Orphelinat Militaire de Urahi.

C’était le début de l’après-midi. Keshi, assis sur un des bancs bordants le parc accolé à l’orphelinat, attendait Kuroba son petit frère.
Cela faisait un moment qu’ils ne c’étaient pas vu. Un mois, peut être deux. Keshi s’en voulait, il lui était difficile de concilier les exigences que sa nouvelle vie de soldat lui imposée et maintenir une relation avec son petit frère. Celui ci en souffrait le jeune soldat en avait conscience, ils avaient toujours été très proches l’un de l’autre. La faute à la perte de leurs parents alors que Keshi n’avait que huit ans et Kuroba deux ans. On pouvait dire que le cadet des Ibara n’avait jamais connu ses parents, ne gardant que quelques vagues souvenirs de sa mère. C’est Keshi qui avait dû remplir ce rôle, enfin en grande partie: ils étaient arrivés à l’orphelinat après la mort de leur parents et si Keshi c’était très vite enrôlé à l’école militaire de l’Empire, son petit frère lui avait grandit durant onze ans à l’orphelinat.

Plongé dans ses pensées, alors que le soleil de l’après midi venait inonder le parc d’une chaleur bienvenue en cette fraîche journée d’hiver, le jeune soldat vit du coin de l’œil son petit frère arrivait.

D’une taille ordinaire pour son âge, le jeune garçon affichait toujours son sourire débonnaire qu’il n’avait jamais lâché depuis sa plus tendre enfance.
Ses cheveux noirs, héritage de leur mère, était coupé simplement en bol comme tout les garçons de l’orphelinat.

Keshi se leva du banc pour accueillir d’une franche étreinte Kuroba.

«  Ça me fait plaisir de te voir petit frère, comment vas tu ?

« Moi aussi grand frère! Cela faisait un moment! » lui répondit-il en se soustrayant péniblement à son étreinte. «  Pfiouuu toujours aussi costaud, qu’est-ce qu’il dirait a l’armée si il savait que tu te baladais pour casser les clavicules des pauvres petits orphelins hein ? »

Kuroba avait toujours eut cette humour un peu provocateur.

«  Je leur expliquerai que j’ai dû soumettre un dangereux démon se faisant passer pour mon petit frère  » répliqua Keshi «  D’ailleurs tu aurais bien moins de mal à t’en sortir si tu pratiquais les exercices physiques que je t’avais conseillé de faire! »

«  Roh c’est bon tu m’as eu… Tes exercices c’est un truc de soldat, tu sais que c’est pas ce à quoi j’aspire. » lui répondit son petit frère.

En effet, celui ci avait depuis peu décidé de marcher sur les traces de notre mère en voulant devenir paysan. L’Empire avait depuis peu lancé de gros investissements et de vastes plans de relance pour favoriser l’agriculture du pays, Kuroba souhaitait ainsi faire partie du programme permettant aux jeunes orphelins de l’Empire de pouvoir se former au métier et même avoir la possibilité de se voir remis une petite parcelle de terre pour commençait.
Si Keshi n’était pas contre l’idée, la difficile vie de paysan n’était pas ce qu’il rêvait pour son petit frère. Même si les campagnes de Hi no Kuni avaient depuis longtemps été pacifiées, les souvenirs de la sanglante période des guerres civiles qui sévissaient dans tout le pays étaient vivaces. En cas de troubles, les campagnes et les paysans étaient souvent les premiers impacté.

Malgré cela, devant l’enthousiasme démontré par son jeune frère, le soldat avait décidé de le supporter pleinement. Ayant déjà mis secrètement de côté une petite somme de ryos pour l’aider à démarrer.

«  D’ailleurs où ça en est ce projet ? demanda Keshi

«  Et bien… Justement, c’est bien que tu sois là… Heu… Il y a eu du nouveau et… Je devrais partir en formation dans une grande exploitation dans un mois… » D’abords hésitant le garçon continua d’un ton plus assuré à mesure que les mots sortaient «  C’est une super opportunité, d’autres enfants y sont déjà partis il y a quelques mois et on a eu des super retours. C’est à l’ouest de Hi, une région très verte et très paisible apparemment. C’est seulement à deux jours de cheval de Urahi donc on pourra se voir, moins souvent certes, mais comme tu l’as dit la dernière fois tu es de plus en plus pris par l’armée et… C’est très bien, je suis très fier de toi, vraiment, tu es et tu resteras mon grand frère le héros mais… Je ne peux pas rester ici comme ça, je dois moi aussi évoluer et participer à quelque chose

Keshi resta bouche bée, il avait besoin de quelques instant afin de bien comprendre.
Si il comprenait parfaitement son petit frère et que ses aspirations étaient légitimes le fait de le voir partir dans un mois ne le réjouissait guère.

Après une profonde inspiration le soldat regarda son petit frère qui avait tant grandit et ne pouvait que lui démontrer son soutien.

« Kuroba, si c’est ce que tu souhaite alors je suis très heureux pour toi… Te savoir loin d’Urahi ne peut que m’inquiéter, je ne pourrais plus être là pour te sortir de mauvais draps… Mais tu as raison c’est la vie tu as grandi, tu n’es plus le petit garçon que je portais sur mon dos sur la route en direction d’Urahi, tu es maintenant en train de devenir un jeune homme. Je te soutiens quoique tu fasses et si jamais tu en as marre de planter des carottes tu pourras toujours revenir vers moi.  »

À ces mots le cadet des frères Ibara ne put retenir une petite larme. Un soulagement se lisait sur son visage et le relâchement de ses épaules trahissait l’anxiété qu’il devait éprouver à annoncer son départ à son frère.

