Ouvre-moi la porte ₪ Kentoku Akio

Ouvre-moi la porte ₪ Kentoku Akio

Aujourd’hui était un jour de fête, il était si rare de voir Keigan aux terrains d’entraînement et ce dès l’aurore, et plus surprenant encore, le fait est qu’il était motivé. Terrifiant. Lui-même ne pouvait trouver la raison de ce soudain gain de force et d’énergie, mais son corps lui hurlait de mettre à profit cette nouvelle force.

Bien qu’il n’était pas particulièrement enjoué à l’idée de devoir devenir un shinobi, les avantages et le mode de vie qu’il avait obtenu grâce à son travail était un facteur déterminant de sa volonté de poursuivre dans cette voie. Mais pour monter en grade, il fallait non seulement avoir de l’expérience mais également posséder une puissance adaptée au grade auquel on prétend.

Keigan n’était pas quelqu’un à posséder des lacunes, c’était plutôt tout le contraire, mais sa paresse à fait en sorte qu’il se dirige vers des compétences ninja assez simple à maîtriser. Les arts claniques, mais également la maitrise des arts corporelles ; Le taijutsu. Mais s’il était facile de devenir un pratiquant de cette discipline, être considéré comme un vétéran était une chose ardue et la différence entre les deux était sûrement semblable au fossé séparant la terre des cieux.

Désireux de combler cet écart pour parvenir à ses fins, Keigan pris donc la décision de s’entraîner, et d’améliorer son niveau de manière drastique avec une manière peu conventionnelle. Et pour cela, il avait besoin de.

— « Kentoku Akio. » Keigan s’approcha de l’homme qu’il venait de nommer sans la moindre gêne. « Vous êtes bien Kentoku Akio ? »

Bien sûr que c’était lui, on pouvait faire confiance à sa mémoire de Nara. Kentoku Akio était un participant de l’examen de Kumo, et il fallait dire que même si à cette époque, la pratique du ninjutsu n’était pas encore clairement rentrée dans la vie du Nara sa maitrise du taijutsu et sa manière de se battre l’avait bluffé.

— « Je suis Keigan, Nara Keigan… » Keigan prit une pose, le temps de bien sélectionner les mots, l’expression faciale et les émotions qu’il allait devoir utiliser. — « Et… et j’aimerais bien recevoir quelques conseils en matière de taijutsu, le votre est si particulier et j’aimerais savoir s’il est possible de s’en approcher. »

S’inclinant poliment, le Nara priait intérieurement pour que sa demande soit acceptée.

Il ne savait plus où donner de la tête. Sa vie se déroulait plus vite qu’il ne tissait et seul ces moments d’entrainements lui permettaient d’obtenir ce repos, cette mise sous silence des demandes diverses et variées. Akio avait tendance à se perdre sur des sujets qui n’étaient pas bénéfiques à son évolution. Le surmenage l’avait emmené aux portes d’une pause à la durée indéterminée. Tandis que tous ses camarades avançaient à pas de géant, lui ralentissait, profitant de chaque instant de calme sans se rajouter de pression. Bien entendu il avait encore des sollicitations, des demandes de conseils, des envies d’avoir un exemple sur lequel se baser. Le Chûnin avait du mal avec ça, après tout avait-il la légitimité pour donner des « cours » particuliers ?

À l’Institut, il passait son temps à assimiler un savoir théorique fou, à avoir ce besoin de courir après la connaissance la plus globale possible. Tout était passé au crible. Et le cerveau saturait vite. Alors il repartait aux terrains d’entrainements pour se déchainer, exploser quelques mannequins, avant de retourner aux études. Le sommeil léger, ses nuits ne comptaient que quelques dizaines de minutes d’endormissements, entrecoupées d’exercices physiques et intellectuels poussés, pour se fatiguer de nouveau. Et ces visions qui ne le quittaient quasiment plus. Cette immense créature qui semblait l’appeler de son emplacement encore secret…

Assis là, à contempler ceux qui s’exerçaient encore, aux styles si divers. Il avait sa serviette autour du cou, les cheveux imbibés d’une eau fraiche qu’il s’était renversé dessus. Un jeune homme le tira de sa torpeur, lui demandant dans un premier temps si il était bien Akio. La réponse fut d’autant plus simple que non-prononcée : un simple geste approbateur de la tête avec un sourire sincère.

