Un bordel monstre régnait dans l’appartement du centre-ville de Kiri, les différents meubles tous collés les uns aux autres, des vêtements par terre dans des amas à peu près ordonnés distinguant brièvement ce qui était propre et ce qui était sale. Des boites au sol, servait de récipient à l’excédent de vaisselles et d’outils d’entretiens. La circulation devenait difficile d’une pièce à une autre depuis le déménagement définitif de l’Anaï, un constat assez simple pouvait être fait dans le petit appartement.
Eyana : « Fuso, je pense qu’on manque vraiment de place. »
La collocation dans cet appartement avait de toute manière était abordée par les jeunes femmes comme une solution temporaire, mais l’enchaînement récent des missions et des devoirs de la future Chûnin ont fait que le temporaire est peu à peu devenu structurel laissant place à un espace de vie fortement dégradé pour les deux jeunes femmes. Que ce soit le fait qu’elles sont forcées de se faufiler dans l’entrée car il n’y a plus la place de passer autrement que de profil ou bien la multitude de mobiliers observant la même fonction étant entassés les uns contre les autres comme une meute de hyènes autour d’une charogne. Illustrée ici par l’espace de circulation.
Eyana : « Je vais bientôt devenir Chûnin, et avec l’argent récent de notre engagement plus régulier, je pense que l’on peut se mettre à rechercher un nouvel appartement si tu le souhaites… Ou bien je peux réemménager de mon côté si tu préfères. »
L’Anaï appréciait la collocation mais peut-être que ce n’était pas mutuellement partagé par la Mikami qui avait eu le temps de voir les défauts dans le mode de vie de la tatouée. Jamais vraiment à la maison, peu impliquée dans les tâches ménagères et consommant des quantités astronomiques de nourritures tout en imposant un régime très strict. Elle pouvait être autant source d’inspiration qu’une pression permanente au sein du domicile.
La première étape du duo serait certainement de trouver un quartier.
Au nord, en inaccessible, il y a le Quartier des clans nobles de Kiri, c’est là-bas qu’on trouve le Domaine Yuki et Kaguya et en leur bordure sud, l’hôpital et les geôles, respectivement rattaché au Clan Yuki et Kaguya.
Juste en dessous, toujours au nord du village mais un peu plus au centre, on trouve le quartier administratif. C’est là où vivent la plupart des haut gradés militaires, hauts administratifs et la haute bourgeoisie de la ville. C’est quasiment uniquement des maisons et très peu d’appartement qui se sont de plus en plus étendue depuis le centre en direction des domaines claniques jusqu’à finalement y être collés. Officiellement, les geôles et l’hôpital de Kiri sont dans ce quartier.
Au centre, où se trouve le Palais de la Brume se trouve le Centre-ville, aussi appelé le Quartier Marchand. C’est quasiment exclusivement des successions de boutiques, d’étals, de bâtiments administratifs, de salon de thé et lieux de jeux et de beuverie, c’est là où est concentrée la vie nocturne de Kiri avec le quartier du port Naragasa. Ici, les logements sont presque aussi chers que le Quartier Administratif mais ce sont principalement des appartements en complexe.
Le Quartier du port se trouve à l’ouest du centre-ville, en forme d’arc de cercle, il couvre une partie plus modeste de la vie nocturne de la ville par le biais de ses hôtels, auberge et taverne. Il y a également le grand chantier naval de Kiri, le port en lui-même et de très nombreux entrepôts. Le reste du quartier est des maisons et appartement allant de la classe moyenne à modeste.
A l’est se trouve le quartier militaire, originellement réservé aux Ninjas de Kiri et Ashigaru du Daimyo lors de leurs passage au village caché, c’est désormais devenu principalement un quartier destiné à la classe moyenne, souvent militaire, du village. On y trouve nombre de Chûnin et Jônin ainsi que quelques Genins un peu plus fortunés mais aussi de la bourgeoisie moyenne et des familles de commerçants excentrés. Le quartier garde sa dimension historique et son aspect très martial dans ses bâtisses parfois organisés en domaines résidentiels.
Au sud se trouve les deux derniers quartiers de la ville. Plus à l’ouest, on peut trouver le quartier des artisans, directement collé au quartier du port et de son chantier naval, c’est aussi là que se trouvent les forgerons, menuisiers, charpentier, couturier et armurier du village, c’est comme un petit monde à part où il n’y a que très peu de passage hormis les livraisons de matériaux, artisans, leurs familles et les délégations commerciales. La nuit, c’est probablement le quartier résidentiel le plus calme de la ville, même si on doit évidemment faire avec les odeurs plus on se rapproche de la mer et des inévitables tanneurs.
