L’heure du souper venait de passer. Les gens, conditionner telles des fourmis, se promenaient dans la rue avec un but bien précis. Dans son cas, Ama- revenait d’une séance d’entrainement qui lui avait détruit tous les muscles du corps, il prenait une pause en rentrant chez lui, son épicerie sous un bras et une gourde d’eau à l’autre. Le soleil déclinait déjà pas mal à l’horizon et tout ce qu’il avait en tête par cet instant concernait ses capacités physiques. Il devait devenir plus rapide, plus fort et diminuer son temps de réaction. Déjà, il avait bien travaillé ses capacités sensorielles. Il commençait à peine à élargir le rayon de sa dernière technique et il savait désormais qu’elle ne fonctionnait que sur une matière liée à la terre.

Bref, c’est à cet instant précis qu’il percuta quelqu’un dans la rue. Si son corps n’avait pas été mis à si rude épreuve un peu plus tôt, il se serait rattrapé à temps, mais voilà qu’il tombait en direction du sol et ses fruits eux, s’était envolé tels des oiseaux. Il voyait déjà son souper disparaître sur le sol…

Les fesses bien encrées, Amagawa se mit à rire. Il était carrément dans la lune quand la collision avait eu lieu, si bien qu’il n’avis réellement rien vue aller.

-Pardonnez-moi je rêvassais. Vous n’avez rien ?

Puis, son regard fut attiré par un bout de métal gravé de deux montagnes. Une pièce bien commune, il la voyait tous les jours, mais généralement c’était sur son propre bandeau qu’il l’observait.

-Vous êtes un Ninja, vous aussi ? Dit-il en pointant l'objet si familier chez son nouvel ami.

Qui était donc ce mystérieux inconnu ? Il ne se rappelait pas l’avoir déjà croisé auparavant.

Voilà que l’hiver était finalement arrivé après un automne qui semblait avoir duré une éternité. D’un coup, le froid s’était abattu sur les hauts sommets, laissant les températures chuter lourdement en quelques heures. Depuis mon bureau je voyais la neige qui toisait déjà les plus hautes montagnes. J’avais passé ma journée à traiter de la paperasse, lire des rapports, valider des dossiers et des missions et finalement, à la tomber de la nuit, profiter de la voute céleste nocturne était un certain plaisir. Déambulant dans les rues après avoir acheté quelques korokke qui me réchauffaient les mains à travers leur papier, c’est les yeux levés vers le ciel, observant les étoiles visibles grâce à ce ciel sans nuage que j’étais là, au milieu du chemin.

Grignotant ma petite croquette de pomme de terre fumante, un goûtu fourrage à la viande m’emplissant les papilles, je me retrouvais brutalement au sol, les fesses dans le froid, mon sachet fermement tenu d’une main pendant que j’observais l’autre avec déception, vide, le reste de mon petit repas s’étant écrasé par terre.

Dépité, je l’étais, c’était certain, mais pour autant, je me faisais aussi à l’idée qu’il me restait d’autres morceaux dans mon sachet. Me retournant, en profitant pour ramasser ma chapka marquée du symbole du village, je me retrouvais finalement nez à nez avec la cause de mon malheur, un jeune homme d’une vingtaine d’année et qui me dépassait largement en taille, moi et mon mètre soixante-cinq.

« Je vais bien. » dis-je en me relevant, me massant les fesses.
« Un ninja parmi tant d’autres oui, c’est pas ce qu’il manque dans le village, surtout si tu en cherches. Pourquoi cette question ? Tu cherches quelqu’un ? Vu la typologie de cette rencontre aussi fortuite que soudaine, je ne me serais pas attendu à cette question je dois avouer. » finis-je par dire en souriant.

Hors de toute attente, le percuté ne semblait pas trop choqué par la situation, malgré son atterrissage forcé qui l’avait propulsé sur son derrière. D’un sourire amical et embarrasser, le grand brun s’inclina pour s’excuser une nouvelle fois tout en cachant sa gêne derrière la récolte de ce qu’il avait propagé un peu partout au sol.

