L’ambiance était terne au sein des rues de KUMOGAKURE … Traversant foule et regards la tête baissée, c’était sous l’ombre d’une subtile incompréhension qu’elle sentait la méfiance de tout un chacun se poser sur elle. Sa connaissance des évènements récents restait flou. Une attaque, des cris de paniques, les eisenins s’absentant en masse, elle n’avait eu aucun mal à comprendre que quelque chose se tramait dans la ville. "Des centaines et des centaines", ultime écho persistant dans son esprit tandis qu’allongé sur son lit, elle s’évertuait à comprendre les évènements si intenses se déroulant à quelques pas de sa chambre.
*C’est quoi encore ce truc ? …* La voix n’avait été qu’un murmure mourrant aux oreilles de la jeune Kunoichi mais, elle comprit non sans mal qu’elle était la cible de ses mots. Remontant sa capuche de façon à cacher encore plus son visage, elle pressa son pas silencieux avant de s’enfoncer dans une allée perpendiculaire à la masse. Elle ne pouvait pas leur en vouloir … En se réveillant presque vingt-quatre heure après son étrange entreprise, elle avait brutalement pris la décision de sortir.
Couverte de bandages, les tenues qu’elle enfilait autre fois ne suffisait pas à cacher sa nouvelle apparence et prise de doute sur sa capacité à encaisser la pitié et le jugement des autres, la jeune fille avait pris une décision des plus atypiques. Elle ne voulait pas être reconnu et ne voulait pas attirer l’attention. Un manteau à capuche pourpre qu’elle avait négligé jusqu’à là, quelques bandages supplémentaires et voilà qu’elle se sentait enfin prête. Méconnaissable aux yeux de ceux qui l’eut connu, suffisamment couverte pour ne pas attirer l’attention des curieux, elle avait ainsi pris la route non sans appréhension.
Où se rendait-elle ? Difficile à dire même pour celle qui progressait dans l’ombre. Les limites du village approchaient, guidé par ses pas et une force dont elle n’avait pas conscience elle s’approcha ainsi de la porte. Les ninjas postés non loin semblaient le fixé avec intensité et elle eut une ultime hésitation avant de finalement s’arrêter à quelques pas de ses derniers. Se ravisant après quelques secondes de calme, elle tourna finalement les talons pour s’engouffrer à nouveau dans l’ombre.
Combien de temps s’était écoulé depuis sa dernière longue marche. Avec le temps, ses muscles déjà fin avaient fini par fondre et la fatigue se fit donc bien plus rapide pour la jeune femme. Outre la fatigue, c’est la douleur qui marqua un point final à sa longue escapade. Elle plongea sa main au fond de sa petite sacoche saisissant une poignée de pilules préparées à l’avance. A force d’habitude, les avaler était passé de tache inconfortable à simple moment du quotidien. La douleur commença presque instantanément à s’engourdir et elle entra donc dans un simple petit bar tirant cette fois quelques pièces afin de payer son ravitaillement.
Dernière édition par Saako Hita le Ven 23 Sep 2022 - 15:05, édité 3 fois
Cela faisait maintenant bien longtemps que les rues de Kumo avaient perdu un peu de leur vivacité. Depuis qu'un certain Joben avait laissé une marque sombre dans l'esprit de tout un chacun avec ses dernières actions avant sa mort. Avant que je ne prenne sa vie de mes mains... Et pourtant, jamais son nom ne ressortait dans les murmures accablés de la ville, comme si le traumatisme subit par la population avait fait émerger un mécanisme de défense cherchant à ostraciser toute trace du défunt shinobi. Pour autant, même s'il y avait une volonté claire de ne pas mentionner le nom du Nara, les répercussions de ses actions se faisaient encore sentir. Entre les regards suspicieux et les chuchotements dans les rues, l'air en devenait presque pesant. Mais si j'étais sorti aujourd'hui, ce n'était pas pour simplement me balader dans les rues infestées de doute. Non, c'était pour rendre visite à quelqu'un que je n'avais pas vu depuis de longues semaines. Avec les récents évènements, le renforcement de la pression sur le Kyubu ainsi que mes projets personnels, j'avais négligé cette tâche qui pour certain pourraient paraître anodin, mais qui signifiait beaucoup pour moi. En rentrant dans le centre de soin, je ne pus m'empêcher de soupirer. Je connaissais maintenant les couloirs de l'hôpital par coeur, même si ce n'était plus exactement pour les mêmes raisons.
