La brise du matin caressait le visage chaque membre de la délégation tandis que le soleil se levait à peine. A peine quelques jours après notre arrivée, il était déjà l’heure de partir. Un passage éclair mais ô combien important. Si je me doutais qu'une tranquillité parfaite serait impossible, je m'étais tout de même attendu à un voyage plus calme. Exception faite des aventures personnelles et de l’accord que nous avons passé avec le Pays de la Terre, deux événements s’étaient gravés – malgré eux – dans notre inconscient.

Le premier, et non des moindres, était bien entendu l’inconcevable visite du criminel du Soshikidan Alderan. Pour des centaines de raisons, cet homme était haï. Les mots pour qualifier cet homme étaient innombrables, et pourtant, rien ne suffisait pour dresser son portrait. On ne pouvait certes retirer à cet homme son génie, mais c’est un Nara bien pitoyable qui s’était présenté à Iwa. Méconnaissable, malgré son calme et son éloquence, il n’était qu’une carcasse vide et potentiellement apeurée. Une carcasse qui fut purement et simplement brisée par le Nidaime Tsuchikage. Et cet homme avait tout mon respect pour ça.

Une inspiration lente vint gonfler mon torse tandis qu’un interminable soupir vint le dégonfler. Mon regard porté sur mon camarade kumojin, mon camarade du Kyuubu, et mon camarade de combat, je faisais face au deuxième événement. L’Ikezawa avait en effet été arrêté pour ses actes. Le Raikage arborait le même visage que d’habitude. Peut-être un certain équilibre entre le succès des discussions politiques et la déception quant aux actes de Shojito. Impossible de lire en lui, et ce n’était pas mon rôle tant que nous étions en dehors d’Iwa, de toute manière.

- On attend les derniers retardataires et on sera prêt. Je détournais le regard jusqu’aux menottes de Shojito puis vagabondais en direction de chaque membre de la délégation. Vu les récents événements et selon le protocole, Shojito sera menotté jusqu’à Kumo. Pas besoin de s’éterniser sur ce sujet.

Pour plusieurs raisons, j’avais décidé de ne pas me renseigner sur les circonstances entourant l’arrestation de l’Ikezawa. En privé ou lors d’un conseil, Shuuhei s’occupera de m’éclairer sur la situation du Jônin. Pour le moment, je n’avais ni envie de discuter de ça, ni envie que le blond soit le centre d’attention. Tout ce qui m’importait, c’était que le voyage se déroule sans emmerdes.

- Bien, heureux de voir que nous sommes au complet. Sachez que quelques iwajins feront marche avec nous jusqu'au village. Ils resteront pour une durée indéterminée. Quoi qu'il en soit, j’espère que vous avez pu profiter d’Iwa en long et en large, car, comme vous le savez, nous partons sans attendre plus longtemps. S’il n’y a aucune remarque particulière, que la délégation se mette en route vers Kumo !

Un léger sourire du Metaru vint clore notre passage à Iwa et débuta notre retour à Kaminari. Jusqu’aux portes du village, j’étais toujours chargé de la protection du groupe, donc je me mis silencieusement à l’arrière de la délégation et suivis le groupe jusqu’au village.

***

Kumo - Arche Grise - Arrivée en début d'après-midi

Le retour jusqu'au village s'était déroulé sans trop d'encombre et ne s'était pas éternisé. Au fond, nous souhaitions tous retrouver notre demeure, même si... ''certains'' allaient traverser un retour plus mouvementé que d'autres. La fatigue qui était apparue au fil du temps s'était peu à peu estompée lorsque l'Arche Grise décora le ciel de sa superbe. Les quelques gardes postés s'enthousiasmèrent du retour de la délégation et surtout de l'Ombre de Kumo. Par respect envers leur Kage, ils évitèrent d'attrouper tous les citoyens aux alentours, mais un certain enthousiasme était décelable.

Départ, départ ! Un destin inéluctable ! Iwa n’était qu’une halte où s’était rencontré deux influents dirigeants. Accords et désaccords conclus, les deux nations pouvaient s’éclipser dans leur propre berceau. Les habitants de la roche n’avaient pas grande marche à faire, étant déjà chez eux. Par contre, il était grand temps pour la foudre de retrouver les nuages. Quand bien même, Nora n’était pas née à Kumo, elle mentirait si elle affirmait n’en ressentir aucune nostalgie. Actuellement, il est vrai que la cité des nuages lui manquait particulièrement. Là-bas, elle était constamment envahie d’une adrénaline particulière lui rappelant sans cesse que la vie n’était jamais un long fleuve tranquille.
Iwa avait justement été un fleuve tranquille. Globalement tranquille. Censée représenter la délégation Kumojin, elle avait fait de son mieux pour contenir ses excès trop audacieux. Shuu avait été clair à ce sujet. Tout débordement serait hautement sanctionné. Pour l’homme qu’elle aimait plus que tout, elle s’était donc contrôlée et avait affiché au peuple Iwajin, sa plus douce facette. Mais tout le monde ne s’était pas comporté aussi sévèrement. Un homme en particulier avait fait preuve de laxisme et s’était attiré les foudres de la police locale. Un homme qui ne lui était guère inconnu, tant elle avait du mal à l’apprécier : Ikezawa Shojito.