-Pardonner moi encore, je me nomme Ando Amagawa et je suis nouveau à Iwa et je rêvassais, je me suis entrainé toute la journée et j’en oublie de regarder devant moi, j’ai l’air bête !

Le jeune Genin ramassa rapidement ce qu’il pue récupérer de son épicerie, puis remarqua le repas de son nouvel ami, le plat émanait d’une certaine flagrance qui lui en mis l’eau à la bouche. Il ne connaissait pas encore toutes les subtilités de la cuisine d’ici, mais la déception n’avait encore jamais effleuré ses lèvres. Bien entendu, il mangeait pour dix et les commerçants le comparaient souvent à un goinfre, mais ça relation bien que particulière avec la nourriture était comparable à un amour sans fin.

-Je ne cherche personne, non ! En fait, je suis simplement curieux ou tête en l’air, j’ai moi même passé l’examen d’entrée tout récemment et j’essaie d’être courtois avec mes collègues ninjas. Laisser moi me racheter en vous offrant un repas chaud, j’imagine qu’il y a surement quelque chose de bien pas loin ?! Je découvre encore se quartier voyez-vous !

Empli d’une intention de se racheter inébranlable, il ne prendrait pas de refus pour réponse. Gâcher le repas de quelqu’un était un crime inconcevable à ses yeux de glouton, il devait se racheter et par la même occasion, il pourrait agrémenter sa soirée d’une nouvelle compagnie. Même si son lit l’appelait dû aux entrainements de maitre Yanosa, les relations qu’ils se feraient au village seraient la pierre d’assise d’un avenir heureux et efficace.

Ando Amagawa, ce nom me disait quelque chose. J’avais surement récemment vu passer son dossier d’intégration aux forces d’Iwa, mais dans le nombre de dossier et d’affaires que je suivais, il était difficile de se souvenir de tout, d’autant plus quand il s’agissait d’un genin que je n’avais encore jamais eu l’occasion de rencontrer et que l’on ne m’avait pas encore recommandé outre mesure. Mais pour le coup, sans réellement me prévaloir de ses motivations, il devait avoir rejoins les rangs de shinobi depuis les évènements de Yonbi. Beaucoup avaient ce parcours qui avait marqué des vies de tout un chacun, de shinobi comme de civils d’ailleurs.

« Nouveau ? » demandais-je curieux.
« Iwa fourmille de nouveaux shinobis. J’espère au moins que ton entrainement a porté ses fruits. » finis-je par dire d’un air amusé.

Finalement, tout allait bien pour tout le monde. Chacun était debout, sur ses deux jambes, sans la moindre blessure. Bref, un accrochage gentillet qui n’avait eu que pour impact la perte d’une seule de mes petites croquettes de pomme de terre fourrées à la viande. Quant à la suite, aussi étrange que cela puisse paraitre, d’autant plus lorsque l’on me connaissait suffisamment, je refusais poliment l’invitation qui m’était fête.

« Curieux ou tête en l’air, ce n’est pas grâce. Au contraire, ça montre un caractère ouvert. Quoi qu’il en soit, tu as réussi à être courtois avec le shinobi que je suis. Et si d’habitude j’aurais accepté volontiers une invitation à diner, je vais refuser pour ce soir. Rassure-toi, il me reste suffisamment à diner pour le pas mourir de fait et puis, il me reste de la réserve. » finis-je par dire en tapotant mon ventre bedonnant en souriant.

Epoussetant mes affaires, retenant fermement mon sachet de patates et remettant à sa place ma chapka sur ma tête, je saluais ce shinobi particulier avant de commencer à prendre ma route vers chez moi, vers les Haut-Plateaux, quittant les habitations du village en pleine nuit.

« Eh bien, si tu n’as besoin de rien, passe donc une bonne soirée. Quant à moi, j’ai oublié de me présenter. Miyamoto Teruyo, enchanté. »

D’une façon habile, le petit bonhomme avait décliné son invitation. Chose qui sur le coup ne le dérangeât pas le moins du monde, même si s’était la moindre des choses, une partie de lui espérait pouvoir retrouver le chemin de son appartement. Son lit l’appelait, mais alors qu’il faisait volteface, Amagawa enregistra la signature bien particulière qu’avait son nouvel ami pour pouvoir le retrouver plus tard. Il avait une réserve d’énergie des plus grande qu’il eut la chance de rencontrer depuis son arrivée.

