Cette peur qui l’avait paralysée face Joben, puis poussée à fuir, face à l’implacable déferlement de puissance de Raizen.

Aizen n’avait pu apprendre cela que de la bouche même de Minako. De celle, que Hideko, considérait comme une amie. Elle avait souhaité taire ce secret, cette preuve de faiblesse, mais c’était une vérité à laquelle elle ne pouvait se soustraire. Pourquoi Minako avait dévoilé à Aizen cette histoire ? Par ordre ? Pour se confier à lui ? Qu’elles étaient ses réelles pensées ? Ses réels sentiments.
Avant de partir pour le Pays de l’Eau, Hideko voulait obtenir des réponses.
Le soleil se levait à peine ; ses rayons dépassaient de la crête montagneuse tels des vagues engloutissant une digue. Habillée chaudement, elle marchait tranquillement vers la demeure de Minako. Ce fut la première fois que Hideko allait ainsi voir la jeune femme directement chez elle. Qui allait-elle rencontrer ? Sa famille ? Ken ?

Ses cheveux argentés virevoltaient dans son dos au gré des bourrasques de ce vent qui sifflait à travers les ruelles. A chacune de ses respirations, une brume sortait de ses narines. Hideko resserra son écharpe, cherchant là à arrêter ce léger flux d’air qui lui glaçait le cou.
Ses sentiments étaient simples et pouvaient se résumer en un seul mot : le doute. Minako était l’une des premières personnes à qui elle avait accepté de se confier, de s’ouvrir. Ce n’était pas la dernière : Akagi, Ikari, Eyana ; ce fut justement là ce qui la dérangea. Nombreuses furent les personnes à qui elle avait conté son histoire, partagé ses tourments. Plus encore que de douter de Minako, Hideko commençait à douter d’elle-même. Avait-elle eu tort ? Pour un shinobi, dévoiler ses faiblesses et pari risqué. Les amis d’un jour pourraient aisément devenir les ennemis de demain. Des ennemis qui auraient en leur possession des armes pour se jouer d’elle. S’était-elle montrée faible ?

Hideko voulait en avoir le cœur net. Elle n’était point femme à se baser sur des suppositions, à s’imaginer milles et unes histoires. Non, seule la vérité comptait et pour l’apprendre, il fallait s’y confronter.

Elle s’arrêta. Devant elle se dressait la demeure où vivait @Zaiki Minako. Sa main se leva, elle frappa deux fois, puis attendit. Dans deux jours, elle quitterait ce village. Serait-ce de même avec cette amitié qui lui tenait à cœur ?

La confiance s'envole, au gré du vent hivernal, revenant avec méfiance.

La banshee s'est enfermée dans ce rôle qui consiste à ne montrer aucune once de faiblesse, cachée sous une armure et un masque de fière guerrière alors qu'à l'intérieur, une certaine sensibilité est présente. Ayant compris qu'elle ne peut avoir confiance en personne à part deux ou trois de ses camarades, la demoiselle se décide à rester un mystère professionnellement parlant. Se fermant dans un cocon protecteur, extirpant toute pensée parasite, n'imaginant que le son de l'écume frappant le gunkan dans lequel elle habitait, la brume brouillant sa vue, le calme de la mer, il n'y avait rien qui pouvait sonder son esprit.

Le vent faisait danser sa chevelure d'ébène alors qu'elle était dans le jardin zen, en phase avec elle-même, donnant des coups sur le mannequin en bois, améliorant ainsi son jeu de jambes, gueulant de temps à autre pour se booster mentalement. Son chéri passant un peu de temps avec le grand-père de celle-ci, elle est restée dans leur dojo aussi beau que traditionnel dans la contrée de la Foudre.

Elle était en compagnie de son père, Kaito, qui se chargerait de continuer son éducation en tant que Meikyû pendant un temps donné. Elle ne lui a jamais dit la vérité au sujet de leur lien de sang, car elle préféra nourrir leur lien de cœur. Par ailleurs, l'homme a entendu une personne à la porte. Aucun des deux guerriers attendaient la visite d'un quelconque proche, aussi, il pensait recevoir un ordre de mission. Le géant aux cheveux de platine, aussi musculeux que ses yeux étaient d'un bleu intense, ouvrit ainsi à Hideko et la toise du regard.

Tsukaima Kaito:

« Hideko ? Bonjour. Ne restons pas là, entres. »

Il savait que la jeune Metaru et la prunelle de ses yeux étaient des partenaires de combats relativement proches, d'autant plus qu'elles ont brillé lors de leur combat contre Keisuke durant l'examen des chuunin.

