Règlement de compte

Sa présence au sein de Sakana est toute récente et elle n’avait pas encore connu tout le monde. Cependant, elle n’était pas là pour profiter du confort que peut lui prodiguer l’organisation et son quartier général. Cela dit, elle n’avait pas été appelée pour réaliser une quelconque mission. La patience est de mise pour qu’on lui offre un premier boulot, quelque chose qui pourrait, peut-être, lui correspondre. Kasuga sait se montrer patiente et elle s’occupe comme elle peut, comme gérer l’organisation de sa chambre. En soi, elle fait d’autres choses, comme le ménage, cela l’occupe vraiment bien ou repère différents chemins autour de la base pour s’assurer que tout soit sécurisé. En effet, en cas de tentative d’attaque, elle peut savoir prendre l’ennemi en embuscade ou trouver un chemin sûr et discret pour prendre la fuite. Et il y avait aussi, d’autres occupations pour faire passer le temps. L’assassin prenait ses marques, s’habituer à son nouvel environnement, à sa nouvelle vie en communauté, elle qui a toujours vécu seule depuis quelques années. Cela lui faisait bizarre de vivre en compagnie de quelques personnes, mais avec le temps, ça devrait le faire.


Pour aujourd’hui, la jeune femme avait envie de bouger un peu, travailler pour le compte de Sakana. Évidemment, elle sait qu’aucun contrat ne parviendrait jusqu’à la base de l’organisation. Ils ne sont pas connus et également, leur cachette est pour le moment inconnue pour quiconque n’était pas invité. Du coup, Kasuga devait se rendre à Murashigure pour trouver un travail afin d’être payé. Habituellement, la brune travaille seule afin de ne pas être gênée ou de devoir changer ses habitudes. Cependant, elle fait partie d’un groupe et la moindre des choses, c’est d’apprendre à mieux connaître ses camarades sur leur compétence. Le travail d’équipe est primordial en faisant partie d’une organisation, du moins, c’est ce qu’elle pense. Après, Kasu peut grandement se tromper et chacun est libre de bosser comme dans ses habitudes tant qu’il y a de la communication entre eux. Pour l’instant, l’Asashin va mettre ses vieilles habitudes de côté et agir différemment. À présent, il faut juste qu’elle trouve quelqu’un de libre pour venir bosser avec elle. Déjà prête, la Mitarashi cherche après quelqu’un dans le bâtiment et tombe sur Fuyumi. « Bonjour, Fuyumi-san. Est-ce que ça vous dit de venir trouver du travail en ma compagnie ? S’il vous plaît ! Ça pourrait nous permettre de nous connaître dans le milieu professionnel. » dit-elle poliment.


Après sa réponse, le duo se dirige en direction de Murashigure, après un certain long trajet dans Ame no Kuni. Le pays comme sa capitale n’est pas le terrain de chasse de Kasuga à la base. Habituellement, elle a l’habitude d’être à Tsume no Kuni et elle connaît mieux les lieux où se rendre pour trouver du boulot. Pour ce qui est de la capitale du pays de la pluie, c’est une tout autre histoire. En effet, la brune ne connaît pas trop les lieux, du moins, elle a dû faire une ou deux missions dans le village. Cela dit, ce n’est pas clairement suffisant pour se donner une meilleure idée de l’emplacement des contrats. Marchant en ville, la brune observe les environs. Pour ne pas changer, la cité est remplie de criminels, mercenaires, bandits, hommes d'affaires corrompus et autres mauvaises graines. Évidemment, il n’y a pas que ça dans la ville, mais bon, ce sont les principaux touristes, si on peut dire ça comme ça, à se rendre dans ces lieux. « Fuyumi-san, je ne suis pas une habituée d’Ame et de Murashigure. Pourriez vous être le guide pour aller chercher notre contrat à effectuer. Ainsi, je pourrais mieux mémoriser l’endroit où se rendre pour une prochaine fois. S’il vous plaît. Navrée d’être peu utile pour le moment, Dame Fuyumi. » dit-elle d’un air désolé. Au moins, pour la prochaine mission qu’elle ira chercher, Kasuga saura où se rendre afin d’éviter qu’on la conduise tout le temps.

Spoiler:

Fuyumi était toujours présente dans le quartier général de Sakana. L’envie ne lui manquait pas de rejoindre ses proches dans leur nouveau logement au sein de la capitale, mais l’évolution du Soleil Noir l’en dissuadait. Elle ne souhaitait pas les mettre en danger par sa simple compagnie. Sa patience mise à l’épreuve, elle préférait garder sa pleine concentration sur sa foi et son objectif. Le problème n’était que temporaire dans sa vision. Une fois assise sur les ruines du Soleil Noir, elle pourrait réellement profiter de la beauté encore voilée de cette ville.

Terminant ses ablutions matinales, l’Initiatrice quitta finalement ses appartements improvisés en compagnie de Yuu. Visiblement de bonne humeur, le félin traversa le couloir pour se diriger rapidement vers la porte de sortie du bâtiment. La jeune femme à ses trousses ralentit aussitôt la cadence en apercevant Kasuga.

— Bonjour à vous aussi, l’accueillit Fuyumi avec un sourire en écoutant la requête de la nouvelle recrue de Sakana. Ce serait un plaisir, nous nous apprêtions justement à nous rendre en ville.