Au sud-est, on trouve le quartier de l’eau ou appelé quartier du souvenir. Il est destiné normalement à la population travaillant dans les services, les petits emplois administratifs ou des emplois intérimaires ou saisonniers. C’est en réalité un quartier destiné à la population la plus modeste de la ville où sont entassés de trop nombreuses personnes. Dans certaines parties, il y a une forte criminalité qui règne malgré la militarisation du village. A la porte de l’eau, collé au quartier en dehors des murs, se trouvent une extension du quartier qui n’est composé que de routes de terres et d’habitation de fortune. La présence du complexe shinobi aide à renforcer la sécurité dans le secteur, mais certaines parties éloignées du centre martial restent très pauvre et avec de nombreux groupes criminels actifs imposant leurs propres lois.
Si le quartier Noble était à exclure, l’ensemble des autres quartiers de la ville étaient une possibilité. Au vu de leurs moyens, le choix du quartier impacterait directement l’espace disponibles dont elles disposeraient. Si Eyana et Fuso avait déjà longuement parler des différents quartiers de la ville si bien qu’elles avaient toutes les deux une bonne vision de l’organisation de la ville, il restait la question de savoir lequel allait recevoir leur faveur.
Eyana : « As-tu une idée, déjà, d’où tu souhaites déménager ? »
Dernière édition par Anaï Eyana le Dim 28 Aoû 2022 - 19:51, édité 1 fois
J’ouvre les yeux. C’est une matinée comme les autres. Enfin, non, justement, c’est le jour du grand ménage. Néanmoins, avant de commencer à récurer de fond en comble l’appartement, je prends mon petit-déjeuner et une fois n’est pas coutume, m’autorise une coupe de saké au petit matin. L’occasion pour moi de constater l’horrible tâche qui m’attend : des tonnes de fringues à laver, de la petite culotte au kimono de luxe, en passant par les gants renforcés et les sandales cloutées. Vient ensuite la serpillère pour les sols, enfin, quand on aura astiqué chaque recoin de la baraque jusqu’à voir son reflet dedans, il restera à affronter des montagnes de vaisselles. Qu’on me demanderait de nettoyer les écuries d’Augias que ça serait un boulot plus simple et moins stressant. Une fois le ventre plein, je m’attaque au grand nettoyage, surtout la lessive en fait : je commence à manquer de fringues propres et je n’ai pas envie de recycler mes frusques de la veille. Je m’attelle à la tâche avec une grosse bassine et entre deux kimonos dans l’eau savonneuse, Eyana vient me voir avec une simple remarque qui s’accueille seulement par le silence, tant elle est évidente.
« Oui, nous avons besoin d’un nouvel appart et j’ai bien ma petite idée si le quartier à choisir : le quartier militaire évidemment ! » Là où traînent tous les ninjas de la cité. « J’ai bien une petite idée de la baraque. »
Je termine la lessive et nous nous mettons en route. Le quartier militaire en lui-même est assez bien situé : non loin du centre du village, c’est le plus rentable niveau qualité prix. On évite les désagréments des quartiers pauvres, avec nos soldes, on peut y obtenir une maison de taille moyenne et si le quartier des artisans est un peu loin, ce n’est pas non plus un problème. La vieille ville est assez agréable à vivre, avec des bâtiments en dur qui allient praticité et esthétique, loin des démonstrations de richesse du quartier noble et des maisons de la haute administration de Kiri. Durant la marche jusqu’au quartier militaire, c’est aussi l’occasion de découvrir l’architecture locale et il faut admettre, les bâtisseurs savaient ce qu’ils faisaient à l’époque : contrairement aux complexes d’appartements qu’on peut trouver ailleurs, les logements réservés aux soldats sont de meilleure qualité. Pour la plupart des maisons dans le style traditionnel continental, avec de grands panneaux de papier de riz et d’autres en bois, pour se protéger de la pluie et du vent lors des plus violentes tempêtes. Bien sûr, on retrouve aussi des toits en chaume pour certaines habitations particulièrement vieilles, mais ce n’est plus la norme et avec les rénovations progressives, difficile de trouver des bâtiments authentiques des tout premiers jours de Kiri, bien avant qu’elle n’acquière son nom actuel. Mais, si le quartier militaire a mes faveurs, ce n’est pas forcément pour ses pavillons avec jardin, même si c’est un argument de poids. Non, c’est plutôt l’accès à l’eau potable qui m’intéresse.
« Là ! » Je pointe du doigt un aqueduc qui se déverse dans un canal du secteur martial. « On a de l’eau, en masse. » Sans compter les fontaines qu’on trouve un peu partout.