Cachée au milieu de la délégation Kumojin, ce spectacle ne lui avait guère échappé. Une armoire à glace menottée et entourée d’Iwajin armés spécialement invitée pour le voyage. Si Shuu avait joué la carte du mutisme quant au sort qui lui serait réservé, les rumeurs allaient déjà bon train. Toujours est-il que la présence d’une autre police à ses côtés, n’annonçait rien de bon pour son avenir. Peut-être une rétrogradation qui signerait ainsi la fin de sa tutelle. Tâché par ces incidents diplomatiques, il aura de toute façon montré un bien piteux exemple à ses élèves.
Le soupir qu’elle exprima était empathique. Avoir sa version des faits ne lui aurait pas déplu, mais compte tenu de leur relation catastrophique, elle savait pertinemment qu’une discussion ne mènerait à rien. La demoiselle des sables ne s’imaginait pas demander des détails à Shuu, non plus. Même en tant que femme du Raikage, elle n’avait pas légitimité à effleurer les sujets touchants aux problèmes nationaux… Les rumeurs se chargeraient de lui donner la couleur vis-à-vis des potentielles sanctions qui pourraient être prises.

Plombée par ce regrettable incident, la délégation avait donc quitté la roche. Lors de cette rencontre pacifique, il n’y avait pas eu que du mauvais. Quitte à retenir quelque chose d’Iwa, autant se remémorer les merveilleux moments passés au milieu des locaux. Que ce soit l’infortuné populace ou les estimés Borukan, tous les avaient accueillis avec un engouement louable. Scepticisme était évidemment présent, mais Nora avait le sentiment que la barrière des différences culturelles avait su être franchi. Seul l’avenir dira où aura débouchée cette éphémère réunion…
Alors que le sort du monde était nimbé d’incertitudes, des accords entre grandes nations pourraient littéralement chambouler l’écosystème de ce monde. De nouvelles guerres pourraient éclater. Des nations pourraient se soulever contre d’autres. A contrario, le statut quo pourrait se prolonger et mener à une infinie paix. Des milliards de destinées étaient possibles. L’ex-moniale se surprit elle-même à essayer de concevoir le lendemain sur une envergure mondiale. Quelques gloussements joviaux embêtèrent ses voisines de marches. Qu’importe le chemin emprunté par le monde, l’ex-vagabonde savait quel serait l’homme qu’elle suivrait éternellement.

Kumo en vue, cette résolution n’avait pas changé d’un iota. Jusqu’au bout, elle le suivrait !

-Toutes les bonnes choses ont une fin.

Un vieux dicton qui voulait tout dire même si mon séjour à Iwa n’avait pas été si bon que ça. Enfin, meilleur que pour d’autres à priori; mais sans plus quoi. Ce petit voyage m’avait au moins permis d’apprendre deux ou trois choses sur la médecine que je n’aurais pas pu apprendre dans un bouquin, des connaissances qui ne me seraient guère utiles dans le fond, que ce soit pour mon usage personnel ou pour le projet.

Néanmoins la compagnie de cette Borukan, son franc parlé et tout ce dont on avait pu discuter avait rendu tout ceci moins insipide. Tout n’était donc pas perdu. Alors, sans me sentir obligée de dire au revoir à ceux qui m’eurent accompagné durant toute cette histoire, j’avais rejoint la « délégation » Kumojin, déjà sur le départ. Je comptais rapidement l’effectif et il ne semblait manquer personne apparemment. Pas de grosse perte à déclarer, et pourtant quelque chose paraissait différent. Mais quoi ? Et bien… Je ne pouvais mettre le doigt dessus, et je m’en fichais.

Finalement la raison et l’objectif de notre venue, avoir des alliés grossomodo, avait visiblement été rempli puisque nous repartions avec quelques-uns d’entre eux ! enfin, si on comptait les gallinacés. Je me doutais que tout n’était pas fait et que leur venue à Kumo était en quelque sorte un gage de la bonne volonté du Raikage. Un autre dicton quant à lui disait : "plus on est de fous plus on rit"... A prendre dans n'importe quel sens du terme, bien sûr.

Maintenant, il ne me tardait qu’une seule chose : retrouver mes livres et mon petit domicile, confort dont je commençais à mesurer l’importance, et surtout après ce genre de voyage. Enfin, je ne pouvais aller jusque dire que j’étais contente de retourner à Kumo, mais pas loin quand même. Certaines choses me "plaisaient" davantage là-bas, qu'ici... Etrangement.

Ainsi, après quelques échanges banals -les politesses d'usage notamment- nous nous mimes en route pour Kaminari, et il ne leur resterait qu’à voir où tout ceci les conduirait ; pendant que j’observerai, patiemment leur synergie ou leur implosion...