Hitsugaya venait de se faire convoquer par Hideo. Il s'était rendu à la tente de commandement, là où se trouve généralement le chef du Fukyuu. Là, il entra après avoir passé les gardes à l'entrée sans besoin de protocole. Après tout, il était un des lieutenants de Hideo au sein de leur troupe de combat. En dehors de Hideo et du guetteur, il était devenu par la force des choses, la troisième personnalité du Fukyuu. A peine entré dans la tente, le samouraï remarqua la présence de plusieurs femmes, habillées très légèrement, mais aussi Hideo au centre de la tente, dans un siège rudimentaire et pourtant assez costaud pour accueillir son poids conséquent. Une choppe d'alcool à la main, et une femme sur sa cuisse, le bonhomme avait retrouvé des couleurs lui qui avait été battu à la régulière par celui qui était devenu le champion de la troupe : Shushioka Zanzu. En grand leader, et grand combattant, Hideo avait su maintenir son pouvoir sur la troupe. Ses excès pour les banquets et les femmes n'avaient d'égal que sa force au combat. D'un regard vif s'était intéressé à Hitsugaya dès son entrée.

_ Alors ! Voici l'arrivée du grand Hitsugaya ! Dit-il d'un ton taquin le regard brillant avec toutefois une lueur moqueuse.
_ Tu m'as fait appeler Hideo ? Répondit le colosse de sa voix rauque.
_ Les Satsuma te confient une mission... Une enquête... Dit Hideo en tendant la main vers la table.

Au milieu des victuailles et de la boisson, se trouvait un parchemin. Le guerrier se déplaça vers la table tout ne se privant pas de lorgnée les déesses qui se trouvaient en ce lieu. Certaines d'entre elles lui rendaient ses regards avec des réactions d'invitations, mais très peu appuyées. Après tout, qui oserait afficher quoi que ce soit de contraire à la volonté d'Hideo dans a tente ? Ni elle, ni Hitsugaya, aussi intrépide qu'il puisse être. Portant sa main sur le parchemin après être enfin parvenu à la table, le samouraï le déplia et en lu le contenu :

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Il hocha la tête puis la tourna vers Hideo. Ce dernier tripotait littéralement une de ses conquises ne se gênant de rien.

_ Une enquête ? Pour moi ? Le guetteur n'aurait-il pas fait l'affaire ?
_ C'est toi qu'ils veulent... Répondit Hideo avec une lueur à la fois mystérieuse et malicieuse dans les yeux.

Le samouraï maintint son regard sur Hideo un moment avant d'abdiquer. S'il devait répondre, et il n'avait pas d'autre alternative, il était obligé de donner son accord tout de suite. Une formalité, voilà ce dont il s'agissait. Cette formalité était pourtant nécessaire.

_ OK je vais m'en charger...
_ Je n'en doute pas Hitsu... Je n'en doute pas... Et maintenant laisse moi seul avec mes... nymphes... Ahahahah...

Hitsugaya hocha de la tête et sortit de la tente. Au dehors il huma l'air et se résolut à aller se préparer afin de répondre à la mission qu'on lui avait confiée.

Il n'en revenait toujours pas. Habituellement, c'était le guetteur qui était envoyé pour ce type de mission et généralement, il faut dire qu'il se débrouillait pour les réussir avec brio. Il avait de toutes façons cette aisance à tisser un réseau et à la maintenir, un réseau d'informateurs bien entendu de telle sorte qu'avant même que les informations ne parviennent à Hideo, lui était déjà au courant. C'était d'ailleurs lui qui en informait le boss. Le guetteur était utilisé en campagne en amont de la troupe pour préparer le terrain, mais en temps de paix, comme la période relative où se trouvait la troupe, c'était aussi lui qui était utilisé pour ce type de mission. Il était assez curieux que les Satsuma préfèrent, cette fois-ci, désigner directement un exécutant, qui plus est en le choisissant lui. Quelle pouvait bien en être la raison ?

S'étant rendu à sa tente, le Satsuma s'était préparé. Il avait récupéré ses deux armes, ses deux katanas ainsi que sa ceinture contenant une kyrielles de coutelas. Le reste de son équipement était plus sobre ce qui lui permis de rapidement se préparer et d'en terminer. Il prit néanmoins le soin de prendre une gourde d'eau. Il en prenait toujours une pour le trajet. Ayant terminé, il retourna chez Hideo lui dire qu'il s'en allait et s'enquit d'une information qui ne lui avait pas été communiquée : où se trouvait ce fameux paysan à rencontrer ? L'information acquise, le Satsuma s'en alla en direction du lieu de rencontre avec celui qui avait été à l'origine de cette requête inopinée.

C'est à ce que l'on pourrait considérer comme les portes de la ville dans laquelle ils se situaient tous que le Satsuma se rendit exactement là où il était attendu, soit ce que l'on pouvait considérer tel un bâtiment, en réalité, une construction de bois faisant à la fois office de tour de garde et de mirador. Au pied de l'édifice, le samouraï y trouva d'un coup d'œil, son homme. Un paysan à première vue, à en juger sa mise, son visage marqué par les années de labeur au soleil et son habillement sommaire. A ses côtés, deux gardes avec qui il discutait en blaguant et en philosophant sur la vie.