Je m’assois sur le rebord de l’une d’entre elle et y remplit ma gourde : elle a un petit gout ferreux qui n’est pas pour me déplaire. Je tends mon outre à Eyana.
« Tu en veux ? J’ai toujours aimé l’eau de source, par rapport à la flotte récupérée via l’eau de pluie ou les quelques ruisseaux qui ont été détournés pour la plèbe, celle-ci a un bon gout. D’ailleurs… » Je pointe du doigt les colonnes de pierre que nous voyons. « Avant que Kiri ne soit un village ninja, c’était un paradis de la pègre et le quartier militaire était le lieu de résidence de la plupart des gros bonnets en ville. Ils se sont fait bâtir des châteaux d’eau en plus des aqueducs et des fontaines, la plupart des maisons ont une fontaine à domicile et sont connectées au réseau d’égout. C’est beaucoup mieux que la cabane au fond du jardin où le pot de chambre comme dans d’autres quartiers. Mais viens, il y a un endroit qui conviendrait bien je pense. »
Bien sûr, il y a tout un tas de baraques qui sont à vendre, c’est une mobilité sociale perpétuelle à Kiri : les genins crèchent où ils peuvent. Les chuunins s’installent au quartier militaire. Les jonins déménagent ensuite avec les hauts fonctionnaires et les officiers d’état-major dans le quartier administratif. Les plus riches où les mieux mariés se posent au quartier noble. Pour ma part, j’avais trouvé un logement délaissé par d’autres pour une raison toute simple : les escaliers. Car en effet, qui voudrait loger dans un château d’eau ? Moi je veux bien. J’ouvre la porte du logement qui est vide, personne ne se donne la peine de fermer, c’était la demeure de l’ancien gardien, avant qu’il ne démissionne.
« Si on oublie les escaliers, nous avons un rez-de-chaussée avec jardin, puis deux étages qui nous appartiennent. Loyer minimum, eau courante, égout et surtout la vue. » Je n’ai pas les clefs pour le sommet du château d’eau et la cuve, mais en ouvrant une fenêtre, nous avons un accès aux échafaudages qui mènent directement à l’un des points les plus hauts de Kiri. On voit toute la cité et à l’exception du phare, il n’y a pas meilleur perchoir. « Sympa non ? Le quartier militaire semble le plus accessible et le mieux fréquenté. »
La main de la Céleste se pose sur la gourde et absorbe quelques gorgées d’eau toujours plus fraiches et plus agréables que l’eau au goût bouchonné de la haute mer, même si le rhum et le citron savent la parfumé, c’est toujours mieux au début qu’à la fin du voyage, surtout si cette dernière traîne en longueur. La visite d’une ancienne demeure de gardien de château laisse cependant Eyana assez indifférente, si l’emplacement et le logement sont une bonne affaire, elle espérait de son côté à quelque chose de mieux.
Les escaliers n’étaient pas vraiment un problème pour les jambes dessinées de la guerrières qui voyait dans son optimisation perpétuelle de son mode de vie, là une occasion de plus de se dépenser et donc de se muscler. C’était plutôt les facilités et tous les moments où elle était forcée à rester statique ou assise qui la stressait et lui pesait mentalement. Préférant en plein milieu d’une lecture de livre, prendre une pause pour faire une série de pompe ou de fente, chose qu’elle paierait plus tard sur ses articulations vu qu’elle ne s’échauffait pas.
Ce n’est pas comme si l’utilisation des Portes ne lui garantissait pas déjà une santé corporelle lourdement détériorée.
Sutefanu Yaza : « Aaaaah mais voici mes petites chasseuses de la journée ! »
Un homme aux cheveux courts, la quarantaine, un sourire idiot sur le visage, deux yeux globuleux, une carrure d’homme-soja qui n’inspirent pas confiance à la combattante, il a l’aspect intégral avec son kimono de l’homme qui a beaucoup d’argent sans n’avoir jamais produit quoi que ce soit de réellement utile à la société. Son nom était au Palais de la Brume dans la gestion des biens immobiliers, le village n’ayant pas encore était assez dégénéré pour céder la gestion des parcelles de terrains à des groupes privés. Il se nommait Sutefanu Yaza, et toute personne ayant voulu se loger dans Kiri avait eu à faire à lui et son équipe. Il semblait en permanence au top de sa forme sans rien inspirer de vraiment glorieux à son sujet.
