vie, elle est juste inconsciente… »

Le calme du Roi ne rimait pas avec autre chose que de l’obligation. Au fond, il était extrêmement peiné pour ses hommes et pour la femme de son ami. Le Grand Guerrier, quant à lui, tenait fermement les mains de sa bien-aimée. Après quelques secondes où il retint avec difficulté ses larmes, il se tourna vers le Roi.

« Nous devons construire plus de bateaux, et aller les venger ! Nous devons conquérir ces chiens, qui qu’ils soient ! »