Je me dirigeai vers la chambre où je m'attendais à trouver une vieille connaissance, mais à ma grande surprise, cette dernière était vide. Dans un des pots qui siégeait sur le chevet à côté du lit, les dernières fleurs que j'avais amené avaient à présent dépéri, ne laissant que des tiges noircies, fripées et dépourvues de pétales. Mes sentiments étaient partagées face à cette vision. D'un côté, je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la culpabilité face à l'image d'abandon que renvoyait cette pièce vide. De l'autre côté, si elle était vide, cela voulait certainement dire que Hita était enfin sortie de son hospitalisation. J'avais cru dans un premier temps qu'elle allait mieux lorsque je l'avais vu participé au tournoi des chunins. Mais j'avais appris peu de temps après qu'elle n'avait pas entièrement guéri, et qu'elle avait dû retourner à l'hôpital par la suite. Je plissai les yeux, serrant légèrement les poings en me demandant si elle allait mieux cette fois-ci. Mais avant que je n'ai pu faire un pas de plus, une infirmière arriva dans mon dos et m'adressa la parole, me faisant presque sursauter.
-Vous venez voir Hita c'est ça ? Vous l'avez raté de peu. Elle est sortie juste la veille.
-Oh ! Merci m'dame. Comment elle allait ?
-Elle a fini par guérir, mais elle gardera des cicatrices. Et bizarrement...elle semble s'accrocher à ses nombreux bandages même si elle n'en a plus besoin.
La conversation dura quelques secondes de plus pendant lesquelles nous échangeâmes quelques banalités avant que je ne me mette en route à nouveau. Je serais bien allé à la recherche de la demoiselle, mais je n'avais aucune piste à explorer. Elle finirait bien par réapparaître, après tout c'était une shinobi des Nuages. C'est avec cette réflexion que je m'éclipsai de l'hôpital pour rejoindre les toits des bâtiments, rôdant en hauteur pour m'assurer que tout se passait bien au village. Si aujourd'hui je n'étais pas aux portes, j'avais quand même pour directives de garder un oeil sur le village et ses habitants pour maintenir l'ordre. Cela arrivait fréquemment ces derniers temps que des disputes éclatent pour un oui ou un non, preuve que les gens étaient sur les nerfs. Et malheureusement, je n'avais rien pour soulager ce mal-être ambiant. Mais alors que cette journée semblable aux précédentes avançait, des crachotements provenant de l'appareil que je portais à mon oreille me tirèrent de mes pensées lugubres.
-Aux agents du Kyubu proche des portes, une individue recouverte de bandages, avec une capuche s'est approchée des portes du village avant de tourner les talons. Elle se dirige vers les ruelles sombres juxtaposées.
Plaçant un doigt sur l'oreille et activant par le chakra le moyen de communicition que je tentais ingjoignables, Mais je n'avais aucun temps à perdre. Une jeune femme avec des bandages ? Quelle était la probabilité pour que ça soit mon ancienne camarade de mission ?
-J'y vais, j'suis en chemin.
Ce n'était réellement pas très loin, et de plus au vu de ma rapidité, je parcourus la distance en quelques secondes. En quelques instants j'arrivai à l'intersection qui délimitait cette zone. J'eus tout juste le temps de voir la demoiselle rentrer dans un bar avant qu'elle ne quitte mon champ de vision. Et je fus un peu déçu. Elle avait certes la taille de l'assimilatrice de feu, mais ses cheveux étaient bien plus longs que la coupe au bol à laquelle j'étais habitué, elle semblait aussi plus menue et elle s'étaient habillée d'une étrange manière qui en ressemblait pas à ma collègue. Je finis par me laisser tomber au sol et m'avancer vers le bar en question. Je soupirai une nouvelle fois, et pénétrai l'établissement. Je ne tardai pas à repérer notre étrange petite fille et allai m'asseoir à se table. Je commandai à mon tour avant de me tourner vers la demoiselle et entamer la conversation avec mon habituel sourire avenant.