Sutefanu Yaza : « Alors alors, j’ai reçu des budgets assez différents vous concernant !! Ce premier logement est le moins cher que nous ayons dans le quartier pour un espace incroyable ! Il est très typique, il faut par contre savoir qu’il y a quelques traces de moisissures difficilement récupérable en raison de l’humidité ambiante. Si vous voulez les régler, il faudra faire quelques travaux, mais c’est une excellente affaire !! »
L’Anaï fait le tour tout de même, elle regarde les différentes chambre, la pièce de vie, le logement en lui-même a de quoi accueillir une famille. Il y a trois chambres en haut avec une salle d’eau et un petit salon et une pièce de stockage. Le bas dispose d’une grande chambre, d’un salon, d’une cuisine séparée avec un stockage et d’une salle d’eau. C’est au moins quatre à cinq fois plus grand que l’appartement actuel.
Eyana : « Autre chose ? »
Gêné par la brève réponse peu enthousiasmée d’Eyana, l’administratif vient saisir une sorte de monocle dans une des poches de son kimono pour venir l’enfiler avant de déplier un porte document rempli de papier tout en répondant avec une voix grelottante d’excitation.
Sutefanu Yaza : « Oh oui oui !! Si vous préférez, j’ai également une maison dans un grand domaine proche des remparts de la ville. Sinon j’ai aussi un petit domaine, initialement destiné à accueillir les Ashigarus du Seigneurs de l’eau désormais réamménagé grande villa, c’est par contre légèrement au dessus de votre budget à vous Anaï-San, je ne parle même pas de celui de Mikami-San.. Sinon, il y a aussi un grand appartement, de plein pied, plus proche du centre-ville. »
Restait à savoir vers lequel Fuso allait vouloir se diriger, Eyana, de son côté, restait plutôt muette à la liste.
En voyant la dégaine du personnage qui se présente à nous, sorti furtivement des ombres comme s’il avait toujours été là depuis le début, j’ai un lent coup d’œil vers ma camarade : on va se le farcir toute la journée celui-là ? Ce n’est pas un spécialiste de la dissimulation, mais il pourrait, s’il passe ses journées à débarquer comme ça, il m’est avis qu’il a dû en effrayer plus d’un. Je croise les bras, sceptique, et ne rajoute rien en l’écoutant : oui, c’est peu cher, oui, il y a beaucoup d’espace, oui, il y a de l’humidité, c’est un château d’eau. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil. Le manque d’enthousiasme d’Eyana me contamine, à moins que ça ne soit l’inverse, car nous sommes toutes les deux perplexes devant cet homme qui nous présente plusieurs bâtiments à visiter dans le quartier.
« Donc, une grande maison, une villa hors de prix et un appartement de plein pied au centre-ville. » J’ai une pause, « pourquoi proposer une villa si elle n’est pas dans nos moyens ? On ne va pas gonfler le budget d’un coup. L’appartement ne répondrait pas vraiment à nos besoins, ce serait encore plus cher que notre habitat actuel et sans doute pour le même espace. Ne reste que la grande maison près des murailles. » Au lieu de dire bonjour aux collègues le matin, on va les saluer le soir en rentrant à hauteur de l’enceinte de la cité.
On suit sans grande conviction le chasseur de logement jusqu’à sa prochaine proposition, une maison non loin des murailles, loin de tout dans le quartier militaire, si ce n’est d’une fontaine d’eau de source et d’un aqueduc. C’est un quartier résidentiel assez commun, où logent des genins pour la plupart, néanmoins, c’est un joli domaine qui nous y attend. Une grande maison, avec un beau jardin et des murs solides en pierre de taille, un ancien manoir qui devait appartenir à un membre de la pègre qui aujourd’hui est loué pour une somme abordable, la faute à son éloignement du centre-ville. L’intermédiaire reprend.
« Une petite fontaine à l’extérieur, le réseau d’égout, beaucoup d’espace et de rangement. Difficile à nettoyer néanmoins, notamment par sa grande taille. Beaucoup de fenêtres pour laisser entrer la lumière, une cuisine avec un foyer central qui ravira les marmitons, trois chambres. -Le chauffage ? » Il lui suffit d’entendre ma remarque pour pâlir à vue d’œil. « Pas besoin de préciser, on se les gèle ici. » J’ai un regard vers Eyana. « Tu encaisses les températures toi ? J’ai l’impression qu’à l’intérieur comme à l’extérieur, il fait froid. »
Néanmoins, nous faisons la visite du jardin qui est un peu en friche. Sans être une pelouse impeccable, c’est vert et cela constituera un terrain acceptable pour l’entraînement. L’endroit est spacieux.
« Qu’est-ce que tu en penses toi Eyana ? Pour ma part, je ne suis pas très enthousiaste, la maison est très grande, sauf si on organise les beuveries les plus orgiaques de tout le Sekai, je ne vois quel usage nous pourrions avoir de tout cet espace. »
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