Le Céleste jaugea rapidement le garçon, se demandant bien ce qu’il pouvait lui vouloir, jusqu’à ce que la réponse arrive, ne se faisant pas attendre très longuement : se rapprocher de son Taijutsu. Des Portes Célestes donc. Akio souriait de plus belle, arrachant presque un rire, du moins un rictus. Il se redressa pour faire face à son homologue.

- Tout est possible, tant que l’on s’en donne les moyens… les Portes Célestes n’y font pas exception. Cependant… Sais-tu souffrir, Keigan-san ?

La question, toute bête, méritait d’être posée. Et si une question devait résumer l’art taijutsuka utilisé par Akio, c’était bien celle-ci. Plus que de l’investissement, cette technique demandait un sacrifice de soi. Peu comprenait, de l’extérieur et sans connaissance particulière, les risques et l’impact d’un tel pouvoir, comme la force en découlant. Rien ne devait être pris à la légère. Ici pas question de frapper du pied la terre pour en faire surgir une rocher, de manipuler une ombre en ne bougeant qu’un doigt : il fallait se mettre en danger, se blesser pour affronter les menaces.

- C’est un travail de longue haleine. On parle de plusieurs dizaines, si ce n’est centaines d’heures pour comprendre et appréhender ces techniques. As-tu ce temps et la motivation nécessaire ? Et plus encore, elles sont décrites comme interdites et ne sont que peu enseignées et répertoriées. Sais-tu pourquoi ?

Tout en parlant, il avait reposé sa serviette et s’était avancé d’un pas vers le cœur du terrain d’entrainement. Akio serrait son poing droit avec force, avant d’attraper son maillot et de l’ôter, laissant apparaitre les blessures, cicatrices et hématomes recouvrant son corps. Son regard lourd de sens donnait à sa question précédente une signification rhétorique. Nul besoin d’y répondre, l’exposition des dommages internes que le Céleste avait subis suffisait.

Ouvre-moi la porte ₪ Kentoku Akio

Souffrir, c’était donc bien la principale contrecoups de la puissance obtenue l’utilisation de ces techniques interdites. Il le savait, mais si la souffrance devait être considérée comme un fort coût, alors la maîtrise des portes allaient sûrement s’avérer beaucoup plus simple qu’il ne l’avait cru. Était-il présomptueux ? Loin de là, il avait toujours jugé chaque chose à sa juste valeur et était beaucoup plus du style à se sous-estimé à contrario de la puissance de feu de ses adversaires.

En se voyant plus faible, il n’avait jamais pris de risque et avait toujours su gérer les missions qui lui avaient été confiés, mais si les prérequis, dont il avait déjà pris connaissance quand il était chez lui, était seulement lié à une souffrance physique, une autodestruction de son propre corps, alors cette technique était bien faite pour lui.

— « Savoir souffrir ? » Un léger rictus se dessina entre les lèvres du Nara, révélateur de sa détermination, mais surtout de sa non crainte des contreparties. « C’est le lot quotidien de tout ceux qui arpentent la voie du shinobi j’imagine. »

Enfant battu, détesté et haï par sa propre famille car sa passivité, sa paresse et son extrême gentillesse l’empêchaient de prendre les armes et de participer à la grandeur du clan Nara, malgré le génie et les facilités dont il avait été doté à la naissance. Keigan avait toujours cherché, secrètement, un moyen de leur faire payer. Il était un des leurs et il connaissait parfaitement leurs faiblesses.

Une grande force physique, de frappe, l’apothéose de cet art que craignaient la plupart des manipulateurs d’ombre, le taijutsu. Atteindre ces sommets le rendrait capable de vaincre quiconque mettrait en péril son intégrité et celle de Kumo, à commencer par ses pairs.

Si les portes céleste ne se résumaient qu’à souffrir pour devenir plus fort, alors Keigan supposait qu’il pouvait largement endurer de lourd tribut, il l'accueillera comme un vieil ami, qu’il n’avait pas revu depuis des années.

— « Des jours, des mois, des années… Peu importe, je finirais pas les ouvrir. » Il sorti une cigarette, et l’alluma de son briquet, avant d’en inspirer le contenu. « Une technique interdite a toujours une contrepartie, l’échange équivalent. Donner pour obtenir. En l’occurrence, pour vous, en poussant vos capacités physiques à l’extrême vous vous autodétruisez à petit feu n’est-ce pas ? »

Et en soufflant toute la fumée qu’il avait stockée en lui, il regarda ces volutes gris se faire transporter par le vent avant de disparaître dans le ciel.