Enfin arrivé chez lui, dans un petit appartement de pierre pourvue de quelques fenêtres, il s’écroula sur le matelas de sa chambre et repensa au récent évènement. La femme mystérieuse qui lui avait offert son aide l’avait grandement aidé à prendre conscience de ses capacités, puis Yanosa et finalement cette phrase : fais-toi violence. Pouffant d’un soupire, le brun souffla sa bougie pour rejoindre les bras de morphe en repassant les entrainements des deux mentors, tous deux adeptes des techniques basées sur le maniement de la terre. Il devrait donc trouver quelqu’un capable de l’entrainer sur le sujet des vents, outrageants, et tornade, mais cette seule pensée le fit bailler jusqu’à en être repus, puis ses yeux clos l’emportèrent dans un autre monde.

Le lendemain, alors qu’il se réveillait du sommeil le plus réparateur possible, le jeune Genin dont les idées avaient retrouvé leur lucidité s’équipa, puis se dirigea rapidement vers l’académie ou dès son entrée, il demanda une liste du personnel pour retrouver celui qui avait occupé ses pensées depuis la veille. Peut-être connaissait-il quelqu’un capable de lui enseigner ! Avec une réserve de chakra pareil, il devait connaitre des tonnes de gens qualifiés.

-Miyamoto Teruyo.

Dit-il simplement en lisant son nom sur la liste. Voilà qu’il l’avait trouvé. Classe 3-A. D’un rapide remerciement à la secrétaire, il redonna le document et gravit les escaliers jusqu’à trouver la classe du petit homme.

Toc, toc.

N’osaient pas ouvrir la porte de bois, Ama- espérait que la pièce ne serait pas vide.

-Mr. Miyamoto ?!

« … et n’oubliez pas de pratiquer ce jutsu pour demain. Il pourrait être à l’examen … ou pas ! Je serais vous je ne prendrais pas le risque. »

Terminant cette demi-boutade sur un ton amusé, mes jeunes élèves à la fois inquiets et amusés, la porte de la classe s’était ouverte après une brève interruption manuelle et sonore si familière. Ce « toc toc » laissa rapidement place à un homme dans la fleur de l’âge et quel homme. Loin de m’être inconnu, celui qui venait d’interrompre mon cours, heureusement arrivant sur sa fin, était le même que j’avais eu l’opportunité étrange de rencontrer la veille, causant la perte d’une partie de mon repas.

L’observant avec attention, les cloches de l’académie retentirent, sonnant la fin de mon intervention. Les enfants turbulant déambulèrent dans le couloir, l’un d’eux bousculant cet Ando Amagawa au passage.

« Doucement Kikujiro ! Qu’est-ce qu’on dit ? »
« Pardon de vous avoir poussé monsieur. » répliqua le jeune homme à moitié embarrassé, surtout avide de retrouver ses camarades.

Finalement, la cohue passée, la salle de classe offrait un nouveau calme bienvenu, une salle dans laquelle mes paroles résonnaient légèrement, une salle qui avait vu des générations d’élèves et de professeurs, une salle qui avait vu des milliers de jutsus. Si seulement elle pouvait parler, elle serait d’une sagesse infinie et une mine d’information et historique sans comparaison. Mais pour l’heure avant d’humaniser davantage cette pièce, je me tournais alors vers mon impromptu visiteur.

« Ando ? Je ne m’attendais pas à te revoir de sitôt. Et au passage, appelle-moi donc Teruyo, pas besoin de tant de formalité avec moi. »

D’un geste amical de la main, j’invitais dès lors le jeune homme à entrer et à s’installer au premier rang.

« Je suppose que si tu as fait tout ce chemin jusqu’ici c’est que tu as besoin de quelque chose ? Et compte tenu de la situation, je dirais de base que tu cherches à affiner tes compétences en matière de futon. Je doute que ce soit pour du fuinjutsu, rares sont les genin à se lancer dans ce domaine. »

Souriant, la déduction semblait pertinente.

