L’homme qui se drapait dans ses amples vêtements couleur émeraude se tenait là, dans la pièce qu’il avait aménagée pour l’occasion. Il avait attendu, patienté, posé ses pièces et jalons petit à petit jusqu’à ce que le dénouement de l’histoire qu’il suivait lui permette enfin d’éclore et d’œuvrer dans cette partition qu’il avait imaginée.

Ce n’était pas la première fois qu’il venait dans ces locaux, loin de là, et pourtant, à chaque fois, il ressentait un certain quelque chose. Pour autant, aujourd’hui, malgré son statut au sein de son clan et sa nouvelle position, les sentiments qui l’occupaient étaient quelque peu différents. Ce qu’il ressentait, faute de pouvoir l’exprimer était une satisfaction certaine, plus que cela même, des termes plus forts. Un véritable accomplissement.

Pour autant, cette nouvelle tâche qui lui incombait signifiait aussi que l’Empire qu’il connaissait était malade, que sa nation avait souffert de maux incommensurables et qu’à partir d’aujourd’hui, il y aurait fort à faire pour parvenir à redresser la barre du navire sur lequel il était comme tout bon capitaine se devait de le faire. Cette allusion le fit d’ailleurs légèrement sourire derrière l’écharpe qui lui voilait le visage ne laissant apparaitre que ses yeux pétillants.

Ayant terminé l’installation de la pièce telle qu’il l’avait imaginée, l’homme ouvrit la porte par l’entremise de ses compagnons insectoïdes qui bourdonnaient allègrement. Une fois à l’intérieur de la pièce, chacun pouvait remarquer l’aménagement étrange qui se trouvait là, une immense table circulaire dotées de chaises en bois gravé, toutes identiques les unes aux autres. Positionné derrière l’une d’elle, faisant face à la porte ouverte, l’homme attendait l’arrivée des shinobis qu’il espérait nombreux pour l’aider à accomplir le renouveau de l’Empire.

Ce fut seulement une fois les personnes arrivées, installées à tables ou restées debout selon les gouts de chacun, l’Aburame ayant prit soin de saluer d’un hochement de tête chacun des participants à cette réunion qu’il prit soin de s’assoir, posant ses mains sur la table devant.

« Eh bien. Avant de commencer, vous me voyez ravis de votre présence à chacun. Je ne doute pas du pourquoi de la présence de chacun alors dans la mesure où le temps de chacun est compté par les nombreuses occupations que nous avons à mener, je tâcherais d’être bref et de ne pas accaparer plus que nécessaire votre temps. »

Balayant du regard l’ensemble des personnes présentes, l’Aburame attendait sagement que ses insectes dispersés dans la salle ne rejoignent la ruche qui était positionnée dans un recoin de la pièce.

« Je me présente, Aburame Fukuo, actuel chef du clan Aburame. A partir de ce jour, je serais, malgré les circonstances, votre nouveau capitaine de l’Unité Territoriale. Je suis conscient que compte tenu des évènements récents et des circonstances actuelles le travail ne manque pas. Au-delà des dangers internes qui rodent encore, il sera nécessaire de regagner la confiance de notre population. Pour cela, je ne saurais agir seul et votre soutien dans cette tâche est primordial. Plus que de grands discours vides, nous avons besoins d’actes concrets et de résultats réels et visibles. Alors ma question est simple. Quels sont celles et ceux qui souhaitent me rejoindre dans cette entreprise ? »

Un discours bref mais avec un objectif clair pour celui qui avait été un atout majeur dans la défense d’Urahi. Maintenant, quels seraient les choix des shinobis présents ?

Ne sachant pas comment fonctionne l'unité territoriale, je me suis dis qu'il est bon d'aller voir celui qui prenait les rennes, dans cette réunion ouverte aujourd'hui. On pourrait croire que je ne sais pas ce que je veux, mais si. Je suis une soldate de l'unité coloniale voulant intégrer l'unité de recherche. Cela dit, il me faut connaître l'organisation de toutes les unités afin de mieux les connaître, et de pouvoir me montrer que plus dévouée à l'Empire. Après tout, il ne devrait pas y avoir de mal à cela, nous veillons tous à ce que nous, Teikokujin, puissions avancer à l'unisson.

Paraît-il que nous sommes les meilleurs, supérieurs aux villages de ninjas. Mais est-ce vraiment le cas ? Est-ce que eux ont ou ont eu des conflits internes à la manière de la guerre civile qui a frappé Urahi ?

Meisho et moi étions restés debout, car nous nous y sentions mieux ainsi. Il semblerait que par ici, aussi, ils souffrent de ce qui a pu se produire. C'est évident que la population a peur à cause de la guerre. Le problème est le manque de communication. Sans ça, il est certain que les conflits explosent tôt ou tard.

“ Wouf. ” avait prononcé Meisho en guise de réponse à la seule question du membre du clan Aburame.