— « Je ne connais la raison pour laquelle ces techniques si sont puissantes et ces utilisateurs si rares, mais je suppose que c’est parce qu’il est bien plus difficile d’apprendre à les maîtriser que de les utiliser. »

Et dans les cas, cela pouvait s’avérer mortel. Mais cela il le savait déjà, tu faisais simplement exprès de ne pas mentionner ce détail.

Les réactions du Nara lui plaisaient, bien qu'il ne semblait pas encore avoir assez de recul sur les techniques qu'il voulait apprendre. Le lot de tous les shinobis étaient de souffrir ? Pourtant apprendre les arts ninja classiques n'entrainaient pas le genre de blessure qui était le lot commun des Taijutsuka célestes : corps brisé, muscles déchirés, carte de fidélité aux hôpitaux... La motivation était belle et bien là par contre, et la durée de l'apprentissage ne l'effrayait pas. C'était déjà un point important à souligner tant ce délai d'apprentissage dépendait de chacun.

Il approcha tranquillement de son homologue, en laissant ses vêtements retomber dans leurs états originels. Un sourire aux lèvres accompagnait l'avancée du Chûnin, ravi de voir quelqu'un de bien informé sur son pouvoir particulier. Pourtant la cigarette qu'il porta à sa bouche ne l'incita pas à l'optimisme. Il était avéré qu'elle pouvait réduire les performances physiques

- Effectivement, tu as bien saisi le principe. C'est un système de balance : plus tu ouvres des portes hautes, plus tu te détruis. Il y a ensuite la durée d'ouverture qui peut impacter les dégâts que tu te causes, il y a les contraintes physiques que tu t'infliges... Quant à pourquoi peu s'en servent. Déjà nous ne sommes pas un clan, il faut travailler fort pour atteindre ce niveau. Et les shinobi se contentent souvent de ce qu'ils ont. La puissance ils la veulent sans sacrifice...

Pour lui, ça avait été sa seule porte d'entrée à la vie de Shinobi. Aucun don familial, pas d'ouverture à l'apprentissage chakratique. Une famille totalement civile. Il s'était évertué à développer ses capacités seul, dans des douleurs insupportables. Deux utilisateurs à Kumo... Un faible nombre surement à l'international... Il n'en savait rien. La maitrise des Portes Célestes allait de paire avec leur utilisation répétée, et donc les douleurs associées. Plus on en usait et abusait, plus le corps devenait résistant, le mental également, qui permettait alors de redoubler d'effort et de les utiliser toujours un peu plus longuement.

- Effectivement, la maitrise est plus complexe que l'apprentissage. Et c'est logique. La répétitivité c'est la clé. Il marqua une pause, comme pour faire mesurer la difficulté de ce qui l'attendait. Lorsque j'ai débuté, je ne dormais plus, j'ai longtemps étudié afin de comprendre quel levier psychique actionner. Tu dois être complètement conscient de tout ton corps, de ce qu'il contient, de sentir le chakra se balader au travers de tes tenketsu. C'est comme un état second, de plénitude.

Il se rappela le nombre d'heure passées à rester prostré, sans s'exercer, assis au sol à simplement respirer. Ce temps qu'il pensait alors gâché et qui lui simplifia tout le reste de l'apprentissage. Ce n'était pas chose aisée que de faire ce sacrifice temporel alors qu'une personne étrangère au concept n'aurait surement voulu que frapper sans relâche sur un mannequin. Akio se demanda comment aborder la suite de cette entrevue.

Tout relâché, fixant le jeune Nara dans les yeux, au travers des volutes de fumée de la cigarette se consumant, le Céleste se décida à une petite démonstration, toute légère. En n'allant pas chercher des portes trop complexes. Sans se mouvoir le moins du monde, juste en se concentrant, l'énergie autour du chûnin évolua, ce qui émanait de son corps également. Un simple pas lui fit parcourir plus d'un mètre, à une vitesse étonnante.

- Quand tu maitrises, tu n'as besoin de presque aucun effort physique pour ouvrir les premières portes. ici, c'est la seconde porte, celle de la guérison. Je gagne en vitesse, en force au point où un simple coup de poing basique détruit une solide protection et j'arrive à revitaliser mon corps. Sauf que lorsque la porte s'interrompt ou que je mets trop fortement à contribution mon corps... Si tu te sens prêt, alors on peut commencer à s'exercer.

Le programme allait être chargé, sur des jours entiers.