« Alors ? Dis-moi tout. »

De l’ouverture de la porte jusqu’à s’assoir sur le banc de classe, l’Ando se revoyait plus petit, dans le Dojo de sa famille ou il avait appris tant de notions différentes. Teruyo, qui lui demandait de l’appeler de manière plus simple, venait de diriger le jeune homme comme un maitre d’orchestre, lisant en lui comme en un livre ouvert, démontrant la sagesse et le pouvoir de déduction dont il était maitre.

-Exactement, j’ai demandé à l’accueil, ayant récemment pris connaissance de mes compétences, j’ai encore un peu de mal avec le maniement du Futon, c’est si différent du Doton ou je peux simplement donner forme à mes constructions, le vent lui est bien plus dur à gérer ! Enfin…

Alors qu’il s’était lancé sur un monologue, le scarifier se mit à rire. Il était bon ce professeur.

-Mais, maintenant j’aimerais savoir pourquoi le fuinjutsu, langue ancienne de nos ancêtres n’intéresse pas la nouvelle génération. Moi-même n’ai jamais ou pratiquement pas eu la chance de l’étudier, mais selon vous, est-ce qu’avec cette connaissance je pourrais devenir plus rapidement Chunin ?

Avide de connaissance, le jeune homme qui malgré sa forte taille se voyait d’un curieux bien plus intellectuel. Certes ses mains démontraient la rigueur qu’il portait à l’activité physique, mais son père lui avait dit autre fois, qu’un shinobi se devait d’être intelligent de deux façons. Il y avait le manuel, simple et dont la détermination pouvait façonner des légendes, mais comme le Ying et le Yang, l’intellectuel était le balancement qui créait de véritable génie en matière de combat.

Dubitatif, je ne pouvais que l’être face à la situation étrange qui se présentait à moi. Des élèves, j’en avais eu, que ce soit sur les bancs de l’académie ou une fois en tant que shinobi accomplis, mais je dois bien avouer que c’était surement une des rares fois, si ce n’était la première fois que l’on venait me voir pour enseigner quelque chose sans que la personne ne sache vraiment ce qu’elle désirait elle-même.

Un sourcil levé, un petit rictus de surprise sur le visage et voilà que j’écoutais les paroles du genin, souriant légèrement face aux questions du jeune homme.

« Hum … déjà, sache que le fuinjutsu n’est pas une langue ancienne, pas plus que le ninjutsu ou le taijutsu. Vois plutôt cela comme de la calligraphie. Quoi qu’il en soit, apprendre ou non le fuinjutsu ne te fera pas obtenir une promotion plus rapide. Concentre-toi déjà sur ton développement personnel et sur les tâches qui te sont attribuées, c’est le meilleur moyen pour mériter une promotion. »

Me levant de mon bureau, j’allais dès lors ouvrir l’un de grands panneaux de bois opposé au couloir, dévoilant une vue sur le terrain d’entrainement local dont les mannequins de bois avaient passé une année difficile à se faire martyriser dans tous les sens.

« Dis-moi, de quoi as-tu besoin ? En quoi puis-je t’apporter mon aide ? » finis-je par dire en me retournant vers le genin taciturne, sortant un biscuit de ma besace, le dégustant devant mon futur élève avant de tendre mon sachet vers lui et lui offrir l'un des gateaux.

Toujours bien installé, l’Ando s’étira pour quérir la friandise que lui tendait le maitre d’école. Il avait de bon argument et même si la chasse à la promotion était loin de commencer, il nota dans un coin de sa tête toutes les paroles sage qu’avait pue prononcer le petit bonhomme. Il savait qu’un travail de qualité lui apporterait un jour le titre, mais également qu’il n’avait pas assez d’ancienneté au village, de confiance et de relation pour prétendre à plus.

-C’est excellent ce biscuit !

Loin d’être épicurien, le coeur d’enfant en lui savait reconnaitre la bonne cuisine et l’homme qui se tenait devant lui semblait être un fin gourmet, toujours armé d’une collation et ce trait le rendait attachant.