« Comment te sens-tu aujourd'hui ? Peut-être veux-tu boire quelque chose ? »

Aussi, le patriarche de la famille imaginait que Hideko voulait voir Minako. En son for intérieur, il n'appréciait guère que sa protégée ose s'affaiblir en ayant quelconque ami. Cela dit, comme il ne peut contrôler ce qui fait la force de celle-ci, il n'a d'autre choix que de l'accepter.

« Si tu la cherches, ma fille est là, elle s'entraîne d'arrache-pied depuis qu'elle peut de nouveau travailler. Votre amitié me semble assez forte pour la motiver à arriver à ton niveau, j'apprécie. »

La demoiselle recouverte d'une légère armure noirâtre au style de brute, avec des épaulières en forme de crâne, pénétra la pièce. Son œil bleuté se posa sur son père, intimant qu'elle prend une pause dans son travail, pour le moment, puis sur Hideko, son regard se faisant beaucoup plus amical, un visage plus détendu se dessina malgré ces blessures externes et éternelles.

« Je suis contente de te voir Hideko. » dit-elle de manière aussi calme qu'habituellement. Son attitude est posée, aucune once de défensive mais aussi, peu d'émotion n'était extériorisée au point de s'exclamer sur quoi que ce soit. Elle aurait réussi à canaliser la plupart de celles-ci afin d'en faire une force.

Des bruits de pas lourds frappèrent le pavé, raisonnant derrière la porte en bois. Le loquet fut relevé, la porte s’ouvrit. Se dévoila alors une immense figure masculine : homme aux cheveux blancs tels la neige et au regard sévère. Une carrure qu’on ne pouvait pas oublier et que Hideko avait déjà vue dans l’antre du Kyuubu. Un père et une fille qui partageaient la même mission.

« Monsieur. »

Hideko hocha la tête, puis suivit l’homme. Derrière elle, le bois claqua, la porte se renferma : la fuite n’était plus permise.

« Bien, merci. Et vous ? »

Il n’était pas dans ses habitudes de demander à ses interlocuteurs comment ils allaient : elle détestait qu’on le fasse avec elle. Aussi, répondit-elle par pure politesse, barrant tout chemin à plus de discussion.

« Je n’ai pas soif, merci. »

Leurs pas les menèrent jusqu’à une salle où Minako, vêtue d’une obscure armure, s’entraînait.

« Merci. »

Les compliments du père de la famille Zaiki ne l’atteignirent point, son cœur trop occupé à se battre contre les tourments qui s’abattaient en lui.

Minako était l’unique raison de sa venue. Hideko posa ses iris pourpres sur elle. La sueur qui perla sur le front de Minako témoignait des efforts qu’elle mettait dans sa quête de puissance ; des efforts dans lesquels Hideko ne pouvait que se reconnaitre. Du haut de son torse rampait une brûlure qui s’étendait jusqu’à sa joue droite. Une brûlure que l’Iroujutsu aurait pu faire disparaître.

« Bonjour Minako. »

Bien que détendue, Hideko ne rendit pas à Minako la chaleur de son salut.

« J’aimerai te parler seule à seule. »

Rien ne servait de cacher ses intentions. Hideko dévoila naturellement ses intentions à Minako, espérant au fond d’elle-même que cette trahison ne soit qu’une illusion de son esprit. Une crainte devenue réalité, tel un mirage qu’Aizen serait parvenu à lui faire voir.

Minako avait sciemment choisie de ne pas faire disparaître les traces de son combat contre Joben, tel un héritage d’un passé qu’elle ne souhaitait pas oublier. Hideko ne pouvait, à nouveau, que la comprendre : elle-même avait tenu à pas faire disparaître les blessures qui recouvraient son dos et ses cuisses ; mise en garde de sa faiblesse passée. Afin que jamais elle n’oublie de toujours se relever, se relever et se battre.

« Comment vas-tu ? »

Cette vision du combat que toutes deux avaient menées apaisa quelque peu son cœur. Soucieuse de la santé de son amie, elle s’inquiéta de son état. Son esprit la replongea dans la chambre d’hôpital où Hideko avait retrouvé Minako. Cette chambre où toutes deux avaient échangées mots et volontés. La volonté de ne pas entreprendre le même chemin que celui de Joben, de ne jamais reproduire les mêmes erreurs. Surtout, de ne jamais devenir aussi aveugle que lui.