« J'sais que c'est assez culotté pour moi de me présenter, je m' excuse donc. Meisho et moi-même, Yoshiko, nous vous offrons notre soutien à notre manière. Notre curiosité nous poussant à rencontrer les différents capitaines et ce qu'ils comptent mettre en place, il nous fallait découvrir votre unité. Si nous réussissons à être sur la même longueur d'onde entre les unités, et qu'on évite les manques de communications, j'espère que les conflits s'atténueront. Après tout on est uni en tant que Teikokujin… »

Spoiler:

Fukuo évita de le montrer, son visage voilé y aidant pour beaucoup mais il ne pouvait qu’être déçu de cette première approche qu’il faisait avec la nouvelle unité territoriale qu’il venait de reprendre et qu’il comptait développer à un niveau auquel on attendait ce genre de groupuscule. Cependant, face au silence qui semblait l’accueillir, il fallait se rendre à l’évidence, les choix de chacun ne semblaient pas se porter sur l’aide altruiste apportée à autrui de manière significative. Mais le problème était finalement peut être autre.

Si les capitaines s’étaient remplacés les uns après les autres au fil des années sans avoir la réelle opportunité d’implémenter des projets ambitieux et d’envergure, il était dès lors normal de percevoir l’approche d’un nouveau responsable comme quelque chose de bancale qui ne mènerait à rien. Ainsi donc, dans sa réflexion, l’Aburame se disait que sa première tâche était finalement toute autre, une tâche à laquelle il n’aurait pas songé si cette réunion n’avait pas eu lieu.

Finalement brisant le silence qui régnait, une jeune femme, Inuzuka sans le moindre doute, prit la parole, malheureusement pour des nouvelles qui n’étaient pas celles espérées. Mais au moins, la demoiselle avait le mérite d’exprimer ses pensées et émotions là où d’autres semblaient attendre sagement.

« Eh bien mademoiselle, soyez rassurées. Si nos trois unités couvrent des sujets bien distincts, nous ne sommes qu’un dans la mesure où nous œuvrons pour un seul et unique but, pour le bien de notre village et de notre pays. Les actions des uns et des autres divergent peut-être, mais elles peuvent aussi rapidement s’entrecroiser, chacun ayant possiblement besoin des compétences des uns et des autres. »

Ces paroles faisaient double sens dans son esprit, et balayant la salle du regard, des yeux pétillants cherchant le contact physique avec chacun, le chef de clan poursuivi la discussion.

« Mais avant tout, j’ai le sentiment qu’avant de faire évoluer les choses autour de nous, il est nécessaire de restructurer les fondements même de qui nous sommes. C’est pourquoi, vous qui êtes venus, je vous pose cette question simple : « En quoi puis-je vous aider ? ». Car oui, aussi simple que cela puisse paraitre, vous aider au sein de cette unité, c’est à terme aider l’unité dans son ensemble et une unité unifiée c’est une unité qui sera à même de développer les projets qui sont attendus d’elle. »

En chef, assis autour de cette table circulaire, les mains ouvertes vers le plafond, Fukuo offrait là un signe d’ouverture, un signe amical, dans un style totalement différent de celui de son propre fils.

On est unis. Mais si au sein d'une unité, l'union est bancale, il est indéniable que le tout finisse par plonger. Peut-être est-ce en partie pour ça que les civils n'ont plus confiance au corps de l'armée ? Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas du tout ce qui doit être fait pour rassurer les membres même de l'unité territoriale. De plus, ceux-ci ne semblent pas réagir. Des murs…

Je commençais à en avoir marre. Enfin, nous avons commencé à être déçus. Ce nouveau capitaine, veut qu'ils s'ouvrent à lui. On le sent, il a envie qu'on soit debout, ensemble. Meisho commençait à grogner, prêt à mordre les fesses de ceux qui de part leur silence manquent de respect à monsieur Aburame.

« Calme-toi, Meisho, je vais leur dire ce qu'on a sur le cœur. »

On a été très mal accueilli par le peuple lors de notre retour de Iwa. Notre cœur s'est fendu en les voyant désespérés, à cause de ce conflit qui a tout chamboulé. Seulement, est-ce que ces personnes devant le capitaine Fukuo en ont conscience ?

« La population a peur. La population a de moins en moins confiance aux soldats, et c'que mon clan a fait de manière odieuse n'a fait que confirmer leurs doutes. Soldats, levez-vous, dites à vot' capitaine ce que vous avez sur le cœur, tout ! Y'a qu'en parlant que vous pourrez vous relever et regagner foi en vous-même, ainsi que la confiance du peuple ! Il peut vous aider à condition d'en parler. »

Il semblerait que des murmures se firent entendre, des personnes se demandant ce qu'une Inuzuka fait à leur parler ainsi alors que son clan a orchestré une guerre civile. Peut-être que je ne suis tout simplement pas d'accord avec cette manière d'agir, il aurait fallu brutaliser plus tôt l'arrivée du nouvel empereur qui a échappé à la coutume de Urahi. Peut-être aussi que j'ai espoir en cet avenir qui nous attend, tout simplement. Peut-être en ai-je trop, mais ça, je ne peux le savoir. En vérité, je ne sais pas tellement ce que je veux pour notre merveilleuse meute. Il me faut acquérir davantage de connaissance en politique et en savoir-vivre pour sérieusement songer à devenir un jour la matriarche du clan Inuzuka.

