Teintant sa lame de bleu, la femme put apercevoir les yeux du jeune garçon s’illuminer à la vie de sa réplique qui fut, tout bonnement parfaite. Les flammes, la chaleur, la fumée, tout passait sous le crible de sa lame et fut annihilée pour lui éviter tout dégât. Par précaution, Hakumei fit plusieurs bonds en arrière, pour éviter tout risque d’être à portée d’une contre attaque express. C’était bien lui qui l’avait provoqué alors il se devait d’agir minutieusement.

Mais Hakumei n’en faisait toujours qu’à sa tête.

« Woaaaaah comment tu as fait ça ?! » L'enfant avait des étoiles pleins les yeux en regardant le katana tenue par la samourai. « Non non non ! Pas du tout c’est même à moi de m’excuser pour mon comportement. »

Il se gratta la tête, un peu gêné par la situation puis il s’inclina quand même respectueusement. L’esprit et le corps toujours aussi exaltés, prêt à réagir au moindre mouvement un peu trop brusque.

« Tu n’es pas d’ici je présume ? Je t’ai vu arriver par les cieux et ta présence m’a intrigué. C’est la première fois que je vois une étrangère nous parvenir depuis la mer blanche. »

Il pointa alors l’horizon, ce monde qu’il rêvait de découvrir et qui n’attendait plus que lui. Il avait tant de question à lui poser, mais sa lucidité le rattrapa rapidement. La façon dont il parlait avec une personne qu’il venait d’agresser il y a quelques instant pourrait paraître désinvolte, mais c’était du Hakumei tout craché. Il agissait comme bon lui semblait, quitte à en payer les conséquences plus tard.

« Je te dérange peut-être ? Mais si tu recherches quelque chose sur ces terres je peux t’apporter mon aide. »

Soufflant un bon coup, le jeune homme se frotte les mains en provoquant quelques explosions à peines visibles. Il se réchauffait bien comme il pouvait.

« Au fait, moi c’est Hakumei, Nagareboshi Hakumei. »

Luna. Cette fille était donc bel et bien une voyageuse, simplement de passage. Une étrangère qui avait réussi à traverser la mer blanche pour atterrir sur la terre blanche. Elle venait d’autre part, d’une terre où la roche tutoyait le ciel ?! Des vallées s’étendant à perte vue, des arbres feuillus débordant de vitalité. Alors c’était là-bas que se trouvait le rêve du jeune garçon, sur cette terre coloré et non teinté de blanc comme le pouvait l’être le pays des neiges.

Fouillant dans la petite sacoche ninja fidèlement accrochée au bas de son dos, Hakumei empoigna un bout de papier qui, déplié, se révéla être une carte du monde vierge. Pensif, essayant de la déchiffrer comme il le pouvait, il se résigna à approcher la dénommée Luna pour lui quémander de l’aide.

— « Nous sommes là. » Dit-il en appuyant du doigt une terre solitaire éloignée du grand continent. « Ou se trouve ton pays natal ? »

Il éclata de rire face à son propre culot, il n’y avait bien que lui qui pouvait tisser un lien d’amitié avec une personne qu’il avait essayée d’incinérer quelques secondes plus tôt. Il était tellement heureux qu’elle ne l’avait pas pris mal, dans le cas contraire, ils seraient sûrement en train de continuer le combat qu’il avait initié. Et à vrai dire, en l’observant de plus près, l’aura martiale qui semblait se dégager d’elle lui faisait prendre conscience de la dangerosité de cette femme. Après tout, n'avait-elle pas contrer son attaque surprise avec des réflexes et une précision terrifiante…

Et son instinct lui donna raison, elle était capable de trancher le ninshū… c’était comme ça qu’elle avait réussi à se défaire du soleil qu’il avait fait naître depuis sa paume. Les samouraïs… Alors il y en avait d’autre, leur niveau de compréhension du ninshū devait être élevé pour qu’ils arrivent à pouvoir l’atteindre sous sa forme la plus pure.

— « Encore désolé pour cette attaque surprise ! À vrai dire j’avais ”senti“ ta force et je voulais vérifier si mon instinct ne me jouais pas des tours. » Il joigna ses mains dans une énième excuse avant de reprendre sur un tout autre sujet. « Les samouraï sont tous aussi fort que toi ? »

Il tendit sa main, et une explosion dirigée vers les cieux se manifesta depuis le creux de sa main. Lentement, elle devint de plus en plus petite jusqu’à tenir dans le creux de sa main.

— « Mon ninshū me permet de faire ça. » Dit-il non sans une petite fierté. « Je suis le seul sur ces terres à pouvoir donner cette forme à mon énergie. »

Rejoignant le sol aux côtés de Luna, Hakumei souffla un bon coup. Cette soirée était tout bonnement merveilleuse, à tel point que le sourire accroché à ses lèvres ne pouvait se résoudre à partir.