Parler seules à seules, telle était la volonté de Hideko. Kaito hocha la tête, de toute manière il devait partir en direction de son lieu de travail, le commissariat de la place publique. Les filles sont donc restées seules dans cette maison et dojo, un héritage de Yoko, les vestiges de sa prestance du temps de Shidateru, vestige de l'héritage de feu sa professeure lui ayant légué le sceau de l'adresse. L'âme de celle que Minako voyait comme une figure maternelle veillait toujours sur la banshee, tapissée dans cet œil noir, âme n'ayant fait qu'un avec celle de Mitsai, une amie imaginaire d'antan.

La kunoichi aux cheveux d'ébènes resta tout aussi tranquille et calme, le tout contrastant de sa fougue et de son impudence passée, comme si les ravages du cardinal l'avaient apaisée. La raison est tout autre et plus profonde. Grâce aux nombreux rites et aux nombreuses prières, ses sceaux s'étaient éveillés, notamment son esprit primaire. Ce dernier lui avait concocté plusieurs épreuves mentales qui lui ont permis de se connaître en profondeur. De ses tripes lui donnant le courage d'accomplir ses volontés, de sa raison triant les pensées parasites et jugeant le bien-fondé ou non de ses envies, effaçant celles qui mettent à mal son code moral, et de son cœur qui fait vivre sa flamme passionnelle.

Un code moral impliquant de combattre l'injustice, le laxisme des autorités, le tout en essayant de cerner l'esprit des criminels, en comprenant comment fonctionne les complots pour les défaire, sous un couvert d'études en criminologie. Ce point fait office d'un doute car Minako ne sait pas si elle reste au sein du Kyuubu dans la section interrogatoire ou si elle doit rejoindre les rangs de l'Institut pour ce faire. D'autant plus qu'elle ne sait pas sur quel pied danser dans l'unité de police, elle ne sait pas si les codes correspondent réellement à celle-ci. Il y aurait matière à creuser sur la justice, l'allégorie d'une entité vide d'émotion, frappant tous ceux ayant commis le mal et ce peu importe les origines et sur les raisons de ces actes. À l'époque de Shidateru, l'on tuait tout criminel et traître sans jugement de valeur.

Maintenant l'on ne sait pas ce qu'ils deviennent. Ken aurait dû mourir pour l'acte qu'il a commis mais il a simplement écopé de séances thérapeutiques afin de contrôler l'esprit de la bête en lui. Il a été sauvé de ce funeste destin car lui-même a éliminé un criminel récidiviste, sauvant ainsi la vie de potentielles futures victimes. Minako voulait éliminer cette ordure mais ça aurait sans doute empêché Ken d'être aidé au sujet du contrôle de son pouvoir Yasei. Donc d'un sens, elle est heureuse que le tout se soit déroulé ainsi.

Pour Higure Onkyou, son groupe de musique, elle travaille dur en tant qu'artiste de rue afin de récolter des fonds pour faire vivre cette petite organisation de musiciens. Rien de méchant en soi, il leur arrive même d'exercer leur art afin d'avoir des fonds pour l'orphelinat de Kumo. Malgré tout, tout est clair dans son esprit et rien n'implique que Minako ne puisse sombrer dans une quelconque noirceur. Seul son serment envers ses esprits ancestraux tend la balance vers son côté obscur, serment qu'elle seule connaît et garde secret.

Minako se montre aussi calme qu'une douce valse d'une flammèche de bougie, confiante, envers tous ceux qui la croisent. Elle se montre de manière à se montrer sympathique, que l'on ne se doute pas de sa méfiance pour ses frères et sœurs d'arme.

« Je vais très bien, j'ai réussi à me remettre totalement de toutes ces blessures tant physiques que morales, et toi ? Dis-moi tout, je suis toute ouïe. »

Minako parut calme, apaisée ; bien loin fut le temps où elle jurait et s’agaçait en toute situation. Surprise, Hideko la dévisagea longuement, l’écoutant avec attention confirmer ses suppositions.

« Je vais bien. »

Un mensonge de politesse qu’elle répétait à qui voulait l’entendre.

« Je vois effectivement que tu t’es remise de tes blessures, surtout dans ta tête. Tu m’as l’air… apaisée, très apaisée. »

Une affirmation qui appela à une réponse de Minako, si elle souhaitait parler de ce sujet.

« Mais tu as décidé de garder ces brûlures sur ton visage, alors que l’on pourrait aisément les faire disparaître. »

A nouveau, Hideko ne posa là aucune question. Tout juste se contenta-t-elle de relever ces points, telle une porte ouverte à qui désirait y entrer.

L’odeur du tatami, si particulière aux dojos et salles d’entraînements, piqua l’attention de Hideko, qui balaya la pièce du regard, identifiant ci-et-là des biens qui exposés qui semblaient chers au cœur de cette famille. Son attention revint ensuite sur Minako.