« Capitaine, Peut-être pourriez-vous nous dire ce qui pourrait être fait pour renforcer la sécurité de la faction, des entraînements collectifs, des tournois et autres exercices afin de renforcer vos effectifs ? Ça ferait du bien aux soldats de votre unité… »

Sinon je teste des poisons sur eux et ils vont morfler. Je n'ai pas intégré l'unité de capitaine Yuji pour rien.

Si seulement une seule des personnes présentes s’était exprimée, elle le faisait indéniablement avec le cœur, parlant librement de ce qui la touchait et de ce qu’elle ressentait. Au-delà des mots qu’elle pouvait prononcer, cela se ressentait profondément dans son attitude et dans son regard, presque un regard de défi pour celles et ceux, muets, qui étaient auprès d’elle. Se levant de sa chaise installée autour de cette table ronde, Fukuo offre à l’Inuzuka un hochement de tête amical, un geste de remerciement qui ne nécessite guère de mots malgré le petit discours qu’il s’apprête à prononcer à sa petite assemblée silencieuse.

« Mademoiselle, de la part d’une Inuzuka, ces paroles ont encore plus d’impact que si n’importe qui d’autre ici présent les avait prononcées. Merci à vous pour cet engagement. Mais ne soyez pas trop dure avec vos pairs, je peux comprendre leur désarroi, leur craintes ou réticences face à ce qui se passe aujourd’hui. Leurs réactions sont légitimes. »

Les mains délicatement posées sur le dos de sa chaise, Fukuo observais avec attention les personnes présentes, captant leurs regards un a un, certains soutenant cette vision de l’homme enrubanné, d’autres préférant détourner les yeux.

« Eh bien jeune fille, les choses sont simples. Il est avant tout de notre devoir d’assurer la sécurité à l’intérieur de nos murs, j’entends par là, notre pays. Mais avant tout, pour être en sécurité chez soi, il est important d’avoir un toit solide au-dessus de nos têtes et un garder manger qui nous aide à passer l’hiver. Dans ces conditions, voici les deux axes principaux sur lesquels nous devons agir aujourd’hui. »

Délaissant sa chaise, Fukuo commença à tourner en rond autour de la table, passant derrière chacune des personnes assises, posant une main amicale sur l’épaule de la demoiselle une fois à proximité avant de continuer sa route.

« La guerre civile a ébranlé la confiance que nous avions les uns envers les autres. Notre village en a subi les conséquences. Aujourd’hui, si l’on veut soigner les plaies de nos cœurs, il est important de soigner notre village. C’est pourquoi, plusieurs unités auront la lourde charge d’assurer les réparations du village avec l’aide des artisans adaptés aux tâches concernées. »

Offrant une légère pause, l’Aburame poursuivit son discours, continuant à tourner en rond autour de la table.

« Dans un même temps, nous sommes conscients que la vie de certains n’est pas des plus facile. C’est pour cela qu’avant tout, il est important de s’assurer que notre population puisse vivre décemment. Cela passe notamment par une alimentation suffisante. Ainsi, une autre de nos tâches sera d’une part d’assurer une saine répartition des ressources alimentaires, mais aussi de faire en sorte que notre production soit suffisante pour permettre à chacun de passer l’hiver dans de bonnes conditions. »

Arrivant finalement une nouvelle fois à sa chaise, celui qui était resté fidèle à l’Empereur termina là son intervention, offrant quelques dernières paroles avant de quitter les lieux et laisser à chacun le loisir d’échanger avec ses pairs.

« Mademoiselle, j’espère avoir répondu à vos attentes. »
« Et j’espère sincèrement vous voir sur l’un de ces projets » dit-il en passant les portes de la salle de réunion.

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Il était rassurant.

Oui, durant tout son discours, ce capitaine m'a paru plus que rassurant. Mes paroles ont été prises au sérieux par au moins une personne et j'en suis réellement touchée. D'un baume au cœur, je me sentis plus légère. Je compte bien moi-même mettre les mains à la patte et faire tout mon possible pour que la sécurité au sein de notre patrie soit de mise.

Mon regard croisa celui de Meisho, qui s'est lui aussi apaisé suite aux paroles de Fukuo. Je le sais, mon ninken a l'esprit assez affûté pour sentir l'aura des personnes. De ce que je comprends, il est davantage rassuré par les capitaines Fukuo et Kotaro que par Yuji. Je peux le comprendre mais si on veut poursuivre notre objectif, on doit rester fixé sur l'unité de recherche.

« Merci capitaine. J'espère que nous nous reverrons un de ces jours. »

Je le suivi après avoir regardé les gens qui observaient de manière passive la réunion. Ensuite, je sortais prendre l'air, avec mon ninken. Nous étions satisfaits dans l'ensemble, et nos espoirs étaient bien présents. En espérant que ça ne s'amenuise pas.

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