— « Je suis bien un natif des neiges, je vis seul depuis quelques temps. Je m’entraîne pour devenir plus fort, et quand ce sera le cas je rejoindrait le grand contient. »

Le Nagareboshi se rendait à peine compte de l’immensité du monde dans lequel il vivait. Après tout, lui qui n’avait vécu uniquement au même endroit, retenu dans son pays natal par la peur de l’inconnu de ses pairs. Face à ses explications, Hakumei ne pouvait rester de marbre et son sang ne faisait que bouillir face aux récits d’un monde qui n’attendait que lui. Que ce soit Kaminari, Tetsu ou même Hi no Kuni, il se faisait le serment de les découvrir les uns après les autres.

Mais il devait se l’avouer, il portait envers Kiri d’entre eux une véritable rancœur qu’il n’était pas prêt d’oublier.

— « Je n’aime pas Mizu no Kuni, c’est le pays des traîtres à leur patrie. » Il souffla un bon coup avant de reprendre, son animosité semblait s’être envolé. « De tous les pays de notre monde, je devrais commencer par aller visiter lequel ? Ne t’en fais pas, le danger ne me fait pas peur. »

Il y avait tellement de lieux à visiter qu’il ne savait pas où donner de la tête. Les conseils d’une voyageuse émérite lui semblait être beaucoup plus pertinents qu’un voyage à l’aveugle d’un homme perdu sur un territoire inconnu.

Plus il entendait parler de la culture samouraï, des notions de bushido, plus il comprenait à quel point les modes de vie étaient différents, tous étaient respectables. Son arme semblait faire partie d’elle et la réciproque était vraie, un binôme complémentaire, le ying et le yang.

— « Merci… Mais ce n’est pas assez, je n’ai toujours pas trouvé le moyen de repousser les limites de mon corps. Mon style au corps à corps n’est pas à son apogée. » Après tout ce temps, tu n’arrivais toujours pas à faire comme lui.

Mais pourtant, tu étais déjà en capacité de partir. Entendre cette vérité de la bouche de quelqu’un d’autre lui fit comme un choc, lui aussi, se savait prêt, depuis bien longtemps même. Si la puissance était un critère qu’il se fixait, c’était surtout pour cacher son insécurité et son manque de confiance concernant le sort de Yuki en son absence.

— « J’essaye de limiter au maximum les combats entre les différentes tribus. Je voudrais voir mon pays se développer, mais tout ici n’est que question de force et d’égocentrisme. Si je pars maintenant… » Ses poings se serrèrent fortement.

Quitter Yuki dans ses conditions revenait un peu à abandonner les siens comme l’avait fait les Hyosa et les Yuki qu’il détestait tant.

Se laisser porter par la vague… Hakumei réalisa qu’il réfléchissait beaucoup trop à propos de chose qu’il ne connaissait même pas. Il ne faisait qu’anticiper, essayer de prévoir un futur qui l’inquiétait, dont il ne savait rien et ce dans le seul et unique but de se rassurer. Mais il n’avait pas à avoir peur, après tout n’était il pas un fier et grand guerrier du nord ?

Il n’avait qu’une seule chose à faire pour réaliser son rêve, prendre un bateau, et partir. Sans même savoir ou, il finirait bien par arriver quelque part de toute façon. Et une fois arrivée, il découvrirait la face du monde qui lui à été cachée durant toute ses années.

— « Tu as raison, c’est ce que je devrais… c’est ce que je vais faire. »

Cette femme était vraiment de bon conseil, Était-ce son expérience et son vécu de voyageuse qui l’avaient rendu aussi sage ? Peut-être que faire le tour du monde ferait de lui un homme accompli, il espérait. Lentement, ses yeux se posèrent sur le feu de joie qu’elle tentait de faire naître. Son index tendu, Hakumei vint générer une minuscule explosion, assez suffisante pour accélérer le processus et rendre cette soirée plus agréable qu’elle ne l’était déjà.

Il y avait longtemps qu’il ne s’était pas détendu ainsi. L’entraînement était devenu son lot quotidien et il ne se laissait que des maigres marges de repos.

— « L’inconnu me parait beaucoup plus attrayant soudainement. C’est peut-être en brisant cette limite mentale et sentimentale qui me raccrochais à mes terres que je progresserais réellement. »

Les shinobis des villages cachés devraient être de très puissants adversaires, il gagnerait beaucoup à les rencontrer. En visitant chaque pays, et en côtoyant ces nouveaux défis présentés par la samouraï, le garçon explosif en ressortira forcément plus grand.

— « Peut-être que ce voyage est même une étape obligatoire. Personne ne naît Alpha, mais tout le monde peut le devenir. En découvrant, en comprenant le monde je pourrais probablement les aider de la meilleure des manières. »

Il se tourna alors brusquement vers la samourai, son regard brûlait d’une flamme de détermination.

— « Et toi ? Pour quelles raisons voyages tu ? Et que t’as fait comprendre le monde ? »