Technique:

Ouvre-moi la porte ₪ Kentoku Akio

Keigan souria quand le Kentoku valida ses propos, alors il les informations qu’il avait récupérés dans la bibliothèque de Kumo étaient bonnes. Il ne faisait pas mauvaise route et il s’approchait peu à peu de son objectif. Mais il ne devait pas se leurrer, il n’en connaissait rien et il n’était qu’un débutant, il ne faisait que commencer son ascension.

Cette technique n’était pas héréditaire mais bien issue de la volonté de chacun de ses utilisateurs à repousser les limites de son corps et de son esprit pour devenir plus fort. Quel que soit la raison qui avait poussé chacun de ces monstres en taijutsu à en venir jusqu’à pousser leurs corps aux limites du possible, leur détermination était forcément louable.

Ils recherchaient sûrement la force, à n’importe quel prix, peu importe le but qui les avait poussés à en arriver là, cet Akio faisait donc partit des ces individus prêt à donner de soi, littéralement, pour parvenir à ses fins.

— « En cas d’abus, quel est le risque pris ? Je préfère le savoir maintenant, l’avoir en mémoire aujourd’hui et pour toujours. » Il inspira une nouvelle fois sa cigarette, la recrachant toujours plus loin. « La stabilité offerte pas les techniques communes est sûrement beaucoup plus attirante, peu de personnes sont prêt à voir leur corps devenir une bombe à retardement. »

Malheureusement, il fallait parfois aller jusqu’au sacrifice de soi pour obtenir l’objet de nos désirs, agir avec prudence, modération et conscience de ses faiblesses, voilà sûrement les qualités d’un bon utilisateur de portes célestes.

S’entraîner, encore et encore et ce jusqu’à réussir. Voilà la clé de la réussite selon Akio, voilà comment il était parvenu à devenir un maître dans son art. Terrifiant.

— « Le degré de précision dont tu dois faire preuve est sûrement indécent. »

Alors qu’il s’apprêtait à poser une nouvelle série de questions, Keigan resta bouche bée face à la position prise par son vis à vis. Pire encore, il fut étonnamment surpris de la facilité avec laquelle il accéder cet art, on ne pouvait que croire que cela était accessible à tous en le voyant faire. Mais le travail derrière était colossal.

— « C’est vraiment très impressionnant… Mais il faudrait d’abord maîtriser… Tu es capable d’ouvrir tout les verrous psychiques ? » Soufflant un nouveau volute de fumée, Keigan finit par laisser sa cigarette tomber au sol. Akio voulait commencer maintenant. « Je suis prêt, apprends-moi. »

Et d’un coup de pied sec il écrasa la cigarette qu’il avait laissé au sol.

La petite démonstration avait fait son effet. Akio referma aussitôt la porte, évitant à son corps un trop grand stress. Tout redevint normal, et le corps du Chûnin n’en fut que peu impacté. Un sourire satisfait aux lèvres, il écouta le Nara face à lui donner ses premières impressions, et de nouvelles questions. Appuyant sur la maitrise déployée dans l’usage aussi simpliste des Portes Célestes par le gradé face à lui, il questionna aussi ce que risquait un utilisateur non averti en l’usage de ces capacités si particulières.

Là, le sourire s’ôta du visage d’Akio qui reprit un air grave. Restant muet quelques instants, il pointa sa poitrine avec son index et son majeur, à l’emplacement du cœur.

- La Huitième Porte entraine la mort. Sans échappatoire. La puissance déployée n’a aucune comparaison possible mais elle tue l’utilisateur…

La gravité d’un tel acte devait être mesurée et gardée en tête. Ne restait que du déferlement de puissance des écrits et des témoignages, dont il était très difficile de reconnaitre la véracité sans y avoir soi-même assisté. Le Céleste n’avait pas eu cette chance, et se doutait qu’il ne l’aurait pas. Si un utilisateur des Portes Célestes devait ouvrir la huitième et dernière porte, ce serait lui… Reprenant un air plus léger il continua néanmoins sur sa lancée :

- Il y a des témoignages de paralysie, légère ou lourde, de personnes ne ressemblant plus à ce qu’elles étaient auparavant, bloqués dans des fauteuils toute la journée… dès l’usage de la troisième porte, les conséquences s’aggravent.

