- Et vous pensez toujours que ce genre d'organisation peut avoir un quelconque impact sur ce qui se trame ? La Coalition est une vaste blague, ses représentants sont non existants et leur réactivité a déjà démontré qu'ils auraient toujours un temps de retard.

Ton poing enlace une pile de feuilles dont le contenu ne t'intéressait guère. La pression expiait ta colère grandissante : celle d'être enfermée dans ce nid de cancres. Face à toi, le regard mitigé du capitaine dont tu souillais le bureau. Arrivée en trombe, explosant son intimité, son silence ; sa légitimité.

- Cet enfoiré de Tôsen se paie notre tête et ces empaffés de moines sont incapables d'aligner plus de deux phrases sensées.

Cette fois, ta paume lâche prise et se balance le long d'un bureau au bois noble. Quelques reliures le distinguent de toute la merde ambulante qui habille d'ordinaire les bureaux pour simples soldats. Le salaire d'un capitaine... ne mentait pas sur ses apparats.

- C'est un chouette bureau que vous avez là... Le siège a l'air bien confort aussi.

Tes yeux brillent de perfidie, éclairant presque la pièce de leur lueur ambrée.

- … Mais si vous tenez à ce luxe, vous avez tout intérêt à m'écouter et à me laisser faire ce que j'entends faire en sortant de ce bureau : Partir en direction des villages cachés pour un certain temps. Et si vous avez su vous informer, vous saurez qu'au moins les plans sont dessinés, au moins ce foutu liseur d'aventure peut s'y immiscer.

La requête était assumée, claire et obscure à la fois. Un départ imminent pour l'extérieur ; avec un projet en tête bien défini, mais la non intention d'en partager la description avec un bouffi qui s'était intronisé lui même et se complaisait dans ce rôle.

- C'est un privilège que j'aurais pu m'auto accorder ; si je n'avais pas été lâchement remplacée par une tête pensante pendant mon absence, alors j'estime vous faire une faveur que de vous prévenir, mais je ne m'attends pas à des négociations.

Aussi ferme et butée que l'ancienne Porte-Parole que tu étais, tu ne comptais pas perdre des heures à débattre sur un sujet qui ne les concernait que de loin.

- T'as la mémoire courte, Fukuo

Pas d'honorifiques, peu de respect ; il se moquait ouvertement de toi et s'enfonçait peu à peu dans un jeu dangereux. Souffler sur la flamme ne fait que la provoquer et l'aider à grandir dans une gourmandise sans fin.

- Oui un rouage tourne, mais il tourne en rond : Nos interactions avec les moines se répètent et n'amènent qu'à plus de questionnement ; Alors on passe pour des cons à bâtir des plans sur des non-dits, à jouer comme des enfants avec des dieux et des démons.

Ta verve ne manque pas d'amertume, mais elle est justifiée ; des centaines de personnes avaient été envoyées à la mort sur le diable de Kaze parce que l'art monial avait omit de préciser certains détails et s'en était moqué après coup. Tu étais fatiguée de suivre des aveugles, d'avoir un rôle de responsabilité qui ne te correspondait pas : alors cette destitution, elle avait sa part de délivrance.

- Tu peux juger mon statut autant que tu le souhaite : j'ai toujours été très claire sur ma façon de faire, et cela m'a valu un grade complice et honnête vis à vis d'Hanzo.

Ses dernières remarques te font le regarder d'un œil mauvais. Il inversait les présentations avec une forme de malice qui desservait sa cause.

- Je suis dans la Recherche depuis assez longtemps pour savoir que tu délaisses les besoins des unités pour fomenter un sale coup à la première occasion. Notre affront pour atteindre le sommet de cet Empire est l'unique souvenir que tu as laissé : et il montre bien tes intérêts... Mais tu sais quoi ? Je m'en contre fous, parce qu'on est pareils, on se faufilera à l'endroit qui favorisera au mieux notre confort, sauf que contrairement à toi, j'ai le mérite d'être honnête sur ce point.

… Alors n'inverse pas les rôles : j'ai été nommée en toute légitimité, là où je m'interroge sur l'absence des duels de feu que l'Empire aime tant vanter..

Faisant calmement le tour du bureau jusqu'à arrière à ses côtés, ta paume se pose finalement sur sa chaise. En un instant, celle-ci disparaît, laissant le « Capitaine » sans support, le fessier gainé comme s'il était trop occupé à déféquer.

- Je prends cette offre au premier degré, merci pour la chaise.

Amusée de tes propres caprices, tu calmes finalement le jeu en t'asseyant de moitié sur le coin de son bureau, poussant les quelques dossiers qui gênaient ; jouant de tes jambes de porcelaines qui se croisaient avec une douceur qui ne te ressemblait pas.

- Tu peux noter une chose Fukuo, ce que je m’apprête à faire.. sera un coup d'éclat pour ton précieux Empire, pour ton Rouage qui tourne sur place... mais surtout pour moi, Seiun, la plus grande opportuniste que le Yuukan ait pu connaître.

Des dents carnassières viennent scinder ton propre visage qui transpirait la malice et l'avarice.

Spoiler:

A son rire frauduleux, le tien ne répond que par sa malice. Il ne t'épargnait pas un commentaire provocateur ; et malgré lui, il était victime autant que toi du jeu qu'il prétendait mener. Un sage aurait ignoré des mots acérés ; un mauvais aurait vu son ego surplomber sa retenue. Alors à cette heure, dans ce bureau ; c'était le bal des mauvais. Il s'amusait à dédiaboliser les moines et leurs erreurs là ou tu voyais clairement la problématique : il ne savait pas de quoi il parlait. Il n'avait jamais prêté main forte à la Coalition, n'avait jamais combattu de démon, n'avait jamais rencontré les héritiers des secrets divins ni entendu leurs mots hasardeux. Mais même en ignorant tout, il s'estimait sage et connaisseur : Perdant à tes yeux toute la légitimité qu'il discutait ensuite.

- Ton interprétation de la légitimité va et vient que comme ça t'arrange ; tu prendras celle qui fera de toi l'homme de pouvoir que tu prétends incarner.. Mais si elle remet en question histoire et coutumes ; alors elle perdra forcément de son incontestabilité...

Sa valeur à tes yeux était nulifiée, mais tu avais été honnête sur ton rapport à cette nouvelle hiérarchie : aucun jugement, tant qu'on te foutait la paix.

- Ah oui... ce nouveau capitaine... Oui oui sûrement quelqu'un de bien

Une ironie criarde qui fit resplendir de plus belle tes dents.

- Parfait, pour une fois que je n'ai rien à redire, profitons-en

Curieusement, le loubard avait accédé à ta requête avec une flexibilité que tu n'attendais pas. Il était peut-être fatigué d'avoir à gérer ce genre de cas chaque jour, ou bien avait-il une once de curiosité pour les promesses à grande échelle que tu faisais.

- Merci pour la promo', j'espère que le salaire suivra avec

Ultime rictus avant que ton dos ne disparaisse derrière la porte. C'était là le début d'une grande épopée.