« Comme tu le sais sans doute, j’ai affronté Aizen il y a peu. Un combat pour déterminer qui de nous deux était le plus puissant. »

Un spectacle donné comme du pain au peuple, dont la conclusion en surprit plus d’un.

« Un combat que j’ai gagné. »

Bien que confiante en apparence, Hideko savait pertinemment qu’elle avait de grande chance de perdre face à Aizen. Plus expérimenté, plus âgé, sa défaite surprit Hideko tout autant que l’assemblée de spectateurs.

« Mais l’issu de ce combat importe bien peu. Non je suis venu te demander si tu as parlé à Aizen. »

Cette même peur que tu as eu face à Joben et qui t’a faite fuir : telles avaient été les mots employés par Aizen durant leur combat. Des mots qui l’avaient touché en pleine cœur, laissant là une cicatrice encore sanguinolante.

« Car il a prononcé des mots dans notre combat, pour me déstabiliser comme il le fait toujours. Mais parmi tout ce qu’il a put dire, toutes ses provocations, celle sur Joben était… particulière. Et il n’y avait que quatre témoins de ce qu’il s’est passé là-bas : Raizen, Ikari, moi-même et toi. »

Ken aussi était sur les lieux, mais il fut occupé par ses propres démons. Une histoire qu’elle avait acquise quand le clone qui s’occupait de lui avait disparu.

« En effet, j'ai simplement gardé ces brûlures pour me redonner du courage, pour me rappeler que je ne suis pas qu'une chanteuse se devant d'être toujours belle, mais que je suis avant tout une guerrière née à Kaminari, et je me battrai toujours pour la patrie qui m'a vu grandir. Comme j'aime le dire, je ne suis pas une princesse, et je resterai toujours fidèle à moi-même. »

Minako pensait bien que Hideko voulait parler d'autre chose, le sujet arrivait doucement mais sûrement. Le combat opposant Hideko à Aizen; Minako n'a pas pu le voir à cause d'un petit contretemps, mais elle a ouïe dire que la Metaru a remporté haut la main le duel, ce qui rendit heureuse la Banshee lorsqu'elle avait entendu le résultat. Aujourd'hui encore, elle esquissa un sourire.

« Oui j'en ai entendu parler et je suis vraiment heureuse d'avoir appris l'issue de ce combat, félicitations ! »

Minako apprécie le fait que le beau et puissant Aizen se soit fait battre par l'une de ses amies. D'autant plus quand on sait que celle-ci avait fui les lieux alors qu'elle aurait pu simplement essayer d'apporter les premiers secours aux victimes présentes non loin d'elle.

Elle haussa un sourcil, se demandant pourquoi Hideko chercha à savoir si Minako avait discuté avec Aizen, mais elle n'a pas eu besoin de poser la question pour avoir le contexte.

« Arf, ça ne m'étonne pas de lui, il est toujours aussi agaçant dans ses mots et ça donne envie de transformer ses joues en percussion. C'est limite s'il n'est pas maso… »

Une petite pique lancée pour le Nara, mais dite de manière étrangement calme mais de manière tout aussi spontanée.

« T'as bien fait de bien le tataner comme il faut, ça a dû lui remettre les idées en place à ce gueux. Je ne sais pas qu'elle a été sa provoc' au sujet de l'autre Pignouf mais il n'en sait rien de ce qui a pu se passer. »

Minako a fait référence à leur discussion passée à l'hôpital, parce qu'elle est la seule à savoir ce qu'il s'est produit, du moins vaguement, pour que Hideko fuit ainsi, un comportement normal lorsque l'on a eu un traumatisme. Actuellement, elle espère juste que la Metaru aura dompté ses peurs pour que le tout ne se reproduise pas.

« On s'est revu au terrain d'entraînement en effet et on s'est échangé quelques coups. C'était assez facile de lui demander un petit duel afin que j'essaye de maîtriser mon nouveau pouvoir. »

Minako enchaîna sur le sujet de discussion qu'ils eurent en ce jour.

« Cela dit, rien de particulier en vue ce jour-là, on a surtout parlé de sceaux ancestraux car c'est l'objet de mes entraînements en ce moment. »

Elle sentit que quelque chose n'allait vraiment pas, Hideko avait certainement besoin de retrouver quelques repères. Minako ne la pensait pas aussi perturbable par une once de paroles d'un être se sachant aussi provocateur que Aizen lors de duels.

« Du coup, comment te rassurer ? Un bras de fer ? »

C'est assez maladroit, car en effet, la demoiselle ne sait pas comment s'y prendre pour soutenir positivement les personnes et surtout de manière gentille et calme.