-Héhé bonjour m'dame ! Comment allez vous ? Vous aviez l'air...un peu perdu selon mes collègues. Vous avez besoin d'aide ?
Hita leva les yeux vers une serveuse qui semblait plus intéressé par son apparence que par sa réponse. Rapprochant ses bras de son thorax dans une veine tentative de dissimuler ses « particularités », elle leva simplement un doigt attirant momentanément l’attention de la curieuse.
-Du thé pour commencer, se sera suffisant. Avec du sucre s’il vous plait … Beaucoup de sucre !
Était-ce sa voix fluette qui rassura la femme ? Si elle n’en n’avait jamais la certitude, il serait cependant certain que cette dernière se relâcha presque instantanément dans les suites de cet échange et alors qu’elle tournait la tête pour donner dos à la jeune kunoichi, Hita pu même entrevoir un léger sourire déformant le coin de sa bouche.
Le calme sembla s’installer à nouveau. Autour d’elle les silhouettes s’agitaient autour de leur table dans un vacarme contrastant avec l’ambiance tendu des rues. Homme et femme, civil et ninja, tous avaient besoin de décompresser et finalement quoi de mieux qu’un lieu comme celui-ci ? Hita elle-même cherchait à se changer les idées. Qu’allait-elle faire maintenant ? A l’hôpital, le temps s’arrête et la vie semble s’écouler dans une sphère bien différente. Les gens vivent, les gens meurent et les patients eux ils attendent.
Le grincement de la chaise poussa la jeune femme à lever la tête. Elle n’attendait personne et personne n’avait été prévenu de sa sortie. Vêtu comme à l’accoutumé, le regard inquisiteur, ce fut un facies familier qui se détacha de la pénombre…*Ikari ?* L’avait-il reconnu ?
-Votre tasse de thé madame et votre sucre !
Disposé dans un plateau des plus rudimentaire, une chope remplit d’un liquide bouillant trônait au côté d’une coupelle plus courte mais remplit d’une poudre cristalline. Il y avait assez de sucre pour une dizaines de tasse et visiblement les propos de la jeune fille n’avaient pas été pris à la légère. Elle hocha la tête silencieusement déversant la moitié du contenue dans son verre qui déborda presque, suite à l’augmentation brusque de son volume sous les yeux écarquillés de la serveuse.
-Héhé bonjour m'dame ! Comment allez-vous ? Vous aviez l'air...un peu perdu selon mes collègues. Vous avez besoin d'aide ?
S’il ne l’avait pas reconnu, c’était qu’il était là pour une autre raison. Dans son ton et son attitude, une méfiance latente régnait alertant la kunoichi sur cette dernière. L’alerte avait rapidement été donné et clairement, les propos comme les regards dirigés vers elle au cours de cette journée n’étaient pas anodin. Il était presque vexant de ne pas être reconnu par un « Ami ». Ravalant son orgueil réalisant presqu’à contre cœur qu’elle et sa crise existentielle de la veille étaient à l’origine de cette méprise, elle décida de rompre le silence après quelques secondes de réflexions sur la réponse la plus adaptée.
-Une nouvelle prison me tend les bras visiblement … Au moins aurais-je l’honneur d’y être amené par une vieille connaissance.
Elle ne souriait pas bien que son ton se veuille taquin. Alors qu’elle finissait sa phrase ses cheveux torturé semblèrent s’enflammer subrepticement, créant ainsi une fine lumière éclairant un peu mieux ses traits et ses yeux maintenant rougeoyant. S’il ne la reconnaissait pas, elle risquait gros. Malgré tout, au stade où elle en était, la possibilité de se faire trancher par la lame solidement attachée du kumojin ne semblait pas si effrayante.
