Hanae avait accepté la proposition d’attendre dans l’auberge la réponse de Yashigare Masumi. Après tout, le temps pressait énormément, et l’appel à l’aide de la part des Sendai dans le pays de Tetsu datait désormais de bien trop loin en arrière pour les faire attendre une seconde de plus. Convaincre la dirigeante de ce pays était donc la seule solution d’obtenir un lieu de refuge pour les siens.

Le temps passait lentement dans cet endroit, et une drôle de sensation prit soudain le contrôle de la jeune femme. Un mauvais pressentiment, qui n’annonçait rien de bon. Ses yeux furetèrent sur une table voisine, où un journal du jour se trouvait. S’informer des événements de l’extérieur pouvait être utile, surtout lorsque l’on était recherché par un Empire gouverné par un aliéné. Sans dévoiler son visage, la rougeoyante s’empara de l’objet de sa convoitise et commença à le parcourir. Au bout de quelques pages, une information la figea immédiatement. La Kazejine se leva subitement et quitta les lieux, rapidement suivie par un garde qui savait ce qu’elle faisait ici à cet instant. Il lui demanda de ne pas quitter les lieux, et d’attendre la réponse à sa demande. Le regard que lui jeta la fugitive était perdu, paniqué, voire terrifié.

« Je m’excuse, mais cette demande n’a plus lieu d’être. D’ailleurs, si vous pouviez oublier m’avoir vue dans cette auberge, et même dans ce pays… Je n’ai plus rien à faire ici, je n’abuserai plus de votre hospitalité. »

Toujours cramponnée à son journal, il fallut deux bonnes journées à l’ancienne Porte-Parole pour quitter Joheki. D’un côté, les autorités locales semblaient étonnées, mais de l’autre, il était plutôt évident que laisser partir une personne recherchée – une autre, en l’occurrence – ne devrait pas les rebuter. La Sendai, malgré son état inquiétant, comprenait que ce départ serait sans retour, du moins tant qu’elle n’aurait pas trouvé rédemption et qu’elle sera une fugitive. Une fois hors des limites du pays du Rempart, toujours bien camouflée sous une lourde capuche ne laissant pas même une once de sa chevelure ardente apparaître, l’adoptée du désert trouva une auberge pour s’y cacher temporairement. Son premier réflexe fût d’écrire une lettre pour son ami le plus proche, celui avec qui elle avait partagé le plus de choses ces derniers mois…

lettre pour mon Ami:

Le courrier s’en alla, tout comme la demoiselle qui ignorait encore que faire. Quitter ces terres inhospitalières était une première étape.