Il repensa à tous les séjours à l’hôpital. À cette fameuse discussion avec Aizen sur le bien-fondé de l’usage intempestif de ces capacités et son besoin de se diversifier, de devenir plus polyvalent sans toujours avoir recours à cette puissance suicidaire. Il fallait comprendre l’idée de course contre la montre qui l’habitait à chaque affrontement. Tout devait aller très vite pour ne pas se retrouver démuni. La question suivante l’extirpa de ses rêveries pour le ramener au sujet qui hantait ses jours dernièrement : le nombre de verrous qu’il pouvait ouvrir.

Il s’exerçait à la septième porte, sans succès et ce depuis pas mal de jours désormais. Il essayait aussi de changer le moyen de déployer sa puissance, persuadé par la démonstration des pirates, qu’une autre façon de procéder existait. Il y avait eu ce moment, où il avait exploité la quatrième porte sans même créer d’onde de choc, sans brusquer son corps, dans une énergie paisible et fluide. Loin du vacarme habituel… Il devait pousser dans cette direction.

- Actuellement je suis capable d’en ouvrir six. La septième se refuse à moi. La sixième porte permet d’impacter l’air, tu es capable de le sentir comme s’il était solide. L’embraser, le faire exploser…

Le garçon avait jeté sa cigarette au sol, prêt pour entamer les exercices plus complexes afin d’apprendre à utiliser cette puissance fougueuse. Akio eut un petit mouvement de surprise car jamais il ne s’était posé la question de comment y arriver, il l’avait fait, c’est tout. Il connaissait les théories, et où chaque verrou était placé. Le premier et le second étaient les plus simples, de loin. Fixant son homologue, souriant, il indiqua sa tempe de son index droit. Son regard était rassurant : les premières étapes étaient plutôt simples.

- Les deux premiers verrous sont au niveau du cerveau. Pour pouvoir les atteindre, tu dois te connaitre, et connaitre tes limites. Te repousser toujours plus dans tes retranchements. Et au moment où tu seras sur la bascule, au moment où tu voudras tout lâché alors que tu croiras avoir surpassé tout ce que tu étais, elles seront à ta portée. J’ai passé des années à les travailler. Mais je n’étais rien vis-à-vis du monde shinobi. Tu es plus puissant que moi à l’époque, j’en suis certain. Mais il va falloir travailler toujours plus, souffrir, être proche d’abandonner… Et recommencer.

Le Chûnin retourna auprès de ses affaires, en sortant un carnet de son sac. Un crayon avec lequel il gribouilla quelques notes avant de s’adresser de nouveau à son camarade. Avec un flegme grandissant.

- Pour débuter, tu vas enchainer les pompes. Et fait attention à ton souffle, je te dirais quand t’arrêter. Analyse bien tout ce que tu ressens, garde-les en tête.

Akio arracha une branche à un arbre posé là, se leva et approcha de Keigan. Il devait se douter de ce qui allait se passer : Se concentrer sur soi-même dans un exercice physique sans fin précise tout en se faisant frapper : montée de stress à gérer, souffle, physique en souffrance, colère… Comment allait-il gérer tout ça ?

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Les Portes Célestes, plus Keigan y pensait, si toute l’énergie dégagée par le Kentoku était seulement issu de la libération du second verrou psychique, le Nara se questionnait de plus en plus sur quel niveau pourrait-il obtenir lorsqu’il poussait son corps aux limites qu’il pouvait atteindre. Un pouvoir sûrement terrifiant, mais aux conséquences irréversibles. La balance du destin faisait toujours aussi bien son travail.

Il n’y avait rien de plus juste que les portes céleste en terme de capacité. Offrir un tribut à la hauteur de la récompense obtenue.

Mais comme il s’y attendait, la seule chose qu’il pouvait offrir en contrepartie d’une force tutoyant les dieux, c’était la mort. Un tel niveau de puissance ne pouvait être supporter par le corps d’un homme, le simple fait d’y penser faisait trembler Keigan. Posséder une telle force, sentir toute cette énergie dans ses veines.

— « Cette sensation est-elle grisante ? » Il tremblait encore, le simple fait de penser un jour devenir ce qu’il avait toujours haï avec cette puissance le terrifiait. « Les gens fort finissent inévitablement par changer. »

C’était un fait, c’était comme ça et ça le sera toujours. Keigan devait simplement faire en sorte de ne pas lui aussi succomber à cette roue infernale, il devait garder l’esprit clair et ne jamais devenir un tyran. Ne jamais devenir comme eux, il ne se le pardonnerait jamais si jamais il faillissait.