Lorsque je m'installai aux côtés de la demoiselle aux bandages, ma présence sembla l'interpeler et elle leva la tête légèrement pour couler un regard dans ma direction. Si ma présence la dérangeait, elle n'en laissa rien transparaître dans sa gestuelle. Ses traits toujours cachés sous sa capuche, il m'était impossible d'établir un portrait fidèle de mon interlocutrice pour l'instant. Mais quelque chose dans la forme de sa mâchoire et dans la posture de la jeune femme me rappelait décidément quelque chose. J'avais la désagréable impression d'être devant un tableau que j'étais censé reconnaître, mais le flou qui s'ajoutait par-dessus rendait cette identification impossible. Ma brève analyse fut interrompue par l'arrivée de la serveuse qui fit glisser sur le comptoir une tasse où reposait un sachet de thé,du sucre, et une petite carafe d'eau fumante devant la demoiselle. Elle tourna alors la tête vers moi dans une attitude interrogative bien connue des serveurs, mais je déclinai son offre d'un mouvement de tête, et elle finit par s'éloigner. C'est à ce moment là que j'en profitai pour aborder la demoiselle.
Si la quantité de sucre versé dans le thé pouvait en choquer plus d'un, c'était bien évidemment un détail qui me laissa en grande partie indifférent. Même si, à ce stade, le thé avait certainement plus un goût de sucre que de thé, et je n'étais plus réellement certain du bénéfice qu'apportait ce dernier. Mais là encore, ce n'était pas un sujet qui allait me tracasser très longtemps, et je passai rapidement dessus. Ce qui attira d'avantage mon attention, fut la réaction de mon interlocutrice lorsque je l'interpellai. A l'appellation "madame", elle sembla de manière infime se crisper. Etait-ce quelque chose que j'avais imaginé, ou était-ce bien réel ? Pourtant j'étais à peu près sur que c'était une femme, ou du moins en apparence. Peut-être était-ce simplement un Henge, et qu'il était en réalité un homme sous cette apparence féminine, ou était-ce encore une autre obscure raison. Mais cela m'intrigua jusqu'à ce que j'entende la voix de la demoiselle lorsqu'elle finit par me répondre. Une voix que je connaissais bien, et que je n'avais aucun mal à reconnaître, même si elle avait perdu beaucoup de son énergie. Mon visage s'illumina en un instant.
-Hita ? C'est bien toi alors...? Haha pas d'raison que j't'emmène en prison, t'as rien fait d'mal.
Pour le moment en tout cas. Maintenant je comprenais un peu mieux pourquoi elle s'était crispée un instant plus tôt. Je ne l'avais absolument pas reconnu. En même temps il était difficile de me blâmer, elle ne m'avait pas exactement rendu la tâche facile. Des cheveux d'une couleur entièrement différente, une silhouette un peu plus fine, une capuche qui dissimulait une bonne partie de son apparence...Bien évidemment, maintenant qu'elle relevait la tête vers moi, je pouvais voir que la forme de son visage n'avait globalement pas changé, ni la couleur de ses yeux ou encore sa manière de faire rougeoyer sa chevelure. Enfin, ce dernier point, elle le valait d'avantage à sa nature d'assimilatrice. Et comme si elle cherchait à s'assurer que je l'avais bien reconnu, elle demanda alors pour Atorasu et le tournoi. Cela faisait un moment que je n'avais pas vu ce dernier, lui non plus, mais il avait guéri de ses blessures depuis bien longtemps et n'était juste plus dans la circulation. Quant à son succès lors du tournoi...et bien la réponse n'était pas aussi joyeuse.
-Nop, c'est Hideko qui a gagné l'tournoi. Tu sais, j'suis passé te voir y a pas longtemps à l'hosto, et on m'a dit qu't'étais parti hier. Mais qu't'avais gardé tous tes bandages...Pourquoi ? T'es pas guérie ? Et puis t'as un sacré nouveau look !
Il me semblait que l'infirmière m'avait assuré le contraire au sujet de sa guérison bien conduite, et elle ne semblait pas non plus comprendre la persistance de ces bandages. Il devait certainement il y avoir une raison derrière ces changements plus que drastiques. Des changements qui me mettaient, quelque part, mal à l'aise...