-Pour être franc, même si j’éloigne l’art du Fuinjutsu pour aujourd’hui, je crois qu’en tant que shinobi, je dois principalement renforcer mes talents au niveau du ninjutsu. J’ai vue des gens ayant le même grade que moi qui pouvait utiliser des techniques si complexe qu’elle semble impossible, il y a aussi beaucoup de fils de clan qui possède des arcanes secrètes et héréditaire, je n’ai malheureusement rien de ça.

Encore sans savoir que d’être capable de diviser son chakra en deux éléments était un fait rare en soi, le scarifier jouait du piano sur la table d’école.

-Auriez-vous le temps de m’aider à trouver une technique signature ? J’aimerais peaufiner ma maitrise du Doton et du Futon en créant une technique qui me soit propre, je dois trouver un moyen de surprendre mes futurs adversaires.

Des étoiles dans les yeux, le jeune homme rêvassait sans vraiment savoir ce qu’il devait apprendre, lui qui n’avait que très peu d’expérience dans le domaine avait, réellement besoin d’aide, le Doton pourrait être une bonne base utilitaire et défensive, il se débrouillait en taijutsu, mais c’était le Futon qui hantais ses pensées, cet élément était bien étrange.

« Ravi que cela te plaise. » dis-je en dégustant moi aussi l’un des biscuits.
« Tu as de la chance, si c’était ma fille qui les avait faits, tu aurais surement eu droit à quelques coquilles d’œufs dedans. » plaisantais-je.

Dans l’entrebâillement de l’espace que je venais d’ouvrir sur l’extérieur, je me tenais là, une épaule adossée contre un montant en bois, attentif aux demandes du jeune homme qui, en quelques paroles seulement, me semblait à la fois désireux d’apprendre, mais également totalement perdu dans ses demandes, passant de l’une à l’autre avec une certaine inconsistance. Pour autant, cela n’était pas nécessairement un mal, la soif d’apprendre étant à mes yeux quelque chose de primordial si l’on cherchait à s’améliorer. C’est pour cette raison que je n’avais aucune honte à apprendre de nouvelles techniques fussent-elles enseignées par des chunins ou des genins ni aucune honte à perdre lors d’un entrainement comme ça a pu être le cas à plusieurs reprises tant que j’en retire une certaine connaissance.

Mais pour l’heure, ce Ando semblait quelque peu hésitant sur ce qu’il voulait réellement. C’est typiquement dans ce genre de situation que j’accordais une importance certaine et une valeur tout autant méritée à la position que j’occupais à l’académie, non sans songer régulièrement à celui sans qui tout cela n’aurait pas été possible.

« Il est en effet important, avant de vouloir se diversifier, de renforcer les bases que tu possèdes pour combler au maximum tes failles ou faiblesses et une fois chose faite, voir d’autres domaines qui pourraient t’aider à te développer. De fait, poursuivre ton entrainement dans le ninjutsu me semble être une bonne chose. »

Poursuivant ses explications, le jeune homme me fit sourire, non pas par sa dévotion et son envie d’apprendre mais parce que j’avais exactement de quoi répondre à ses attentes et que s’il acceptait cette proposition, il serait une personne parmi tant d’autre dans la liste de mes élèves à qui j’apprendrais cette technique.

« Je vois … »

Réalisant quelques mudras, je réunissais l’air autour de moi dans ma main afin de le modéliser telle une lame que je projetais sur une mannequin de bois à l’extérieur qui se fit transpercer de part en part.

« Voilà un exemple de ce que je peux t’apprendre à ton niveau actuel. Pour une technique « signature » comme tu le dis, c’est en quelque sorte la mienne, et je l’ai transmise à bon nombre de personnes dans le village, telle quelle ou déclinée de différentes manières tel le raiton, le doton ou encore la limaille de fer. »

M’asseyant à proximité de mon seul élève du moment, je poursuivais là mes explications, tout en nous servant une tasse de thé de la gourde que j’avais sortie de sous mon bureau.