Mais les portes semblaient agir comme un garde fou, si ce feu intérieur était très destructeur pour les ennemis de leur utilisateur, il en était de même pour leur utilisateur. Ceux qui en avaient une utilisation abusive finissaient toujours par payer, ce pouvoir nécessitait un contrôle de son corps et de son esprit pour avoir la jugeote et la modération qui accompagnait l’utilisation de ce pouvoir.

— « Et tu n’as pas peur toi, quand tu utilises cette force ? »

La question semblait un peu étrange, mais Keigan voulait savoir. Akio était certainement la personne la plus compétente dans ce domaine, en plus d’être la seule qui connaissait réellement. Le niveau qu’il avait atteint était d’autant plus impressionnant, il était capable d’ouvrir six des portes célestes.

Pire encore, ses capacités physiques étaient telles qu’il pouvait impacter son environnement et les choses intangibles comme l’air à la seule force de ses poings. Plus il y pensait, moins Keigan ne voulait devenir l’ennemi d’un homme comme Akio.

Enfin, il n’avait plus à avoir ce genre de pensée, il devait maintenant simplement se concentrer sur son entraînement. Apprendre à utiliser une telle énergie devrait être long, difficile, alors il fallait commencer au plus vite. Les premiers verrous psychiques se trouvaient dans le cerveau. Ils pouvaient s’ouvrir à l’aide du dépassement de soi, pousser son corps au-delà des limites qu’il avait toujours connues.

Malheureusement, Keigan était loin d’être masochiste et s’infliger une telle douleur en pleine connaissance de cause aurait été normalement loin de ses habitudes.

S’abaissant pour commencer à effectuer un exercice physique aussi banal qu’était les pompes, le Nara était quand même marqué par le doute.

— « Tu penses vraiment que cela suffira à me faire atteindre mes limites physiques. »

₪₪₪

Voilà un bon moment que le Nara était au sol, relevant puis abaissant son corps dans un mouvement mécanique, presque inhumain. La sueur ruisselait sur son front, son souffle était de plus en plus irrégulier mais ce n’était pas pour autant que Keigan avait arrêté.

Qu’est-ce que cet exercice était chiant par contre … ! Son corps commençait à atteindre ses limites et il était arrivé au point où la douleur n’était même plus présente. Seulement le poids de sa carcasse qu’il devait soulever encore et encore… Malheureusement pour le Nara, il était pleinement conscient qu’il pouvait aller encore plus loin dans cet exercice.

Faisant tournoyer le morceau de bois entre ses doigts, Akio faisait les cents pas autour du Nara qui enchainait les exercices physiques. Sans vraiment de volonté de le faire, de motivation, mais également sans volonté de se révolter. C'était assez étonnant à voir, mais parfait pour la suite. Il continua de marcher, tout en prenant le parti de répondre aux dernières paroles de son homologue sur les techniques célestes. Puis pour ne rien gâcher, ça forçait le Chûnin à se questionner sur des choses auxquelles il n'avait jamais pensé. Était-ce grisant ? Les pas s'arrêtèrent quelques instants lorsqu'il comprit où voulait en venir son apprenant.

- C'est grisant pour celui qui cherche à écraser ses adversaires. Celui qui veut vaincre pour les bonnes raisons n'a rien à craindre. Et les douleurs te rappellent vite à la réalité. Crois-moi.

Vint ensuite la réponse à la question de la peur. Peur de perdre le contrôle ? De mourir ? Le Céleste reprit sa marche, la ponctuant d'une première frappe au niveau de l'épaule avec son bâton. Pas très fort, mais de quoi fouetter un peu l'égo de son camarade.

- Peur... Quand tu es dans l'obligation d'user de ce pouvoir, c'est que la peur est présente... La peur pour les tiens, pour ton pays, pour ta vie. C'est ton dernier recours. Elle t'alimente. La peur débride ton cerveau, ton corps. Tu entres dans une zone étrange où tous tes mouvements sont automatisés pour ta survie. Tu l'expérimenteras quand tu seras prêt...

Et à la fin de sa phrase un nouveau coup frappa la main droite du genin. Le stress et l'énervement allaient forcément monter crescendo. L'énervement étant l'un des premiers leviers du cerveau pour faire sauter la bride. Akio n'attendait qu'un mouvement, qu'un geste esquissé pour le faire passer par la peur de perdre la vie...

- Non, ça ne suffira pas, c'est clair et net. Mais comme tu es déjà bien plus avancé dans les arts shinobi que moi à l'époque où j'ai commencé à le travailler, tu iras forcément plus vite... Il frappa bien plus fort, au niveau du mollet gauche du Nara. J'ai débuté mes entrainements à l'âge où les futurs shinobi n'en sont qu'à l'académie...