-Comment tu vas sinon...?
Cette dernière question avait été posée avec un ton bien plus sérieux, et bien plus profond. Qui n'avait bien évidemment rien à voir avec le sucre au thé qu'elle venait de prendre, mais d'avantage par rapport à la dernière mission que nous avions effectué ensemble. Une mission qui avait coûté cher, un prix qu'avait en grande partie payée l'assimilatrice de flamme. L'objet d'un de mes plus grands regrets...
Hideko ? Le sourcils d’Hita se redressa subtilement lorsque le nom de cette dernière fut évoqué. La manipulatrice de métal et Hita s’étaient croisés à quelques reprises. Des souvenirs flous vinrent doucement taquiner son esprit tandis qu’un constat à la fois triste et nostalgique s’imposa à elle. Si le temps semblait s’être figé dans l’enceinte de l’hôpital, les connaissances d’autre fois elles avaient continuée à évoluer. Hideko devait avoir bien changé depuis et alors que son attention se reportait sur son interlocuteur, l’évolution de ce dernier la marqua aussi.
Il était sûr de lui, droit sur son siège et une certaine puissance se dégageait de lui. A peu de chose près, il lui rappelait sa première sensei et cette simple sensation suffisait à terminer d’enfoncer le clou pour la jeune femme. Préférant sourire que se lamenter face au blondinet, elle acquiesça finalement tout en portant la main à sa capuche qui continuait à attirer bien trop de regard à son goût. Les bouclettes vertes tombèrent donc en pluie sur son regard tandis qu’elle réfléchissait à la réponse à apporter à son camarade.
-Guérie … ? C’est vite dis tu sais … . Les médecins sont formels sur un point les lésions nerveuses que j’ai subies ne guériront jamais entièrement.
Comme pour appuyer ses propos elle plongea sa main dans sa sacoche et en tira deux comprimés quelques porta instantanément à sa bouche.
-Après sur le plan physique j’ai quasiment cent pourcents de mes capacités ! Ça aurait pu être bien pire j’imagine.
Elle ne répondit pas au sujet des bandages. Ikari le remarquerait probablement mais ce choix, bien que mystérieux aux premiers abords était en fait justifié par le simple manque de raison valable du côté de la jeune femme. Ses bandages étaient devenus partie intégrante d’elle-même, mémoire indissociable des évènements qu’elle avait traversé et dans la suite de cette idée, leur présence était donc devenu un fait naturel pour elle.
-Sans paraître désagréable, je préférerai parler de toi ? Tu as l’air d’avoir énormément progressé depuis la dernière fois, parle-moi de toi !
Détourner la conversation la méthode ultime pour faire oublier son omission …
A l'évocation du prénom de la Metaru, l'assimilatrice sembla surprise, mais pas réellement perdue. Elle savait qui était la blonde au tempérament de feu. Suite à ce constat rapide, je la vis m'observer distraitement sous l'ombre de sa capuche pendant quelques secondes avant de reporter son attention ailleurs. Je me demandais ce qu'elle voyait chez moi. De la même manière que j'essayais de situer la Hita que j'avais sous les yeux par rapport à celle que je connaissais autrefois, elle devait certainement faire un exercice similaire. Elle avait changé, il n'y avait pas un doute sur cela. Si déjà auparavant elle n'était pas des plus loquaces et avenante, les derniers évènements de la mission que nous avions faites n'avaient pas l'air d'avoir arrangé cela. Et je ne pouvais pas la blâmer pour ça. Un nouveau pincement vint serrer mon coeur à cette pensée. Lorsqu'elle mentionna sa guérison, elle me fit rapidement comprendre que celle-ci était toute relative. Si elle avait en effet récupérée l'entièreté de ses capacités physiques, les pilules qu'elle avala devant mes yeux curieux témoignaient des séquelles qu'elle garderait certainement à vie.
