La jeune femme aux yeux rubis était attablée à l'hôpital où elle passait sa dernière nuit. Depuis peu, elle avait retrouvé une mobilité suffisante pour ne plus avoir besoin de rester sur place, et quand bien même elle devait continuer de pratiquer les exercices indiqués par Yoshiko, elle ne voulait plus s'enfermer dans ce lieu somme toute assez glauque, où la mort planait toujours dans l'ombre de chaque couloir.

Que ce soit les personnes âgées qui venaient y recevoir l'extrême onction ou des soldats trop blessés qui y rendaient leur dernier souffle, ce n'était sincèrement pas le lieu dont rêvait l'informatrice pour son propre bien être. D'autant plus que la nourriture n'y était pas fameuse, et si quelques escapades lui avaient permis d'éviter de finir déprimée par ces assiettes fades au possible, ce n'en demeurait pas moins sensiblement pesant. Et elle n'était plus parfaitement la bienvenue, à séjourner ici et occuper un lit alors qu'elle était capable à nouveau de se battre.

Prenant sa plume et son encrier, Katsuko se mit à la tâche et commença, de son écriture soignée, à envoyer sa requête à la plus haute instance de la capitale d'Hi no Kuni actuellement en activité, le Porte-Parole de l'Empire qui n'était autre qu'un autre Shinrin. Elle ignorait comment elle serait reçue si jamais elle l'était, mais il fallait qu'elle parvienne à attiser ne serait-ce qu'un peu l'attention du bougre.

D'après Kisara, il avait une vision plutôt rabaissante des femmes, ne les voyait que comme des objets. Mais ça, c'était banal aux yeux de l'ancienne fille de noble qui avait vu les côtés les plus sombres et viciers d'une grande cité. Sans doute Urahi n'était pas bien mieux que Taiyô sur ce sujet.

Calligraphie parfaite, encre de qualité qu'elle avait payé à prix élevé, papier tout aussi soigné, la vampire recopia son brouillon une fois certaine de ses mots, évitant ainsi toute chance de rature ou de laisser aller. Elle savait l'importance de l'apparence pour ce genre de personne, autant y aller avec soins pour ne pas faire mauvaise impression et mettre toutes ses chances de son côté.

À l'attention de Shinrin Yoshio, Porte-Parole de l'Empire du Feu,

Bonjour, je suis Chinoike Katsuko, mercenaire indépendante qui réside dans votre cité depuis environ un mois.

Par la présente, je souhaiterais quérir une audience auprès de vous concernant un accord que j'avais passé avec l'Empereur en échange de mon aide pour subjuguer le samouraï mort-vivant qui a sévit dans les ruines de Shîto et qui a failli nous coûter la vie à tous, ainsi que pour aider vos recrues à se former au ninjutsu.

Sans nouvelles depuis la révolte qui a secoué votre cité, je ne vous saurai que trop reconnaissante de m'accorder un peu de votre précieux temps pour essayer d'arranger ma situation qui, si elle peut se finir dans de bons termes, vous sera, j'en suis certaine, d'autant plus profitable.

Avec l'expression de mes salutations respectueuses,

Chinoike Katsuko, alias Neiko

Se relisant une nouvelle fois puis pliant la missive, la kazejine s'étira puis se dirigea vers la sortie, prête à aller faire transmettre sa lettre. Sur l'enveloppe, elle avait donné l'adresse de l'une des tavernes de la cité. Si jamais elle parvenait à retrouver Kisara et effectivement être hébergée chez la Shinrin, elle pourrait toujours repasser demander si un courrier n'était pas arrivé pour elle. Enfin, si elle avait le luxe d'avoir une réponse dans la journée, elle comptait patienter quelques heures à ladite taverne. Qui sait, peut-être aurait-elle de la chance ?

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