Les deux frères continuèrent ainsi à discuter sur le banc, au soleil, leurs rires résonnant dans le parc.
Tout les deux soulagés et apaisés pour la suite de leur avenir.

« Kuroba ! Il est l’heure de rentrer !

C’était le précepteur de l’orphelinat en charge de Kuroba. Celui-ci, chichement vêtu d’une ample tenue beige sans fioriture, venait chercher le cadet des Ibara signifiant aux deux frères que leur temps de rencontre était fini. Les horaires était stricts à l’orphelinat imperiale.

« Oh! Excusez moi Keshi-san je ne vous avez pas vu… Je m’excuse mais malheureusement c’est l’heure de la classe pour Kuroba » continua-t-il se grattant l’arrière du crâne d’un air gêné.

« Aucun problème Sensei » lui répondit Keshi accompagnant la parole à un geste de politesse, l’enseignant avait toujours était avenant avec Keshi et celui-ci savait qu’il faisait partie de ces enseignants particulièrement impliqués avec leurs pupilles. Que Kuroba soit tombé sur un tel précepteur était une chance à laquelle tous n’avait pas droit.

En se tournant vers son petit frère le jeune soldat ajouta:

« Je viendrais te voir avant ton départ. En attendant écoute bien ton sensei et prends soin de toi »

« Bien sûr grand frère !  » lui répondit Kuroba d’un sourire.

S’ensuivit une accolade virile entre les deux frères puis le plus jeune repartit en direction de l’orphelinat sans manquer de saluer poliment son sensei au passage.
Celui-ci suivit le garçon du regard avant de se retourner vers Keshi lorsque le cadet fût suffisamment éloigné.

«  Je dois vous avouer que je suis très heureux pour Kuroba. Je suis très attaché à ce petit, le voir suivre sa voie me remplie de joie… » lui dit-il laissant sa phrase en suspend comme pour inviter le soldat à la parole.

«  C’est vrai, c’est grâce à vous Sensei, je sais que vous vous êtes bien occupé de Kuroba et le voir épanouit aujourd’hui me rend heureux mais… voir tout les sacrifices que l’on a fait tout les deux pour fuir cette difficile vie de paysans… N’y voyait aucune critique envers leur profession. C’est juste… En période de troubles ce sont souvent les premiers touchés et tout le monde s’en fout… Aujourd’hui la campagne a retrouvé son calme, mais pour combien de temps encore ?  » se confia alors le jeune homme une légère inquiétude pointant dans sa voix. «  Pouvez vous m’assurer qu’il sera en sécurité la bas ? » questionna-t-il directement au professeur lui faisant face.

«  Je ne peux promettre une telle chose malheureusement, les temps sont ceux qu’ils sont mais si vous me le permettez, Keshi-San, pouvez-vous en tant que soldat de l’Empire du Feu m’assurez que se trouvait ici à Urahi la capitale nous assure la sécurité ?  »

La réponse de l’homme prit Keshi au dépourvu… Effectivement, le conflit avec les Inuzukas, la danse des empereurs sur le trône et la menace de l’Homme au Chapeau. Toutes ces menaces placées Urahi en position d’alerte même si la vie continuait à suivre son cours.
Son interlocuteur repris alors la parole:

«  Sachez que j’ai rencontré un de nos pensionnaires qui est partie l’an dernier dans cette ferme. La ferme semble se trouvait au pied d’une grande montagne, le lieu est paisible, la tâche consiste à s’occuper des larges champs et pâtures composant la ferme. La famille est très accueillante, ayant adopté le garçon comme l’un de ses propres membres d’après ses dires. Le seul trouble qu’ils semblent rencontrer sont des attaques de chèvres sauvages dans les champs. Je n’ai aucun doute sur le fait que Kuroba pourra grandir et s’épanouir pleinement là bas… N’est-ce pas là le plus important ?  ».

Après quelques instants de réflexions Keshi lui répondit avec un air visiblement soulagé

« Merci… Il semblerait que j’ai encore beaucoup à apprendre des enseignements dispensés dans l’orphelinat. Merci Sensei vos mots m’ont apaisé »

«  Avec plaisir Keshi-San, vous êtes vous aussi un enfant de l’orphelinat dont on est fiers de voir l’évolution. Vous êtes aussi une de nos fiertés… Bon je dois aller prendre ma classe, je ne peux décemment exiger à mes pupilles d’être à l’heure si j’arrive moi-même en retard n’est-ce pas ? Ahahah… Au plaisir de vous revoir Keshi-San! » fit l’enseignant, repartant donner classe tout en saluant Keshi de la main, un grand sourire au visage.

Kuroba avait vraiment de la chance d’avoir un tel précepteur !
Le jeune soldat repris la route en direction du dortoir militaire se demandant ce qu’il allait bien pouvoir faire du reste de sa journée.

«  Bah comme d’habitude je vais aller m’entraîner, je n’ai rien de mieux à faire pour me vider la tête… » murmura-t-il.