Au reste de mes questions, elle décida d'adopter la stratégie bien connue de l'esquive et du détournement de sujet. J'avais connu des changements de sujets bien plus subtil que ce que venait de faire la jeune assimilatrice, mais je ne comptais pas insister pour autant sur le sujet. Dans le même temps, elle enleva sa capuche, laissant tomber les boucles vertes devant son visage. Une couleur qui détonnait particulièrement avec le rose naturel et habituel de sa chevelure. Une autre manifestation évidente du changement de la demoiselle. Mais je me concentrai à nouveau sur les paroles de la demoiselle. Elle semblait avoir remarqué que j'avais progressé par rapport à notre dernière rencontre, et elle avait bien raison. Je hochai la tête d'un air un peu pensif pour lui signifier qu'elle avait correctement deviné avant de prendre la parole.
-T'as raison. Je me suis beaucoup entraîné depuis notre dernière rencontre, et je continue à le faire.
Ces quelques paroles toutefois ne semblaient pas juste. Je m'étais amélioré, il était vrai, et la véracité de ces quelques mots n'étaient pas à remettre en doute. Mais la tournure que prenait la discussion ne me semblait pas correcte. Lorsque j'avais appris qu'Hita avait quitté l'hôpital, j'avais été à la fois heureux et triste. Je m'étais mis en tête de la retrouver, et l'appel que j'avais reçu avait intensifié cette flamme qui sommeillait en moi. Pour quelles raisons ? Elles étaient simples. Je n'avais pas eu l'occasion de lui dire certaines choses par le passé, de lui faire valoir ma culpabilité. Je savais qu'elle ne désirait peut-être pas en parler, mais je tournai mon regard vers l'avant et commençai à vider mon sac. C'étaient des choses que je ne faisais que rarement, encore moins avec un tel sérieux. Mais j'avais le sentiment qu'aujourd'hui c'était le jour pour le faire.
-Tu sais...j'ai eu le choix de passer chunin il y avait quelques temps. Quelques temps avant cette mission. Yondaime-sama m'avait laissé le choix. Devenir chunin, et donc un meneur d'homme, ou rester genin. J'ai choisi de devenir chunin ce jour-là, mais je savais ne pas être prêt. Alors j'ai demandé à ne pas avoir la responsabilité d'une équipe, au moins quelques temps. Le temps de devenir plus fort. Le Raikage m'a prévenu que je ne pourrais pas fuir éternellement mes responsabilités de ninja de classe moyenne. Et lorsque cette mission nous a été donné, vous étiez ma première équipe à charge. Mais je n'étais pas assez fort. Pas assez fort pour vous couvrir, pour vous mettre en sécurité.
Mon poing se serra à l'énonciation de ces vérités. Je n'étais pas prêt, à cette époque-là. Pas comme je l'étais aujourd'hui. Les souvenirs remontaient, et à l'heure d'aujourd'hui, je savais que je n'aurais pas réalisé cette mission de la même manière. J'avais entraîné ma sensorialité, et je continuais à le faire encore aujourd'hui. J'étais devenu plus rapide, plus fort, plus incisif. Je me redressai d'avantage sur mon siège et mon regard se fit plus dur.
-Je n'ai pris aucun élève depuis. Jusqu'à récemment. Mais je tenais à m'excuser auprès de toi. Si j'avais été meilleur à l'époque, j'aurais peut-être pu éviter ce qui s'est alors passé. Mais sache que je suis devenu plus fort. Et que je continuerai à devenir plus fort encore.
Mon regard s'était alors planté dans le sien, cherchant ses yeux pour lui transmettre ma détermination et ma volonté. L'échec que j'avais subi lors de cette mission m'avait longtemps hanté, et continuerait certainement à le faire encore longtemps. Tout comme la mort de Joben. Mais je ne comptais laisser aucun de ces éléments perturber mon ascension. Car si je voulais devenir plus fort, c'était avant tout pour moi, mais aussi pour éviter que mes erreurs ne se reproduisent à l'avenir. Je ne comptais pas laisser les évènements m'abattre. Et j'espérais qu'Hita y voyait cette flamme, dans mon regard. Puis ce dernier s'adoucit avant que je ne continue.
-Au fait, ça fait longtemps que j'n'ai pas vu Mairu-san. C'était ta sensei, non ? Alors ça dit quoi d'ton côté ?
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