Le chûnin continuait de faire tournoyer le bâton entre ses doigts, avant de l'expédier avec force sur le crâne du garçon au sol, qui se donnait pourtant du mal. Il paraissait clairement dans ses limites physiques. Aussi vite ? Du travail, il allait donc devoir en fournir, et plus que prévu... son mouvement était régulier, à l'inverse de son souffle. C'était l'état qu'il devait atteindre. Akio se positionna au niveau de la tête du Nara et s'accroupit, pour être proche de son niveau. Il le toisa du regard et attendit encore plusieurs minutes, pour le pousser toujours plus loin dans la fatigue.

Quand le pauvre bougre commença à manquer de rythme, Akio se redressa et s'éloigna. Il était temps de passer à l'étape suivante. Son homologue était plein de sueur, le souffle court.

- Relève toi, et attaque moi. Tu as une chance, ensuite c'est à mon tour. On ne retient pas nos coups. Seulement avec nos poings.

Il se plaça à trois mètres environ, fixant le garçon face à lui. Il devait être plein de questions à cet instant précis : quel était cet exercice ? Sa construction était simple : Il l'avait épuisé, énervé, provoqué. Maintenant il le menaçait de façon à peine voilée, alors qu'il n'avait surement plus de force pour frapper. Et Akio lui, lorsque ce serait son tour, laisserait exploser sa puissance, pour lui faire goûter la peur. L'ensemble de ces ingrédients, si il gardait à l'esprit sa combativité, lui permettrait de se rapprocher du point de bascule. Le regard du Chûnin devint noir, les muscles se raidirent. Il déposa sa veste au sol, se positionnant de trois-quarts, attendant le mouvement du Nara, qui serait à n'en pas douter, loin de son plein potentiel.

Ouvres moi la porte ₪ Kentoku Akio

La sensation de toute puissance, celle de sentir la force couler et vibrer dans son corps… Faire résonner son cerveau et voir chacune de ses actions réussir. Keigan était de ces personnes calmes, avec un feu brûlant en eux. Héritier de la volonté du feu, né Hijine avant de rejoindre les terres de la foudre, il à toujours et ce depuis le début. Mais un feu finissait toujours par brûler ce qui l’entourait. En sentant la violence la bestialité qui l’habitait, tapie en lui depuis le jour où il était venu au monde. Keigan avait fait le choix d’une vie passive, ou il ne céderait jamais à ses démons.

Malheureusement, depuis qu’il avait pris la voie du shinobi. Il s’était résigné. Il savait pertinemment qu’il finirait par rompre cette promesse un jour ou l’autre. Le simple fait de savoir qu’il était aussi mauvais que les gens qu’il haïssait le dégoûtait.

— « Je ne sais pas trop… j’espère que tu as raison. » Car si ce n’était pas le cas, Keigan ne méritait sûrement pas d’obtenir une telle force.

Il se servait de la peur comme moteur, l’utilisation de ce pouvoir interdit était motivé par des intentions louables et seulement en cas de crise. Mais peut-être que Keigan se torturait trop l’esprit, et si l’exercice qu’il effectuait ne lui paraissait plus si compliqué que ça, une fois qu’il avait outrepassé la douleur et la fatigue, la frappe inattendue de son professeur le ramena à la réalité.

Des coups ponctuels, précis sans forcément être trop puissants. Un effort de plus pour garder sa concentration intacte et ne pas chuter. Mais ce n’était pas ça qui le ferait abandonner, ni souffrir. Ce n’était pas leur objectif, seulement d’éveiller le corps du Nara et de lui faire un peu plus approcher des limites.

— « Je n’ai jamais voulu devenir un shinobi, mais j’ai été formé pour en être un. C’est peut-être mon seul talent. » À dix ans, le jeune homme maîtrisait déjà parfaitement les arcanes claniques, savait déjà comment tuer, se dissimuler. — « Il n’y a pas vraiment d’âge pour en devenir un shinobi. »

Il fallait simplement trouver un domaine des arts shinobis dans lequel on était doué, ou l’on pouvait réellement progresser. La motivation ne faisait pas tout.

— « Je pense qu’il faut des prédispositions incroyables pour atteindre le niveau que tu as. » Keigan en était même certains. Le travail ne faisait pas tout, heureusement et malheureusement.

