Il s’était mis à pleuvoir des cordes cette fin d’après-midi-là et si la kunoichi ne craignait pas la pluie, son panier de course lui en revanche… Alors elle entrait dans la première échoppe à sa portée. Une délicieuse odeur venait très vite chatouillait ses narines et la Chumani salivait un peu en observant un bol posé sur le comptoir. Elle ravalait cette dernière, non Tsu’ pas d’écart dans le budget ! Mains croisées en avant, son panier accroché à ces dernières, la fille aurait l’air un peu bête de rester plantée là et ce n’était pas très courtois non plus de profiter de l’abri du commerçant sans consommer non ?

Les senteurs se mélangeaient, harmonieuses et l’engouement des mangeurs sur place donnait un indice sur la qualité, mis à part le battant de la pluie et le bruit des ustensiles, pas un mot, quelques syllabes de contemplations au mieux ou plutôt. Quelques regards de la clientèle se reportaient vers elle, centre soudain de l’attention, va savoir pourquoi… Son petit doigt lui disait que le file d’attente derrière elle était pour quelque chose. Devant le mécontentement, la bleue avançait, acceptant la place qu’on lui libérait d’un sourire contraint. L’homme lui offrait un sourire de toutes ses dents manquantes quant à lui en tapotant le tabouret libre à ses côtés.

« Viens là, je vais te faire de la place, viens ! »

Trop courtoise pour refuser, la kunoichi s’installait à contre cœur, un regard un peu sidéré dissimulé sous un petit rictus en coin sur ses lippes pour équilibrer. C’était qu’il mangeait comme un goret en mettant partout, y compris sur elle ou plutôt sa blanche tunique qui virait à l’orange sur quelques bouts. L’homme d’un certain âge, pas si perdu comme cas finalement, s’en excusait en constatant les tâches, qu’il s’empressait d’essuyer avec sa… manche. Et ainsi son avant-bras se frottant contre la poitrine de la Chumani qui prenait quelques couleurs, mi-chauffe de rage, mi-gêne. Un frisson lui chatouillait l’échine sous la rupture de la patience proche et elle stoppait d’un geste net et vif le bras de l’opportuniste, sans perdre son calme, ni son doux fascié de façade. Son ton fut las, mais son regard et sa poigne disaient qu’elle lui arracherait le bras s’il persistait. Il s’excusait-encore, elle lui tapota la main gentiment en le poussant.

« Ce n’est pas grave, mangeons ensemble pour compenser la mésaventure. »

Crétine. S’insultait-elle toute seule dans sa tête, en pensant à son karma qui serait amélioré, à quoi bon s’énerver pour si peu, opportuniste vicelard, mais pas bien méchant et si ça se trouve, elle qui avait trop pris ça à coeur voyant le mal partout. Son océan s’apaisait aussitôt qu’il lui conseillait le menu au crabe. Ce qui lui faisait penser à Mr.Blubs qu’elle s’empressait de vouloir lui présenter en liquéfiant sa chevelure où elle ne le sentait plus. Pourtant, il était toujours là… Son regard se porter sur le reste de son corps, autour et finalement en face où le cuisinier allait faire bouillir un crabe… UN CRABE ?!!!

« Qu’est-ce que tu fais ?!!! Lâche-le !! »

Hurlait-elle au cuistot auquel elle n’avait pas eu encore l’occasion de parler, tout en lui ayant jeté la bouteille de sake du vieillard à l’arrière de la tête. Jamais elle n’avait été aussi agile que quand elle sautait littéralement derrière le compteur-foutant le bordel sur ce dernier et au sol par la même occasion, pour attraper son crabe chéri. Il avait failli mourir bouilli.

« Mr. Blubs ?!! Tu vas bien ?! »

Elle s’activait pour le récupérer en fixant le regard du cuisinier un regard froncé.

« Tu voulais servir mon crabe au dîner ?! Tu trouves qu'il a l'air d'un crabe comestible toi hein ? »

La bête faisait sortir des bulles de sa bouche en guise de mécontentement d’être agité comme ça…