Aux abords d'une matinée où l'air soupirant des astres s'était succédé à la fraîcheur d'un frima offert par la grâce des Neiges sur les côtes de la Brume, une silhouette voguait, nonchalante, au creux des dédales d'un temple où la foi se mêlait au combat. Du coin de l'œil, ses iris fines percevaient quelques apprentis aux mains d'une Gun'i rodée à l'effort et à la victoire ; glissaient sur les courbes d'autres avides de connaissances affairés à l'extérieur. Il n'y avait de réel appétit que celui de la dignité dans la joute, que l'amer découverte de sa propre faiblesse : ainsi laissait-on son corps encaisser la rude épreuve des jours mourants face à la langueur de l'hiver, espérant voler un peu de cette vie évanescente qui quittait peu à peu la nature dans l'espoir de lui survivre.
Shimizu Menma紫水メンマ, tsuijūsha
Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de cet observateur, dont les épaules roulèrent avec désintérêt face à une telle vue. Ses pas le menèrent, d'une familiarité qui avait tout de celle enseignée par une geôle, auprès de ses quartiers – un espace maigre, où se tenaient les plus précieux biens d’un prisonnier : livres, concoctions réglementées et savoir imprimé dans les recoins de son être. Sa main se munit d'une encre, sa dextre d'un fragment de paperasse encore dépourvu de tracé. Assi sur les rebords de son bureau, toutes deux furent conjointes au gré de ses pensées. Elles dessinèrent, minutieusement, les formes et les mots qui sauraient parvenir à l'âme qui s'en trouverait graciée. Celle qui, en son for intérieur, pouvait refléter bien des atouts et des connivences à ses yeux : un échange de bons procédés, dira-t-on.
Bien assez tôt, son orfèvre en fut terminée, emballée par le soin et l'alliage d'une bonne corvée. Elle le mènerait par la suite à héler l'un des passants avides de reconnaissance qui se hissaient par-delà les frontières du temple pour découvrir ses recoins. Son contenu serait relu, certainement – cela, la jeune femme pourrait le voir – afin de s'assurer qu'aucun murmure ne serait glissé trop près de la tentation : mais cela faisait bien longtemps que l'éphèbe d'argent s'était rodé à une telle pratique.
« Allons allons... »
La pulpe de son doigt vint lisser l'embout de cette lettre cachetée, dont l'encre avait été savamment couverte d'une enveloppe de fortune et nouée d'une cordelette. Voguant dans le déséquilibre que son poids suggérait à la gravité, elle n'était maintenue que par celui que l'individu faisait peser sur sa gangue de papier – le carreau d'une carte n'attendant que d'être jouée.
« Voyons donc si mon petit oiseau mordra. »
à l'intention de gozan arukisa jônin de la brume
Chère Arukisa,
Lors de notre dernière entrevue au temple du lycoris, vous m'aviez sollicitée afin de vous instruire sur l'art des concoctions et des potions. Venez me trouver dans les prochains jours, aux abords de la fin de journée – lorsqu'une heure nous sépare encore de la quiétude de ces quartiers, où la foule quitte les lieux et seul restent ces moines éternels.
Tu reçois une lettre de Shimizu Menma, qui t'invite à le rejoindre dans les prochains jours afin de faire suite à votre entretien précédent. Tu peux considérer, dans ta prochaine réponse, que vous vous retrouvez d'ores et déjà le jour-même, dans la salle principale de l'Han'en.