Finalement, le courrier avait été placardé sur les panneaux d’information du village. C’était certes une méthode qui pouvait toucher tout le monde, mais nous aurions pu directement convoquer les concernés. Après tout, nous n’étions pas si nombreux à pouvoir répondre à cet appel. Quoi qu’il en soit, la note que j’avais lu quelques jours auparavant, déposée sur mon bureau parmi les sujets prioritaires avait le mérite d’être claire et de répondre aux besoins réels du moment.

Une technique de sensorialité usant du doton, une affinité assez répandue entre nos murs étaient surement ce qui nous faisait défaut. Combien de fois nous étions-nous fait avoir ? Combien de fois avions nous à subir d’un manque de communication ou de l’effet de surprise de nos ennemis. L’expérience avait parlé lors de cette fameuse réunion, même si j’étais resté silencieux au fond de la pièce à écouter sagement la rubiconde, et une décision avait été prise.

Le jour J, j’étais là. Comme à chaque entrainement ou apprentissage, j’avais de la ressource dans ma besace. Mais pour l’heure, ce ne serait pas de cela dont nous aurions besoin. Au loin, au niveau des portes, une silhouette se tenait là, seule avec sa longue chevelure flamboyante. Levant la main d’un geste nonchalant, un sourire amical vissé sur le visage, je saluais celle qui était la maitresse d’œuvre de tout cela.

« Salut ! »

Finalement, arrivant à hauteur, je faisais un rapide tour sur moi-même et mis à part quelques gardes au niveau des portes, il n’y avait pas grand monde de présent.

« On est surement en avance. » dis-je en rigolant.
« Finalement, nous aurions peut-être dû convoquer les gens. »

Le constat était là, pour l’heure, malgré nos effectifs, peut avaient répondu présents. Un manque de fois en nos institutions ? En attendant, l’heure n’était pas aux spéculations et l’heure du rendez-vous pas encore échue.

Les bras croisés sur son poitrail, l’agent du Sazori avait pris le temps de contempler l’affichage sommaire qui avait été placardé là, dans le centre névralgique de la cité, sans aucun doute par la cheffe de l’unité de sécurité intérieure elle-même. Une suite logique et bienvenue, avait songé l’Oterashi tout en observant nonchalamment les passants et shinobis de tout bord hiérarchique prenant également connaissance de l’invitation formelle qui était affichée ici. Le Doton et la sensorialité. La question de savoir pour le guerrier enrubanné si il était doué dans l’exercice de ces deux talents ne se posait pas vraiment : celle de savoir si sa « particularité » allait pouvoir se conjuguer avec l’usage plus conventionnel de l’affinité terrestre de ses futurs collaborateurs, elle, demeurait toutefois sur la table. Après un moment passé à ruminer sur ces réflexions, ainsi que bien d’autres encore d’un degré d’importance bien plus élevé, Yanosa avait sans peine tiré la conclusion qu’il lui faudrait collaborer à l’élaboration de cette fameuse technique commune, un atout potentiel dont Iwa aurait nécessairement l’utilité tôt ou tard.

Le jour venu, donc, le Chûnin prit soin de libérer son emploi du temps usuellement très chargé pour se rendre à l’ouverture des Crocs Rocheux, qui constituaient concrètement la porte d’entrée de la cité. Soucieux de ne pas perdre de temps, et dans l’obligation de parcourir toute la circonférence du village pour relier son circuit de patrouille au lieu de rendez-vous, l’agent du Sazori emprunta sans remords la voie des airs pour faire fi de tous les obstacles et s’affranchir des limites. L’Oterashi avait beau ne faire qu’un avec la Terre, par le corps comme par l’esprit, tutoyer ainsi les cieux qui avaient autrefois été le berceau de son mentor et ami Tenzin lui procurait toujours ce sentiment étrange et familier à la fois. Placé sous le joug des courants éoliens, il apparaissait toujours un peu plus à Yanosa que sa place pouvait théoriquement tout aussi bien se trouver ici, plutôt que dans les strates grondantes et millénaires de la Terre. Une idée presque dérangeante pour lui mais qu’il se forçait à accepter malgré tout, ne serait-ce que pour formuler une forme de respect et d’honneur à l’égard de son feu Taishô.

Avec un brin de retard qui demeurait toutefois raisonnable, la silhouette du Tellurique apparut à la lisière des Crocs, dans le ciel, et commença alors sa descente. Avec douceur et agilité, son corps recouvert de bandages atterrit au côté de deux des trois Taishô de la cité, à priori bien décidés et déterminés à mettre au point ce jutsu de communication qui pourrait leur être si précieux à l’avenir.

« Aimi. Teruyo, salua-t-il sobrement avec un hochement de tête très léger à l’attention de chacun. Je m’étonne que votre dernier pair ne soit pas là, également…. Tsuyoshi a toutes les compétences nécessaires pour aider à mettre au point la technique qui nous a réuni aujourd’hui. Mais… peut-être qu’il préfère s’en remettre à ses seuls yeux, comme toujours. »

Yanosa marqua une pause en observant autours de lui, circonspect de voir que personne d’autre n’était encore arrivé pour participer à la création du jutsu.

« Et donc…. Quelle serait l’idée, hm ? Pour communiquer par voie terrestre, j’entends. Le procédé employé est d’autant plus important que pour un Assimilateur, la relation au Doton, notre… marge de manœuvre, ne sont pas les mêmes que les vôtres. »

La Xuân avait longtemps hésité avant de se décider à venir. Depuis qu’elle avait vu l’affiche, de nombreuses questions trottaient dans son esprit. Était-elle une shinobi ? Pouvait-elle prétendre à participer à cette réunion ? Serait-elle d’une quelconque utilité ? Les réponses ne la satisfaisaient pas pleinement. Cependant, elle s’était convaincue de venir en se disant qu’elle pourrait ainsi rencontrer ses pairs. Les voir à l'œuvre. Cela ne pourrait être qu’enrichissant de les écouter parler de chakra et techniques. Même si elle n’avait pas encore bien assimilé tous les termes, elle serait tout de même en capacité de comprendre ce qu’il s’y déroulerait.

C’était donc sur ces pensées qu’elle s’était préparée pour s’y rendre. Une tenue confortable tout en restant présentable, de quoi se restaurer et se désaltérer. Il restait à savoir ce que cela signifiait “début de matinée” pour les shinobis. Six à sept heures étant l’aube, elle arriva peu avant huit heures sur place. Pour se rendre compte qu’elle était probablement en retard, la conversation étant déjà commencée. Si elle voulait arriver discrètement, c’était raté.

Son sensei était déjà là. Ce qui n’était guère étonnant, car s’il devait y avoir un maître en la matière, c’était bien lui. La Xuân lui adressa un hochement de tête en guise de salutations. Se trouvaient aussi devant les portes Chiwa Aimi, aussi puissante qu’intelligente, et le jounin Teruyo que n’importe quel Iwajin connaissait au moins de vue. Nozomi salua brièvement à voix haute l’assemblée avant de prendre place au milieu des curieux. Il ne restait maintenant qu’à écouter ce qu’il se disait, et à apprendre.