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Peu de personnes venaient au temple de Izanami. En effet, les rares pèlerins qui y viennent croient en cette divinité de la mort, comme certains membres du clan Nara croyant fermement que le Yomi leur a conféré le pouvoir des ombres. Ou alors, des personnes s'y perdent en croyant aller au temple de Raijin. Dans tous les cas, il n'y a pratiquement rien à y voir et ce lieu est oublié de la grande majorité des personnes, au point où il n'apparaît sur aucune carte. Pourtant, des rumeurs vagabondent de bouche à oreille comme quoi une yurei hante une montagne bien précise, hurlant à la mort pour prévenir qu'un malheur s'abattra sur quiconque entendrait son cri.

Une seule âme vivait continuellement dans ce sanctuaire sacré, depuis au moins quatre ans : une adolescente habillée d'un kimono noir, aux cheveux lisses d'un noir profond, la frange droite et de grands yeux bleus dans lesquels quiconque croise son regard semble se plonger dans un océan limpide. C'est elle que les rares badauds surnommaient la Banshee, ignorants de ce qui fait d'elle ce qu'elle est. Le chakra onkyoton s'était éveillé en elle depuis quelques temps et sa famille maternelle, incapables d'avoir une once de cette énergie, honteuse de voir de tels phénomènes qu'ils n'expliquent pas chez l'enfant, et pensant d'abord qu'elle était maudite, l'ont tout simplement abandonné là pour qu'une personne puisse l'exorciser, après quelques mois de pèlerinage à travers le pays de la Foudre.

La structure était sculptée à même la roche au sommet de cette montagne et offrait une vue prenante sur l'horizon. La mer scintillait au loin, le soleil était au plus haut dans le ciel d'été et la chaleur était pesante malgré la hauteur. Alors que Minako était bien au frais dans son abri reculé, elle se décida de sortir pour prendre l'air. Elle voulut admirer la vue lorsqu'elle vit au loin une jeune femme ayant réussi tant bien que mal à gravir la montagne.



« Je peux vous aider ? » avait demandé la jeune fille qui devait être âgée d'au moins treize ans. Aucune émotion n'était lisible sur son visage semblable à celle d'une poupée en porcelaine, comme si, en effet, elle venait d'un autre monde. Et pourtant, la jeune Minako était bien humaine et refoulait simplement celles-ci car elle a perdu la notion de socialisation.

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« Banshi Minako. Paraît-il que mon isolement m'exorcisera d'une yurei qui me fait casser tout objet fragile et tympans à chaque fois que je traverse une forte émotion. »

Elle l'avait dit ainsi, car elle ne savait pas que c'était le fruit de son chakra qui s'éveille quelque fois. Sa famille maternelle, civile, croyait en cette malédiction du yomi. Personne n'en a parlé au père de famille qui pourtant aurait pu comprendre de quoi il s'agissait. Par ailleurs, Minako se doutait qu'encore une fois, une âme s'est perdue en ces lieux, mais elle pourrait la laisser se reposer là pendant quelques jours. Après tout l'on voit Izanami comme la divinité des êtres putrides, sans âme, qui tuent pour le plaisir de tuer sans once d'empathie, alors qu'en vérité, celle-ci veillerait sur les âmes défuntes et frapperait tous ceux qui souillent les lieux sacrés que sont les cimetière et les dépouilles. Du moins, c'est ce que pensait la jeune adolescente.

« C'est le temple de la déesse de la mort et la destruction, Izanami. Paraît-il que l'on confond assez souvent cette route avec celle menant au temple de la Foudre. Il y a aussi le temple jumeau, celui de Izanagi, à l'opposé de celui-ci sur cette même montagne. »

Ses grands yeux bleus fixaient ceux de la demoiselle s'étant présenté comme Boumeisha. Il semblait que cette dernière avait hésité avant de donner ce nom, comme si elle s'interdisait de donner sa véritable identité. Un moyen de se protéger peut-être, auquel cas Minako comprend totalement. La petite avait un espoir d'avoir un peu de compagnie en ces temps durs.

« Vous pouvez cela dit vous reposer ici. Vous avez du courage de faire tant de route pour visiter les temples. »

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« Les émotions mènent aux sentiments, et les sentiments mènent aux larmes. Je n'ai pas envie d'y prendre part ne serait-ce qu'une seconde. On peut admirer la vue de cette hauteur qui donne sur un port au loin, lorsqu'on y est attentif. »

L'enfant paraissait si étrange et froid, mais ces paroles étaient un aveu de son comportement. Son visage ne transparaissait rien mais la demoiselle n'a que vaguement entendu parler du chakra. Ce serait une sorte d'énergie que certaines personnes se voient obtenir avec des pouvoirs divers et variés, mais Minako pensait juste à des légendes urbaines comme la plupart des contes qu'elle adorait lire, notamment sur des divinités qui étaient composées presque exclusivement de celles-ci qui sommeillaient quelque part aux quatre coins du Yuukan.

« Ainsi vous pensez donc que cette banshee est du chakra ? Quel est ce concept dont je n'ai jamais entendu parler ? Vous pensez vraiment qu'avec ce concept que vous maîtrisez vos oreilles seraient protégées par ma voix ? C'est autre chose que de chasser des ours blancs. »

Aussi, intérieurement la jeune fille n'était pas trop ravie de voir sa famille. Ils n'étaient que des bons à rien d'escrocs. Sa mère, notamment, adorait jouer de ses charmes pour voler les riches marchands qui arrivaient dans son gîte à Humy. Paraît-il que c'est ainsi que celle-ci a rencontré celui qui allait être le père de Minako.

« C'est ma famille qui m'a chassé comme si je n'étais qu'un simple démon. À vrai dire étant donné qu'on vit principalement au port de Kaminari, je suis un danger pour les marins. Je n'ai aucune envie de retourner voir ces imbéciles qui ne m'ont jamais aidé et qui ne doivent avoir aucune compassion pour leur rejeton. À part peut-être quelqu'un qui travaille quelque part sur le continent qui saurait peut-être m'écouter. »

Il est vrai qu'en cette année 200, ce village ne se nommait pas encore Kumo, et avait un fonctionnement différent, avec une hiérarchie de type soldats qui obéissent aux lieutenants qui eux-mêmes obéissent à des capitaines au service d'un shogun, à la manière des samouraï de Tetsu paraît-il. On entendit le chant des rapaces qui aimaient faire leur nid dans ces zones rocailleuses, ainsi que des cris de leurs oisillons, qui alertaient leurs géniteurs qu'ils avaient faim. Une légère brise chaude fit virevolter les cheveux d'ébène de l'adolescente.

« Je n'ai aucune connaissance sur un temple du Feu par ici. Vous disiez chercher les temples élémentaires, il y en aurait un dans chaque pays qui possède l'élément inclus dans leur nom ? Ainsi à Kaminari on y trouve le temple de la Foudre et le temple du Feu se trouve à Hi je suppose ? »