« Si c’est une technique signature qui t’es propre que tu veux, alors ce sera à toi de la créer de A à Z, mais si c’est quelque chose que tu souhaites vraiment, je te conseille de continuer à améliorer tes bases et ta compréhension du ninjutsu et d’envisager de créer ta propre technique une fois que tu seras chunin ou jonin. En attendant, que dis-tu d’apprendre celle que je t’ai montrée ? »

Spoiler:

Attentif, le jeune homme accepta le thé, encore impressionné par la rapidité et la destruction qu’engendrait une telle démonstration de force. Seulement, comme le sage petit homme venait de lui rappeler pour la deuxième fois en quelques secondes, il devait travailler les bases.

À ce moment deux demoiselles passèrent dans le corridor et stoppent nette leur course devant la porte de la classe, éclatèrent d’un rire cristallin avant de reprendre leur chemin. D’une voix terne, mais rêveuse, le jeune homme parla plus par réflexe que par l’intention d’alimenter la réelle conversation.

-Ah, ce que j’aimerais pouvoir entendre ce que les gens disent parfois…

Reprenant ses esprits, il avala une gorgée de thé avant de démêler ses pensées.

-Enfin, vous comprenez, je veux bien apprendre une technique aussi intéressante que la vôtre, mais un shinobi ce doit d’être discret, il doit également acquérir de l’information et parfois quand il n’y a plus d’autre option, combattre.

Marquant une pause, il se revit un moment, que ce soit ses entrainements musclés avec Yanosa aux mille bandages, ou même Masami l’aimanté, il en avait eu pour son argent.

-J’ai l’impression qu’avec les récents événements, tout le monde travaille dur pour devenir plus fort, mais je suis persuadé qu’un bon Ninja doit être invisible, il doit être capable de voler de l’information afin de prendre l’avantage et finalement porter le coup de grâce.

Rêveur, mélanger, jeune. Voilà un brin d’herbe qui se voyait un jour devenir un chêne, mais d’ici là, il replongea son regard de fauve dans cette source infinie de sagesse qu’était le gourmet.

-Je crois que je dois suivre votre conseil, je vais solidifier les bases avant d’apprendre une technique comme celle que vous m’avez montrée.

Le genin qui était venu à moi avec quelques ambitions certaines semblait quelque peu nébuleux dans ses idées. Ces dernières semblaient parfaitement claires dans ce qu’il avait à faire ou ce qu’il souhaitait développer, pour autant, son indétermination notable semblait l’empêcher de se focaliser sur un seul et unique point à travailler à l’heure actuelle. Vouloir voir grand n’était pas une tare, pour autant il était plus opportun de chasser un seul lièvre à la fois plutôt que de vouloir attraper toute la harde en une seul fois. C’est sur ces pensées que le jeune homme dans la fleur de l’âge fu attiré par deux jeunes filles. N’étaient-elles pas trop jeunes pour lui.

Ne décidant de relever qu’une partie des ses remarques, j’acquiesçais partiellement avant de proposer autre chose en guise d’apprentissage. Nous arriverions peut-être finalement à quelque chose. Après tout, j’étais relativement libre aujourd’hui, mais j’avais tout de mêmes quelques cours à assurer.

« Il faut toutes sortes de shinobis au sein d’un village » finis-je par dire.
« Et effectivement, il en faut certains qui sachent récupérer les informations. »

M’écartant du jeune homme, allant jusqu’à sortir de la salle de cours pour rejoindre le petit terrain d’entrainement à proximité, en haussant la voir, je demandais à mon élève du jour de dire quelque chose sans qu’il ne prononce le moindre mot, juste en bougeant les lèvres. Une fois chose faite, retournant à mon propre bureau, je répétais là les quelques mots qui n’avaient pas été réellement prononcés.

« Voilà un exemple de ce que je peux t’apprendre. Cela est très basique, pour autant, cela ne veut pas dire que cela n’est pas utile. Savoir lire sur les lèvres est un plus, surtout dans un contexte où les gens ne savent pas que tu peux le faire. »

Terminant une nouvelle tasse de thé, je m’asseyais sur le bureau, attendant la réaction d’Ando, une réaction que je m’imaginais déjà, à moins qu’une fois encore, son esprit vif et fourmillant ne trouve une nouvelle idée venant supplanter toutes celles qu’il venait d’avoir quelques instants plus tôt.

