Le temps est passé depuis les événements opposant Iwa à l’Homme au Chapeau et ses sbires. Seika n’oubliera jamais ce jour où sa vie aurait bien pu s’éteindre, face à l’ultime antagoniste du Yuukan, son nécromancien et ce Nara Alderan et ses ombres terrifiantes. Un être aussi frêle ne devrait jamais avoir à se retrouver si proche d’une telle accumulation de puissance. La reconstruction du village file bon train, depuis ce jour, et de son côté la brune n’a eu de cesse de s’entraîner jour après jour pour améliorer ses capacités. Sa force est plus grande, son chakra plus fin, et sa détermination inébranlable…

« Seika, arrête de rêvasser et occupe toi des soins du patient de la 8 ! »

La voix de Kabuto résonne dans le hall, coupant net les pensées de la jeune fille, qui se tourne vers le médecin-ninja et avec une voix sérieuse, mais basse, elle lui rétorque :

« Un peu moins de bruit, vous gênez les patients. »

Ce n’est plus son premier jour à aider, ici. Si Seika n’a pas encore obtenu le saint graal malgré son année d’apprentissage et d’observation de la médecine ninja, elle est tout de même autorisée à aider pour les tâches les plus basiques. Bien entendu, elle assiste régulièrement à des opérations, parfois très périlleuses, sans pour autant être aux commandes. Les pratiques, les gestes, la posture : tout est ancré dans son esprit, et le sang ne l’effraie plus depuis bien longtemps. D’ailleurs, l’intérieur du corps humain n’est plus si terrible à ses yeux, et aucun soin ne la rebute.

Sous les brimades de son mentor – en l’absence de la plus belle des rubicondes – la Yawa se précipite vers la chambre en question pour changer les pansements d’un ninja blessé en mission. Le pauvre est tombé dans une embuscade lors d’une mission de rang D : il devait sauver un chat, mais tout un groupe de ses congénères l’attendait et l’ont bien amoché. Elle enchaîne ensuite avec d’autres patients pour des problématiques similaires, avant de s’éclipser dans un endroit supposé être vide en ce moment : le bureau de la directrice.

Sans un bruit, elle installe son attirail, à savoir un poisson décédé récemment. Elle s’applique alors à son entraînement quotidien : insuffler la vie dans cet être qui n’a pas eu beaucoup de chance. Depuis le temps, il ne lui faut pas beaucoup de temps pour y arriver…

« Je sais faire cet exercice parfaitement, et depuis des mois… Pourquoi Kabuto ne me laisse pas soigner des blessures mineures sur les patients ? »

Boudant dans son coin, la châtaigne attrape le livre sur lequel elle s’est arrêtée la dernière fois, qui explique divers éléments de la médecine un peu poussés, allant au-delà du simple soin de plaie ouverte...

Un nouveau jour se lève, et Seika se rend comme souvent à l’hôpital pour aider, afin d’apprendre comme à son habitude. Ce jour-là, elle s’apprête à s’occuper des soins quotidiens de patients, mais une voix l’interpelle au loin, dans un couloir sombre. Elle se fige, puis se retourne doucement pour finalement voir la silhouette s’avancer à un rythme bien lent jusqu’à arriver à son niveau :

« Bonjour Seika. Tu peux oublier tes tâches pour aujourd’hui, tu n’es plus habilitée aux soins des patients… Suis-moi. »

Lui dit simplement Kabuto, avec un ton et un air tous deux sérieux. Cela a pour effet de générer un stress important sur le mental de la Yawa, qui s’exécute sans protestations. Le médecin-ninja la conduit dans une salle où elle est déjà venue de nombreuses fois, à savoir une salle de consultation. Dedans se trouve un homme d’âge moyen dont le bras est assez sévèrement ouvert entre le coude et le poignet. La châtaigne jette des regards à la plaie, au patient puis au docteur, se demandant de quoi il retourne.

« Je t’ai observée, durant ces derniers mois, et je pense que ta maîtrise de l’irou a beaucoup progressé. Tu ne pourras pas encore être titulaire, ni exercer dans tes missions, mais sous contrôle d’un titulaire, tu pourras désormais pratiquer sur de vrais patients. Tu as toute ma confiance, Seika. »

L’adolescente est prise de court. Elle qui voulait tellement passer aux choses sérieuses ne sait même plus comment réagir lorsque le moment se présence finalement. Ce qui la sort de sa torpeur est le léger gémissement de douleur du blessé, qui lui rappelle que la situation n’est pas à l’hésitation. Se reprenant aussi vite que faire se peut, la Chûnin s’approche du patient.

« Bonjour, je m’appelle Seika et je vais m’occuper de votre blessure ! »

Les présentations terminées – de son côté en tout cas – la jeune fille s’empresse d’observer la plaie plus en détails. Kabuto n’aura pas été injuste avec elle, pour une première intervention en situation réelle : la déchirure est assez propre et ne touche ni les muscles, ni l’os. Sans plus attendre, la châtaigne applique ses mains autour de l’écorchure, puis commence à y concentrer son chakra médical. La lueur verte s’étend sur toute la longue de l’ouverture dans la chair du patient, et même si cela prend un certain temps, la peau semble miraculeusement se reformer là où elle n’était plus, quelques minutes auparavant. Cela a pour effet d’émerveiller la Yawa, qui n’avait encore jamais pratiqué sur un être humain jusqu’ici. Le temps de soin est relativement long, mais au bout du compte l’essentiel est obtenu : celui qui se trouvait estropié en arrivant repartira avec à peine quelques engourdissements temporaires. L’adolescente se tourne alors vers son mentor de substitution, un peu épuisée par son acte.

« Bien, je pense que tu es assez mature désormais pour savoir ce qui n’a pas été… Tu devras travailler là-dessus, car un ninja-médecin qui est épuisé après avoir soigné une blessure assez banale ne sera pas d’une grande utilité à cet hôpital et à ce village. »

Il la met ensuite au repos, lui demandant de revenir ici-même lorsqu’elle aura suffisamment récupéré.