Le trio nouvellement formé traversa rapidement la forêt entourant le repaire pour prendre la route du centre-ville. Détournée de son intention antérieure de continuer ses investigations en ville, l’amejine demeurait ravie d’avoir l’opportunité d’en découvrir plus sur Kasuga. Les bribes énumérées par Nozomi lors de son arrivée dans l’organisation ne permettaient d’en peindre qu’un portrait incomplet. Rien ne l’accablait encore d’un quelconque tort, au-delà de sa nouvelle appartenance à Sakana, et la curiosité de Fuyumi transcendait sa méfiance.

Kasuga ne tarda pas à détailler l’intention derrière cette invitation en exprimant son souhait d’être tutorée sur les méthodes d’obtentions de contrat au sein de Murashigure. Cela ne manqua pas d’amuser la jeune femme qui fit un effort pour ne pas le laisser paraître, ne voulant pas dissuader Kasuga de se livrer ainsi sur ses lacunes.

— Pour être honnête, cela fait une dizaine d’années que je n’ai pas travaillé dans ce pays. Mon seul véritable contact restant en arrivant était Unagi, mais c’est partout pareil. Plutôt que connaitre une poignée de noms dans une fourmilière, il vous sera bien plus utile de maitriser la récolte de ces informations. Si Unagi vous a choisie, ce n’est ni pour votre politesse ni pour votre beauté, vous possédez des forces que tous les gens qui nous entourent n’osent même pas rêver. Il suffit généralement de le faire comprendre et ils viendront d’eux-mêmes pour en profiter.

Arrivant dans une des artères commerciales de la capitale, la jeune femme se dirigea d’un pas assuré vers la porte d’un établissement sobre n’arborant sur sa façade qu’un mur sans fenêtre et une pancarte où était inscrit son nom, « L’Outre-tombe ».

— En attendant que votre réputation vous précède où que vous alliez, dit Fuyumi en ouvrant la porte. Il reste ce genre d’endroits. Vous en découvrirez un bon nombre à travers la ville si vous prenez la peine de l’explorer.

S’il était difficile de deviner la nature exacte du bâtiment à sa devanture, l’intérieur était bien plus explicite. Une odeur d’alcool et de tabac se ressentait aisément, une poignée de tables comblaient la pièce principale. Dans un coin de la pièce, un comptoir séparait un vieil homme de la clientèle. Il ne semblait pas en grande forme à cause de son âge avancé, mais il travaillait assidument en essuyant les verres trainant sur son plan de travail.

— Ce sont des lieux de rencontres et de discussions. Des terres neutres si vous préférez. N’allez pas y baisser votre garde pour autant, mais peu se risqueraient à briser cette neutralité. Ils sont utilisés pour recruter, mais également pour collecter des informations, jauger la concurrence ou simplement décompresser entre pairs après une journée de travail.


S’avançant vers le comptoir, la jeune femme commanda deux verres au tenancier avant d’inviter d’un geste sa camarade à lui poser ses questions.

Sirotant son verre en silence, la jeune femme observait avec intérêt la discussion entre Kasuga et le tenancier. Un peu surprise que ce dernier disposait personnellement de missions à distribuer, elle se demanda s’il s’agissait là d’un changement des coutumes locales ou si le barman cachait derrière son poste discret une entreprise bien plus profitable. Dans sa jeunesse, les interlocuteurs de choix pour récupérer du travail se comptaient parmis les individus comme Unagi, marchands d’informations aux réseaux de contacts tentaculaires. En s’adressant à lui, elle n’espérait qu’une redirection vers un individu plus capable, mais elle n’allait pas s’en plaindre. Si la réputation de l’établissement entrait en jeu pour ces contrats, elle se voyait bien rassurée sur leur fiabilité.

— Naturellement, répondit l’Initiatrice, nous n’allons pas nous défiler pour notre première collaboration avec vous.

Jusqu’alors impassible, le vieil homme laissa passer un rire avant de tendre un dossier aux jeunes femmes.

— N’en faites pas trop non plus, cette « collaboration » n’est pas exclusive. Si je n’ai pas de nouvelles, j’enverrais d’autres personnes sur cette mission. Si le client n’est pas satisfait, vous ne serez pas payées et s’il y a un soucis avec le contrat, ce n’est pas mon problème. Si vous souhaitez une « collaboration », faites vos preuves.

Adressant un sourire au vieil homme qui venait de faire voler en éclats l’assurance de la jeune femme pour ce contrat, elle finit son verre avant de se lever de son siège et d’inviter sa camarade à la suivre. Feuilletant rapidement le dossier donné par le tenancier, elle le rendit rapidement à Kasuga.

— Pour n’importe qui, je ne conseillerais pas d’accepter ce genre de missions. Sans aucune garantie, les risques de manque de paiement, de clients problématiques ou de dangers disproportionnels rendent ces contrats peu désirables. Mais nous ne sommes pas n’importe qui, ces risques ne sont que des désagréments pour nous. La réputation est primordiale à Murashigure, mais il n’y a pas qu’en remplissant des contrats qu’il est possible d’en obtenir. Si le client ou l’intermédiaire nous font défaut, nous occuper d’eux publiquement devrait suffire à nous imposer sur cette scène.

Prenant directement la route en direction des appartements de Yushio, Fuyumi fut rapidement rejoins par Yuu préférant déhambuler dans les rues que s’engouffrer dans un bar aux odeurs hostiles.

— Je sais comment me rendre à l’adresse indiquée dans le dossier, ajouta la jeune femme, mais je te laisserai prendre la main en arrivant sur place. J’ai quelques difficultés à … communiquer avec ce genre de clients. Je ne voudrais pas gâcher ton premier travail avec mes habitudes.