« A toi de me dire si tu veux que je t’apprenne à lire sur les lèvres. »

Spoiler:

Le petit bonhomme semblait avoir compris ce qu’il voulait dire et juste pour ça, l’Ando lui leva son chapeau, enfin, manière de parler. Il se savait perdu, les temps durs, puis son âge face aux autres Genins y était peut-être pour quelque chose, peut-être que sa double nature de chakra l’effrayant encore un peu. Il se l’avouait, il n’y avait que quelque temps, il se considérait que comme un Ninja lambda, désormais pourvu de deux affinités primaires et malgré le manque d’arcane secrètes au sein de sa famille, il semblerait que c’était ça son pouvoir spécial, car très peu de gens arrivaient facilement à manier les éléments. Bref, quand le rouquin lui parla de cette mystérieuse technique reposant avant tout sur une sorte de savoir et non de jutsu, le scarifier mordit à l’appât comme un poisson affamé.

-Cette technique semble bien trop utile pour que je l’ignore, allons y avec celle-ci, qu’allons-nous faire pour l’apprendre ?

Il s’imaginait déjà parcourir la moitié de la ville discrètement, épier les conversations de tout le monde, entrer dans des lieux divers avec pour seule mission d’en soutirer l’information et même si cette infiltration l’avait ravi, une part de lui, comme une petite voix sur son épaule, lui dictait que ces rêves pourraient aussi bien se transformer en l’écoute d’un cours magistral du derrière de la classe avec des bouchons dans les oreilles et une prise de note qui lui embrouillerait la cervelle, mais tous les chemins mènent à Rome non ?

Curieux, l’élève attendait sur le bout de son siège, espérant avoir une façon plus amusante que barbante pour l’apprentissage de cette technique aux mille et un potentiels.

Finalement, le choix de mon élève du jour s’était finalement fixé sur quelque chose de simple mais d’utile entre les bonnes mains et dans les bonnes circonstances. Pour autant, à le voir réagir ainsi devant la gent féminine, je me posais certaines questions vis-à-vis de son réel désir. Malgré tout, depuis peu, par moment, j’avais cette lassitude qui m’écrasait les épaules, me faisant songer au fait que chacun était libre d’user de ses talents comme il l’entendait. Après tout, entre les mains d’un paysan, la faux servira à faucher les blés, dans les mains de Tenzin, cela s’avère être une arme redoutable. Mais pour l’heure, nous n’en étions pas là et le potentiel de nuisance possible de ce que je m’apprêtais à enseigner était faible. Faible mais non nul.

Assis sur mon bureau, les jambes ballantes, la semelle de mes chaussures frôlant légèrement le parquet usé par le temps et les sandales des élèves passés dans cette salle au fil des années, je regardais l’Ando avec un brin de curiosité.

« Qu’allons-nous faire pour apprendre ? Avant tout, il est important que tu saches une chose. A mes yeux, il ne s’agit pas vraiment d’une technique au sens strict du terme. Ce n’est pas une boule de feu que nous allons créer, une statue de pierre à animer ou un sceau à tracer. Bien que l’on utilise du chakra, il sert à tout autre chose. »

Me levant d’un bond, je marchais de long en large devant mon élève, gesticulant les mains à mesure que mon discours se poursuivait.

« La concentration de notre chakra se fait au niveau cérébral, au niveau de notre tête. Ce chakra sert avant tout à nous aider à nous concentrer, à focaliser nos pensées et notre sens de l’observation sur un objectif bien précis, lire sur les lèvres. »

Réfléchissant quelques secondes sur la manière de présenter les choses, je reprenais rapidement mes paroles avec le même enthousiasme.

« Je suis certains que quelques personnes sont en mesure de réaliser ce que je m’apprête à t’apprendre sans avoir recours au chakra, mais dans le cas présent, il aide grandement à parvenir à un résultat fiable. Mais comme je le disais, ce chakra que tu vas utiliser n’est qu’un moyen de te concentrer. L’essence même de cette technique réside dans le fait de reconnaitre du mouvement des lèvres le syllabaire employé. »

M’écartant à une dizaine de mètres, je me plantais devant le jeune homme.