_ C'est vous le paysan ?
_ Ca en a tout l'air n'est-ce pas ? Salutation samouraï ! Dit le bonhomme d'un ton qui rappela à Hitsugaya les bonnes manières.
_ Il est vrai. Salutations à vous vieil homme. Salutations soldats.
Ces derniers hochèrent de la tête. Le samouraï après un coup d'oeil vers eux, poursuivit en s'intéressant au cas du paysan
_ Et si nous allions sur les lieux du délit ? dit-il d'une voix rauque et d'un ton sec qui ne laissait aucune place à la suggestion. Le paysan obtempéra. Il ouvrit la voie suivit par Hitsugaya.

Le Satsuma chemin faisant, se mit en tête de discuter avec le paysan. Cette mission ne lui plaisait pas du tout, lui était plus partant pour des missions ayant comme qui dirait une saveur guerrière, pour les missions qui pouvaient amener à du combat, de la rixe, du danger, du sang et de la sueur. Cependant le profil de cette mission, la plus basse d'ailleurs dans l'échelle de ce qui pouvait être confiée à un combattant, portait sur une enquête. Il lui faudrait parler, discuter, échanger et essayer de trouver des indices lui permettant in fine de retrouver celui qui pouvait être à l'origine du vol. Autant le dire tout de suite, ce n'était pas sa tasse de thé, surtout à cause de ces aspects liés au blabla interminable qu'il entrevoyait d'ici. Il avait mis plusieurs longues minutes à marcher silencieusement avec le paysan avant de briser le silence. Par chance, soit soit interlocuteur n'était pas bavard, soit sa carrure était telle qu'elle lui imposait naturellement le silence.

_ Alors vous m'expliquez cette histoire ? Dit tout à coup le Satsuma en brisant le silence.

Le paysan tourna la tête vers le samouraï. Il lui répondit peu après, comme s'il se donnait le temps de rassembler dans son esprit ses souvenirs.

_ J'ai remarqué il y a deux jours que mes réserves de riz avaient été bien entamées. Généralement, dans le village, ce genre de choses n'est pas envisageable. Il n'y a personne qui pense à faire ce genre de chose. Je veux dire... On se connait tous et aucun de nous n'est filou au point de faire ce type de bassesses. On s'aide pour tout, même pour cultiver et chacun a au minimum quelque chose dans son grenier... Il jeta un coup d'œil attristé vers le samouraï. L'on décelait aisément la détresse dans son regard.

Hitsugaya croisa le regard du paysan. Lui était un homme dur, un homme façonné dès sa tendre jeunesse à Tsume no Kuni. Il ne connaissait que la vengeance et la loi du plus fort. Il savait qu'en ce monde, il y avait nulle place pour ceux qui se lamentent, raison pour laquelle, il ne pouvait être pris de pitié par le regard du paysan. Il ne dit mot, mais son regard indiquait qu'il souhaitait en savoir plus. Comme s'il s'avait lire dans les regards, c'était peut-être le cas, le paysan continua.

_ Je n'aime pas accuser, mais j'ai beau fouiller dans mon esprit, j'ai beau questionner, la seule personne suspecte est le nouveau venu au village. Un bonhomme d'une trentaine d'année, provenant de Ame no Kuni. Un voyageur que nous avons hébergé. Depuis son arrivée, la plupart des villageois ont noté des vols à leur niveau... La coïncidence est bien trop grande !

_ Si elle est si grande, pourquoi n'êtes-vous pas parvenus à le confondre et à prouver ses torts ? Lâcha aussitôt Hitsugaya un regard dur vers le paysan. Il avait du mal à saisir en quoi sa présence sur cette enquête était nécessaire si l'on savait d'entrée qui est le fautif.

_ C'est que le bougre a toujours des alibis !

_ Lui avez-vous fait subir quelques ordalies afin que les dieux eux-mêmes le confondent ?

_ Ne... Non... Nous ne souhaitons pas offenser les dieux. Un hôte... Il y a des façons de le traiter...

_ Humpf... Grommela Hitsugaya.

Le duo marcha encore un moment silencieusement. Chacun semblait perdu dans ses pensées. Le visage toujours dur, Hitsugaya s'imaginait déjà par quels moyens il allait parvenir à récupérer des aveux. La torture évidemment ! Quel moyen plus efficace à sa disposition ? Il comptait d'entrée prendre en charge le visiteur là et le soumettre à quelques épreuves physiques qui auront tôt fait de lui faire avouer le plus odieux des crimes. En y repensant tout de même, il se souvint que les Satsuma ne voulaient pas qu'il y ait de vague. Mieux, un jugement était attendu derrière.

Il inspira un bon coup et relâcha bruyamment son souffle. Sa main gauche se posa sur le manche de son katana. Il ne souhaitait pas le retirer, un samouraï ne retire jamais sa lame sans raisons. Non, il pensait tout simplement qu'avec un bon coup de katana, il pouvait régler basiquement bien des problèmes. Ici, ce ne serait vraisemblablement pas possible.