Se relevant tant bien que mal, il constata l’état déplorable de son corps avec un entraînement aussi sommaire. Il n’y avait pas de quoi être fier de soi avec ça. Mais c’était loin d’être le cadet de ses soucis, le véritable défi ne faisait que commencer.

Fonçant sur son adversaire, il commença à effectuer des coups sommaires, enchaînements d’attaques simples et de crochets. Il savait parfaitement ce qu’il faisait, il baissait volontairement son niveau et ses capacités physiques pour pouvoir l’atteindre soudainement avec un coup beaucoup plus rapide et puissant.

Cherchant un semblant de faille chez le Kentoku, le Nara cru en voir une dans laquelle il pouvait s’y engouffrer. Son bras gauche se leva et tenta de percuter son maître aussi fort qu’il le pouvait.

Ven 2 Sep 2022 - 16:33

La tension montait, Akio observa les réactions, les regards et la raideur des muscles du Nara face contre terre tandis qu'il se redressait. Beaucoup trop fatigué pour le peu d'effort qu'il avait fourni... Le Chûnin soupira, non pas pour se moquer du jeune homme à ses côtés, mais plutôt déçu de devoir lui expliquer qu'il était si loin des portes célestes. Keigan, écoutant les consignes de son camarade, se rua sur son adversaire de fortune pour commencer à enchainer des coups.

Sauf que pour le taijutsuka, il n'y avait rien à en retirer. Presque ridicule, le Céleste se contenta de parer et esquiver les pauvres frappes. Sauf que tout ça lui fit lever un sourcil de questionnement : ce garçon ne voulait absolument pas débloquer les portes, pas avec cette intensité, pas avec cet état de fatigue après un entrainement si basique. Les appuis du Nara changèrent tout à coup, la frappe qui suivit fut bien plus impressionnante, du moins en comparaison du reste. Akio attrapa le poing au creux de sa main, reculant de deux pas sous l'impact. Souriant, il lâcha son adversaire et ne se mit pas en position de frappe comme il l'avait annoncé auparavant. Pour quoi faire après tout ? Ce qu'il avait vu suffisait.

- C'est non.

Le ton fut sec, le pas de recul bien trop grand. Akio détourna les talons pour se rendre auprès de ses affaires. Il ne daigna pas regarder immédiatement le Nara, préférant prendre son temps pour formuler ce qu'il avait pu observer lors de cet enchainement. Lorsqu'il revint vers son collègue, ce fut la mine sérieuse, non pas déçue. Car si une porte se fermait, d'autres s'ouvraient.

- Avec cette intensité, les portes célestes ne te seront pas accessibles... Pourtant...

Il laissa quelques instants sa phrase en suspens, avant de renchérir avec plus de détail.

- Tu as quelque chose de particulier. Je ne saurais pas dire quoi... Mais si tu persévères, peut-être que tu trouveras ta voie. En attendant pour les Portes Célestes, c'est impossible.

En tout cas pour sa part, il ne pouvait pas faire grand chose pour son homologue. Ses compétences d'enseignement ne pouvaient pas intéresser en l'état le Nara, cérébral et peu porté sur le don de soi dans l'immédiat. Peut-être lorsqu'il serait plus formé au combat rapproché alors ils se recroiseraient pour mettre en commun leurs savoirs. Pour le moment, ce n'était pas le cas.

- J'aurais tendance à te conseiller quelques recherches sur les différents types de combattants au corps à corps peuplant le Yuukan. Et surtout t'armer de patience. Ce pourrait être fastidieux. Lorsque tu seras prêt, nous nous affronterons alors, et je ne retiendrais pas mes coups. Je t'aiderais à obtenir ce que tu souhaites, soit en certain.

Il tendit une serviette propre à son camarade, pour qu'il puisse essuyer la sueur qui perlait sur sa peau. Et ses espoirs de parvenir à maitriser l'art qu'il avait voulu apprivoiser. N'était-ce cependant pas un mal pour un bien ? Les contraintes liées à ce pouvoir pouvaient coûter cher lors d'affrontement. Akio avait eu, l'espace d'un instant, le désir de contre-attaquer le Nara en usant de ses capacités... mais le coût aurait été déraisonnable par rapport à la leçon donnée. Il se contenta d'une légère tape sur l'épaule réconfortante avant d'agiter un doigt inquisiteur.

- Et arrête moi ces cigarettes. Le style que ça te donne ne vaut pas un corps en parfaite santé. Surtout si tu veux développer d'une manière ou d'une autre de solides compétences physiques.

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