« Maintenant, commençons. Nous allons débuter par quelque chose de simple. Je vais réciter l’alphabet plusieurs fois en chuchotant et tu feras de même, sans émettre le moindre son. Cela te forcera à l’attention et réciter de cette manière les lettres les imprègneront bien plus facilement dans ton esprit. »

C’est de cette manière que débuta la première étape de cet apprentissage des plus basique.

Tout en se collant sur son siège, l’Ando un peu déçu de ne pas pouvoir aller étudier sur un terrain plus excitant, ce mit d’or et déjà à reproduire comme le lui enseignant le roux, l’alphabet avec un grand A - B - C et ainsi de suite. L’exercice s’éternisa, se modula et se répéta jusqu’à ce qu’il soit capable de le faire machinalement. Bien sûr, il savait déjà parler et cet exercice, bien qu’il puisse renforcer sa compréhension du mouvement ou des gestes à étudier, lui donnait plutôt l’impression qu’il devrait toujours imiter un interlocuteur, même en mission.

Quand la répétition fut maitrisée, que chaque syllabe fut étudiée de font en comble, l’Ando quelque peu endormi, demanda brusquement.

-Pouvons-nous changer l’ordre un peu, par exemple le faire à l’envers ou dans le désordre, sinon j’aurais l’impression que je compte les moutons…

Heureux d’apprendre, il se rappelait que la patience n’avait jamais été sa force et que s’il préférait l’affrontement au poing, ici la violence ne lui apprendrait rien.

L’exercice était certes basique, mais nécessaire. De manière toutes les techniques, tous les jutsus qu’il était possible d’apprendre passaient d’abord par une phase de connaissance théorie et de petits exercice pratiques qui étaient le socle, le fondement même de ce que serait la suite de l’apprentissage. Sans de bonne fondation, la plus belle des maisons, le plus beau des palais pouvait s’effondrer à la moindre déconvenue. Dans le cas présent, il en était de même. Vouloir apprendre une technique était une chose, mais il fallait le faire avec les bons gestes et les bons exercices, aussi simplistes et ridicules ils pouvaient paraitre.

Faisant apparaitre deux clones à proximité de moi, ces deux derniers se mirent à discuter ensemble, parlant de tout et de rien, du dernier restaurant où nous avions mangé, du temps qu’il faisait ou d’autres banalités en tout genre. Quant à moi, je poursuivais le même exercice en prononçant cette fois des lettres de manière aléatoire.

« Tu as raison, corsons les choses. Même exercice dans le désordre avec en plus des gens qui viennent embrouiller ton audition. »

Cela pouvait paraitre ridicule en soit, mais l’exercice se complexifiait en agissant ainsi. De cette manière, le cerveau devait dissocier les paroles qu’il entendait de la forme des lettres qu’il comprenait et qui ne collaient pas l’une à l’autre. Une fois que cette partie serait maitrisée, nous pourrions enfin passer à la dernière étape de ce court apprentissage.

La pratique et l’enseignement. Voilà des concepts que l’Ando avait dû apprendre à raffiner dès son arrivée au village. Les cours de Teruyo n’étaient pas différents et même si la technique s’affichait bien plus simple qu’elle n’y paraissait, le brun commençait à comprendre toute la subtilité derrière celle-ci. Le but n’était pas d’entendre, il prit donc son chakra en charge et l’appliqua sur ses pupilles de manière à relayer l’information entre les lèvres de sa cible et son cerveau. Comme une machine, il arriva enfin à déchiffrer l’information.

-Je crois que j’ai compris, merci maitre !

Sans plus attendre, le jeune homme se releva d’une traite, prêt à affronter des situations bien plus complexes.

-À moins que vous n’ayez d’autre chose à m’apprendre, je vais aller pratiquer cette technique dans tout le village, je suis certain qu’en changeant les distances et les situations j’arriverais à parfaire celle-ci !

Avec une tête qui signifiait son remerciement, l’Ando attendait de voir, peut-être Teruyo voudrait-il ajouter quelque chose.